Besancenot : « Nos vies valent plus que leurs profits ! » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Les années Chirac, Sarkozy et Hollande

L’élection de 2002

Lionel Jospin est victime de l’éparpillement des voix de gauche, et son élimination surprise au premier tour des présidentielles de 2002 est un choc citoyen : d’où création de l’UMP (le grand parti de droite) et réélection de Chirac face à Le Pen, avec 82% des voix, en mai 2002.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

Nos vies valent plus que leurs profits !3368

Olivier BESANCENOT (né en 1974), slogan de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) pour l’élection présidentielle de 2002

Facteur de profession, 28 ans, voici le plus jeune candidat. Inconnu du grand public, il met toute son éloquence et son charisme à combattre le capitalisme, le libéralisme et la mondialisation (…)

(…) L’ennemi est toujours le patron, le capital. En 2002, comme en 2007, Besancenot obtiendra un peu plus de 4 % des voix, au premier tour.

« Les valeurs du verbe “être” sont supérieures aux valeurs du verbe “avoir”. »3369

François BAYROU (né en 1951), Penser le changement (avec Luc Ferry, 2002)

(…) Principal paradoxe, ce rassembleur aux idées consensuelles se retrouve toujours dans un jeu de cavalier seul, opposé au système des partis, et du parti dominant : « Le pouvoir aujourd’hui, c’est un dinosaure : un tout petit cerveau pour un corps très grand, un tout petit cerveau qui prétend diriger tout le reste. »

Mais comment ne pas être sensible à cette parole : « Le peuple a besoin d’autre chose que de la simple satisfaction des nécessités matérielles. » Et cet ultime espoir : « En démocratie, c’est la force des arguments qui compte. »

« La fidélité à ses convictions est nécessaire à la démocratie. »3370

Jean-Pierre CHEVÈNEMENT (né en 1939), député-maire de Belfort, Libération, 1er avril 2002

« Le Che » fait bande a part, comme souvent, donc liste à part : même réflexe que celui du ministre, trois fois démissionnaire.

Socialiste, il annonce trois fois de suite sa candidature aux présidentielles, pour se retirer en 2007 et en 2012. Mais en 2002, il tient bon. Il profite de cette tribune pour exprimer sa différence. Il veut « refonder la France », la sauver de la mondialisation et donner vie à une autre Europe, « l’Europe des peuples, l’Europe des projets ». Il présente son projet républicain comme « la seule alternative au déclin programmé qu’est le programme commun de Jacques Chirac et Lionel Jospin. »

Chevènement prend le rôle très disputé, toujours convoité, de « troisième homme » dans les sondages. Pour finir en sixième position sur 16 candidats (nombre record), avec 5,33 % des suffrages exprimés au premier tour, soit plus d’un million cinq cent mille voix.

Sa responsabilité dans l’échec de la gauche sera discutée, mais semble indiscutable, d’un point de vue statistique (…)

« Un autre fait divers inquiétant à Orléans. C’est un septuagénaire qui a été agressé par deux jeunes qui voulaient lui prendre de l’argent. Ayant refusé de se faire racketter, lui-même a été roué de coups, sa maison a été incendiée. »3371

Claire CHAZAL (née en 1956), Journal de 20 heures, TF1, 19 avril 2002

(…) A deux jours des élections, la délinquance et l’insécurité sont au cœur de la campagne. L’émotion est d’autant plus vive. Des gens proposent de participer à la reconstruction du pavillon. C’est donc un bon sujet. Le lendemain, TF1 revient longuement sur « cette terrible histoire » et l’élan de solidarité des Français. Sorti de l’hôpital, voici Papy Voise, gouaille de vieux titi et bouille sympathique, entouré de voisines qui commentent : « Le monsieur, ça faisait la troisième fois qu’il était agressé […] Ici dans le quartier, c’est de pire en pire. » Et France 2, qui a raté l’information la veille, se rattrape en forçant le trait, évoquant, dans une surenchère d’adjectifs, « la violence stupide et révoltante a Orléans… »

A la veille des élections, 30 % des gens ne savaient pas encore pour qui voter. Cette fois, l’émotion l’emporte sur la raison. En 24 heures chrono, la France est passée de l’inquiétude à la révolte. L’agression de Paul Voise n’est plus un simple fait divers, c’est une affaire, un emblème.

« L’emballement sur l’insécurité est le crime parfait : il n’a pas d’auteur. Il n’a pas de coupable. Il n’a que des acteurs. Et tous ont parfaitement bonne conscience. »3372

Daniel SCHNEIDERMANN (né en 1958), Le Cauchemar médiatique (2003)

Le journaliste démonte la mécanique infernale, et l’éternel retour de la peur. « Tout commence par le lancement en fanfare, le 14 juillet 2001, par le futur candidat Chirac alors président de cohabitation, sur les principales chaînes, du thème de l’insécurité. » Parade idéale pour éviter de parler des « affaires » ! Selon les sondages répétés depuis dix-huit mois, l’insécurité devance le chômage, dans les préoccupations des Français. Le président a donc d’excellentes raisons. Il répond aux attentes des électeurs (…)

Devancé par Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, le candidat socialiste sera éliminé au premier tour. Pour Libération, la débâcle socialiste est due notamment au climat d’inquiétude lié aux faits divers qui ont émaillé la campagne. « Cela a contribué a accréditer l’idée que l’insécurité est bien le premier mal de l’Hexagone. » Et le Front national en a logiquement profité. Robert Namias, directeur de l’information à TF1, admet dix ans après, au micro d’Europe 1 : « L’affaire Paul Voise était une faute ». Mais le mal était fait, irréversible.

« J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions, en me retirant de la vie politique. »3373

Lionel JOSPIN (né en 1937), Déclaration du 21 avril 2002

La gauche est hors jeu et KO, la présidentielle va se jouer à droite toute. Lionel Jospin se présente à la télévision et devant ses troupes, visage défait, voix blanche (…)

Pas de quartier pour les fachos !
Et pas de fachos pour les quartiers !
La jeunesse emmerde le Front national.
Et F comme fasciste ! Et N comme nazi !
À bas ! À bas le Front national !3374

Slogans des manifestations, du 21 avril au 5 mai 2002

Les slogans parlent d’eux-mêmes, les manifestations impressionnent.

Spontanées, dans la nuit du 21 au 22 avril, puis répétées les 22 et 23 avril, en signe de protestation contre la présence de l’extrême droite au second tour, elles se poursuivent durant tout l’entre-deux-tours, culminant au 1er mai : de 1 300 000 manifestants (chiffres du ministère de l’Intérieur) à 2 000 000 (selon les organisateurs) dans une centaine de villes, 400 000 à Paris (…)

Jacques Chirac refuse de débattre à la télévision avec Jean-Marie Le Pen. Hormis le MNR, Mouvement national républicain de Bruno Mégret, qui appelle au soutien de Jean-Marie Le Pen, et Lutte ouvrière qui refuse de soutenir un candidat ou un autre, l’alliance de toute la classe politique permet à Chirac d’obtenir un résultat sans précédent : 82,21 % des voix.

Lundi 6 mai au matin, Jospin présente sa démission.

« Ma mission à moi était de conduire la gauche à la victoire présidentielle. Et là, on pourrait dire que l’équipage de la gauche a abandonné son capitaine. »3375

Lionel JOSPIN (né en 1937), à propos du 21 avril 2002. Lionel raconte Jospin (2010), Lionel Jospin

Le bilan du parti socialiste était honorable, mais son programme désespérément vide : aucune proposition propre à faire rêver les classes populaires déboussolées ou les jeunes avides d’idéal. La campagne, mal conduite, devint une foire d’empoigne entre les 16 candidats, huit à gauche, huit à droite, chacun s’efforçant d’engranger un maximum de voix en prévision des élections législatives de juin (…)

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