« Nous ne sommes pas disposés à laisser placer... | L’Histoire en citations
Citation du jour

« Nous ne sommes pas disposés à laisser placer Strasbourg sous le feu des canons allemands. »

Albert SARRAUT (1872-1962), à la radio, s’exprimant au nom de son gouvernement, 7 mars 1936

Les Accords de Munich et les origines de la guerre de 1939 (1988), François Paulhac.

Président du Conseil, il s’adresse au pays, quand Hitler réoccupe la Rhénanie démilitarisée le 7 mars 1936, reniant ainsi les accords de Locarno. Mais le gouvernement tergiverse. Il a de gros soucis de politique intérieure : montée du Front populaire, élections dans deux mois, suite et fin de l’affaire Stavisky (11 acquittements, 16 condamnations). L’Angleterre se défile de son côté et l’on ne peut rien faire, en tout cas pas la guerre, sans son pétrole et ses navires pétroliers. Le général Gamelin renonce finalement à toute riposte contre Hitler.

Pourtant, le pape Pie XI fait remarquer dès le 16 mars 1936 à l’ambassadeur français au Vatican Charles-Roux : « Si vous aviez tout de suite fait avancer 200 000 hommes dans la zone réoccupée par les Allemands, vous auriez rendu un immense service à tout le monde. »

« Il faut s’entendre avec quiconque veut la paix, avec quiconque offre une chance, si minime soit-elle, de sauvegarder la paix. Il faut s’entendre avec l’Italie en dépit de la dictature fasciste. Il faut s’entendre même avec l’Allemagne de Hitler. »

Maurice THOREZ (1900-1964), Chambre des députés, 2 septembre 1936

Parole de député communiste, aveuglement d’une gauche pacifiste, attachée aux vieux idéaux, qui préconise le désarmement au niveau imposé par le traité de Versailles à l’Allemagne, et qui a fait son unité « contre le fascisme et la guerre » pour arriver au pouvoir, en cette année 1936. Cette gauche ne sait pas encore que le fascisme, c’est la guerre, et elle n’a pas compris la vraie nature d’Hitler, qui a réoccupé la Rhénanie, le 7 mars.

Cependant, rien n’est simple dans l’histoire. Le pacifisme et l’aveuglement ne sont pas l’apanage de la gauche : par peur du communisme qui est son ennemi numéro un, la droite elle aussi cherchera l’accord avec Hitler, sûre qu’il attaquera l’URSS et non la France. Par ailleurs, le Front populaire lance un programme de réarmement de 14 milliards de francs.

Et la guerre d’Espagne vient soudain tout compliquer.

« S’il s’agit de démembrer la Tchécoslovaquie, la France dit non. S’il s’agit de permettre à trois millions de Sudètes qui veulent être allemands de le devenir, nous sommes d’accord. »

Édouard DALADIER (1884-1970), président du Conseil, Conférence de Munich (29-30 septembre 1938)

Voulant sauver la paix à tout prix, France et Grande-Bretagne cèdent face à Hitler, abandonnant cette fois un pays allié, en reconnaissant l’annexion des Sudètes, au prétexte d’une minorité allemande dans ce territoire. L’accord de Munich est ratifié par la Chambre, 535 voix contre 75. Ont voté non : 73 communistes et 2 non communistes (Jean Bouhey, socialiste, et Henri de Kérillis, républicain national).

L’Humanité dénonce « le brigandage commis à Munich », et Henri de Kérillis écrit dans un journal de droite, L’Époque : « Trente divisions allemandes débarrassées de tout souci vont se tourner vers nous. » Face aux menaces de guerre qui se précisent, l’opinion publique est toujours partagée, mais les pacifistes encore majoritaires.

« La France et l’Angleterre doivent désormais résister à toute nouvelle exigence de Hitler. »

Avis de 70 % des Français, selon un sondage de décembre 1938

Premier fait, de nature politique : le revirement de l’opinion publique. En septembre, 57 % des Français étaient encore favorables aux accords de Munich. Mais la montée de l’hitlérisme est mieux saisie, et la bourgeoisie a moins peur de la révolution, après l’échec syndical de la CGT (mot d’ordre de grève générale non suivi, en novembre).

Autre fait, de société : l’apparition des sondages d’opinion publique en France – nés aux USA, fin 1936, à l’initiative d’un journaliste et statisticien, George Horace Gallup, fondateur de l’institut portant son nom. D’août 1938 à juillet 1939, il y a près de trente sondages sur l’opinion face aux problèmes extérieurs : une source d’information devenue indispensable.

« Le souci le plus urgent du gouvernement doit être de renforcer la puissance militaire. »

Avis de 79 % des Français, selon un sondage de février 1939, La Vie politique sous la IIIe République : 1870-1940 (1984), Jean-Marie Mayeur

Et les sondages indiquent la même tendance en Grande-Bretagne.

En mars, Hitler rompt les accords de Munich et occupe pour la première fois un territoire non peuplé d’Allemands, la Bohême-Moravie. La fiction du droit des peuples invoquée pour les Sudètes tombe. Voilà bientôt l’ensemble de la Tchécoslovaquie annexé. Et Mussolini de son côté occupe l’Albanie.

En avril, les Français, dûment sondés, ne seront plus que 17 % à nier le risque d’une guerre.

« Mourir pour Dantzig ? »

Marcel DÉAT (1894-1955), titre de l’éditorial de l’OEuvre, 4 mai 1939

Dans ce quotidien de la gauche intellectuelle, l’auteur, député socialiste, tendance réformiste, se prononce pour une politique de conciliation avec Hitler : il affirme qu’aucun de ses objectifs hégémoniques, et surtout pas la Pologne et Dantzig (ville libre, liée à ce pays par une union douanière), ne vaut qu’on s’y oppose au prix d’un nouveau conflit. Ce texte et son titre deviennent le manifeste du pacifisme intégral.

Mais en juillet 1939, nouveau sondage : 76 % des Français pensent que « si l’Allemagne tente de s’emparer de la ville libre de Dantzig, nous devons l’en empêcher, au besoin par la force ».

« Croquemitaine se dégonflera. »

Paul CLAUDEL, Le Figaro, 19 août 1939

Claudel fait naturellement allusion à Hitler. Le dramaturge qui fut également diplomate, de 1893 à 1936, se trompe. Hitler envahit la Pologne, le 1er septembre.

Second Empire citations

 

Feuilletez notre Chronique sur la Troisième République pour tout savoir.

 

 

 

Vous avez aimé ces citations commentées ?

Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

Partager cet article

L'Histoire en citations - Gaule et Moyen Âge

L'Histoire en citations - Renaissance et guerres de Religion, Naissance de la monarchie absolue

L'Histoire en citations - Siècle de Louis XIV

L'Histoire en citations - Siècle des Lumières

L'Histoire en citations - Révolution

L'Histoire en citations - Directoire, Consulat et Empire

L'Histoire en citations - Restauration, Monarchie de Juillet, Deuxième République

L'Histoire en citations - Second Empire et Troisième République

L'Histoire en citations - Seconde Guerre mondiale et Quatrième République

L'Histoire en citations - Cinquième République

L'Histoire en citations - Dictionnaire