Dervillé : « Nous sommes les soldats du franc et nous nous ferons tuer dans la tranchée pour le franc. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Entre-deux-guerres

Sauver le franc et la paix

Avant même la crise mondiale de 1929, le franc est en danger, et l’inflation galope. L’Union nationale de Poincaré succède au Cartel des Gauches en 1926, pour sauver le franc malade. La question économique est étroitement liée aux relations internationales, du fait des réparations allemandes et du paiement des dettes françaises aux États-Unis. C’est pourquoi Aristide Briand, « Pèlerin de la paix », tente de consolider la paix et le dialogue, par le pacte Briand-Kellog qui met « la guerre hors-la-loi ».

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Nous sommes les soldats du franc et nous nous ferons tuer dans la tranchée pour le franc. »2651

Stéphane Adolphe DERVILLÉ (1848-1925), président du Conseil de régence de la Banque de France, novembre 1925

Vingt ans de vie politique, 1918-1938 (1969), Georges Bonnet.

(…) Le gouvernement Painlevé (qui est également ministre des Finances) a proposé un plan de redressement financier comportant, entre autres, la consolidation des bons du Trésor – ce qui évitera de les rembourser. Mais la gauche radicale redoute les aventures financières.

Le gouvernement tombe – c’est une habitude. Et le franc est véritablement en danger – ce qui est plus grave, en raison de l’inflation.

« La réconciliation des enfants au chevet de la mère malade. »2652

Édouard HERRIOT (1872-1957), parlant avec ironie du nouveau gouvernement Poincaré, 23 juillet 1926. Histoire de France (1954), Marcel R. Reinhard

(…) L’inflation galope, les possesseurs de capitaux se méfient d’un gouvernement de gauche, soutenu par les socialistes partisans de l’impôt sur le capital. En 1925, chute du franc sur le marché des changes (…)

Le nouveau gouvernement Herriot est renversé, le jour même de sa présentation – par 288 voix contre 243. La crise financière a eu raison du Cartel des gauches. Herriot s’en va, Poincaré revient.

Le partant salue ainsi le gouvernement Poincaré d’Union nationale – socialistes exclus – le 23 juillet 1926. Poincaré annonce un train de mesures financières.

« Il faut croire que les difficultés financières étaient en partie artificielles et politiques. Dès que le ministère Poincaré est constitué, tout péril immédiat disparaît comme par enchantement. »2653

Édouard HERRIOT (1872-1957). Jadis : d’une guerre à l’autre, 1914-1936 (1952), Édouard Herriot

C’est la seconde fois que Poincaré rassure – déjà en 1924. Herriot fait ici l’éloge de la confiance et reconnaît en même temps l’hégémonie de l’économie : « La liberté politique m’apparaissait une fois de plus terriblement réduite. Les porteurs de bons, les banquiers de France ou d’ailleurs étaient, au dessus des hommes politiques, les maîtres, toujours invisibles, mais toujours présents de la France. » (…)

« Certes, nos différends n’ont pas disparu, mais, désormais, c’est le juge qui dira le droit […] Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! » 2654

Aristide BRIAND (1862-1932), ministre des Affaires étrangères, Discours du 10 septembre 1926. Histoire de l’Europe au XXe siècle : de 1918 à 1945 (1995), Jean Guiffan, Jean Ruhlmann

À l’inverse de Poincaré qui (avec le président Doumergue) incarne la fermeté face à l’Allemagne, Briand croit à la réconciliation, au désarmement, au droit international et à la Société des nations (SDN) garante de la paix (…)

« Moi, je dis que la France […] ne se diminue pas, ne se compromet pas, quand, libre de toutes visées impérialistes et ne servant que des idées de progrès et d’humanité, elle se dresse et dit à la face du monde : “Je vous déclare la Paix !” »2655

Aristide BRIAND (1862-1932), Paroles de paix (1927)

Le 10 décembre 1926, le « Pèlerin de la Paix », surnommé aussi « l’Arrangeur » pour son aptitude à trouver à tout problème une solution de compromis, plus de vingt fois ministre (notamment aux Affaires étrangères), reçoit le prix Nobel de la paix – avec son homologue allemand, Gustav Stresemann.

« L’esprit donne l’idée d’une nation ; mais ce qui fait sa force sentimentale, c’est la communauté de rêves. »2656

André MALRAUX (1901-1976), La Tentation de l’Occident (1926)

Malraux, 25 ans, a déjà flirté avec l’Action française et le surréalisme, fait la contrebande de statues khmères en Indochine, croisé les révolutionnaires communistes en Chine. Il confronte ici deux cultures, Extrême-Orient face à Occident, et va participer à l’histoire en train de se faire (…)

« Il est un droit supérieur à tous les autres : c’est le droit, pour une collectivité nationale, de vivre dans son indépendance et dans sa fierté. »2657

Aristide BRIAND (1862-1932), Paroles de paix (1927)

Inlassable partisan de la paix et de la collaboration internationale, notre ministre des Affaires étrangères veut renouer d’heureuses relations avec les États-Unis, en froid avec la France ne remboursant pas ses dettes américaines et occupant la Ruhr en 1924 – parce que l’Allemagne ne payait pas. Briand négocie avec Frank Billings Kellogg, secrétaire d’État aux Affaires étrangères du président Coolidge.

« Voilà ce qu’est le pacte de Paris. Il met la guerre hors la loi. Il dit aux peuples : la guerre n’est pas licite, c’est un crime. La nation qui attaque une autre nation, la nation qui déclenche ou déclare la guerre, est une criminelle. »2658

Aristide BRIAND (1862-1932), Chambre des députés, 1er mars 1929. La Mêlée des pacifistes, 1914-1945 (2000), Jean-Pierre Biondi

Il présente à l’Assemblée le pacte Briand-Kellogg du 27 août 1928, conçu avec son homologue américain, le secrétaire d’État Frank Billings Kellogg, couronné à son tour par le Nobel de la Paix, à la fin de cette année. Au terme de ce traité signé à Paris, 15 pays (bientôt suivis par 48 autres, y compris l’Allemagne, le Japon et l’URSS ) condamnent la guerre « comme instrument de la politique nationale ».

Malheureusement, nulle sanction n’est prévue en cas d’infraction ! (…)

Le krach de Wall Street, ce « Jeudi noir » du 24 octobre 1929 où les valeurs boursières s’effondrent, avant d’entraîner l’économie mondiale dans la tourmente, ruine les rêves de paix et favorise l’arrivée d’Hitler au pouvoir (…)

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