Camus : « [la torture] a peut-être permis de retrouver trente bombes, au prix d'un certain honneur, mais elle a suscité du même coup cinquante terroristes nouveaux... » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Quatrième République

La torture en Algérie

La Tunisie et le Maroc obtiennent leur indépendance, et la IVe République prépare la décolonisation de l’Afrique noire avec la loi Defferre. Ces actions, à mettre au crédit du régime, ne doivent pas faire oublier la torture en Algérie, dénoncée par plusieurs intellectuels. La politique répressive ne met pas fin au conflit algérien, qui dure et fragilise la IVe République impuissante.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« On doit aborder de front l’argument majeur de ceux qui ont pris leur parti de la torture : celle-ci a peut-être permis de retrouver trente bombes, au prix d’un certain honneur, mais elle a suscité du même coup cinquante terroristes nouveaux qui, opérant autrement et ailleurs, feront mourir plus d’innocents encore. »2908

Albert CAMUS (1913-1960), Actuelles III : Chroniques 1939-1958, sous titrées Chroniques algériennes (1958)

(…) Camus s’interroge sur l’insupportable et insoluble problème de la torture et du terrorisme en Algérie : « Nous devons condamner avec la même force et sans précautions de langage le terrorisme appliqué par le FLN aux civils français comme d’ailleurs, et dans une proportion plus grande, aux civils arabes. Ce terrorisme est un crime, qu’on ne peut ni excuser ni laisser se développer. »

« Ils n’osent écrire qu’une police qui torture, si blâmable qu’elle soit, c’est une police qui fait son métier, une police sur laquelle on peut compter. »2909

François MAURIAC (1885-1970), Bloc-notes, I, 1952-1957

(…) Il n’a pas pris position dans la guerre d’Indochine, mais il s’engage désormais en faveur de l’indépendance du Maroc, puis de l’Algérie, et condamne l’usage de la torture par l’armée française (…) Il s’investit de plus en plus dans le drame algérien, qu’il commentera jusqu’en 1958. Il est alors convaincu que seul de Gaulle peut dénouer la situation.

« La France conduisant elle-même la Tunisie vers l’indépendance réalisera une conquête des cœurs plus efficace que celle qui résulte du traité du Bardo. »2910

Habib Ben Ali BOURGUIBA (1903-2000). Habib Bourguiba (1969), Jean Rous

L’indépendance de la Tunisie, le 20 mars 1956, suit de peu celle du Maroc. Et ce militant nationaliste, qui a choisi de négocier avec la Quatrième République française, devient le premier président de la toute jeune République tunisienne – de 1957 à 1987.

(…) Le bey de Tunis avait été contraint de signer le traité du Bardo, le 12 mai 1881 : la Tunisie passait sous protectorat français.

(…) Mendès France a reconnu en 1954 l’autonomie interne, et débloqué la situation.

« L’Occident qui, en dix ans, a donné l’autonomie à une dizaine de colonies, mérite à cet égard plus de respect et, surtout, de patience que la Russie qui, dans le même temps, a colonisé ou placé sous un protectorat implacable une douzaine de pays de grande et ancienne civilisation. »2911

Albert CAMUS (1913-1960), Actuelles III : Chroniques 1939-1958, sous titrées Chroniques algériennes (1958), Avant-propos

L’exposé des motifs de la loi-cadre du 23 juin 1956 sur les territoires d’outre-mer, appelée loi Defferre, annonce clairement la couleur (…) Cette loi facilitera une évolution rapide et paisible, passant par la Communauté de 1958, pour aboutir en 1960 à « l’année de l’indépendance de l’Afrique ». Cette décolonisation amorcée doit être portée à l’actif de la Quatrième République.

« Et Dieu créa la femme. »2912

Roger VADIM (1928-2000), titre de son film (1956)

Et le diable créa Bardot, comme dit la publicité. BB explose et détrône la vedette d’hier, Martine Carol (…)

« Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. »2913

Albert CAMUS (1913-1960), à Stockholm, 5 octobre 1957. Albert Camus ou la mémoire des origines (1998), Maurice Weyembergh

Réponse à un étudiant algérien, partisan du FLN, qui l’interpelle lors de sa remise du prix Nobel. Le mot sera bientôt retourné contre son auteur, non sans injustice.

« La Terre est le berceau de l’humanité, mais personne ne passe toute sa vie au berceau. »2914

Constantin Édouard TSIOLKOVSKI (1857-1935). Visions du futur : une histoire des peurs et des espoirs de l’humanité (2000), Annie Caubet, Zeev Gourarier, Jean Hubert Martin

Ce savant et ingénieur russe travaillant sur les fusées au début du siècle est l’un des pères de l’astronautique contemporaine. Le 4 octobre 1957, Spoutnik 1, le premier satellite artificiel soviétique, ouvre à l’homme les portes du ciel. Des millions d’hommes entendent le bip-bip de ce bébé Lune qui tourne autour de la Terre (…)

Le premier cosmonaute français, Jean-Loup Chrétien, volera le 24 juin 1982 dans un vaisseau spatial soviétique.

« Le corps sain et vigoureux de notre pays est atteint par un mal purement politique qui nous interdit de plus en plus d’accomplir les grandes tâches de l’État. »2915

Félix GAILLARD (1919-1970), Déclaration d’investiture, Assemblée nationale, 5 novembre 1957. L’Année politique : revue chronologique des principaux faits politiques, économiques et sociaux de la France (1958)

Après deux longues crises ministérielles depuis le début de l’année, le nouveau gouvernement est investi par 357 voix contre 173.

(…) Les problèmes sont toujours les mêmes, et c’est l’Algérie qui fera tomber Félix Gaillard, comme son prédécesseur Bourgès-Maunaury, sans lui laisser le temps de procéder à l’indispensable réforme institutionnelle.

« Il est difficile de garder l’Algérie, il est difficile de la perdre, il est encore plus difficile de la donner. »2916

Félix GAILLARD (1919-1970), président du Conseil, début 1958. Vie politique sous la Cinquième République (1981), Jacques Chapsal

Ce mot traduit à la fois l’indécision du pouvoir et l’incertitude de l’opinion publique métropolitaine dans sa grande majorité.

« Les soussignés […] somment les pouvoirs publics, au nom de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de condamner sans équivoque l’usage de la torture qui déshonore la cause qu’elle prétend servir. »2917

Protestation solennelle adressée au président de la République, avril 1958. Signée André MALRAUX (1901-1976), Roger MARTIN du GARD (1881-1958), François MAURIAC (1885 1970), Jean-Paul SARTRE (1905-1980), parue dans la presse et appelant les Français à se joindre à eux. Les Porteurs de valise : la résistance française à la guerre d’Algérie (1979), Hervé Hamon, Patrick Rotman

L’occasion est donnée par le livre d’Henri Alleg, La Question, récit d’un torturé, saisi par la police le 25 mars. Tous les intellectuels engagés s’expriment sur cet insupportable et insoluble problème.

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