« Plutôt mourir de mille morts ! » | L’Histoire en citations
Citation du jour

 

Naissance de la monarchie absolue (suite).

1. Règne d’Henri IV (2 août 1589, mort d’Henri III - 14 mai 1610, mort d’Henri IV).

Henri III mort (assassiné) sans enfant, son cousin Henri de Navarre lui succède. La France catholique ne peut tolérer à sa tête un protestant et Henri IV va consacrer les premières années de son règne à conquérir son propre royaume, mais Paris résiste toujours. Les excès des ligueurs catholiques, la crainte de voir l’Espagne se mêler des affaires de la France, la lassitude d’un pays épuisé par tant de guerres, le bon sens du peuple et du nouveau parti des Politiques, enfin et surtout l’abjuration du roi (1593) finiront par entraîner le ralliement général.

Sous ce roi débonnaire et non formaliste, mais autoritaire et centralisateur, doué d’un grand sens de l’État et entouré de bons conseillers, la monarchie s’affermit : ordre rétabli, vassaux remis au pas ou pardonnés, rebelles punis. Le royaume s’agrandit, la première colonie est créée outre-Atlantique - l’Arcadie, futur Canada - cependant que labourage et pâturage, chers au ministre Sully, font la France prospère.

Chronique (1589-1610)

Un trône à conquérir.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Plutôt mourir de mille morts ! »612

Exclamation de certains princes catholiques. Histoire de France au seizième siècle, La Ligue et Henri IV (1856), Jules Michelet

À la mort d’Henri III, assassiné le 2 août 1589, il leur faudrait à présent obéir à Henri III de Navarre, protestant, devenu roi de France sous le nom d’Henri IV. Éventualité à ce point inacceptable que les ligueurs (de Paris et d’autres villes) ont déjà proclamé roi le cardinal de Bourbon, sous le nom de Charles X (…)

« Ô Paris qui n’est plus Paris, mais une spélonque [antre] de bêtes farouches, une citadelle d’Espagnols, Wallons et Napolitains, un asile et sûre retraite de voleurs, meurtriers et assassinateurs, ne veux-tu jamais te ressentir de ta dignité et te souvenir qui tu as été, au prix de ce que tu es ! »613

Pierre PITHOU (1539-1596), Harangue de M. d’Aubray. La Satire Ménippée (1594)

Passage le plus célèbre de ce pamphlet écrit pour soutenir Henri IV contre les extrémistes catholiques. Le roi hérite d’une capitale aux mains des ligueurs qui font régner la terreur et des Habsbourg qui ont des ambitions dynastiques sur la France.

« Qui vous croira roi de France quand on verra vos ordonnances datées de Limoges ? »614

Sieur de GUITRY (seconde moitié du XVIe siècle) au roi Henri IV, 6 août 1589. Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (1911), Ernest Lavisse, Paul Vidal de La Blache.

Henri IV a promis de « maintenir et conserver la religion catholique, apostolique et romaine » (…) pour rassurer une France majoritairement catholique (…) Mais Paris (avec d’autres grandes villes) est pour la Ligue et pour son chef le duc de Mayenne (…) L’enjeu est le trône de France. Le roi va donc partir à la conquête de son royaume – fait unique dans notre histoire (…)

« Pends-toi, brave Crillon, nous avons combattu à Arques et tu n’y étais pas. »615

HENRI IV (1553-1610), Lettre à Crillon. Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’à la Révolution (1839), Louis-Pierre Anquetil

Le « brave Crillon » est l’un des meilleurs capitaines de son temps. Il a servi Henri II, François II, Charles IX et Henri III (…) Henri IV le trouve à ses côtés et l’estime infiniment. Arques-la-Bataille (commune de Seine-Maritime, sur le fleuve Arques) doit son nom à la victoire d’Henri IV sur les troupes pourtant plus nombreuses, les 20 et 21 septembre 1589 (…)

« Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez au chemin de la victoire et de l’honneur. »616

HENRI IV (1553-1610), à ses compagnons, avant la bataille d’Ivry, 14 mars 1590. Histoire universelle (posthume), Agrippa d’Aubigné

Le « panache blanc » entrera dans la légende et la commune de l’Eure (près de Chartres) prendra le nom d’Ivry-la-Bataille. Les soldats semblent hésiter : les troupes de la Ligue, commandées par le duc de Mayenne, sont trois fois supérieures. Le roi va trouver les gestes et les mots qu’il faut (…) et charge en tête de ses hommes.

« Vous avez fait, Sire, la plus brave folie qui se fit jamais. Vous avez joué le royaume sur un coup de dés. »617

Philippe DUPLESSIS-MORNAY (1549-1623) (…)

Fidèle compagnon, mais aussi principal conseiller et ambassadeur du roi, ainsi lui rend-il hommage, après la bataille d’Ivry, très brillante victoire sur les troupes de la Ligue. Une victoire qui tient du miracle ! Mais les succès militaires effacent mal l’échec des deux sièges de Paris : Henri IV est toujours un roi sans capitale.

« Bons chiens reviennent toujours à leur maître ! »618

HENRI IV (1553-1610), 19 mars 1590. La Chronique de Mantes (1883), Alphonse Durand, Victor Eugène Grave

Quand la ville de Mantes se rallie à lui, le roi se réjouit en ces termes toujours imagés : « Messieurs de Mantes, je n’avais aucune inquiétude de vous, car bons chiens… » Dans les Parlements de province et même à Paris, des magistrats de plus en plus nombreux se déclarent pour le roi (…) En mai, il recommence à faire le siège de Paris. (…)

« C’était un grand homme de guerre et encore plus un grand homme de bien. On ne peut assez regretter qu’un petit château ait fait périr un capitaine qui valait mieux que toute une province. »619

HENRI IV (1553-1610), août 1591. Musée des protestants célèbres (1824), Guillaume Tell Doin

Le roi vient d’apprendre la mort de François de La Noue, capitaine huguenot (…) Son courage lui a valu le double surnom de Bayard protestant et de Bras de fer (blessé en pleine guerre de Religion, amputé, appareillé, il continua de se battre jusqu’à ses 60 ans). Mais sa tolérance, son sens de l’honneur étaient tout aussi dignes d’estime, aux yeux du roi.

« Les Guises ne sont guère catholiques, et le roi n’est guère protestant. »620

Michel de MONTAIGNE (1533-1592). Histoire de France au seizième siècle, La Ligue et Henri IV (1856), Jules Michelet

C’est toujours la sagesse faite homme, en ces temps d’intolérance (…) Déjà en mai 1588, il a fort bien jugé le conflit des Navarre et des Guise : « Pour la religion dont tous les deux font parade, c’est un beau prétexte pour se faire suivre par ceux de leur parti ; mais la religion ne les touche ni l’un ni l’autre. »

« Nous voulons un Roi qui donnera ordre à tout, et retiendra tous ces tyranneaux en crainte et en devoir ; qui châtiera les violents, punira les réfractaires, exterminera les voleurs et pillards, retranchera les ailes aux ambitieux, fera rendre gorge à ces éponges et larrons des deniers publics, fera contenir un chacun aux limites de sa charge, et conservera tout le monde en repos et tranquillité. Enfin, nous voulons un Roi pour avoir la paix. »621

Pierre PITHOU (1539-1596), Harangue de M. d’Aubray. La Satire Ménippée (1594)

Les excès de la Ligue effraient le monde parlementaire et la haute bourgeoisie. La voix du bon sens, la voix du parti des Politiques et la voix du peuple s’expriment dans ce passage qui désigne nommément le roi désiré, « Henri de Bourbon, ci-devant Roi de Navarre. C’est lui seul […] qui peut nous relever de notre chute, qui peut remettre la Couronne en sa première splendeur et nous donner la paix. »

« Sire, il ne faut plus tortignonner […] Avisez de choisir : ou de complaire à vos prophètes de Gascogne et retourner courir le guilledou en nous faisant jouer à sauve qui peut, ou de vaincre la Ligue qui ne craint rien de vous tant que la conversion […] gagnant plus en une heure de messe que vous ne feriez en vingt batailles gagnées et en vingt années de périls et de labeurs. »622

Duc de SULLY (1560-1641), à Henri IV, mars 1593. La Monarchie française, 1515-1715, du roi-chevalier au Roi-Soleil (1971), Philippe Erlanger

(…) Il parle en sage politique, étant lui-même protestant. Il sait que c’est la seule solution à cette guerre qui dure, épuise les deux partis et semble toujours sans issue militaire. Henri IV hésite encore. Il tient de son père Antoine de Bourbon sa versatilité, et n’est plus à une conversion près (…)

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