L’humour institutionnel est une catégorie initiée avec talent par Clemenceau, sous la Troisième République. Un humour instructif, souvent réfléchi et raisonné : ça mérite bien deux jours de citations originales, et même trois, avec l’Europe, « tête de Turc » un peu facile, mais thème d’avenir.
« Notre système, précisément parce qu’il est bâtard, est peut-être plus souple qu’un système logique. Les « corniauds » sont souvent plus intelligents que les chiens de race. »2935
Témoignage de président, auparavant Premier ministre du général de Gaulle durant six ans, et parole prophétique de la cohabitation, à commencer par celle des années 1986-1988. Il faudra en effet une souplesse certaine pour que coexistent plus ou moins pacifiquement un président de gauche (Mitterrand) avec un gouvernement issu d’une Assemblée de droite. Et vice versa. Au total (jusqu’en 2013), il y aura trois cohabitations : 1986-1988, 1993-1995 et 1997-2002.
Les Français « adorent ». Dans le fond, on trouve un peu de tout et son contraire en même temps, et dans la forme, le spectacle met en scène les grands premiers rôles de l’actu politique.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« La cohabitation, c’est le jardin des supplices pour le futur Premier ministre, le jardin des malices pour le président, le jardin des délices pour les nostalgiques de la Quatrième République. »3261
François d’AUBERT, député UDF de la nouvelle majorité
Les heurs et malheurs de Chirac Premier ministre commencent le 20 mars 1986. Balladur, député proche de Chirac qu’il a poussé à cohabiter, éprouvera lui-même les « supplices » d’une autre cohabitation.
« Contrairement à ce qui se passe dans les westerns, c’est le premier qui dégaine qui est mort. »3267
Édouard BALLADUR, parlant de la cohabitation Mitterrand-Chirac en 1986
Attaquer serait une stratégie suicidaire. Le Premier ministre qui gouverne est le plus exposé aux critiques et aux sondages, mais les Français sont satisfaits de la cohabitation, rêvant même (par sondages) d’un gouvernement idéal, dirigé par Rocard et composé pour moitié de leaders PS et de RPR-UDF. C’est de la pure politique fiction. Pour l’heure, Mitterrand et Chirac évitent de s’affronter ouvertement. Vu les tempéraments, les situations et les âges respectifs, le « supplice » vaut pour Chirac.
« Dans le plan de rigueur, il y a trop de mou dans ce qui est dur et trop de dur dans ce qui est mou. »3237
Jean-Pierre CHEVÈNEMENT, critiquant le plan de rigueur du printemps 1983
Augmentation des prélèvements obligatoires, diminution des dépenses budgétaires, contrôle renforcé des changes pour limiter la fuite des capitaux. Ce tournant vaut ralliement à l’économie de marché : inflexion du socialisme français, au nom d’un réalisme bizarrement baptisé « culture de gouvernement ». Mais Chevènement refuse tout compromis avec le capitalisme et les institutions bourgeoises.
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