Portrait de La Fayette en citations | L’Histoire en citations
Portraits en citations des Personnages de l’Histoire

 

« Les relations républicaines me charmaient. » Gilbert du Motier, marquis de La Fayette.
Parole d’adolescent et idée fixe de sa vie.

De 19 à 74 ans, illustre et idolâtré autant que méprisé ou détesté, notre marquis traversera sept régimes avec une obsession : la République ! Mais une République libérale et modérée, monarchiste et constitutionnelle - « centriste et non violente » dirions-nous aujourd’hui.
Plus courageux et moins opportuniste que la plupart des personnages en vue dans ces temps troublés, La Fayette se distingue par une série de coups d’éclat historiques, souvent servi par la chance, mais avec un talent particulier et un ego évident… jusqu’à son come-back final.

« Héros des deux mondes » aux États-Unis d’Amérique, le jeune général combattant y reste à jamais l’objet d’un culte sans doute incompréhensible à ses compatriotes et à nombre d’historiens français.
Tel est le singulier destin de La Fayette.
 
1 Autoportrait en trois mots.
2. Premier héros républicain de l’Ancien Régime, lancé dans l’aventure américaine.
3. Acteur de premier plan au début de la Révolution.
4. Résistance personnelle et quasi retraite sous l’Empire et la Restauration.
5. Une Monarchie de Juillet finalement conforme à ses vœux.
6. Victoire post mortem au tournant de la Première guerre mondiale (1917).
7. La Fayette vu par les contemporains et les historiens.

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1. Autoportrait en trois mots.

« À dix-neuf ans, je me suis consacré à la liberté des hommes et à la destruction du despotisme, autant qu’un faible individu comme moi pouvait le faire… J’ai été assez heureux pour servir la cause que j’avais embrassée. »

LA FAYETTE (1757-1834), Mémoires, correspondances et manuscrits du Général La Fayette

« Aucun obstacle, aucun mécompte, aucun chagrin ne me détourne ou me ralentit dans le but unique de ma vie : le bien-être de tous, et la liberté partout. »

LA FAYETTE (1757-1834), Mémoires, correspondances et manuscrits du Général La Fayette

« J’ai pu me tromper, mais je n’ai jamais trompé personne. »

LA FAYETTE (1757-1834), cité dans Les Aristocrates rebelles (2017), Gonzague Saint Bris

 

2. Premier héros républicain de l’Ancien Régime, lancé dans l’aventure américaine.

« Les relations républicaines me charmaient. »1224

LA FAYETTE (1757-1834), profession de foi adolescente. Mémoires, correspondance et manuscrits du général Lafayette (posthume, 1837)

C’est tout à la fois la clé du personnage et le résumé de toute sa vie !

Issu d’une grande et riche famille dont la noblesse remonte au XIe siècle, orphelin à 13 ans, il se veut militaire, il se sait ambitieux, mais surtout pas courtisan ! D’où ce mot amusant quand il fait exprès de déplaire pour quitter une bonne place à la cour et s’engager dans l’aventure américaine avec les premiers volontaires français.

Venu en mars 1777 défendre la cause des « Insurgents » américains contre l’Angleterre coloniale, Benjamin Franklin a convaincu : la simplicité de mise et le franc-parler de cet ambassadeur septuagénaire envoyé du Nouveau Monde, contrastent avec les airs de la cour et séduisent d’emblée les Parisiens. Voltaire et Turgot l’admirent également.

La Fayette devient son ami - la franc-maçonnerie joue aussi un rôle dans leur relation. Deux mois après, à 19 ans, contre l’avis de sa famille et du roi, le marquis s’embarque pour l’Amérique à ses frais sur la Victoire, une frégate bordelaise, avec sa très jeune femme et quelques compagnons, pour se joindre aux troupes de Virginie. D’autres jeunes nobles agiront de même, mais La Fayette poussera très loin cette attitude.

« C’est à l’heure du danger que je souhaite partager votre fortune… Je ne veux obtenir de vous qu’une seule faveur, celle de me battre comme un simple soldat, volontaire et sans solde »,

LA FAYETTE (1757-1834) au Congrès américain. « La Fayette vu par les Américains », Conférence de Paul Nevski, France magazine n°80

15 juin 1777, après sept semaines de traversée, La Fayette aborde l’Amérique du Nord à Philadelphie, siège du gouvernement des colonies. Il offre ses services au Congrès en ces termes. Il ne doute de rien… et il a raison.

Nommé « major général », le jeune marquis paiera de sa personne au combat. Plus que jamais charmé par les « relations républicaines », il s’enthousiasme pour l’égalité des droits, pour le civisme des citoyens, avec l’intuition de vivre un événement qui dépasse les frontières de ce pays : « C’est au bras de la noblesse de France que la démocratie américaine a fait son entrée dans le monde » dira Paul Claudel qui fut diplomate.

« Défenseur de cette liberté que j’idolâtre, libre moi-même plus que personne, en venant comme ami offrir mes services à cette république si intéressante, je n’y porte que ma franchise et ma bonne volonté, nulle ambition, nul intérêt particulier; en travaillant pour ma gloire, je travaille pour leur bonheur… »

LA FAYETTE (1757-1834), Lettre à sa femme du 7 juin 1777. Revue des Deux Mondes, 1891. (selon d’autres sources, il aurait écrit cette lettre à sa sœur)

Au tout début de ce premier voyage, il explique son engagement à sa très jeune Adrienne de Noailles (17 ans), avec une conviction aussi républicaine que révolutionnaire et une sincérité empreinte de naïveté … « Le bonheur de l’Amérique est intimement lié au bonheur de toute l’humanité ; elle va devenir le respectable et sûr asile de la vertu, de l’honnêteté, de la tolérance, de l’égalité et d’une tranquille liberté. » Rappelons au passage le mot fameux d’un autre très jeune républicain, révolutionnaire d’un autre genre sous la Terreur : « Le bonheur est une idée neuve en Europe. » Saint-Just, rapport du 3 mars 1794.

5 août 1777, La Fayette rencontre le général en chef Georges Washington, impressionné par l’enthousiasme du jeune homme et enclin à juger favorablement ce confrère franc-maçon, lui-même débordant d’admiration pour le commandant en chef - à la fin de cette année, le 24 décembre, sa femme donne naissance à un fils qui sera prénommé Georges Washington… Comme les autres nobles européens, La Fayette va témoigner au combat d’une bravoure et d’un professionnalisme bien supérieurs à ceux des volontaires américains lancés dans la guerre d’Indépendance contre les Anglais.

Au printemps 1779, La Fayette de retour en France plaide la cause des insurgés américains. Accédant enfin à sa demande, le roi Louis XVI envoie un corps de 6 000 hommes sous le commandement du général de Rochambeau, avec le concours de la flotte ayant pour chef d’escadre François de Grasse. La Fayette toujours impatient devance le corps expéditionnaire et le 21 mars 1780, il embarque « en mission particulière » à Rochefort-sur-mer, sur la nouvelle frégate l’Hermione qui appartient à La Royale (marine de guerre française) et entre dans l’Histoire.

« C’est une partie de l’art militaire de connaître le terrain avant de s’y engager. On a souvent plus fait par les approches en règle que par une attaque à force ouverte »

George WASHINGTON (1732-1799), général combattant et premier président des États-Unis de 1789 à 1797. Biographie universelle, ancienne et moderne, ouvrage rédigé par une société de gens de lettres (1843)

Lors de son deuxième séjour en Amérique, le général l’incite à plus de mesure en 1781. Cette observation de son mentor et ami ralentit à peine la fougue de La Fayette.

À la tête des troupes de Virginie, il harcèle l’armée anglaise et fait sa jonction avec les troupes de Washington et Rochambeau. Les troupes anglaises se retrouvent bientôt coincées dans la baie de Chesapeake, ne pouvant recevoir des secours par mer en raison du blocus effectué par la flotte de De Grasse. Les alliés franco-américains remporteront la victoire décisive de Yorktown, le 17 octobre 1781. La ville capitule le 19 octobre, l’indépendance des États-Unis étant reconnue par l’Angleterre le 30 novembre 1782. À l’issue du combat, La Fayette déclara fièrement : “Humanity has won its battle. Liberty now has a country. »

Il repartira pour l’Amérique le 1er juillet 1784 : troisième voyage privé, sur invitation de Washington. Le 4 août, il est acclamé par la foule qui l’accueille à New York. Après trois jours de réceptions, il part pour un grand tour des provinces, partout accueilli avec la même chaleur et de spectaculaires banquets à Philadelphie, Baltimore et Boston. Après un séjour à Mount Vernon chez Washington, La Fayette repasse par New York, avant de remonter l’Hudson et de signer un traité de paix avec des Hurons et des Iroquois.

De retour à Paris dans les premiers jours de 1785, le jeune général est cette fois accueilli en héros. La reine Marie-Antoinette prend sa jeune épouse dans son carrosse pour la conduire chez elle, à l’hôtel de Noailles. Le lendemain, La Fayette est reçu à la cour et pendant plusieurs jours, les hommages se succèdent.

Voilà un début de « carrière » éblouissant et sans faute à la toute fin de l’Ancien Régime. Le noble et fortuné marquis va cultiver son aura et se mettre au service des idées les plus généreuses de son temps. Le 17 février 1788, il crée avec Brissot et l’abbé Grégoire la « Société des Amis des Noirs » pour l’abolition de la traite et de l’esclavage.

Le « parcours du combattant » sera plus complexe, sous la Révolution qui, comme Saturne, va dévorer ses enfants.

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3. Acteur de premier plan au début de la Révolution.

« Voici une cocarde qui fera le tour du monde. »1336

LA FAYETTE (1757-1834), 17 juillet 1789. Petite histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours (1883), Victor Duruy

C’est le premier commandant de la garde nationale, créée le 15, au lendemain de la prise de la Bastille. À ce titre, le jeune général se distingue aussitôt par un geste historique…

La Fayette prend la cocarde bleue et rouge aux couleurs de Paris, il y joint le blanc, couleur du roi et présente cette cocarde tricolore à Louis XVI venu « faire amende honorable » à l’Hôtel de Ville de Paris. Le roi met la cocarde à son chapeau et reconnaît la Révolution par ce geste symbolique.

Tout fait symbole à cette heure. La Fayette l’a compris comme son aîné Mirabeau, réputé premier grand homme de la Révolution à la tribune : « Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes. » La Fayette et Mirabeau, tous deux députés à l’Assemblée constituante, appartiennent au même parti (alors dominant) des monarchistes constitutionnels. Ce sont deux nobles, mais de nature totalement opposée - Mirabeau le mauvais sujet, renié par la noblesse, étant élu par le Tiers état. Les deux hommes seront bientôt rivaux.

« Pour la révolution, il a fallu des désordres, car l’ordre ancien n’était que servitude, et, dans ce cas, l’insurrection est le plus saint des devoirs ; mais pour la constitution, il faut que l’ordre nouveau s’affermisse, et que les lois soient respectées. »

LA FAYETTE (1757-1834), Discours à l’Assemblée constituante, février 1790. Le 14 juillet et la Révolution française sous le regard du Marquis de La Fayette, Damien Theillier, juillet 14, 2018, Institut Coppet

Notons l’idée très révolutionnaire selon laquelle « l’insurrection est le plus saint des devoirs » : inspirée de Rousseau, elle sera inscrite dans la Constitution de l’An I (1793) : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » Constitution jamais appliquée du fait de la Terreur bientôt décrétée, mais également inapplicable.

Si La Fayette a pu justifier les désordres de 1789, il refuse dans les premiers mois de 1790 toute légitimité aux désordres ultérieurs, pour devenir un élément modéré du processus révolutionnaire. Ce changement d’attitude lui fut naturellement reproché par les révolutionnaires qu’on retrouvera bientôt à la gauche de la Convention nationale ou dans les clubs aux idées les plus avancées, à commencer par les Jacobins. La Fayette n’en fera jamais partie et Mirabeau mourra avant (de maladie).

Rappelons enfin l’action de La Fayette en tant que député et vice-président : inaugurant sa carrière parlementaire, il présente à l’Assemblée en juillet 1789 un des projets de déclaration des droits de l’homme et du citoyen inspiré par la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique du 4 juillet 1776. Notre Déclaration votée en août s’en inspirera très naturellement, de même que le Bill of Rights américain de décembre 1791. La Fayette contribuera aussi à l’abolition de l’esclavage, l’abolition des privilèges de la noblesse, l’abolition de la gabelle, cet impôt indirect sur le sel qui pesait particulièrement sur le peuple… Il est sur le front de tous ces combats législatifs à la Constituante : « Nous défendons toutes ces idées de liberté, liberté d’expression, défense des plus faibles. »

« Si je croyais que la destruction de la royauté fût utile à mon pays, je ne balancerais pas ; car ce qu’on appelle les droits d’une famille au trône n’existe pas pour moi ; mais il m’est démontré que, dans les circonstances actuelles, l’abolition de la royauté constitutionnelle serait un malheur public. »

LA FAYETTE (1757-1834) à Marie-Antoinette. Biographie universelle, ancienne et moderne, ouvrage rédigé par une Société de gens de lettres (1843)

Bien qu’il s’efforce de persuader la reine en exprimant franchement son point de vue bien raisonné, le retour de La Fayette aux idées monarchiques n’inspire en fait aucune confiance à Marie-Antoinette. Prise dans le tourbillon révolutionnaire, mariée à un roi faible et indécis notoire, elle aura beaucoup de mal à se faire une juste opinion d’une situation qui évolue à une vitesse bientôt folle !

La situation de La Fayette est plus simple, dans cette Histoire compliquée. Mais il va prendre sa part des aléas qui se succèdent au fil de journées révolutionnaires mémorables.

« La Reine a été trompée, elle promet qu’elle ne le sera plus […] elle promet d’être attachée au peuple comme Jésus-Christ à son Église. »1353

LA FAYETTE (1757-1834), s’adressant à la foule, Versailles, 6 octobre 1789. Procédure criminelle instruite au Châtelet de Paris : sur la dénonciation des faits arrivés à Versailles dans la journée du 6 octobre 1789 (1790), Assemblée nationale constituante

La veille, une foule de femmes et de chômeurs marche sur Versailles, armée de piques et de fourches. Une délégation est reçue le soir du 5 octobre par le roi. Il promet d’assurer le ravitaillement de Paris où le pain demeure le premier besoin alimentaire du peuple. La manifestation, d’abord pacifique, a dégénéré après une nuit de liesse bien arrosée. La Fayette, présent à Versailles avec ses gardes nationaux, n’a rien vu venir et dort ! Trop heureux de ridiculiser ce jeune rival, Mirabeau le surnommera « Général Morphée ».

Au matin suivant, La Fayette va trouver les mots et le courage qui s’impose dans cette situation critique. La foule a forcé les grilles et envahi le château de Versailles, massacré deux gardes du corps. Commandant de la garde nationale, il n’a pu empêcher l’émeute, mais il calme le jeu, apparaissant au balcon avec le roi, la reine (en larmes) et le dauphin dans ses bras : signe de réconciliation symbolique entre Louis XVI et son peuple. La Fayette, toujours auréolé de son aventure américaine, se rêve le Washington d’une démocratie royale et sauve sans doute la vie à la famille royale, ce matin du 6 octobre.

Devenu le personnage le plus considérable de France, Mirabeau le baptise non sans dédain « maire du palais » ou « Gilles César ». Il joue aussi en faveur du roi, mais d’une tout autre manière ! Et son jeune confrère n’ignore rien de ses manœuvres.

« Il ne se fait payer que dans le sens de ses convictions. »1363

LA FAYETTE (1757-1834) parlant de Mirabeau qui offre ses services au roi et à la reine, en mars 1790. Encyclopédie Larousse, article « Mirabeau (Honoré Gabriel Riqueti, comte de) »

« Mirabeau est vendu », disent ses adversaires. La Fayette est plus fair-play : la vénalité de Mirabeau ne se discute même pas, mais il s’en tient toujours à ses idées – un point commun avec La Fayette.

Mirabeau qui tente de faire prendre à la Révolution un tournant à droite manœuvre en secret pour sauver la monarchie. Il va donc offrir ses services au roi et à la reine – ou plus exactement les vendre très cher, l’homme étant toujours couvert de dettes.

Ses intrigues contrarient le jeu et les ambitions personnelles de La Fayette qui l’a eu un temps comme allié, mais ne pourra jamais s’entendre avec le personnage – panthéonisé par la volonté du peuple au lendemain de sa mort, puis dépanthéonisé quand la fameuse « armoire de fer » de Louis XVI révèlera ses secrets, dont la trahison de Mirabeau. La Fayette sera bientôt accusé lui aussi de trahison, mais il surmontera l’épreuve…

« Moi, roi des Français, je jure […] de maintenir la Constitution. »1369

LOUIS XVI (1754-1793), Fête de la Fédération sur le Champ de Mars à Paris, 14 juillet 1790. Histoire de France depuis 1789 jusqu’à nos jours (1878), Henri Martin

Commandant de la garde nationale, La Fayette fut chargé d’organiser cette fête symbolisant la réconciliation du roi avec la nation. Il parade avec éclat sur son cheval blanc, en tête d’une députation de 18 000 gardes nationaux venus de la France entière et entouré d’un état-major impressionnant. Il orchestre les acclamations adressées au roi. C’est l’apogée de sa popularité et de sa carrière révolutionnaire.

Une messe est célébrée par l’évêque d’Autun, Talleyrand lui aussi monarchiste constitutionnel. Il a répété la scène, d’autant plus qu’il ne célèbre pas souvent… Heure solennelle, devant 300 000 personnes, alors qu’il murmure à La Fayette (ou à l’abbé Louis selon les sources) : « Pitié, ne me faites pas rire ! »

Quoi qu’il en soit de ces coulisses et des intentions réelles du roi, le pays peut encore rêver à une monarchie constitutionnelle. Sitôt qu’il paraît et qu’il parle, il semble que le pacte millénaire entre les Français et le Capétien se renoue. Tous ces provinciaux qui voient Louis XVI pour la première fois oublient ce qu’on a pu dire du « tyran ». Le peuple est le plus sincère de tous les participants à ce grand spectacle, criant spontanément : « Vive le roi, vive la reine, vive le dauphin ! » Pour nombre d’historiens (à commencer par Michelet), c’est l’acmé de la Révolution.

« Si l’on avait fait davantage confiance à Monsieur de La Fayette, mes parents seraient encore en vie. »1354

Marie-Thérèse de France, devenue duchesse d’ANGOULÊME (1778-1851). Phrase non « sourcée », peut-être apocryphe

Fille aînée de Louis XVI et de Marie-Antoinette, seule survivante des enfants royaux, libérée de la prison du Temple en 1795 à 17 ans, « Madame Royale » reconnaîtra le rôle joué par le héros le plus populaire de la Révolution en ses débuts.

Il sera ensuite très discuté, il est pourtant impossible de croire que La Fayette ait mené double jeu et trahi le roi ! Mais la reine va le prendre en haine après une nouvelle épreuve, l’échec de la fuite à Varennes en juin 1791 : « Je sais bien que M. de Lafayette nous protège, mais qui nous protégera de M. de La Fayette ? »

« Ce sont les femmes qui ont ramené le roi à Paris, et ce sont les hommes qui l’ont laissé échapper ! »1387

Cri de protestation des femmes de Paris, 21 juin 1791. Les 50 mots clefs de la Révolution française (1983), Michel Péronnet

Allusion faite ici aux journées révolutionnaires des 5 et 6 octobre 1789 à Versailles, où La Fayette a évité le pire. Il va être confronté à une nouvelle épreuve.

Le 21 juin au matin, on constate la disparition de la famille royale au palais des Tuileries. L’alerte est donnée, La Fayette, commandant de la garde nationale et tenu pour responsable à ce titre, envoie des courriers tous azimuts pour retrouver et faire arrêter les fuyards. Paris est en émoi.

Le 20 juin à minuit, la famille royale a donc fui avec la complicité du comte suédois Axel de Fersen, amant passionné de la reine. Leur but : rejoindre à Metz la garnison royaliste du marquis de Bouillé, pour se placer sous sa protection. Mais la berline royale, conduite par Fersen en cocher, est trop imposante, l’opération mal organisée, et le roi, déguisé en valet, est reconnu le 21 à Sainte-Ménehould (en Champagne) par Jean-Baptiste Drouet, le fils du maître des postes – qui précède le roi à Varennes et donne l’alerte. Bayon, aide de camp de La Fayette, arrive à Varennes au matin du 22 juin. La berline royale est reconduite à Paris sous escorte, rejointe par trois députés : Pétion, Barnave et Latour-Maubourg envoyés par l’Assemblée.

Paris crie à la trahison. Le plan de Louis XVI n’est que trop clair. Il voulait marcher sur Paris avec les troupes royalistes, renverser l’Assemblée, mettre fin à la Révolution et restaurer la monarchie absolue.

Selon certaines sources, La Fayette a tenté de faire passer cette fuite maladroite pour un enlèvement de la famille royale. Toutes les rumeurs peuvent circuler ! Quoi qu’il en soit, il faut à tout prix éviter l’émeute et l’on colle un peu partout des affiches avec ce mot d’ordre : « Celui qui applaudira le Roi sera bâtonné, celui qui l’insultera sera pendu. » Toute manifestation est donc interdite, pour ou contre le roi et sa famille qu’on ramène de Varennes.

« Votre Majesté connaît mon attachement pour elle ; mais je ne lui ai pas laissé ignorer que si elle séparait sa cause de celle du peuple, je resterais du côté du peuple. »

LA FAYETTE (1757-1834), au lendemain de la fuite à Varennes, fin juin 1791. Biographie universelle, ancienne et moderne, ouvrage rédigé par une Société de gens de lettres (1843)

Il a gardé son sang-froid, sauvé l’honneur de la garde nationale et réussi à empêcher un massacre. Encore une action qui doit être portée à son crédit, dans une situation explosive.

Quand il se présente enfin au roi, il lui dit le fond de sa pensée. Le roi lui-même très calme en convient : « Cela est vrai, vous avez suivi vos principes. Jusqu’à ces derniers temps, j’avais cru être dans un tourbillon de gens de votre opinion, dont vous m’entouriez à dessein ; j’ai bien reconnu dans ce voyage que je m’étais trompé, et que c’est aussi l’opinion de la France. — Votre Majesté, reprit La Fayette, a-t-elle quelques ordres à me donner ? — II me semble, répondit en souriant le monarque, que je suis plus à vos ordres que vous n’êtes aux miens. »

Malgré tout, La Fayette conserve des sentiments monarchistes – il le prouvera jusqu’à la fin de sa vie. Il appuie la motion de Barnave tendant à maintenir l’autorité royale de Louis XVI et il ajoute à cette occasion que ce prince est « le meilleur de sa famille et le meilleur des souverains de l’Europe. » C’est beaucoup dire, mais c’est une preuve de bonne volonté qui ne servira à rien…

« J’ai juré de mourir libre, la liberté est perdue, je meurs. »1393

PROVANT (??-1791), après le massacre du Champ de Mars, 17 juillet 1791. Histoire de la Révolution française (1847-1853), Jules Michelet

Garde national du bataillon de Saint-Nicolas, il écrit ces mots et se brûle la cervelle, juste après le drame.

Paris est en ébullition, entre les pétitions à signer pour décider du sort du roi et l’anniversaire de la Fête de la Fédération à célébrer. Le drapeau rouge de la loi martiale est déployé sur ordre de La Fayette, commandant de la garde nationale. La confusion devient totale quand des centaines de sans-culottes venus signer une pétition du club des Cordeliers réclament l’instauration de la République. Un coup de feu part d’on ne sait où et La Fayette fait tirer sur la foule.

Il y aura 15 morts (50, selon d’autres sources). Ce n’est pas considérable. Et pour éviter le pire, voyant des officiers prêts à employer l’artillerie, La Fayette a poussé son cheval face à la gueule des canons - un geste qu’il faut évidemment porter à son crédit ! Malgré tout, le choc est immense : pour la première fois, la milice bourgeoise a fait feu contre le peuple.

Du jour au lendemain, La Fayette le héros est détesté. Le drapeau rouge fait son entrée dans l’histoire de France – il aura une signification opposée, quand il sera déployé par les révolutionnaires contre l’ordre établi. Le fossé se creuse entre les députés constitutionnels modérés et les autres, de plus en plus présents et actifs.

Suite aux troubles qui s’enchaînent, La Fayette démissionne le 8 octobre 1791 (Extrait du Registre des Délibérations du Conseil général de la Commune de Paris du Samedi 8 octobre 1791). Tout autre date est fausse. Beaucoup d’inexactitudes factuelles jalonnent les récits de la vie de La Fayette.

« On se défendra, Monsieur, et tant qu’il restera en France un pouce de terrain libre, et un homme pour le disputer, c’est là que vous me trouverez. »1414

LA FAYETTE (1757-1834), Lettre autographe à Dumouriez, 29 mai 1792. La Révolution française [exposition], janvier-mars MCMXXVIII (1928), Bibliothèque nationale (France)

On retrouve le général dans son rôle de militaire, combattant sur le front de l’Est. La France a déclaré la guerre le 20 avril 1792 au « roi de Bohême et de Hongrie » : le nouvel empereur d’Autriche François II, 24 ans, neveu de Marie-Antoinette, exige le rétablissement des droits féodaux en Alsace et l’abolition du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Casus belli pour la France révolutionnaire ! Devenu à la mort de son père empereur du Saint Empire romain germanique, François II ne fait que défendre les droits des « princes possessionnés » d’Alsace. Il va vivre une guerre de vingt-trois ans avec la France, sous le signe de la Révolution, puis de Napoléon.

Pour l’heure, il y a divergence sur la conduite des opérations militaires : La Fayette, commandant de l’armée du Centre (puis du Nord) est partisan d’une guerre énergique, à l’inverse de Dumouriez, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement girondin depuis le 10 mars. Il existe aussi entre eux un dissentiment politique : La Fayette, toujours partisan d’une monarchie libérale, a quitté le club des Jacobins (où reste Dumouriez) pour passer au club des Feuillants (les modérés).

11 juillet 1792, l’Assemblée législative proclame : « La Patrie est en danger ». Le 10 août, la Commune de Paris prend le pouvoir, le roi est déchu, la famille royale transférée à la prison du Temple. C’en est fini de l’espoir d’une monarchie constitutionnelle. Danton est devenu le meneur d’une Révolution absolument non conforme aux espoirs de La Fayette !

« Le tocsin qui sonne n’est point un signal d’alarme, c’est la charge contre les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, Messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. »1428

DANTON (1759-1794), Législative, 2 septembre 1792. Discours de Danton, édition critique (1910), André Fribourg

« De l’audace… » La fin du discours est célébrissime et propre à galvaniser le peuple et ses élus : « Danton fut l’action dont Mirabeau avait été la parole » écrit Hugo (Quatre-vingt-treize).

Ce 2 septembre, la patrie est plus que jamais en danger. La Fayette, accusé de trahison, est passé à l’ennemi. Le général Dumouriez qui a démissionné de son poste de ministre l’a remplacé à la tête de l’armée du Nord, mais il ne parvient pas à établir la jonction avec Kellermann à Metz. Et Verdun vient de capituler, après seulement deux jours de siège : les Prussiens sont accueillis avec des fleurs par la population royaliste. C’est dire l’émotion chez les révolutionnaires à Paris !

La rumeur court d’un complot des prisonniers, prêts à massacrer les patriotes à l’arrivée des Austro-Prussiens qui serait imminente. On arrête 600 suspects qui rejoignent 2 000 détenus en prison. Les « massacres de septembre » vont entrer dans l’Histoire. Tandis que La Fayette en est (momentanément) sorti…

« Découragé, La Fayette passa la frontière dans la nuit du 19 au 20 août. Heureusement pour sa gloire, l’ennemi le considérait encore comme un des hommes de la Révolution. Il fut arrêté et, pour de longues années, jeté dans les prisons d’Autriche. ».

Jean JAURÈS (1859-1914). Histoire socialiste de la France contemporaine. 1789-1900 (1901)

Voici le résumé des faits. Mais la « trahison » de La Fayette fut diversement commentée ! En réalité, il agit en officier du roi et républicain resté monarchiste. Il tenta vainement et sans doute maladroitement d’appeler ses troupes à rétablir Louis XVI déchu au lendemain du 10 août 1792. L’assemblée le décréta d’accusation le 19 août et ordonna à son armée de ne plus lui obéir.

Le marquis est en route pour la côte belge, espérant trouver un bateau pour l’Amérique. Peu apprécié des autres émigrés ultraroyalistes qui abominent la Révolution depuis 1789, il espère passer les lignes autrichiennes. Mais les autorités découvrent son identité et l’arrêtent : pour les puissances européennes (royalistes ou impériales), il est l’un des principaux instigateurs de la Révolution française qui menacent leurs trônes.

La Fayette est incarcéré et, à la fin du mois, des représentants prussiens et autrichiens se réunissent pour décider du sort de ce personnage célèbre. Devenu le « prisonnier de l’Europe », il est déclaré coupable de crime de lèse-majesté, considéré comme l’ennemi des rois et une menace pour l’Europe tout entière : on décide de l’enfermer jusqu’à ce que Louis XVI recouvre son trône - une restauration fort improbable. Livré par les Autrichiens aux Prussiens, le marquis est conduit sous escorte à la forteresse de Wesel, au nord de Berlin.

« L’aristocratie et le despotisme sont frappés à mort, et mon sang, criant vengeance, donnera à la liberté de nouveaux défenseurs. »

LA FAYETTE (1757-1834), Mémoires, correspondance et manuscrits (1837)

Le général dicta à Romeuf, son aide de camp, une déclaration destinée à être rendue publique au cas où il mourrait en captivité. Cela aurait pu advenir… dans cette geôle sinistre et malsaine au bord d’un marais, jeté bientôt dans une cellule humide et mal traité par ses gardiens aux ordres du roi Frédéric Guillaume II de Prusse.

Cette condition déplorable présente au moins un avantage : interné par les souverains européens ennemis de la France, La Fayette peut redevenir le symbole de la liberté et retrouver son prestige perdu : « Les Amis de la liberté sont proscrits des deux côtés; je ne suis donc à ma place que dans une prison » écrit-il le 26 août 1792.

Officiellement déclaré hors la loi en France où ses biens sont confisqués, La Fayette est transféré à la forteresse de Magdeburg, en Prusse orientale. Ses conditions de détention empirent. Il n’a plus le droit de recevoir ni d’envoyer du courrier. Le marquis survit comme il peut. Début 1794, enfermé dans la forteresse d’Olmütz et dans un isolement absolu, on lui enlève son dernier domestique, les boucles de ses chaussures et jusqu’à son nom : il n’est plus que le prisonnier « numéro 2 ». Après une tentative d’évasion ratée, il tombe gravement malade. Sous la Terreur, sa femme Adrienne de Noailles qui s’efforce en vain de faire jouer ses relations pour lui venir en aide est arrêtée à deux reprises, puis assignée à résidence.

Le prisonnier est enfin rejoint par son épouse et ses deux filles… En France, la Terreur est passée. Il semble de plus en plus inconvenant qu’un citoyen français connu dans le monde entier soit arbitrairement séquestré en Autriche. Au début de l’année 1797, le nouveau régime du Directoire décide de réclamer sa libération. Fin juillet, un émissaire vient annoncer aux La Fayette qu’ils seront libérés contre la promesse de ne jamais revenir sur le territoire français…

Le marquis arrive à Hambourg le 4 octobre 1797 : il va désormais sillonner l’Europe et ce n’est qu’en mars 1800 qu’il aura l’autorisation de rentrer en France (d’autres sources indiquent novembre 1799). De toute manière, le personnage est très mal vu par le nouveau maître de la France.

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4. Résistance personnelle et quasi retraite sous l’Empire et la Restauration.

« Tout le monde en France est corrigé ; un seul ne l’est pas, c’est La Fayette ! Il n’a jamais reculé d’une ligne. Vous le voyez tranquille ; eh bien ! je vous dis, moi, qu’il est tout prêt à recommencer. »1860

NAPOLÉON Ier (1769-1821). Les Dernières Années de La Fayette, 1792-1834 (1894), Agénor Bardoux

Napoléon, cet homme de génie, dans sa mégalomanie qui s’aggrave avec l’âge, ne peut supporter la moindre opposition, ni même réserve. Or, en ce début de l’année 1812, il doit constater qu’il n’a pas réussi à s’attacher La Fayette par les divers « hochets » qui font habituellement céder les hommes : Légion d’honneur, fauteuil de sénateur, poste d’ambassadeur. Il refuse tout.

C’est tout à l’honneur de notre marquis… et dans la logique de l’adolescent qui refusait sous l’Ancien Régime les règles de la cour et plus que tout la servilité. À qui lui demandait ce qu’il avait fait sous l’Empire : « Je me suis tenu debout » écrit-il dans ses Mémoires. Il ne sera pas étonnant que Madame de Staël et Chateaubriand, les deux plus célèbres opposants au régime, expriment ouvertement leur estime, voire leur admiration pour La Fayette.

Pas étonnant non plus qu’au début de la Restauration, il se déclare très défavorable au come-back des Cent-Jours qui stupéfie l’Europe et va entraîner une dernière coalition fatale à la France.

« Dans ce peu de jours et au milieu de ses brillantes promesses, Napoléon a déjà cent fois plus violé les libertés publiques que les Bourbons dans leurs dix mois de règne. »

LA FAYETTE (1757-1834), « Gilbert du Motier de La Fayette », Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne (1843-1865)

À l’heure de la (première) Restauration et pour résumer sa position, La Fayette est comme beaucoup de Français attentifs à la politique. Il s’est présenté aux Tuileries en uniforme de général avec sa cocarde blanche, il a retrouvé avec plaisir des amis émigrés. Élu député, il contribue à la seconde abdication de l’empereur.

Sous la seconde Restauration, il se met en retraite complète lors de la « Terreur blanche ». Le promoteur de la Déclaration des Droits de l’Homme est fatalement mal vu et il n’a rien d’un politicien professionnel pratiquant le double jeu. Il constate que la Charte constitutionnelle de 1814 « octroyée » par Louis XVIII est régulièrement violée par la droite au pouvoir. Il se situe donc à gauche de l’échiquier politique. Élu député par intermittence, il ne trouve pas vraiment sa place dans ce jeu où d’autres sont plus habiles.

Il participe à divers complots, fort discret à ce sujet dans ses Mémoires. Seule certitude, il entre dans la Charbonnerie (française), société secrète et initiatique, crée le 1er mai 1821 dans le but de renverser les Bourbons imposés par l’étranger, afin que la France puisse se donner le gouvernement de son choix. 

« J’ai déjà beaucoup vécu, et il me semble que je couronnerais dignement ma carrière politique en mourant sur l’échafaud pour la liberté. »:

LA FAYETTE (1757-1834), à ses amis lui recommandant la prudence. Histoire des deux Restaurations (1857), A. de Vaulabelle

Devenu un membre influent de la Charbonnerie, on le met en garde contre le risque couru. Il feint d’en sourire. Il a déjà côtoyé le danger tant de fois et cela lui a bien réussi !

Il n’est pas sûr que La Fayette coure réellement un si grand risque en participant à quelques conspirations, avec plus de naïveté que d’adresse. Mais l’époque est aux complots, il est intimement convaincu que son pays est mal dirigé, que la Restauration se droitise à l’excès et que le désordre illégal est préférable à cet ordre royal, avec l’espoir qu’il débouche à nouveau sur la République, suite à une nouvelle révolution.

Il a raison, mais son heure n’est pas encore venue de « forcer le destin ». Mieux vaut profiter de son inaction forcée pour réaliser un souhait ancien : retourner en Amérique.

« Les messieurs sont prêts à laisser tomber leurs affaires pour lui serrer la main, et les dames oublient leurs amants pour rêver de lui. Si un homme demande ‹l’avez-vous vu ?› Vous savez de qui il parle. »

The Magazine of American History (1887)

À l’invitation du président James Monroe, le voyage en Amérique (juillet 1824-septembre 1825) est un rêve éveillé qui le rajeunit de presque un demi-siècle. Un banquet et de brillantes illuminations terminent la première journée du « Héros des deux-mondes », avant une tournée triomphale de quatorze mois, dans 182 villes des 24 États que compte l’Union à cette époque.

De retour à Paris, il comprend vite que le nouveau roi Charles X est plus royaliste que son frère Louis XVIII. La garde nationale de Paris est bientôt dissoute, puis la Chambre des députés. La Fayette est élu en juin 1827, avec l’opposition libérale qui gagne des sièges et reprend espoir en l’avenir. Charles X met le prince de Polignac à la tête du gouvernement. Cette erreur politique va lui être fatale. La Fayette sent que son heure est enfin revenue…

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5. Une Monarchie de Juillet finalement conforme à ses vœux.

« Ma conduite sera à 73 ans ce qu’elle a été à 32. »;

LA FAYETTE (1757-1834), Déclaration de La Fayette du 29 juillet 1830, Souvenirs historiques sur la révolution de 1830, S. Bérard (1834)

La Fayette accepte d’être à nouveau nommé commandant de la Garde nationale rétablie.

Il exprime sa pensée en termes choisis :  « Lorsque la population parisienne s’est levée spontanément pour repousser l’agression et reconquérir ses droits, nos droits à tous, les imprescriptibles droits du genre humain, elle a daigné se souvenir d’un vieux serviteur de la cause des peuples : en me proclamant son chef, en associant mon nom à ses triomphes, elle a récompensé les vicissitudes d’une vie entière. [En 1789] naquit le funeste système de division et d’anarchie dont vous connaissez les déplorables suites. […] Mais le sens exquis de la population actuelle nous préservera de ce malheur. […] Vous êtes les élèves de la révolution et votre conduite dans les grandes journées de gloire et de liberté vient d’en montrer la différence. »

Il va rester à ce poste stratégique jusqu’en décembre 1830, le temps de revivre l’Histoire avec les anciens et les nouveaux monarchistes constitutionnels.

« Charles X a essayé de sauver la légitimité française et avec elle la légitimité européenne : il a livré la bataille et il l’a perdue […] Napoléon a eu son Waterloo, Charles X ses journées de juillet. »2030

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

Le 30 juillet, Charles X retire les quatre ordonnances dites « scélérates » (Chambre dissoute, système électoral plus élitiste, rétablissement de la censure et de l’autorisation ministérielle préalable pour la presse). Trop tard. Les deux républicains les plus actifs, Thiers et Mignet, font placarder un manifeste orléaniste.

Louis-Philippe attend son heure, patiemment, prudemment réfugié à Neuilly, puis au Raincy… Tandis que La Fayette, septuagénaire actif, est de retour pour son dernier rendez-vous avec l’Histoire, à la tête de la nouvelle garde nationale qui occupe l’Hôtel de Ville : on hisse le drapeau tricolore.

« La Charte sera désormais une vérité. »2033

LOUIS-PHILIPPE (1773-1850), Proclamation aux habitants de Paris, 31 juillet 1830. Révolution française : histoire de dix ans, 1830-1840 (1846), Louis Blanc

Le texte de la proclamation est de Guizot. Celui qui est encore le duc d’Orléans prend le même jour le titre de « lieutenant général du royaume ». Mais il lui faut l’aval du peuple. Il se rend donc à l’Hôtel de Ville où l’attend La Fayette, redevenu populaire comme aux grandes heures de la Révolution.

« Voilà ce que nous avons pu faire de plus républicain. »2034

LA FAYETTE (1757-1834), Hôtel de Ville, 31 juillet 1830. La Fayette et la révolution de 1830 : histoire des choses et des hommes de juillet, volume I (1832), Bernard Alexis Sarrans

Rallié à la cause du duc d’Orléans qui est comme lui un noble libéral attaché à la Révolution, le général lui donne l’accolade et fait de lui le futur roi des Français.

En coulisses et dans l’effervescence des grandes heures à venir, le « Héros des Deux Mondes » a convaincu les insurgés parisiens de porter le duc sur le trône comme roi des Français en le présentant comme la « meilleure des républiques ». Chacun veut alors croire qu’avec un monarque constitutionnel tel que Louis-Philippe, la démocratie et la paix civile seront aussi bien assurées, sinon mieux, que sous un régime républicain.

Ironie de l’Histoire, La Fayette escamote ainsi la révolution parisienne des Trois Glorieuses (journées des 27, 28, 29 juillet) et assure le passage rapide à la Monarchie de Juillet, le modèle politique qu’il a toujours défendu.

« Ce qu’il faut aujourd’hui au peuple français, c’est un trône populaire, entouré d’institutions républicaines, tout à fait républicaines. »

LA FAYETTE (1757-1834), répondant à la question de Louis-Philippe. Galerie des Contemporains Illustres, par un homme de rien, Louis de Loménie (1845)

Le roi lui demandait s’il fallait adopter en France la constitution américaine et donc la République. La France attendra encore quelques années la prochaine révolution (1848).

En attendant, La Fayette va se faire remarquer par une intransigeance républicaine qui finit par irriter le roi. Il devra démissionner de ce poste stratégique à la tête des gardes nationaux, ne gardant que son mandat de député qui lui tient très à cœur.

Il s’inscrit logiquement dans l’opposition de gauche au roi Louis-Philippe, il en devient même le chef toujours actif, soutenant l’insurrection des Polonais contre leur roi et veillant à l’accueil des réfugiés de la Grande Émigration (1831), comme pour des Espagnols (rebelles) et des Italiens (insurgés) contre le gouvernement en place. Il ne cesse de critiquer la « contre-révolution » de 1830 et de manifester son indépendance face au pouvoir, fidèle à l’adolescent qu’il fut.

À sa mort (pneumonie aiguë), une foule immense assiste à ses funérailles au cimetière de Picpus où il voulait être inhumé près de son épouse. Les deux Chambres du Congrès américain lui rendront les mêmes honneurs qu’à Georges Washington qui fut son ami et le premier président des États-Unis.

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6. Victoire post mortem au tournant de la Première guerre mondiale (1917).

« La Fayette, nous voici ! »
« La Fayette, we are here ! »2602

Colonel Charles E. STANTON (1859-1933), Cimetière de Picpus (Paris), 4 juillet 1917. Également attribué au général Pershing (1860-1948). La Fayette, nous voici ! : l’entrée en guerre des États-Unis, avril 1917 (2007), Ministère de la Défense.

La phrase est prononcée, le jour de la fête nationale des États-Unis (Independence Day), sur la tombe de La Fayette, le « Héros des deux mondes », général français volontaire dans la guerre d’Indépendance américaine en 1777.

Et la solidarité franco-américaine va de nouveau jouer dans la défense de la liberté. Dès le 28 juin 1917, la première division américaine débarquait à Saint-Nazaire : 14 500 hommes qui seront 365 000 en décembre. Intervention décisive en cette année charnière où tous les pays en guerre sont en crise (morale, politique, sociale, militaire).

En 1918, les lignes allemandes sont enfoncées et l’armistice du 11 novembre met fin à la guerre. Les Américains auront payé le prix humain de cette solidarité : 116 516 morts et 204 000 blessés en moins d’un an.

7. La Fayette vu par les contemporains et les historiens.

« On a assez de preuves que La Fayette est également ambitieux et incapable… Il n’y a de ressource à cet ordre de choses que l’imbécillité de son caractère, la timidité de son âme et les courtes dimensions de sa tête. »

MIRABEAU (1749-1791), Lettre du 20 juin 1790, à la veille de la Fédération. Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur

Jaloux du rôle que se donne cet autre monarchiste constitutionnel et du premier rôle qu’il lui dispute au début de la Révolution, c’est un témoin non fiable pour bien d’autres raisons, mais à citer quand même dans les Noms à charge.

« Quoi ! La Fayette, un Cromwell ? Vous ne connaissez donc point ni votre siècle ni la France ? Cromwell avait du caractère, et La Fayette n’en a pas. »

Jacques-Pierre BRISSOT (1754-1793), quand les Jacobins accusent La Fayette de césarisme. Cité par Jules Michelet, Histoire de la Révolution française (1847-1853)

Comparaison n’est pas raison entre les deux hommes, les deux pays, les deux époques. Quant à Brissot le Girondin (qui donna son autre nom aux « Brissotins » dont il fut le chef), il sera malgré son indéniable caractère la victime de cette Révolution qu’il voulait mener.

La Fayette échoua lui aussi à faire triompher ses idées, suspect à tous en défendant « sa » Révolution à la fois contre les aristocrates et les sans-culottes. Mais il continua le combat autrement, ailleurs et plus tard.

« M. de La Fayette vient de mourir… Il a fallu plus de quarante années pour que l’on reconnût dans M. de La Fayette des qualités qu’on s’était obstiné à lui refuser… aucune souillure n’est attachée à sa vie. »

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Œuvres autobiographiques complètes – Mémoires, Correspondances, Voyages

Grand témoin et historien de son temps, son opinion a d’autant plus de valeur qu’il ne ménageait pas plus ses amis que ses ennemis.

« Dans le nouveau monde, Monsieur de La Fayette a contribué à la formation d’une société nouvelle ; dans le monde ancien, à la destruction d’une vieille société. »1337

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

Dans le « nouveau monde », rappelons le rôle du très populaire « Héros des deux mondes » : à 19 ans, il s’est engagé personnellement et financièrement dans la guerre d’Indépendance des « Insurgents » contre l’Angleterre… et contre la politique étrangère de Louis XVI. Le Congrès des jeunes États-Unis d’Amérique le fit citoyen d’honneur en 1781. Dans le « monde ancien », la France des Lumières et de la Révolution y a gagné un puissant allié pour les siècles à venir.

« M. de La Fayette, il faut le dire, doit être considéré comme un véritable républicain ; aucune des vanités de sa classe n’est jamais entrée dans sa tête… Il a sacrifié toute sa fortune à ses opinions avec la plus généreuse indifférence… C’est un homme dont la façon de voir et de se conduire est parfaitement directe. »

Mme de STAËL (1766-1817), Œuvres complètes de Madame la baronne de Staël (1836)

Fille du banquier suisse Necker (ministre très populaire de Louis XVI), épouse de l’ambassadeur de Suède en France (Erik Magnus de Staël-Holstein), Mme de Staël, fervente lectrice de Rousseau, fut d’abord favorable à la Révolution. Mais elle ne lui pardonne pas la mort du roi, moins encore celle de la reine et la Terreur. Après trois ans d’exil, elle revient à Paris pleine d’espoir et impressionnée par le nouveau héros, ce général Bonaparte qui va redonner vie à l’idéal révolutionnaire de 1789. Le coup d’État du 18 Brumaire et la Constitution de l’an VIII lui ôtent toutes ses illusions. Son parler-vrai et son indépendance d’esprit déplairont souverainement à Napoléon et la rapprochent de La Fayette.

Mais la baronne, non sans indulgence, reconnaît malgré tout à La Fayette son « amour de la popularité, la passion favorite de son âme ».

« Une idole médiocre que la Révolution a élevée bien au-dessus de ses maigres talents. »

Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de la Révolution française (1847-1853)

La place de La Fayette dans l’histoire semble très sous-estimée par les historiens français. Certaines réhabilitations se font entendre. Laurent Zecchini restitue la dimension et la complexité du personnage dans sa biographie : « La Fayette, un héraut de la liberté » (2019).

« Les Autrichiens lui rendirent le service essentiel de l’arrêter et par là, ils le réhabilitèrent »

Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de la Révolution française (1847-1853)

Une manière de justifier sa fameuse « traîtrise », l’un des moments les plus contestables de sa vie. Rappelons les faits. Le 19 août 1792, La Fayette est déclaré traître à la nation. N’ayant pas été suivi par ses troupes, obligé de se réfugier à Liège, il est capturé par les Prussiens puis les Autrichiens, en dépit des interventions de sa femme et des États-Unis. Sa libération est obtenue par Napoléon au traité de Campo-Formio en 1797. Le Directoire lui interdit cependant de rentrer en France. La Fayette se réfugie alors aux Pays-Bas. Il finit par rentrer en novembre 1799 (ou l’année suivante, selon d’autres sources).

« C’est au bras de la noblesse de France que la démocratie américaine a fait son entrée dans le monde. »1225

Paul CLAUDEL (1868-1955), ambassadeur de France aux États-Unis, prenant la parole devant la société des Cincinnati. La France et l’indépendance américaine (1975), duc de Castries

Claudel n’est pas seulement poète et l’un des grands dramaturges français du XXe siècle. Il aura été diplomate pendant plus de quarante ans, consul, ambassadeur, ministre plénipotentiaire, en poste partout dans le monde, y compris à Washington.

Rappelons les faits et le principal titre de gloire du jeune général. La Fayette, de retour en France en 1779 après son premier voyage américain  et quelques exploits militaires aux côté des Insurgents, soutient Benjamin Franklin et pousse le gouvernement à s’engager ouvertement dans la guerre d’Indépendance. Devançant un premier corps expéditionnaire de 6 000 hommes, il repart et se distingue à nouveau en Virginie contre les Anglais. 3 000 Français trouvent la mort dans ce combat d’outre-Atlantique qui s’achèvera par la défaite anglaise, en 1783. Le fougueux marquis gagne son titre de « Héros des deux mondes ». C’est la plus brillante période de sa longue vie.

Les États-Unis se rappelleront cette dette historique, s’engageant en avril 1917 dans la guerre mondiale au cri de : « La France est la frontière de la liberté. » Le jour anniversaire de l’Indépendance, 4 juillet 1917, sur la tombe parisienne du marquis, la référence est encore plus précise : « La Fayette, nous voici ! »

« In European history his place, though not among the foremost, is respectable ; in American history he is not only a very picturesque and interesting figure, but his services in our struggle for political independence were of substantial and considerable value.”
Appleton’s Cyclopedia American Biography.

Et depuis 2002, La Fayette est l’un des huit citoyens d’honneur des États-Unis.

Retrouvez tous les personnages dans nos Chroniques, livres électroniques qui racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.

Les personnages marquent leur époque et bien au-delà : ils sont les auteurs et acteurs de l’Histoire, avant que les historiens ne commentent et réécrivent le récit national.
Quant aux citations, leur intérêt n’est plus à prouver : en quelques mots bien choisis, sourcés et contextualisés, le passé reprend vie et fait sens.
Plus ou moins connus, voire célèbres et toujours à redécouvrir, voici 200 noms avec plus d’un quart de femmes et un invité surprise, le peuple anonyme (chansons, slogans…)

Aiglon l’- Anne d’Autriche - Anne de Bretagne - Anne de France - Aragon - Aron - Aubigné d’- Auclert Hubertine - Auriol - Badinter - Baker Joséphine - Barre - Beaumarchais - Beauvoir Simone de - Bellay du - Béranger - Bernhardt Sarah - Berry duchesse de - Bismarck - Blanc (Louis) - Blanche de Castille - Blanqui - Blum - Bonaparte Pauline - Bossuet - Boulanger général - Brasillach - Briand - Bugeaud - Callas Maria - Cambacérès - Camus - Catherine de Médicis - César - Chaban-Delmas - Chamfort - Chanel Coco - Charlemagne - Charles IX - Charles X - Chateaubriand - Châtelet Émilie du - Chirac - Claudel - Claudel Camille - Clemenceau - Clotilde - Clovis - Colbert - Colette (Mme) - Condorcet - Corday Charlotte - Cresson Édith - Curie Marie et Pierre - Danton - Debré - Deffand Mme du - Descartes - Deschanel - Desmoulins - Diderot - Dreyfus - Du Guesclin - Dubois abbé - Dumont (René) - Eugénie de Montijo - Fabius - Ferry - Flaubert - Foch - Fouché - Fouquet - Fouquier-Tinville - France (Anatole) - François Ier - Gambetta - Gaulle de - Gaulle Yvonne de - Giroud Françoise - Giscard d’Estaing - Gouges Olympe de - Grégoire abbé - Grévy - Guillotin - Guizot - Guy Alice - Halimi Gisèle - Henri III - Henri IV - Henriette d’Angleterre - Hugo - Isabeau de Bavière - Jaurès - Jeanne d’Arc - Joffre - Joséphine de Beauharnais - L’Hospital de - La Bruyère - La Fayette - Lamartine - Louis IX - Louis XI - Louis XII - Louis XIII - Louis XIV - Louis XV - Louis XVI - Louis XVII (Dauphin) - Louis XVIII - Louis-Philippe - Louise de Savoie - Lyautey - Mac-Mahon - Macron - Madame Mère - Madame Royale -  Mademoiselle la Grande - Maintenon Mme de - Malraux - Marat - Marchais - Marguerite de Navarre - Marguerite de Valois - Marie de Médicis - Marie Leczinska - Marie Stuart - Marie-Antoinette -  Marie-Louise - Marvingt Marie - Marx - Mauriac - Mauroy - Maurras - Mazarin - Michel Louise - Michelet - Mirabeau - Mitterrand - Molière - Monnet - Montaigne - Montespan marquise de - Montesquieu - Montherlant - Moulin - Napoléon - Napoléon III - Palatine La (princesse) - Pascal - Péguy - Pétain - peuple (le) - Philippe Auguste - Philippe d’Orléans (le Régent) - Philippe le Bel - Picasso - Pinay - Pisan Christine de - Poincaré - Poitiers Diane de - Pompadour marquise de - Pompidou - Proudhon - Rabelais - Récamier Juliette - Richelieu - Rivarol - Robespierre - Rocard - Rochefort - Roland Mme - Ronsard - Rousseau - Saint-Exupéry - Saint-Just - Saint-Simon comte de -  Saint-Simon duc de - Sand George - Sarkozy - Sartre - Schoelcher - Schuman - Sévigné marquise de - Sieyès abbé - Sorel Agnès - Staël Mme de - Sully - Talleyrand - Tallien - Tallien Mme - Thiers - Thorez - Tocqueville - Turgot - Valéry - Veil Simone - Vercingétorix - Vergniaud - Villepin - Voltaire - Weill Simone - Weiss Louise - Zola

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