Portrait de Louis XIV en citations | L’Histoire en citations
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Portraits en citations des Personnages de l’Histoire

 

Le récit national de l’Histoire en citations situe clairement le siècle de Louis XIV : après les guerres de Religion et les Frondes plurielles, cette monarchie absolue incarnée par le Roi Soleil convient au pays, mais sa fin crépusculaire aboutit au siècle des Lumières qui prépare la Révolution et la fin de l’Ancien Régime.

Tel roi, tel siècle : parfaite identification du personnage et de son époque, la France dominant l’Europe sur le plan politique, économique et artistique, comme jamais avant ni après.

C’est aussi le plus long règne de l’histoire, de 1643 à 1715 (72 ans) avec deux tournants : 1661, mort du Premier ministre Mazarin et début du règne personnel, 1685, apogée sous le signe de Versailles jusqu’à la révocation de l’édit de Nantes. En fin de règne, l’adversité rend le personnage plus humain.

Ce portrait exceptionnel qui cumule l’histoire du siècle de Louis XIV et le portrait du souverain le plus absolu de notre Histoire obéit au plan le plus classique : 1. Autoportrait du roi . 2. Chronique du règne. 3. Louis XIV vu par les contemporains et les historiens.

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1. AUTOPORTRAIT DU ROI.

« L’État, c’est moi. »807

LOUIS XIV (1638-1715). L’État baroque : regards sur la pensée politique de la France du premier xviie siècle (1985), H. Méchoulan, E. Le Roy Ladurie, A. Robinet

Mot réputé apocryphe, souvent cité, il reflète la réalité et fut prononcé avant même le début du règne personnel, selon l’historien Louis Madelin (La Fronde, 1931). Taine y fait également référence : « En politique, le nombre seul est respectable. C’est pourquoi le tiers pose son droit comme incontestable et, à son tour, dit comme Louis XIV : « L’État, c’est moi ». » (Les Origines de la France contemporaine, tome I, L’Ancien Régime (1875).

Louis XIV vient d’être sacré roi à Reims (1654), mais Mazarin exerce toujours le pouvoir. À sa demande, le roi signe divers édits financiers pour renflouer le Trésor et poursuivre la guerre contre l’Espagne. Certains magistrats du Parlement de Paris en discutent la légalité. Il faut à tout prix éviter une nouvelle fronde parlementaire.

En costume de chasse, le roi se rend devant le Parlement réuni en lit de justice : « Chacun sait combien ces assemblées ont excité de troubles dans mon État et combien de dangereux effets elles y ont produit. J’ai appris que vous prétendiez encore les continuer sous prétexte de délibérer sur les édits qui ont été lus et publiés en ma présence. » Le président invoque l’intérêt de l’État dans cette affaire et le roi le fait taire en affirmant : « L’État, c’est moi » (13 avril 1655). Il a 16 ans. La suite de l’Histoire va confirmer cette citation référentielle.

« Nous sommes la tête d’un corps dont les sujets sont les membres. »808

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)

Le roi entreprend la rédaction de ce précieux document la première année du règne personnel, songeant déjà à l’éducation politique de son successeur et l’initiant par l’exemple au difficile métier de roi. Le Grand Dauphin, né cette même année 1661, meurt trop tôt pour régner, de même le Second Dauphin. C’est donc son arrière-petit-fils (Louis XV) qui en fera usage. Et c’est Voltaire, dans Le Siècle de Louis XIV, qui publiera le premier une partie de ces Mémoires.

Louis XIV, plus qu’aucun roi, incarne le pouvoir et s’identifie à la France. On trouve cette notion très physique et même sensuelle de la royauté chez Henri IV, mais le temps n’était pas venu de rendre effective la monarchie absolue.

« Celui qui a donné des rois aux hommes a voulu qu’on les respectât comme ses lieutenants, se réservant à lui seul le droit d’examiner leur conduite. Sa volonté est que quiconque est né sujet obéisse sans discernement. »809

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)

La monarchie est de droit divin et le roi (lui-même très croyant) n’est comptable que devant Dieu. Aussi longtemps que dure ce postulat, rien ne peut être remis en question et la raison d’État s’impose sans partage.

« Nec pluribus impar. » « Supérieur à tous. »853

LOUIS XIV (1638-1715), sa devise

« Non inférieur (ou : inégal) à plusieurs (ou : au plus grand nombre) » – c’est littéralement intraduisible. On peut quand même essayer, en recourant à une litote. D’autres traductions existent, signées d’historiens. Pierre Larousse, auteur du dictionnaire, pose la question et avoue qu’il n’y a pas de réponse claire, même pas celle de Louis XIV dans ses Mémoires : « Je suffirai à éclairer encore d’autres mondes. »

Quoiqu’il en soit, la devise latine accompagne l’emblème choisi lors de la fête du Carrousel en juin 1662 : le Soleil. Ainsi se développe une mystique d’origine divine, mais en réalité bien païenne, du « Roi-Soleil », personnage presque supraterrestre dont le culte atteint son apogée avec l’installation de Louis XIV à Versailles, en 1682.

« Ce qu’ils [les rois] semblent faire contre la loi commune est fondé le plus souvent sur la raison d’État, qui est la première des lois mais la plus inconnue et la plus obscure à ceux qui ne gouvernent pas. »813

LOUIS XIV (1638-1715). Raison d’État (2009), Bernard Bachelot

Le roi soumet sa vie à cette fameuse raison d’État, « pierre angulaire de la politique de Richelieu » qui prépara la monarchie absolue en Premier ministre de Louis XIII. La France du XVIIe siècle suit désormais son roi presque unanimement dans les heures de gloire, comme dans l’adversité qui marquera la seconde partie du règne. Quant à la notion même de raison d’État, elle va être défendue et attaquée dans un débat historique sans fin.

« Aussitôt qu’un roi se relâche sur ce qu’il a commandé, l’autorité périt, et le repos avec elle. »846

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)

Leçon de Mazarin maintes fois répétée et héritée de Richelieu, souvenirs de la Fronde et d’une France en proie à l’anarchie, caractère autoritaire et goût du pouvoir mêlés à un orgueil inné : tout concourt pour faire de Louis XIV un monarque absolu. Il fera régner l’ordre et les Français lui en sont majoritairement reconnaissants.

« Les empires ne se conservent que comme ils s’acquièrent, c’est-à-dire par la rigueur, par la vigilance et par le travail. »847

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)

On retrouve ce mot, cette idée récurrente de « travail », aussi vrai qu’être roi est un métier. « C’est par le travail qu’on règne. Il y a de l’ingratitude et de l’audace à l’égard de Dieu, de l’injustice et de la tyrannie à l’égard des hommes, de vouloir l’un sans l’autre. » De manière plus générale : « Le travail n’épouvante que les âmes faibles. »

Pendant plus de cinquante ans, Louis XIV travaille douze heures par jour à son métier de roi, accomplissant un labeur écrasant, doublé d’une vie en perpétuelle représentation à la cour. Il bénéficiera longtemps d’une robuste santé, doublée d’un grand équilibre moral, avec une intelligence moyenne, mais très méthodique.

« J’ai failli attendre. »848

LOUIS XIV (1638-1715). Dictionnaire de français Larousse, au mot « attendre »

On lui prête ce mot, souvent cité, jamais « sourcé ». La duchesse d’Orléans, dans ses Mémoires, rapporte seulement que le roi ne peut souffrir qu’on le fasse attendre. Ce qui est assez normal pour un homme si occupé, si méthodique et minuté dans l’emploi de son temps, et roi de surcroît.

« Ultima ratio regum. » « Dernier argument des rois. »817

LOUIS XIV (1638-1715), devise gravée sur ses canons

Concise et précise, la devise est une bonne citation historique. Celle-ci donne une clé de la politique extérieure du règne et du personnage. La guerre est l’une des passions du roi, la victoire étant ce qui peut le mieux servir sa gloire. D’où trente-trois années de guerre sur un règne personnel de cinquante-quatre ans. Ses contemporains sont du même avis : un roi guerrier fait son métier de roi. Prenons garde à l’anachronisme qui nous ferait condamner ce « va-t’en-guerrisme » par ailleurs très contrôlé chez Louis XIV : « Il faut ne rien exposer au hasard de ce qu’on peut demander à la prudence ; c’est toujours l’impatience de gagner qui fait perdre. » Autre grand roi, François Ier en fit l’expérience à Pavie en 1525, un désastre dix ans après la victoire de Marignan récompensant son impatience.

Louis XIV va poursuivre trois buts qu’on nommerait aujourd’hui géopolitiques : prééminence de la France dans le monde, frontière stratégique assurée au nord-est, visées sur la prochaine succession d’Espagne.

Il se donnera les moyens de sa politique : grands diplomates (Lionne, Pomponne, de Torcy le neveu de Colbert), réorganisation militaire conduite par Louvois, effectifs considérables pour une armée de métier (passant de 72 000 hommes en 1667 à 400 000 en 1703), marine de guerre développée par Colbert (La Royale a 18 vaisseaux en 1661, 276 en 1683), places fortes créées ou renforcées par Vauban.

« Au défaut des actions éclatantes de la guerre, rien ne marque davantage la grandeur et l’esprit des princes que les bâtiments. »818

Jean-Baptiste COLBERT (1619-1683), Lettres, instructions et mémoires de Colbert (posthume, 1863)

Il exprime naturellement la pensée de Louis XIV, en tant que Surintendant des Bâtiments, Arts et Manufactures.

Les seuls bâtiments royaux coûtent en moyenne 4 % du budget de l’État : on construit un peu partout, à Fontainebleau, Vincennes, Chambord, Saint-Germain, Marly et surtout Versailles - où les travaux commencent dès 1661, pour durer plus d’un demi-siècle. Une réunion de grands talents (la même équipe qui n’a que trop bien réussi Vaux-le-Vicomte, résidence du surintendant Fouquet perdu par tant de magnificence) fait naître la plus grande réussite artistique des temps modernes : Versailles servira de modèle à l’Europe pendant un siècle, imposant la supériorité de l’art français.

« Les peuples se plaisent au spectacle. Par-là, nous tenons leur esprit et leur cœur. »819

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)

Plus qu’un monument et un site, Versailles est un style de vie. C’est le cadre magnifique où l’existence du roi se déroule comme une cérémonie implacablement minutée, admirablement mise en scène. C’est aussi le haut lieu du mécénat royal, où se donnent les fêtes éclatantes.

Les plus grands artistes du temps y concourent. Jean-Baptiste Lully, surintendant de la musique du roi de 1661 à 1687, régent de tous les théâtres, académies et écoles de musique, fait triompher le « spectacle total », l’opéra, avec Cadmus et Hermione (livret de Quinault) en 1673. Et tous les arts vont s’épanouir, en cette seconde moitié du siècle. Dans une Europe encore baroque, c’est le triomphe du classicisme français. C’est également – fait unique dans notre histoire et rare dans le monde – la réussite d’un art officiel, dirigé, pensionné, administré, voulu par le roi. Autre souverain absolu, Napoléon échouera avec sa volonté de contrôler la production littéraire et dramatique.

« On attaque le cœur d’un prince comme une place. Le premier soin est de s’emparer de tous les postes par où on y peut approcher. »895

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)

Le roi ne cache rien à son fils aîné et voudrait lui éviter tous les pièges de l’amour qui menacent particulièrement un prince et peuvent avoir des conséquences politiques pour le pays !

Saluons la franchise et la grande lucidité de ce roi qui, homme très sensuel, adorant plaire et incapable de se passer de femmes, aura d’innombrables maîtresses – comme Henri IV et Louis XV. Veuf à 45 ans, il va finalement « se ranger » avec Mme de Maintenon qui rendra la cour plus austère. Mais face au roi, elle emploie la même tactique que les Mancini, La Vallière, Fontanges et autres Montespan. Après leur mariage secret (1683), elle sera surnommée Madame Quatorze, Madame de Maintenant… et sainte Françoise par Louis XIV.

« S’il arrive que nous tombions malgré nous dans ses égarements [de l’amour], il faut du moins observer deux précautions […] : la première, que le temps que nous donnons à notre amour ne soit jamais pris au préjudice de nos affaires, la seconde […] il faut demeurer maître absolu de notre esprit. »850

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)

Il trompa sa femme Marie-Thérèse, tout en lui manifestant son respect et en lui faisant six enfants. Il en fit beaucoup d’autres, à beaucoup de femmes. Mais ses maîtresses n’ont guère d’influence politique – même sa seconde épouse, Mme de Maintenon, en aura sans doute moins qu’on ne l’a dit. Malgré les élans de son cœur et surtout de son corps, la raison d’État et le métier de roi gardent la priorité.

Louis XIV est aidé en cela par un remarquable contrôle de soi-même, de ses gestes comme de ses propos, et par un égoïsme foncier, aussi royal que masculin et fort bien vu à l’époque. « Je mettrais plutôt toute l’Europe d’accord que deux femmes. » Il faut dire qu’il a rencontré quelques fortes têtes, à commencer par la Grande Mademoiselle, petite-fille d’Henri IV et sa cousine germaine, éternelle frondeuse.

« L’amour de la gloire a les mêmes délicatesses et, si j’ose dire, les mêmes timidités que les plus tendres passions. »851

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)

Le personnage se livre rarement et pudiquement, comme dans cet autoportrait où le roi et l’homme se révèlent si semblables : même désir de plaire, identique besoin de conquérir.

« La fonction de roi consiste principalement à laisser agir le bon sens, qui agit toujours naturellement et sans peine. »

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires de Louis XIV pour l’instruction du Dauphin (1862)

Étonnant précepte qui semble diminuer le mérite d’un roi faisant bien son métier. Encore faut-il qu’il soit toujours doué de ce « bon sens » qui fit défaut à nombre de ses « confrères ». Dans le même esprit : « Il est très malaisé de parler beaucoup sans dire quelque chose de trop. » Que n’est-il entendu…

Autre simplification bienvenue : « Les règles de la justice et de l’honneur conduisent presque toujours à l’utilité même. » Et cette remarque d’une sagesse philosophique : « À qui peut se vaincre soi-même, il est peu de chose qui puisse résister. » Fruit de son expérience, il note aussi : « C’est sagement fait que d’écouter tout le monde, et de ne croire entièrement ceux qui nous approchent, ni sur leurs ennemis, hors le bien qu’ils sont contraints d’y reconnaître, ni sur leurs amis, hors le mal qu’ils tâchent d’y excuser. »

« Toutes les fois que je donne une place vacante, je fais cent mécontents et un ingrat. »829

LOUIS XIV (1638-1715). Dictionnaire de français Larousse, au mot « ingrat »

Dernière constatation fort bien notée, mais c’est le résultat de sa politique.

Les Grands ont perdu tout pouvoir – hors les charges militaires et ecclésiastiques. S’ils ne se résignent pas à végéter sur leurs terres, ils viennent à la cour et se retrouvent quémandant pensions, bénéfices, charges, commandements. Une étroite mansarde sous les combles de Versailles ravit un temps le hautain courtisan Saint-Simon.

La bourgeoisie a le pouvoir (ministres et membres des divers Conseils gouvernementaux, intendants de province, fermiers généraux, cadres militaires nouveaux), mais les places sont très disputées. Louis XIV sait d’ailleurs jouer des rivalités, même entre ses ministres (le clan Colbert contre le clan Le Tellier-Louvois) : ainsi le servent-ils mieux et ne risquent-ils pas de s’allier contre lui.

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2. CHRONIQUE DU RÈGNE

« Comment vous appelez-vous à présent ?
— Louis XIV, mon papa.
— Pas encore, mon fils, pas encore, mais ce sera peut-être pour bientôt. »739

LOUIS XIII (1601-1643), au futur roi qui n’a pas 5 ans, 21 avril 1643. Archives curieuses de l’histoire de France, depuis Louis XI jusqu’à Louis XVIII (1837), Félix Danjou

À peine âgé de 40 ans, le roi n’a plus deux mois à vivre. Mais sa piété lui enlève toute crainte. C’est un fait assez rare dans l’histoire et son fils, l’heure et le jour venus (en 1715), fera preuve du même courage. En attendant, il se voit déjà roi, à cinq ans !

« Or, sus, bourgeois, ne soyez plus en peine, / Cessez vos pleurs, vos cris,
Le Roi, Monsieur, et la Reine Régente / Reviennent à Paris,
Ha ! qu’ils ont fait une belle bévue ! / Elle est revenue, Dame Anne, elle est revenue. »782

L’Enlèvement du Roi (1649), chanson. Recueil de plusieurs pièces curieuses contre le cardinal de Mazarin (1649)

Rien moins que 28 couplets pour fêter le retour triomphal à Paris du petit Louis XIV (11 ans), de son frère Philippe et de leur mère Anne d’Autriche, le 18 août 1649. C’est le commencement de la fin des Frondes qui ont mobilisé les Parlements, les nobles, le peuple et mis le pays au bord de la révolution.

« Qui n’admire l’enfance / D’un jeune Roi plus beau que le jour,
Soit qu’il chante ou qu’il danse / Les dames pour lui brûlent d’amour
Et tout bas disent avec rougeur : / Qu’il est beau, que n’est-il majeur. »786

Qui n’admire l’enfance (1650), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

La Fronde des princes recommence, cela n’empêche pas le peuple d’adorer le petit Louis. Cette chanson date de ses 12 ans : on épie l’adolescent, on le jauge, on évalue non sans tendresse la poussée de ses jeunes forces. Louis XV le Bien-Aimé vivra le même état de grâce, mais ça ne durera pas.

Louis XIV le Grand deviendra l’un des plus brillants danseurs de son siècle, s’exhibant volontiers dans des ballets consacrant la gloire du Roi-Soleil, et même ses ennemis salueront sa prestance.

« Louis XIV le reçut comme un père et le peuple comme un maître. »796

VOLTAIRE (1694-1778) évoquant le retour de Mazarin, 3 février 1653. Le Siècle de Louis XIV (1751), Voltaire

C’est la fin de la Fronde. Le roi, majeur depuis deux ans, va laisser le cardinal gouverner la France jusqu’à sa mort en 1666, apprenant son royal métier auprès de son Premier ministre et tuteur. Mais la Fronde lui servira de leçon !

« Ces agitations terribles avant et après ma majorité, une guerre étrangère où les troubles domestiques firent perdre à la France mille et mille avantages, un prince de mon sang et d’un très grand nom [Condé] à la tête de mes ennemis. »797

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)

Jamais le roi n’oubliera l’humiliation et l’insécurité de sa jeunesse. Le souvenir de la Fronde commande et explique bien des aspects de sa politique intérieure.

La France n’oublie pas non plus le bilan désastreux de cette guerre civile, aggravée par la guerre étrangère et l’appui des Espagnols aux rebelles : famines et pestes endémiques ont fait mourir dans la seule année 1652 un quart de la population, dans certains villages en Île-de-France, Champagne et Picardie ! Le commerce extérieur est désorganisé, la marine ruinée. Le pays doit penser : tout plutôt que cette anarchie. Il est prêt pour une monarchie absolue.

Dès son retour, Mazarin rétablit les intendants, incarnation du pouvoir royal et gage de l’ordre sur tout le territoire. Gaston d’Orléans est exilé à vie dans son château de Blois. Condé, condamné à mort (par contumace) par le Parlement, passe au service de l’Espagne ennemie.

« Si une fois vous prenez en main le gouvernail, vous ferez plus en un jour qu’un plus habile que moi en six mois, car c’est d’un autre poids, ce qu’un roi fait de droit fil, que ce que fait un ministre, quelque autorisé qu’il puisse être. »801

MAZARIN (1602-1661), Lettre à Louis XIV, 29 juin 1659. Les Annales conferencia, volume XIX (1925), Université des Annales

Ainsi le conseille-t-il deux ans avant sa mort, tout en continuant de l’initier à son métier de roi. Le conseil sera bien suivi par l’élève en cela surdoué !

En attendant, le cardinal qui a tiré les leçons de la Fronde tient fermement le gouvernail : Parlements réduits au silence, interdiction à la noblesse de s’assembler (édit de 1657). En 1659, des assemblées secrètes de nobles se tiennent en certaines provinces. Le roi va sévir en personne dans le Midi. Il y a toujours, entre eux deux, cette étonnante division du travail.

L’un des principaux acquis du « règne » de Mazarin sera la paix avec l’Espagne au traité des Pyrénées : le 7 novembre 1659, dans l’île des Faisans sur la Bidassoa qui sert de frontière aux deux pays, Mazarin signe pour Louis XIV. Le ministre est aussi l’artisan du mariage espagnol de Louis XIV.

« Vous êtes roi, vous pleurez et je pars. »802

Marie MANCINI (1640-vers 1715), à Louis XIV, le 22 juin 1659. Annales dramatiques, ou Dictionnaire général des théâtres (1809), Babault ed

L’une des scènes d’amour contrarié les plus célèbres et citées de l’histoire de France : traitée en chronique par Saint-Simon, l’abbé de Choisy, Voltaire, reprise par Alexandre Dumas dans son roman, Le Vicomte de Bragelonne (suite des Trois Mousquetaires), elle va inspirer la Bérénice de Racine et l’un de ses plus beaux vers au tragédien.

Situation classique : deux amants sacrifiés à la raison d’État. L’identité des héros et les coulisses de l’histoire rendent la scène fascinante. Marie Mancini est une mazarinette, nièce de Mazarin et précieuse pas du tout ridicule, fine lettrée à l’esprit romanesque. Sa sœur Olympe, plus jolie, a déjà ému le jeune Louis XIV. Mais Marie est sa première grande passion – platonique, dit-on. Il lui parle mariage, sa mère Anne d’Autriche s’y oppose. Cette union n’est pas digne du roi de France et pas utile au pays, alors que Mazarin prépare depuis longtemps le mariage de Louis avec l’infante Marie-Thérèse d’Espagne.

Sur l’ordre de son oncle, la mazarinette de 20 ans est donc éloignée de la cour, puis obligée de dire adieu à son amoureux, très affecté : « Vous êtes roi, vous pleurez et je pars. » Bérénice lui fait écho en 1670, héroïne contrainte pour la même raison de se séparer de Titus : « Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez. »

« Elle est digne de lui comme il est digne d’elle.
Des Reines et des Rois, chacun est le plus grand.
Et jamais conquête si belle
Ne mérita les vœux d’un si grand conquérant. »804

Jean RACINE (1639-1699), La Nymphe de la Seine (1660)

Le mariage entre Louis XIV et Marie-Thérèse est célébré le 6 juin 1660, avant l’entrée triomphale à Paris le 26 août.

Poète très courtisan quand il écrit ainsi à la louange des jeunes époux, Racine n’exprime pas moins l’admiration et même la vénération des Français pour leur roi, image de Dieu sur Terre, par ailleurs fort bel homme et attendu comme un nouveau héros de leur histoire.

« Sire, je vous dois tout, mais je m’acquitte envers Votre Majesté en lui donnant Colbert. »805

MAZARIN (1602-1661) à Louis XIV, le 9 mars 1661. C’est son « mot de la fin » politique. Le Plutarque français, vie des hommes et femmes illustres de la France (1837), Édouard Mennechet

Premier ministre d’Anne d’Autriche, gardé par Louis XIV à sa majorité, se donnant tout entier à son métier de « principal ministre », il eut la totalité du pouvoir. Il a parallèlement collectionné les charges et acquis une immense fortune – impossible à estimer, car il est difficile de donner la valeur des tableaux de maître de Vinci, Titien, Raphaël, Caravage, des sculptures, des bijoux et médailles disséminés dans un grand nombre de palais, et des livres rares de la bibliothèque Mazarine. C’est sans doute la plus grande fortune privée de tout l’Ancien Régime. Mazarin fut aussi un grand mécène et au moment de mourir, il pense aux chefs-d’œuvre qu’il ne verra plus : « Il faut quitter tout cela » dit-il. L’essentiel est légué au roi qui refuse élégamment, de sorte que Mazarin peut encore en disposer.

Il recommande enfin au roi le financier Jean-Baptiste Colbert qui gérait avec succès sa fortune, depuis dix ans. Louis XIV le gardera à son service jusqu’à sa mort, durant plus de vingt ans. Il fera de même avec la plupart des collaborateurs tout dévoués dont l’habile Mazarin a su s’entourer.

DÉBUT DU RÈGNE PERSONNEL

« Votre Majesté m’avait ordonné de m’adresser à M. le cardinal pour toutes les affaires. Le voilà mort. À qui dois-je m’adresser à l’avenir ?
— À moi, Monsieur l’archevêque. »854

LOUIS XIV (1638-1715), à l’archevêque de Rouen. Colbert, ministre de Louis XIV, 1661-1683 (1884), Jules Gourdault

Le jeune roi (à peine 22 ans) a convoqué les ministres du cardinal Mazarin au lendemain même de sa mort (9 mars 1661). C’est pour leur déclarer que désormais il sera son propre Premier ministre. Le soir, il confirme sa décision à l’archevêque de Rouen.

« Je résolus sur toutes choses de ne point prendre de Premier ministre […] rien n’étant plus indigne que de voir d’un côté toute la fonction et de l’autre le seul titre de Roi. »855

LOUIS XIV (1638-1715), Mémoires pour l’instruction du Dauphin (1662)

L’autorité de Louis XIV est désormais sans partage. « Sans la donner entière à pas un », il donne sa confiance à quelques ministres bien choisis, « appliquant ces diverses personnes à diverses choses, selon leurs divers talents, [ce] qui est peut-être le premier et le plus grand talent des princes ».

Le roi garde les trois ministres de Mazarin, la « triade » expérimentée : Fouquet (Finances), Lionne (Affaires étrangères), Le Tellier (Guerre). Colbert, chaudement recommandé par Mazarin mourant, a charge d’enquêter sur la fortune du surintendant Fouquet.

« La chute de ce ministre [Fouquet] à qui on avait bien moins de reproches à faire qu’au cardinal Mazarin, fit voir qu’il n’appartient pas à tout le monde de faire les mêmes fautes. »859

VOLTAIRE (1694-1778), Le Siècle de Louis XIV (1751)

Richelieu avant Mazarin et Colbert après Fouquet ont aussi profité de leur place dans l’État pour s’enrichir. Mais Fouquet voulut éblouir le roi qui voulait seul éblouir le monde. Coup de théâtre à la cour ! Son arrestation est le premier acte politique du règne : Louis XIV prenant ainsi le pouvoir surprend tout son entourage.

« Mon frère, vous allez épouser tous les os des Saints Innocents. »856

LOUIS XIV (1638-1715), à son frère Philippe d’Orléans, fin mars 1661. Mémoires de Mlle de Montpensier

On le marie malgré lui à Henriette Anne d’Angleterre, fort maigre à cette époque où la mode est aux femmes bien en chair - elle s’épanouira joliment, l’amour du comte de Guiche aidant… et le roi lui-même le remarquera.

Mazarin s’est chargé d’éduquer Philippe d’Orléans de façon à affaiblir sa personnalité, pour éviter que Louis XIV ait avec lui les mêmes ennuis que Louis XIII avec son frère Gaston d’Orléans, l’éternel comploteur. Il l’a fait initier à l’homosexualité par son neveu Filipo Mancini, en flattant ses penchants innés pour les fards et les déguisements. Philippe fera néanmoins plusieurs enfants à ses deux femmes successives (la seconde étant Charlotte-Élisabeth de Bavière, princesse Palatine, mère du futur Régent). Et il se révélera l’un des meilleurs chefs militaires de son temps, au point que Louis XIV, jaloux, lui retirera tout commandement !

« Il serait trop redoutable, s’il n’était pas roi ! »863

Duchesse de LA VALLIÈRE (1644-1710). Œuvres choisies de Mme de Genlis, tome II, La Duchesse de La Vallière (1828)

« Non, sa couronne n’ajoute rien au charme de sa personne, elle en diminue même le danger… » C’est avec ce genre de propos que l’on séduit un roi.

Louis XIV s’est bientôt épris de sa belle-sœur Henriette (femme de Philippe), plus attirante que la reine d’ailleurs enceinte en cet été 1661. Ayant horreur du scandale, il feint une galanterie pour Louise de La Vallière, sa fille d’honneur. On lui répète le propos qui déclenche la passion chez l’homme rêvant d’être aimé pour lui-même. Première grande favorite en titre du règne, duchesse en 1667, elle finit carmélite (entrant au couvent à 30 ans).

« Fils de roi ; père de roi ; jamais roi ! »864

Horoscope de Louis de France. Le Siècle de Louis XIV (1751), Voltaire

Le Grand Dauphin (Monseigneur) naît le 1er novembre 1661. Fils aîné de Louis XIV, il sera père de Philippe V roi d’Espagne, mais il meurt de la petite vérole à 50 ans, avant d’avoir pu accéder au trône.

Il n’est pas certain qu’il l’ait ardemment désiré, vu son caractère un peu mou et son éducation un peu rude. Il reporta toute la fierté de son sang royal sur son deuxième fils, le duc d’Anjou (les deux autres moururent jeunes), revendiquant l’héritage de la couronne d’Espagne sur laquelle sa mère Marie-Thérèse d’Autriche (infante espagnole) lui a donné des droits.

Les astrologues étaient régulièrement consultés en ces époques où superstition, sorcellerie et magie faisaient partie de la vie quotidienne – le Grand Siècle est en cela plus proche de la Renaissance que des Lumières.

« Vous retrouverez Dieu et Port-Royal partout. On n’est jamais seule quand on a la foi. »865

Henry de MONTHERLANT (1895-1972), Port-Royal (1954)

Ainsi fait-il parler sœur Françoise, tentant de réconforter sœur Angélique quand il leur faut quitter l’abbaye de Port-Royal des Champs. L’action de la pièce, située en 1664, respecte parfaitement l’histoire : le pape, l’Église, les tout-puissants jésuites ont condamné le jansénisme et Louis XIV veut la soumission de la « secte ». Mais douze sœurs refusent de signer le Formulaire - adhésion « de cœur et d’esprit » à la condamnation par le pape des Cinq Propositions extraites de l’Augustinus, traité de théologie de Jansénius à l’origine de la controverse.

Les sœurs, chassées de leur monastère, sont dispersées dans d’autres institutions. Une première série d’expulsions a eu lieu en 1661. Le même scénario se reproduit en 1709, plus dramatique encore : expulsion des dernières sœurs de Port-Royal, l’abbaye étant rasée en 1711.

« Si je n’étais roi, je me mettrais en colère. »876

LOUIS XIV (1638-1715), à Lauzun. Dictionnaire historique d’éducation (1771), Jean-Jacques Fillassier

Le roi garde un constant contrôle de soi et une extrême prudence dans ses propos. Mais le personnage de Lauzun son ex-favori l’exaspère : maréchal de France, courtisan ambitieux et sans scrupules, il va jusqu’à payer en 1668 des espions cachés sous le lit du roi et de sa maîtresse Mme de Montespan, pour lui rapporter la trahison de la favorite censée le soutenir dans ses projets de mariage ! Quelques jours après, la croisant à Versailles entourée de ses dames de compagnie, il la traite de « pute à chien ». Elle manque de s’en évanouir et se confie le soir même à son amant. Qui convoque Lauzun. Lequel s’entête et brise son épée devant le roi qui jette sa canne par la fenêtre pour « ne pas avoir à frapper un gentilhomme ».

Cette impertinence et quelques autres le mènent à la Bastille pour quelques jours, puis à Pignerol pendant neuf ans. Il finira par épouser en 1681 la Grande Mademoiselle (cousine germaine du roi et première fortune de France) qui s’est engagée à doter richement le duc du Maine, un des fils légitimés du roi.

« Toutes les fois qu’elle [Mme de Montespan] craignait quelque diminution aux bonnes grâces du Roi, elle donnait avis à ma mère afin qu’elle y apportât quelque remède. »885

Marie-Marguerite MONVOISIN (1658- ??), belle-fille (et complice) de la Voisin. Le Drame des poisons (1900), Frantz Funck-Brentano

La Voisin (du nom de son mari, le sieur Monvoisin), née Catherine Deshayes, est connue dans le quartier Saint-Denis (lieu de tous les trafics) comme marchande de beaux effets pour nobles dames, mais aussi avorteuse. Accusée d’avoir pratiqué la sorcellerie et fourni des poisons, elle ne donnera pas le nom de la maîtresse royale, mais sa belle-fille met en cause Mme de Montespan. Elle aurait donné au roi des « remèdes », en fait des aphrodisiaques peu ragoûtants (fœtus séchés, sperme de bouc, bave de crapaud, poussière de taupes desséchées, sang de chauve-souris, semence humaine et sang menstruel) qui ont ébranlé sa santé pourtant robuste ! On parle aussi de messes noires où, dit-on, des enfants sont égorgés sur l’autel du diable. La Voisin, main coupée, subit la question, avant d’être brûlée en place de Grève le 22 février 1680 et la « fille Monvoisin » sera enfermée à la citadelle Vauban de Belle-Isle.

« S’il est périlleux de tremper dans une affaire suspecte, il l’est encore davantage de s’y trouver complice d’un grand : il s’en tire et vous laisse payer doublement, pour lui et pour vous. »886

Jean de LA BRUYÈRE (1645-1696), Les Caractères (1688)

Premier styliste de notre littérature, moraliste et observateur des Mœurs du siècle (sous-titre des Caractères), il doit son succès à cette seule œuvre.

L’affaire des Poisons allait compromettre trop de monde à la cour. Louis XIV est horrifié : sa maîtresse lui aurait fait absorber des philtres d’amour, manigancé la mort de Mme de Fontanges (sa nouvelle favorite) et la stérilité de la reine !… Il suspend les interrogatoires. L’enquête publique est fermée, le roi fait brûler les dossiers, jetant lui-même au feu de la cheminée les pages compromettant son ex-favorite. La Chambre ardente aura siégé trois ans ! Au final, 36 condamnations à mort prononcées et appliquées.

Mme de Montespan, qui a perdu la faveur du roi, ne quittera la cour qu’en 1691. Louis XIV ne va plus avoir de commerce amoureux qu’avec Mme de Maintenon, en cela du moins au-dessus de tout soupçon.

« Nous sommes si étroitement attachés à Votre Majesté que rien n’est capable de nous en séparer. »887

Assemblée générale du clergé, Déclaration de 1680. « Les Assemblées du clergé en France sous l’ancienne monarchie », Alfred Maury, Revue des deux mondes, 1880

Cette guerre religieuse se joue entre Louis XIV et le Saint-Siège. Commencée en 1673, elle va durer vingt ans. Sous l’Empire, Napoléon s’opposera lui aussi frontalement au pape.

Louis XIV, roi de droit divin et tenant son pouvoir de Dieu seul, estime avoir des droits sur les biens de l’Église. Pressé par les nécessités de la guerre (de Hollande), il a étendu de son propre chef le droit de « régale » à tous les diocèses : autrement dit, en cas de vacance et jusqu’à l’installation d’un nouvel évêque, il touche les revenus du temporel. Innocent XI, 240e pape, s’y oppose, mais le clergé de France (hormis quelques jansénistes) est du côté du roi dans l’affaire de la régale. Le haut clergé, où se trouvent en grand nombre amis et parents de ministres, se montre même d’une remarquable servilité.

« Les papes n’ont reçu de Dieu qu’un pouvoir spirituel. Les rois et les princes ne sont soumis dans les choses temporelles à aucune puissance ecclésiastique. »888

BOSSUET (1627-1704), Déclaration des Quatre Articles, 19 mars 1682

Votée par l’assemblée générale extraordinaire du clergé, l’ingérence du pape dans les affaires de l’Église de France est considérée comme une violation du concordat de 1516 et les libertés de l’Église gallicane sont officiellement proclamées. L’obscurité de certains passages doit être volontaire : il faut éviter l’irréparable, le schisme, la rupture avec Rome, dans une France profondément catholique.

Louis XIV, satisfait de son clergé, érige aussitôt cette Déclaration en loi.

« Nous improuvons, déchirons, cassons tout ce qui a été fait dans cette assemblée pour l’affaire de la Régale. »889

INNOCENT XI (1611-1689), Déclaration du 17 avril 1682. Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu’à la Révolution (1900-1912), Ernest Lavisse

Furieux, il condamne tous les édits relatifs au droit de régale, avant de refuser l’investiture canonique aux évêques désignés par Louis XIV. Les relations s’enveniment encore en 1688, pour s’apaiser l’année suivante avec Alexandre VIII, le 241e pape, Louis XIV renonçant de son côté à l’application de la Déclaration des Quatre Articles en 1693.

SECOND TOURNANT DU RÈGNE

« On nous dit que nos rois dépensaient sans compter,
Qu’ils prenaient notre argent sans prendre nos conseils.
Mais quand ils construisaient de semblables merveilles,
Ne nous mettaient-ils pas notre argent de côté ? »890

Sacha GUITRY (1885-1957), Si Versailles m’était conté (film de 1953)

6 mai 1682, le Roi Soleil s’installe à Versailles. La ville devient l’autre capitale de la France et le centre du monde civilisé.

Louis XIII fit construire dès 1624 un pavillon de chasse, mais c’est Louis XIV qui ordonne en 1661 les travaux pour faire du château ce « plaisir superbe de la nature » (Saint-Simon). Le roi ne dépense pas sans compter, mais il dépense beaucoup pour les bâtiments en général (4 % du budget de l’État en moyenne) et tout particulièrement pour Versailles. L’équipe qui a si bien réussi Vaux-le-Vicomte pour Fouquet est à nouveau réunie pour réaliser ce chef-d’œuvre de l’art classique à la française : Le Vau (architecte), Le Brun (peintre), Le Nôtre (jardinier), Francine (ingénieur des eaux). Louis XIV fait plus que donner son avis : il l’impose souvent et se trompe rarement.

« Si j’avais fait pour Dieu ce que j’ai fait pour cet homme, je serais sauvé dix fois. »891

Jean-Baptiste COLBERT (1619-1683), sur son lit de mort, parlant de Louis XIV, début septembre 1683. Mot de la fin. Histoire de la vie et de l’administration de Colbert (1846), Pierre Clément

Ce grand commis de l’État accomplit une tâche surhumaine, cumulant peu à peu les postes d’intendant des Finances, contrôleur général, surintendant des Bâtiments, Arts et Manufactures, secrétaire à la Maison du roi et à la Marine. Il dirigea et réglementa l’économie, réorganisa l’administration, géra les « affaires culturelles », encouragea le commerce défini comme « une guerre d’argent » et enrichit le pays au nom d’un mercantilisme qui fait loi – le colbertisme. Louis XIV lui doit, autant que la France, une part de cette grandeur dont il est si fier.

À la veille de sa mort (6 septembre 1683), le créateur du budget public (au sens moderne du mot) doit pourtant avoir un sentiment d’échec : les dépenses de l’État ne peuvent plus être équilibrées par les recettes, notamment à cause des dépenses militaires, et la cour parle d’une éventuelle disgrâce de Colbert au profit de son rival, l’intrigant Louvois, ministre de la Guerre qui encourage le roi dans une politique extérieure toujours plus ambitieuse, aventureuse, bientôt ruineuse.

« À force de vouloir paraître grand, vous avez failli ruiner votre propre grandeur. »893

FÉNELON (1651-1715), Les Aventures de Télémaque (1699)

Cette phrase de Mentor à Idoménée, c’est en fait Fénelon s’adressant à Louis XIV dans cette œuvre rédigée en 1695. Ce jugement sévère, malgré l’effet de style et la métaphore mythologique, s’applique bien à cette année 1683 et au tournant du règne (1682 à 1685) avec la révocation catastrophique de l’édit de Nantes

Un excès de confiance en soi fait perdre au roi sa prudence et son sens inné de la mesure. Les ambitions territoriales et les continuelles provocations de Louis XIV (encouragé par Louvois) auront pour conséquence de coaliser au sein de la ligue d’Augsbourg toute l’Europe (sauf la Suisse) contre la France. Déjà les « réunions » ont révolté bien des populations, depuis 1681 : voulant renforcer stratégiquement les frontières du royaume, Louis XIV se sert de l’imprécision juridique des traités pour annexer les « dépendances » des villes conquises. Stupeur, puis fureur des souverains concernés : roi d’Espagne, roi de Suède, empereur d’Allemagne.

« Le plus grand roi du monde, couvert de gloire, épouser la veuve Scarron ? Voulez-vous vous déshonorer ? »894

LOUVOIS (1639-1691), à Louis XIV qui lui fait part de son projet de mariage, 1683. Mémoires et réflexions sur les principaux événements du règne de Louis XIV (1715), marquis de la Fare

François Michel Le Tellier, marquis de Louvois, ose reprocher au roi son intention d’épouser Mme de Maintenon, veuve d’un bohème des lettres.

Sans ressources, la « veuve Scarron » était devenue gouvernante des enfants de Louis XIV avec la Montespan. La gouvernante supplanta la maîtresse. Après la mort de sa femme Marie-Thérèse (30 juillet 1683), le roi va écouter son cœur plutôt que son ministre préféré. Il épousera secrètement (en 1683 ou 1684) Mme de Maintenon qui ne pardonnera jamais à Louvois : il sera disgracié sur son intervention, après la chute de Mayence (en 1689).

« Les troupes furent envoyées dans toutes les villes où il y avait le plus de protestants ; et comme les dragons, assez mal disciplinés dans ce temps-là, furent ceux qui commirent le plus d’excès, on appela cette exécution la « dragonnade ». »898

VOLTAIRE (1694-1778), Le Siècle de Louis XIV (1751)

Ces exactions durèrent cinq ans. Dès 1680, l’intendant Marillac mena en Poitou une première opération restée tristement célèbre : on fit loger des dragons chez les protestants, en leur permettant toutes sortes de sévices. Les « missionnaires bottés » obtinrent ainsi 30 000 conversions en quelques mois. Fort de ce bilan, Louvois fit étendre la mesure à toute la France. On présenta au roi de longues, d’extraordinaires listes de convertis. Ignorait-il les violences qui se cachaient derrière ? Crut-il alors que la révocation de l’édit de Nantes en 1685 ne serait plus qu’une simple formalité ? L’influence personnelle de Mme de Maintenon joua aussi, mais dans quelle mesure ?

« Dieu se sert de tous les moyens. »899

Mme de MAINTENON (1635-1719). Histoire de Madame de Maintenon et des principaux événements du règne de Louis XIV (1849), duc Paul de Noailles

Au nom de la foi, elle se résigne à la brutalité des dragonnades, notamment les enfants systématiquement enlevés à leurs parents. Ironie de l’histoire, Mme de Maintenon – née Françoise d’Aubigné – est petite-fille du protestant Agrippa d’Aubigné qui s’est battu toute sa vie pour sa religion et déplorait que l’édit de Nantes, signé par son ami Henri IV, ne fît pas la part assez belle aux réformés !

Un casuiste (cité par Michelet dans son Histoire de France), à propos des dragonnades, aura un autre mot pour faire passer la chose : « Un petit mal pour un grand bien ». La réalité historique est tout autre !

« La plaie de la révocation de l’édit de Nantes saigne encore en France. »900

VOLTAIRE (1694-1778), Correspondance (Lettre au comte de Schouvalof, 30 septembre 1767)

Au siècle suivant, c’est le grand avocat de la tolérance religieuse qui s’exprime, mais aussi le premier historien du Siècle de Louis XIV. L’édit de Fontainebleau du 18 octobre 1685 (enregistré le 22) révoque l’édit de Nantes (pris par Henri IV en 1598) : pasteurs bannis, écoles protestantes fermées, temples détruits, enfants des « nouveaux convertis » baptisés. Et interdiction de quitter la France sous peine de galères.

« Faire la guerre sans combattre,
Piller la veuve et l’orphelin,
Sent plus le fils de Mazarin
Que le fils d’Henri IV. »908

Faire la guerre sans combattre (1688), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Cette chanson est précisément datée. Louis XIV, à l’instigation de Louvois, fait occuper avec une brutalité restée légendaire le Palatinat (rive droite du Rhin) : sous prétexte d’assurer les droits d’héritage de Madame (sa belle-sœur), la princesse Palatine, et de confirmer les « réunions » (annexions) opérées par la France.

Le sac du Palatinat est d’une sauvagerie qui fait honte aux officiers qui l’exécutèrent : « Si le roi avait été témoin de ce spectacle, il aurait lui-même éteint les flammes. Les nations, qui jusque-là n’avaient blâmé que son ambition en l’admirant, crièrent alors contre sa dureté et blâmèrent même sa politique » (Voltaire).

La guerre est devenue inévitable, avec la somme des haines suscitées par Louis XIV pour diverses raisons : politiques, religieuses, commerciales, coloniales. La ligue d’Augsbourg réunit tous les mécontents : Empire, Espagne, Savoie, Suède, Provinces-Unies, puis l’Angleterre – une révolution détrône Jacques II (un Stuart), catholique et francophile, amenant au pouvoir sa fille Marie et son gendre, Guillaume d’Orange (stathouder aux Provinces-Unies), roi d’Angleterre sous le nom de Guillaume III.

« Marquis, vous avez défendu la place en homme de cœur et vous avez capitulé en homme d’esprit. »909

LOUIS XIV (1638-1715), au marquis d’Huxelles. Mémoires pour servir à l’histoire de Louis XIV (1828), François Timoléon de Choisy

Le marquis était honteux d’avoir rendu Mayence (prise en 1688), après plus de cinquante jours de tranchées ouvertes en 1689. Il sera fait gouverneur d’Alsace pour sa belle conduite. Épisode de la guerre de la ligue d’Augsbourg qui va durer jusqu’en 1697.

« Messieurs, voilà le roi d’Espagne. La naissance l’appelait à cette couronne, le feu roi [d’Espagne] aussi par son testament, toute la nation l’a souhaité […] C’était l’ordre du ciel, je l’ai accordé avec plaisir. »922

LOUIS XIV (1638-1715), à la foule des courtisans, après un Conseil resté célèbre, 16 novembre 1700. Mémoires (posthume), Saint-Simon

Louis XIV présente ainsi son petit-fils âgé de bientôt 17 ans, second fils du Grand Dauphin. Le roi a pris avis de son entourage le plus proche, pour décider enfin d’accepter le testament de Charles II. Le cadeau est prestigieux pour la France, mais le risque immense que l’Europe l’accepte mal. En ce jour historique, la joie à la cour l’emporte largement sur la crainte.

« Mon fils, soyez bon Espagnol, mais n’oubliez jamais que vous êtes né Français. »923

LOUIS XIV (1638-1715), à son petit-fils, Philippe duc d’Anjou, avant son départ pour Madrid, 16 novembre 1700. Mémoires (posthume), Saint-Simon

Le mémorialiste rapporte le propos royal dans une forme un peu moins concise que celle retenue : « Soyez bon Espagnol, c’est présentement votre premier devoir ; mais souvenez-vous que vous êtes né Français, pour entretenir l’union entre les deux nations : c’est le moyen de les rendre heureuses et de conserver la paix de l’Europe. »

La guerre de Succession d’Espagne n’en déchirera pas moins l’Europe à partir de 1702 et jusqu’en 1714. Le dernier testament de Charles II, mort le 1er novembre 1700, est en faveur du prince français et Louis XIV a fini par l’accepter. L’enjeu, à travers le trône espagnol, est la suprématie européenne. Mais deux grandes familles peuvent y prétendre : les Bourbons de France et les Habsbourg d’Autriche, également apparentés à Charles II.

« Il n’y a plus de Pyrénées. »924

LOUIS XIV (1638-1715), quand son petit-fils devient Philippe V d’Espagne, en 1700. Le Siècle de Louis XIV (1751), Voltaire

Un prince de son sang succède à l’ennemi héréditaire, dans un pays certes décadent, mais encore immense avec son empire. Depuis cette date, les Bourbons règnent sur l’Espagne, jusqu’au roi actuel Felipe VI (fils de Juan Carlos).

Philippe V est royalement accueilli par ses nouveaux sujets. Fier de ce succès (remporté sur l’empereur d’Allemagne qui voulait placer son second fils, l’archiduc Charles), Louis XIV, trop sûr de lui, va multiplier les imprudences. Les droits de Philippe V au trône de France sont maintenus, alors que l’Europe ne peut accepter une telle superpuissance ! Louis XIV reconnaît le prétendant Jacques III Stuart (fils de Jacques II détrôné par une révolution en 1688) au détriment de Guillaume III d’Angleterre. Enfin, il fait concéder par l’Espagne à une compagnie française le monopole de la traite des Noirs dans le Nouveau Monde, ce qui lèse les intérêts de toutes les puissances maritimes. La Grande Alliance de La Haye (septembre 1701) va réunir à nouveau contre la France tous les mécontents, le roi d’Angleterre en tête.

« Sire, je vais combattre les ennemis de Votre Majesté, et je vous laisse au milieu des miens. »926

Maréchal de VILLARS (1653-1734) en 1702. Le Siècle de Louis XIV (1751), Voltaire

Il s’adresse au roi et devant toute la cour, prenant congé pour aller commander l’armée. Turenne et Condé sont morts. Le maréchal de Luxembourg aussi. Vauban va être injustement disgracié (pour son projet fiscal de dîme royale). Villars est leur égal. Récemment anobli, âgé de 50 ans, il entre dans la carrière militaire à l’âge où d’autres prennent leur retraite : il sera le meilleur général de la guerre de Succession d’Espagne.

Première grande victoire, Friedlingen en 1702 : ses soldats l’appellent « Maréchal » et le roi confirme le titre, mais lui refusera la fonction tant souhaitée (et abolie) de connétable. Dès 1703, les Français perdent l’avantage dans une guerre où la coalition se renforce contre eux. Et la révolte des Camisards va mobiliser Villars sur un autre front.

« Quelle grâce de faire par pure vertu ce que tant d’autres femmes font sans mérite et par passion ! »928

Paul GODET des MARAIS (1647-1709), évêque de Chartres et directeur spirituel de la Maison de Saint-Cyr, confesseur de Mme de Maintenon, à sa pénitente. Lettres à Madame de Maintenon (éditées en 1778)

Épouse morganatique du roi, elle se plaint en 1704 de ce qu’il « lui donne le bonsoir » jusqu’à deux fois par nuit : elle a 70 ans et lui 66.

Louis XIV, le séducteur, n’a plus de maîtresses et la religion l’occupe davantage, avec l’âge et sous l’influence de sainte Françoise (le surnom qu’il donne à sa femme, née Françoise d’Aubigné). Pourtant, il garde un bien grand appétit de vie – malgré l’opération d’une fistule anale (novembre 1686), première d’une série d’interventions qui vont amener une certaine déchéance physique, voire mentale. Il continuera cependant de chasser, de manger, d’aimer, de régner jusqu’à l’extrême limite de ses forces.

« Ah ! que votre âme est abusée
Dans le choix de tous les guerriers.
Faut-il qu’une vieille édentée
Fasse flétrir tous vos lauriers ? »929

Contre Maintenon, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

L’influence de cette femme de tête sur le roi vieillissant fait jaser. Le peuple épuisé, ruiné, lassé d’une gloire dont il voit à présent les faiblesses, prend cette femme pour bouc émissaire. Cependant que la guerre de Succession d’Espagne tourne au drame, avec des troupes moins combatives, sous des chefs militaires aussi médiocres que La Feuillade, Marcin, Villeroy (ou Villeroi).

« En France et sous nos rois, la chanson fut longtemps la seule opposition possible ; on définissait le gouvernement d’alors comme une monarchie absolue tempérée par des chansons. »815

Eugène SCRIBE (1791-1861), Discours de réception à l’Académie française (1834)

Le peuple chante pour encenser, mais aussi pour critiquer – et avec quelle violence, parfois ! Bien des écrivains n’osent pas, alors qu’au siècle suivant la voix des philosophes s’élèvera pour tempérer l’absolutisme royal. Sous le règne personnel de Louis XIV, nul n’est épargné par les chansons, pas même le roi.

« Louis, avec sa charmante, / Enfermé dans Trianon,
Sur la misère présente, / Se lamente sur ce ton :
Et allons, ma tourlourette / Et allons, ma tourlouron. »934

Louis avec sa charmante, chanson. Le Nouveau Siècle de Louis XIV ou Choix de chansons historiques et satiriques (1857), Gustave Brunet

La crise économique et sociale ronge toujours le pays et même à la cour, les marchands exigent d’être payés comptant, pour livrer au roi le linge à son usage personnel !

Louis XIV, très éprouvé, trouve un réconfort moral auprès de Mme de Maintenon, mais il est de plus en plus conscient de la gravité de la situation. Il cherche à négocier la paix. Malheureusement, la coalition impose des clauses inacceptables (restitution ou démilitarisation de villes françaises).

Le roi se pose alors en père de son peuple, en appelant pour la première fois et directement à ses sujets, persuadé qu’ils s’opposeraient eux-mêmes à recevoir la paix assortie de conditions contraires à la justice et à l’honneur du nom français. Cet appel émouvant et solennel est lu dans toutes les églises du royaume, le 12 juin 1709. L’adhésion populaire est évidente. Et la guerre continue. La situation va peu à peu se redresser. Villars, maréchal de France à la tête de l’armée de Flandre, redonne confiance aux troupes. Mais la guerre fait des ravages.

« Jamais malheur n’a été accompagné de plus de gloire. »935

Maréchal de VILLARS (1653-1734), Lettre à Louis XIV au soir de Malplaquet, 11 septembre 1709. Mémoires militaires relatifs à la succession d’Espagne sous Louis XIV (1855), Jean-Jacques Germain Pelet

C’est la plus sanglante bataille du siècle de Louis XIV : 30 000 morts. Villars (avec Boufflers) affronte le duc de Marlborough et le prince Eugène de Savoie dans la trouée de Malplaquet (près de Mons, en Belgique). Villars est blessé, mais les troupes royales, inférieures en nombre, ont infligé de lourdes pertes aux Impériaux – la chanson populaire met Marlborough parmi les morts, il est seulement blessé.

« Dieu a donc oublié tout ce que j’ai fait pour lui ? »936

LOUIS XIV (1638-1715), apprenant l’hécatombe à la bataille de Malplaquet, septembre 1709. Œuvres choisies de Chamfort (1826)

Malplaquet n’est qu’une semi-défaite. Les Français peuvent se replier en bon ordre et les deux camps revendiquent la victoire. « Encore une défaite comme ça, Sire, et nous avons gagné la guerre », assure Villars. L’essentiel, c’est que l’invasion par le nord de la France est stoppée. Deux siècles après, le maréchal Foch comparera cette bataille à la première victoire de la Marne.

Mais l’année suivante, en 1710, d’autres villes tombent (Béthune, Douai). La France est à bout de force, Paris même est menacé. Le roi demande à nouveau la paix. Mais ses voisins sont trop heureux de l’humilier.

« S’il faut faire la guerre, j’aime mieux la faire à mes ennemis qu’à mes enfants. »937

LOUIS XIV (1638-1715), Manifeste au peuple, juillet 1710. Histoire de France depuis l’avènement de Charles VIII (1896), Frédéric Mane

Les alliés, Hollande en tête, exigent cette fois que Philippe V renonce au trône d’Espagne et, en cas de refus, que Louis XIV le fasse détrôner par ses armées. Le roi de France rend public l’outrage.

Un sursaut national permet un redressement franco-espagnol. Encore quelques années d’une succession de défaites et de victoires (signées Villars). Tous les pays sont épuisés, le pacifisme gagne du terrain en Angleterre et l’issue de cette guerre ne peut être que diplomatique.

Les traités d’Utrecht (1713) et de Radstadt (1714) créent un nouvel équilibre européen. La France retrouve approximativement ses limites de la paix de Nimègue (1679) et sauve ses frontières stratégiques. Philippe V garde son royaume, mais renonce aux Pays-Bas et à ses possessions italiennes et à ses droits à la succession au trône de France. L’Angleterre gagne Gibraltar et Minorque (sur l’Espagne), Terre-Neuve, l’Acadie et la Baie d’Hudson (sur la France) et de gros avantages commerciaux. Elle accède véritablement au rang de grande puissance en Europe.

FIN DE RÈGNE DIFFICILE

« Le plus grand nombre [des courtisans], c’est-à-dire les sots, tiraient des soupirs de leurs talons, et, avec des yeux égarés et secs, louaient Monseigneur […] et plaignaient le roi de la perte d’un si bon fils. Les plus fins d’entre eux, ou les plus considérables, s’inquiétaient déjà de la santé du roi. »939

Duc de SAINT-SIMON (1675-1755), Mémoires (posthume)

La fin de règne est difficile, et le mémorialiste nous en laisse un portrait sans pitié !

Le Grand Dauphin, Louis de France, vient de mourir à 50 ans, ce 14 avril 1711. La prophétie est accomplie : « Fils de roi ; père de roi ; jamais roi ». Fils de Louis XIV et père de Philippe V d’Espagne, voici son portrait, signé Saint-Simon : « Monseigneur était sans vice ni vertu, sans lumières ni connaissances quelconques, radicalement incapable d’en acquérir, très paresseux, […] sans goût, sans choix, sans discernement, né pour l’ennui qu’il communiquait aux autres […], opiniâtre et petit en tout à l’excès. »

« Accablé des plus funestes revers et d’une cruelle famine, hors de pouvoir de continuer la guerre, ni d’obtenir la paix […], ce prince vit périr sous ses yeux son fils unique, une princesse qui seule fit toute sa joie, ses deux petits-fils, deux de ses arrière-petits-fils. »940

Duc de SAINT-SIMON (1675-1755), Mémoires (posthume)

Crépuscule du Roi Soleil et triste fin de règne, en contraste avec les temps si longtemps florissants !

La princesse en question est Marie-Adélaïde de Savoie, femme de l’aîné de ses petits-fils, le duc de Bourgogne. Les époux mourront de la rougeole à six jours d’intervalle en février 1712. Suivis un mois après par leur fils aîné, Louis, duc de Bretagne. Au terme de tous ces décès, l’héritier de la couronne sera l’arrière-petit-fils de Louis XIV, le futur Louis XV.

« La plus éclatante victoire coûte trop cher, quand il faut la payer du sang de ses sujets. »941

LOUIS XIV (1638-1715), Lettre à l’intention du Dauphin, août 1715. Louis XIV (1923), Louis Bertrand

Écrite peu de jours avant sa mort, confiée au maréchal de Villeroi son ami de toujours, pour être remise à Louis XV à ses 17 ans. Cet arrière-petit-fils n’a que 5 ans, seul héritier survivant après l’hécatombe familiale, autre malédiction de cette fin de règne.

« Quoi Madame, vous vous affligez de me voir en état de bientôt mourir ? N’ai-je pas assez vécu ? M’avez-vous cru immortel ? »942

LOUIS XIV (1638-1715), à Mme de Maintenon, 25 août 1715. La Santé de Louis XIV (2007), Stanis Perez

La santé du roi décline rapidement et Fagon, son médecin personnel, semble le seul à ne pas le voir ! La cour et l’Europe guettent. Louis XIV, à presque 77 ans, malgré une ancienne goutte et une récente gangrène à la jambe, fait jusqu’au bout son métier de roi et les gestes de l’étiquette.

« Mon enfant, vous allez être un grand roi. Ne m’imitez pas dans le goût que j’ai eu pour les bâtiments ni dans celui que j’ai eu pour la guerre. Tâchez de soulager vos peuples, ce que je suis malheureux pour n’avoir pu faire. »943

LOUIS XIV (1638-1715), au futur Louis XV, 26 août 1715. Mémoires (posthume), Saint-Simon

Le roi reçoit le petit Dauphin dans sa chambre. Il lui donne une ultime leçon.

Le marquis de Dangeau, mémorialiste, nous a laissé un Journal de la cour de Louis XIV qui retrace avec minutie les derniers jours. Roi Très Chrétien, Louis XIV fait preuve d’autant de dignité que d’humilité. La guerre, entreprise et soutenue par souci de grandeur mais aussi par vanité, cause de la ruine des peuples, semble être son grand remords.

« Ne vous laissez pas gouverner, soyez le maître. N’ayez jamais de favori, ni de Premier ministre. Écoutez, consultez votre Conseil, mais décidez. Dieu qui vous a fait roi vous donnera toutes les lumières qui vous sont nécessaires, tant que vous aurez de bonnes intentions. »1119

LOUIS XIV (1710-1774), Lettre écrite en 1714 à l’intention de Louis XV. Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France, Mémoires du duc de Noailles (1828)

Après la mort du cardinal de Fleury qui gouvernera la France jusqu’en 1743, Louis XV recevra cette lettre confiée par le feu roi à Adrien Maurice de Noailles, grand militaire, puis homme politique à la très longue carrière. Le roi gouvernera lui-même – à 33 ans, il est plus que temps. Mais il n’aura aucune des qualités de son arrière-grand-père.

« Je m’en vais, Messieurs, mais l’État demeurera toujours. »944

LOUIS XIV (1638-1715), à ses courtisans les plus proches, 26 août 1715. Louis XIV, son gouvernement et ses relations diplomatiques avec l’Europe (1842), Jean Baptiste Honoré Raymond Capefigue

Le roi les remercie de leurs services et s’inquiète de ce qu’il adviendra après lui. Il leur recommande de servir le Dauphin : « C’est un enfant de cinq ans, qui peut essuyer bien des traverses, car je me souviens d’en avoir beaucoup essuyé pendant mon jeune âge. » Il leur demande enfin d’être « tous unis et d’accord ; c’est l’union et la force d’un État ».

« Mon neveu, je vous fais Régent du royaume. Vous allez voir un roi dans le tombeau et un autre dans le berceau. Souvenez-vous toujours de la mémoire de l’un et des intérêts de l’autre. »945

LOUIS XIV (1638-1715), à Philippe d’Orléans, Testament, 1715. Histoire de la Régence pendant la minorité de Louis XV, volume I (1922), Henri Leclercq

Texte lu au lendemain de sa mort. Le roi a institué un Conseil de régence dont le Régent en titre est président, la réalité du pouvoir allant au duc du Maine (fils légitimé de Mme de Maintenon). Son neveu, dont il se méfie non sans raison, ne s’en satisfera pas et le roi mourant a peu d’illusion sur l’avenir de ses dernières volontés royales.

« J’ai toujours ouï dire qu’il est difficile de mourir ; pour moi qui suis sur le point de ce moment si redoutable aux hommes, je ne trouve pas que cela soit difficile. »946

LOUIS XIV (1638-1715), à Mme de Maintenon, 28 août 1715. Son mot de la fin. Archives curieuses de l’histoire de France depuis Louis XI jusqu’à Louis XVIII (1840), L. Cimber

Ce sont les dernières paroles rapportées. Il mourra le 1er septembre. La grandeur du roi face à l’adversité dans les dernières années et la dignité de l’homme devant la mort jusqu’aux dernières heures frappent même ses ennemis les plus intimes : Saint-Simon saluera « cette fermeté d’âme, cette égalité extérieure, cette espérance contre toute espérance, par courage, par sagesse, non par aveuglement ».

« Dieu seul est grand, mes frères. »947

Jean-Baptiste MASSILLON (1663-1742), Oraison funèbre de Louis XIV, 2 septembre 1715, à la Sainte-Chapelle de Paris. Oraisons funèbres de Bossuet, Fléchier et autres orateurs (1837), J. B. Bossuet, E. Fléchier

L’évêque de Clermont, nouveau Bossuet, semble plus moraliste qu’apologiste, au début de l’hommage rendu à Louis le Grand : « Dieu seul est grand, mes frères, et dans ces derniers moments surtout où il préside à la mort des rois de la terre, plus leur gloire et leur puissance ont éclaté, plus, en s’évanouissant alors, elles rendent hommage à sa grandeur suprême. »

Massillon fait preuve ensuite d’une belle habileté rhétorique. Il revient à la grandeur du roi dont les victoires « ont été autrefois assez publiées » et le seront encore « pour notre instruction ». Mais il est grand aussi par les épreuves subies, ses malheurs et ses disgrâces, et Massillon évoque les deuils, la mort du Dauphin et du duc de Bourgogne, qui rendent le roi humain, par sa souffrance de père.

Il retrace le règne en une vaste fresque, et ne dissimule pas le passif, cette part d’ombre qui vient en antithèse et fait ressortir les actions du Roi-Soleil. Enfin, et en bonne logique chrétienne, le roi, vivante image de Dieu sur terre, est plus grand encore dans la mort que dans la vie : « Louis meurt en roi, en héros, en saint. » C’est finalement un panégyrique ambigu, reflet de la complexité du règne, du personnage… et du métier de prédicateur.

« Enfin, Louis le Grand est mort !
La Parque a terminé son sort.
O reguingué, o lon la la,
Elle vient de trancher sa vie,
Toute l’Europe en est ravie. »948

La Mort de Louis XIV (1715), chanson. Une histoire de la chanson française, des troubadours au rap (2004), Jean-Pierre Moulin

Autre écho, autre vérité. Louis XIV aura fort inquiété l’Europe par ses ambitions territoriales et commerciales, ses guerres de conquête et sa politique des « réunions ». La rue qui chante à sa mort ne s’embarrasse pas de subtilités rhétoriques.

Louis le Grand, adoré dans sa jeunesse, aimé et admiré au sommet de sa gloire, finit détesté du peuple qui souffre à l’excès de la guerre et de la misère. La seconde moitié du règne jette une ombre tragique sur la première. Un tel contraste est rare, dans l’histoire. On le retrouvera avec Napoléon et une chute plus tragique encore.

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3. Louis XIV vu par les contemporains et les historiens.

« Il y a en lui de l’étoffe de quoi faire quatre rois et un honnête homme. »845

MAZARIN (1602-1661) à propos de Louis XIV. Mémoires du maréchal de Gramont (posthume, 1827)

Ministre tout-puissant, Mazarin initia le jeune roi aux affaires après sa majorité (13 ans), d’où une solide formation politique, plus pratique que livresque. Le maître eut le temps d’apprécier son royal élève. Après huit années d’apprentissage, âgé de 22 ans, le roi ne perd pas un jour pour appliquer ses leçons. Le « siècle de Louis XIV » commence vraiment avec le règne personnel qui va durer cinquante-quatre ans.

« Le Français est surtout jaloux de la liberté de se choisir son maître. »814

SAINT-ÉVREMOND (1614-1703)., Encyclopédie universelle de la langue française, article « maître »

Moraliste et critique, exilé à Londres en raison d’écrits frondeurs contre Mazarin, il refusera la grâce octroyée par Louis XIV. Mais ses œuvres circulent en France comme en Angleterre. Ce trait de caractère d’un peuple par ailleurs réputé ingouvernable, ce besoin du « père » revient souvent dans l’histoire de France.

« Avec un almanach et une montre, on pouvait, à trois cents lieues de lui, dire avec justesse ce qu’il faisait. »849

Duc de SAINT-SIMON (1675-1755), Mémoires (posthume)

Contraste frappant et paradoxe apparent : le roi si occupé se plut à réduire tous les Grands à une inactivité dorée, mais forcée. Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, resté dans l’histoire pour ses Mémoires (posthumes), resta un éternel frustré, n’ayant jamais le rôle politique qu’il rêvait de jouer.

« Grand Roi, cesse de vaincre, ou je cesse d’écrire. »820

Nicolas BOILEAU (1636-1711), Épîtres

Citation qui doit être commentée à divers degrés.

De prime abord, c’est vrai et Louis XIV est surnommé « le Grand » au même titre que « le Roi Soleil ». Boileau agit et écrit quand même en courtisan… Mais ils le seront tous, les immenses talents du « siècle de Louis XIV » qui travaillent pour le plaisir du roi et créent en même temps des chefs-d’œuvre. Boileau accédera avec Racine au poste envié d’historiographe du roi, en 1677.

Et peu importe que Racine ayant renoncé au théâtre ait écrit : « Tous les mots de la langue, toutes les syllabes nous paraissent précieuses, parce que nous les regardons comme autant d’instruments qui doivent servir à la gloire de notre Auguste protecteur » s’il nous a laissé Andromaque, Bérénice, Phèdre.

« [Louis XIV] est Dieu, il faut attendre sa volonté avec soumission, et tout espérer de sa justice et de sa bonté, sans impatience, afin d’en avoir plus de mérite. »831

Duchesse de MONTPENSIER (1627-1693), Mémoires de Mlle de Montpensier

La Grande Mademoiselle, Anne-Marie d’Orléans, fille de Gaston d’Orléans, cousine germaine du roi, rescapée de la Fronde et de l’exil qui s’ensuivit pour elle, extravagante princesse, illustre l’adage : l’argent ne fait pas le bonheur. Son immense fortune héritée de sa mère lui attira de nombreux prétendants et d’innombrables ennuis en amour. Elle souffrit également de voir la noblesse neutralisée, impuissante et humiliée sous le règne de Louis XIV.

« Les louanges, disons mieux, la flatterie, lui plaisaient à tel point que les plus grossières étaient bien reçues, les plus basses encore mieux savourées. »852

Duc de SAINT-SIMON (1675-1755), Mémoires (posthume)

C’est une des faiblesses de cet homme fort et un des petits côtés du grand homme que cette mauvaise langue de Saint-Simon se plaît à relever. L’orgueil inné en est la cause, la fonction royale développe ce penchant, l’attitude de la cour et des courtisans aggrave le cas.

« Non seulement il s’est fait de grandes choses sous son règne, mais c’est lui qui les faisait. »816

VOLTAIRE (1694-1778), Le Siècle de Louis XIV (1751)

Pour cette raison, le Grand Siècle est bien le « siècle de Louis XIV ». Voltaire, en historien documenté, traite des événements militaires et diplomatiques, insiste sur le développement du commerce et le rayonnement des arts et des lettres, mettant cependant les affaires religieuses au passif du règne de ce « despote éclairé ».

« Louis XIV fit plus de bien à sa nation que vingt de ses prédécesseurs ensemble ; et il s’en faut beaucoup qu’il fît ce qu’il aurait pu. »949

VOLTAIRE (1694-1778), Le Siècle de Louis XIV (1751)

Le jugement n’est pas sans nuance : « Il s’est fait de grandes choses sous son règne » qui reste dans l’histoire pour son rayonnement culturel, mais le passif est lourd : « La guerre qui finit par la paix de Ryswick commença la ruine de ce grand commerce que son ministre Colbert avait établi ; et la guerre de la Succession l’acheva. » C’est effectivement le traumatisme majeur de cette époque et tous les pays belligérants en furent marqués. Malgré toutes les ombres au tableau du siècle de Louis XIV, Voltaire y voit « le siècle le plus éclairé qui fut jamais ».

« Je lui conseillai de protéger les gens de lettres. Ce furent eux qui donnèrent le nom de Grand à Louis XIV. »1128

Cardinal de BERNIS (1715-1794), conseil à son amie la marquise de Pompadour. Mémoires et lettres de François-Joachim de Pierre, cardinal de Bernis (1878)

Bel esprit, il commence sa carrière en s’attirant les faveurs de la favorite qui le fait entrer au Conseil du roi en 1752. La marquise est mécène des peintres, amie des écrivains et des philosophes – elle réconcilie Louis XV avec Voltaire et défend les Encyclopédistes contre le Parlement et les jésuites (qu’elle déteste).

« Notre siècle ne vaut pas le siècle de Louis XIV pour le génie et pour le goût ; mais il me semble qu’il l’emporte pour les lumières, pour l’horreur de la superstition et du fanatisme. »950

D’ALEMBERT (1717-1783), Lettre au roi de Prusse, 14 février 1774. Correspondance avec Frédéric le Grand (1854)

Jean Le Rond d’Alembert, l’un des principaux encyclopédistes, correspond avec l’un des « despotes éclairés » du siècle, Frédéric le Grand, lui-même admirateur du Grand Siècle et de Louis XIV.

« Les ministres passent en revue comme dans une lanterne magique. Par ma foi, notre siècle est un pauvre siècle, après le siècle de Louis XIV. »1154

VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Mme du Deffand, novembre 1758, Correspondance (posthume)

Choiseul succède à de Bernis pour préparer la revanche contre l’Angleterre dans la guerre qui tourne au désastre. Il cumule bientôt les portefeuilles de la Guerre et de la Marine. À l’inverse de Louis XIV, Louis XV et plus tard Louis XVI auront une fâcheuse tendance à laisser tomber les hommes choisis pour les servir.

« Somme toute, nous copions aujourd’hui les fauteuils et les canapés du temps de Louis XIV et de Louis XV, c’est très bien. Si nous imitions quelques-uns des hommes qui s’asseyaient dessus, ce serait mieux. »

Émile DESCHAMPS (1791-1871), Œuvres complètes d’Émile Deschamps (1874)

Remarque anecdotique d’un poète du siècle romantique. Il ne risque pas de se tromper, notamment au sujet de Louis XIV qui sut choisir ses ministres et les contrôler.

« Je suis un nom, un chiffre habillé de velours fleurdelisé, voilà tout. »

LOUIS XIV (1638-1715), jeune roi. Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne (1847)

Grand romancier de l’histoire, célèbre pour ses récits de cape et d’épée à commencer par Les Trois Mousquetaires en 1844. À qui s’indigne de ses libertés avec la vérité historique : « Monsieur, vous violez l’Histoire ! » Dumas se plaît à répondre : « Certes, mais je lui fais de beaux enfants ».

« Je voudrais voir un peu Louis XIV face à un « assuré social »… Il verrait si l’État c’est lui ! »

Louis-Ferdinand CELINE (1894-1961), D’un château l’autre (1957)

Mot d’auteur de celui qui se présentait comme « le médecin des pauvres », dénonçant le mépris évident de la noblesse pour le peuple, à l’acmé de l’Ancien Régime.

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