Cambacérès : « Pour la gloire comme pour le bonheur de la République, il [le Sénat] proclame à l'instant même Napoléon empereur des Français. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Premier Empire

Chronique (1804-1814)

1804, 2 décembre. Un Sacre « à la Charlemagne ».

Napoléon est proclamé empereur des Français par le Sénat et le Conseil d’Etat (18 mai 1804), plébiscité par le peuple, sacré par le pape Pie VII (2 décembre). Cérémonie à la démesure de l’ego impérial, immortalisée par la fresque de David, peintre officiel de génie.

La fascination de Napoléon pour Charles le Grand, empereur carolingien, s’exprime clairement en maintes occasions. Elle va marquer l’Empire pour le pire plus que le meilleur.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Pour la gloire comme pour le bonheur de la République, il [le Sénat] proclame à l’instant même Napoléon empereur des Français. »1791

Jean-Jacques Régis de CAMBACÉRÈS (1753-1824), président du Sénat et du Conseil d’État, Déclaration du 18 mai 1804

Vie de Cambacérès, ex-archichancelier (1824), Antoine Aubriet, Tourneux.

Une semaine avant, le Sénat (…) a voté – à l’unanimité moins trois voix et deux abstentions – le projet de proclamation de l’Empire.

« J’accepte le titre que vous croyez utile à la gloire de la nation. Je soumets à la sanction du peuple la loi d’hérédité. J’espère que la France ne se repentira jamais des honneurs dont elle environnera ma famille. »1792

NAPOLÉON Ier (1769-1821), Adresse de l’empereur à Cambacérès et au pays, 18 mai 1804 (…)

Moment solennel - il y en aura d’autres, dans cet Empire qui multiplie les symboles. Les mots sont très forts, lourds de conséquences, pour la France, et pour Napoléon qui a revêtu son uniforme de colonel de la garde (…) On n’attend pas la « sanction du peuple » et la mise en application de la Constitution de l’an X est immédiate. Le résultat du plébiscite pour l’Empire était évident : plus de 3,5 millions de oui, 2 579 non (août 1804).

« République française, Napoléon Empereur. »1793

En-tête sur les actes officiels, à dater du 18 mai 1804. L’Europe et la Révolution française (1907), Albert Sorel

Étrange inscription, oxymore institutionnel, dans la même logique que la déclaration de Cambacérès. Rouget de l’Isle, officier et auteur de La Marseillaise, ose prédire et écrire à l’empereur : « Bonaparte, vous vous perdez, et ce qu’il y a de pire, vous perdez la France avec vous ! » Mais l’on entend surtout et partout les cris de « Vive l’empereur ! »

« Bonaparte, soldat, chef d’armée, le premier capitaine du monde, vouloir qu’on l’appelle Majesté ! Être Bonaparte et se faire Sire ! Il aspire à descendre… »1794

Paul-Louis COURIER (1772-1825), Lettre datée de Plaisance, mai 1804, sur le plébiscite dans l’armée (…)

Cet officier démissionna de sa charge pour se retirer dans sa Touraine et lancer ses Pamphlets (…) L’auteur paiera cher sa liberté d’esprit et ses provocations : censure, prison, procès, mille tracasseries administratives. Il finira assassiné (sous la Restauration) - il le prévoyait, l’enquête n’aboutira jamais. Cet éternel clandestin, de sa naissance à sa mort, illustre une marginalité atypique.

« Il y a parmi les conjurés un homme que je regrette. C’est Georges [Cadoudal]. Celui-là est bien trempé ; entre mes mains, un pareil homme aurait fait de grandes choses. »1795

NAPOLÉON Ier (1769-1821), à Bourrienne, son secrétaire, 10 juin 1804 (…)

L’empereur vient d’apprendre la condamnation à mort du conspirateur Cadoudal et de ses 19 complices. Héros de la guerre de Vendée, rallié après la Révolution au comte d’Artois (futur Charles X), Cadoudal fut le chef des deux principaux complots contre Bonaparte sous le Consulat : l’attentat de la rue Saint-Nicaise en 1800, et la dernière conspiration déjouée au début de l’année 1804 (…)

« Vive le roi ! »1796

Georges CADOUDAL (1771-1804), mot de la fin, et dernier cri du premier des condamnés à être guillotiné place de Grève, 25 juin 1804 (…)

Et selon d’autres sources, reprenant la devise des insurgés vendéens, dix ans plus tôt : « Mourons pour notre Dieu et notre Roi. » La chouannerie meurt avec lui. Mais dix ans plus tard, le vœu de Cadoudal est exaucé, la Restauration ramène en France le roi Louis XVIII.

« Je jure de maintenir l’intégrité du territoire de la République […] de respecter et de faire respecter l’égalité des droits, la liberté politique et civile […] de gouverner dans la seule vue de l’intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français. »1797

NAPOLÉON Ier (1769-1821), cathédrale Notre-Dame de Paris, le jour de son sacre par Pie VII, 2 décembre 1804. Le Moniteur, phrase du journal officiel de l’époque, reprise dans toutes les bonnes biographies de l’empereur.

La cérémonie dure cinq heures, entre la marche guerrière et le Te Deum, un premier serment religieux de Napoléon, la messe, l’Alléluia, les oraisons, les cris de « Vive l’empereur ». Et ce nouveau serment, sur les Évangiles. C’est l’instant le plus heureux des relations entre le pape et l’empereur. L’histoire a voulu que se croisent ces deux hommes qui ont la même volonté de fer (…)

« Joseph, si notre père nous voyait ! »1798

NAPOLÉON Ier (1769-1821), à son frère le jour du sacre, 2 décembre 1804. Encyclopédie Larousse, article « La jeunesse de Napoléon Bonaparte »

Très pâle, l’empereur se tourne vers son frère aîné pour murmurer ces mots. Leur père a tout fait pour que ses quatre fils puissent suivre de bonnes études aux frais du roi, étant peu fortuné et dépensier. Il est mort en 1785, d’un cancer à l’estomac – comme son fils, quelques années plus tard. Leur mère est bien vivante, mais absente : c’est elle qui l’a décidé (…) Elle sera quand même sur le tableau de David qui immortalise Le Sacre (…)

« Je n’ai pas succédé à Louis XVI, mais à Charlemagne. »1799

NAPOLÉON Ier (1769-1821), à Pie VII, le jour du sacre en la cathédrale Notre-Dame de Paris, 2 décembre 1804 (…)

À peine couronné empereur des Français par le pape, il dévoile sa véritable ambition, le titre d’empereur d’Occident à la tête du Grand Empire (le sacre se tient à Paris et pas à Reims, tradition pour les rois de France) (…) « Il ne rêvait certainement pas d’un empire unitaire, mais d’une confédération d’États : il parlera, un jour, des États-Unis d’Europe » (Louis Madelin, Histoire du Consulat et de l’Empire : vers l’empire d’Occident)

« J’entendons ronfler l’canon,
Y g’na plus à s’en dédire :
On couronn’ Napoléon
Empereur de ce bel Empire.
Ça nous promet pour l’av’nir
Ben du bonheur et du plaisir. »1800

Le Sacre de Napoléon, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

On chante à la gloire du grand homme, au front si couvert de lauriers que c’est à peine si on peut trouver « un petit coin pour y placer la couronne » ! Une certaine ironie commence à poindre. Toutes ces « vieilles chansons françaises », la plupart anonymes, sont encore chantées, diffusées sur l’Internet, ce qui montre, d’une certaine manière, leur originalité, mais aussi le goût des Français pour l’histoire.

« Monsieur mon Frère, appelé au trône de France par la Providence et par les suffrages du Sénat, du peuple et de l’armée, mon premier sentiment est un vœu de paix […] Le monde est assez grand pour que nos deux nations puissent y vivre. »1801

NAPOLÉON Ier (1769-1821), au roi Georges III d’Angleterre, Lettre du 2 janvier 1805. Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III (1858)

Le 1er janvier, « Monsieur mon Frère » était l’empereur d’Autriche et le désir de paix avec son peuple pareillement exprimé, avec des arguments relevant de la raison et de l’humanité. Cependant, la troisième coalition s’organise activement, et secrètement : l’Angleterre sera bientôt alliée à la Russie et à l’Autriche, contre la France (…)

« Dio me l’ha data, guai a chi la tocchera !  »
« Dieu me l’a donnée, gare à qui la touchera ! »1802

NAPOLÉON Ier (1769-1821), couronné roi d’Italie, 26 mai 1805

(…) Ces journées de Milan furent un grand moment pour l’empereur « rayonnant de joie » aux dires des témoins, et pour un « grand peuple réveillé » selon Chateaubriand : « L’Italie sortait de son sommeil et se souvenait de son génie comme d’un rêve divin. »

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