« Pour pacifier un pays, il semble qu'il faille...

« Pour pacifier un pays, il semble qu’il faille recourir aux moyens pacifiques. Cette énonciation paraît naïve ; cependant, il n’y a pas longtemps qu’elle est acceptée des Gouvernements. Ils ont eu longtemps, et peut-être gardent-ils encore, une secrète tendresse pour les moyens répressifs. »

Maréchal LYAUTEY (1854-1934), Paroles d’action, 1900-1926 (1927)

Au-delà des luttes internes, la Troisième République édifie un vaste empire colonial. Ferry en fut l’initiateur politique (1880-1885). École coloniale, armée coloniale, ministère des Colonies sont les instruments créés en 1893 et 1894.

Lyautey incarne l’action sur le terrain : conquête et pacification. Il commença dans le Sud algérien (en 1879), puis fut envoyé en Indochine (1894) et à Madagascar (1895) avec Gallieni, avant de partir en Afrique du Nord où la guerre le trouvera en 1914.

« Partout où notre drapeau se dresse, les populations accourent, se mettent à son abri, sachant qu’il les libère de l’anarchie et leur apporte la paix, la protection, le bien-être. Oui, cette guerre coloniale, tant décriée et si méconnue, est par excellence une guerre constructrice, une oeuvre de paix et de civilisation, et il fallait que cela fût dit. »

Maréchal LYAUTEY (1854-1934), Paroles d’action, 1900-1926 (1927)

Après le traité de Fez (30 mars 1912) par lequel le sultan du Maroc accepte le protectorat français, Lyautey est nommé résident général de la République française en septembre 1912 et s’efforce de pacifier la région – mais la guerre mondiale interrompt son action. Le Maroc est d’ailleurs une raison de tension majeure entre la France, forte de son Entente cordiale avec l’Angleterre, et l’Allemagne privée d’empire colonial et cherchant à combattre l’influence française.

« C’est la plus monumentale ânerie que le monde ait jamais faite. »

Maréchal LYAUTEY (1854-1934). Histoire de la Troisième République (1952), Jacques Chastenet

Tel est son avis, au déclenchement de la Grande Guerre.

Résident général au Maroc, chargé de la pacification du pays rendue alors plus difficile encore, il sera ministre de la Guerre quelques mois, dans le cabinet Briand.

Par le jeu des alliances, des intérêts et des déclarations de guerre échelonnées sur trois ans, la guerre va devenir européenne, toucher l’Afrique et l’Asie, et, avec la participation des États-Unis d’Amérique en 1917, se transformer en guerre mondiale pour la première fois dans l’histoire.

65 millions de soldats s’affronteront dans ce qu’on appelle la Grande Guerre.

« Cet état ne peut être basé que sur le travail indigène équitablement rémunéré. Le travail à peu près gratuit, si voisin du travail servile, ne peut être qu’une solution transitoire. »

Maréchal LYAUTEY (1854-1934), Paroles d’action, 1900-1926 (posthume, 1927)

Lyautey, éphémère ministre de la Guerre en 1916-1917, retourne au Maroc et poursuit sa politique coloniale, mal comprise de son temps : plutôt que l’assimilation, il préfère promouvoir un développement culturel proprement marocain. Malgré cela, la domination européenne se trouve contestée par des mouvements politiques et sociaux, des révoltes de paysans, suivis de répressions. La guerre du Rif (1925) écartera Lyautey.

La Troisième République qui fait de la France la deuxième puissance coloniale du monde (après la Grande-Bretagne) voit le triomphe de l’idée coloniale culminer lors de l’Exposition de 1931 – le temps de la mauvaise conscience européenne viendra plus tard.