Naissance de la monarchie absolue (suite).
2. Règne de Louis XIII
Louis XIII avant Richelieu (14 mai 1610, régence de Marie de Médicis - 29 avril 1624, Richelieu entre au Conseil du roi)
Quand son père Henri IV meurt assassiné, Louis XIII n’a que neuf ans (1610). Sa mère Marie de Médicis assure la régence. C’est surtout le règne de favoris indignes et de ministres incapables (Concini, Luynes). Les Grands profitent de la faiblesse du pouvoir, et bientôt de la « guerre » entre la mère et le fils qui veut régner sans en être capable.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
Chronique (1610-1624)
« Que vivre au siècle de Marie, Sans mensonge et sans flatterie, Sera vivre au siècle doré. »666
(1555-1628), Ode à la Reine mère du Roi sur les heureux succès de sa régence (1610)
Poète officiel, il s’empresse de saluer l’âge d’or et ses nouveaux maîtres. En fait, la régence de Marie de Médicis va se révéler catastrophique (…) Cette femme lymphatique va soudain prendre goût au pouvoir, se mêler de tout et accumuler les erreurs (…)
« En la voie de l’honneur et de la gloire, ne s’avancer et ne s’élever pas, c’est reculer et déchoir. »667
Cardinal de RICHELIEU (1585-1642), Déclaration aux États généraux de 1614, 27 octobre. Mémoires du cardinal de Richelieu (posthume)
Armand Jean du Plessis, cardinal, duc de Richelieu, entre sur la scène de l’histoire et parle déjà ce langage de la grandeur qui sera le sien. Député du clergé poitevin à moins de 30 ans (…) il présente le cahier général de son ordre (…) Bientôt nommé grand aumônier de la reine mère, aussi puissante qu’incapable (…) C’est le début d’une irrésistible ascension.
« Nous représentons Votre Majesté en nos charges, et qui nous outrage viole votre autorité, voire commet en certains cas le crime de lèse-majesté. »668
Robert MIRON (1570-1641), Déclaration aux États généraux de 1614, 27 octobre (…)
Dans la confusion des prises de parole, une autre voix (…) Prévôt des marchands de Paris, il représente le tiers état (…) et réplique à un représentant de la noblesse, jalouse de ces nouveaux venus et méprisante pour ces « inférieurs » (…) Ces rivalités vont paralyser les États généraux (…) Les députés rentrent chez eux, le royaume retombe dans l’errance politique.
« Certes c’est à l’Espagne à produire des Reines
Comme c’est à la France à produire des Rois. »669François de MALHERBE (1555-1628), Sur le mariage du Roi et de la Reine (1615)
Le poète officiel salue le mariage espagnol. Louis XIII épouse Anne d’Autriche (fille de Philippe III d’Espagne et de l’archiduchesse d’Autriche). La nuit de noces, devant témoins suivant la coutume, se passe mal. Les deux adolescents ont 14 ans (…) Ils n’auront un enfant qu’au bout de vingt-trois ans et il n’est pas sûr que Louis XIII soit le père de Louis XIV (…)
« Merci ! Grand merci à vous ! À cette heure, je suis roi ! »670
LOUIS XIII (1601-1643), au baron de Vitry, après l’assassinat de Concini au Louvre, 24 avril 1617. Louis XIII le Juste (1981), Georges Bordonove
Il n’en pouvait plus d’attendre, écarté par sa mère qui le traite en enfant, humilié par son conseiller, Concino Concini, qui se permet (…) de s’asseoir sur le trône à sa place. Petit noble florentin, aventurier devenu favori (…) maréchal de France qui n’a jamais combattu, impopulaire dans le pays, mais ministre tout-puissant à la cour (…) Le roi se résout à le faire assassiner.
« Qu’on m’aille quérir les vieux serviteurs du feu roi mon père et anciens conseillers de mon Conseil d’État. C’est par le conseil de ceux-là que je veux gouverner. »671
LOUIS XIII (1601-1643), après l’assassinat de Concini au Louvre, 24 avril 1617. Histoire générale de la France depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours (1843), Abel Hugo
Premier acte d’autorité, le roi fait le vide au Conseil, renvoyant par là même Richelieu, lié au clan Concini. Et il rappelle Brulart de Sillery et les « barbons » du temps de son père Henri IV.
« Si on ne veut pas lui dire la nouvelle, qu’on la lui chante ! »672
MARIE DE MÉDICIS (1575-1642), 24 avril 1617. Richelieu (1968), Philippe Erlanger
Mot terrible, quand on lui demande d’annoncer la mort de Concini à sa femme Léonora Galigaï - astrologue, confidente et sœur de lait de Marie de Médicis, donc une amie de quarante ans ! Concini abattu dans la cour du Louvre, enterré, exhumé par la foule, dépecé, brûlé sur le pont Neuf. Léonora Galigaï est arrêtée, embastillée, condamnée à mort (…)
« On a raison de dire qu’il n’y a point d’innocence assurée en un temps où on veut faire des coupables. »673
Cardinal de RICHELIEU (1585-1642). Historiettes : mémoires pour servir à l’histoire du XVIIe siècle (posthume, 1834), Tallemant des Réaux
Commentant la mort de la Galigaï, femme de Concini, jugée, suppliciée comme sorcière le 8 juillet 1617 et décapitée (…) Marie de Médicis se retrouve en exil et en prison, à Blois, mais s’en évadera en 1619, pour prendre la tête d’une révolte des Grands contre le roi.
« On m’a fait, six ans durant, fouetter les mulets aux Tuileries. Il est temps qu’enfin je fasse mon métier de roi. »674
LOUIS XIII (1601-1643), après la mort de Concini et le départ de Marie de Médicis. Louis XIII et Richelieu (1855), Alexandre Dumas
(…) L’heure de sa revanche a sonné. Mais pour faire son métier de roi, Louis XIII aura toujours besoin d’un second. Luynes à ses côtés, promu duc, pair, connétable de France, gouverneur de Picardie, va diriger les affaires du royaume. Belle promotion pour le fauconnier royal (…) On va jusqu’à comparer le favori à Concini.
« Vous êtes haï universellement, parce que vous possédez seul ce que chacun désire. »675
Duc Henri II de ROHAN (1579-1638) au duc de Luynes (…)
Luynes, ayant la faveur de Louis XIII, a en même temps les honneurs et le pouvoir. Cela dure quatre années, durant lesquelles il lutte contre les Grands dont la révolte est soutenue par Marie de Médicis, et contre les protestants du Béarn. Son échec (au siège de Montauban) allait entraîner sa disgrâce, une « fièvre pourpre » (scarlatine) le tue opportunément (1621).
« En 1619, on avait à grand bruit imprimé dans Le Mercure, pour la joie de la France, que le roi commençait enfin à faire l’amour à la reine. »676
Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de France au dix-septième siècle, Henri IV et Richelieu (1857)
La grande Histoire est faite aussi de ces petites histoires et le peuple se passionne pour les secrets d’alcôves royales. Anne d’Autriche « était arrivée à 13 ans. Et, pendant trois ans, son mari avait oublié qu’elle existât. » (…) Le roi ne négligeait pas sa femme pour s’occuper de ses maîtresses (…) il préfère le commerce de ses favoris à celui des femmes.
« Hélas, ma pauvre barbe, qui est-ce qui t’a faite ainsi ?
C’est le grand roi Louis,
Treizième du nom,
Qui toute a esbarbé sa maison. »677La Barbe à la royale, chanson. Historiettes : mémoires pour servir à l’histoire du XVIIe siècle (posthume, 1834), Tallemant des Réaux
On plaisante sur ce coup d’autorité du roi qui s’affirme parfois, dans les petites choses. Dans ses Historiettes, le mémorialiste rapporte qu’« un jour, le roi coupa la barbe à quelques officiers, ne leur laissant à la lèvre supérieure qu’un petit bouquet nommé royale ». Barbiche bien visible, sur les portraits de l’époque (notamment Louis XIII, Richelieu).
« Mon Dieu, que vous êtes grandi ! »678
MARIS DE MÉDICIS (1573-1642), à Louis XIII, rappelée d’exil, 5 septembre 1619 (…)
Terme provisoire à la première « guerre de la mère et du fils » : la reine mère reconnaît d’une certaine manière que le roi est bien Roi (…) Réconciliation et quelques autres négociées par le très habile Richelieu, qui se rapproche du pouvoir. Après la mort de Luynes (…) la reine mère le fera nommer cardinal et entrer au Conseil du roi en 1624, espérant avoir un allié en la place.
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