Sartre : « Oui, papa, nous voilà : vingt mille types qui voulaient être des héros... » | L’Histoire en citations
Sartre : « Oui, papa, nous voilà : vingt mille types qui voulaient être des héros... »
Citation du jour

L’humour sartrien se fait sarcastique et la chanson plaisante n’a rien de patriotique. Quant aux écrivains, ils écrivent comme ils pensent et ils se font éditer comme ils peuvent. Bref, la vie continue.

« Oui, papa, nous voilà : vingt mille types qui voulaient être des héros et qui se sont rendus sans combattre en rase campagne. »2744

Jean-Paul SARTRE (1905-1980), La Mort dans l’âme (1940)

Agrégé et professeur de philosophie, type même de l’intellectuel individualiste dans les années 1930, Sartre est changé par l’expérience de la guerre, tour à tour soldat, prisonnier, résistant et auteur engagé, avec une conscience politique qui fera de lui le chef de file de l’existentialisme et le maître à penser de la jeunesse, dans les années 1950 et 1960.

Troisième et dernier tome des Chemins de la Liberté, l’auteur s’arrête à mai 1940 avec La Mort dans l’âme. Il ne dit pas la suite de l’histoire, on la devine. Il y a eu des combats et il reste des poches de résistance, mais l’ampleur et la rapidité de la débâcle française surprirent tout le monde, même l’armée allemande, en juin 1940. C’est l’aboutissement de « la bataille de France » perdue en mai face aux Allemands, alors que l’armée française avait la réputation d’être l’une des meilleures du monde.

Naturellement, il y a toujours une explication, après l’événement. La défense française se référait à la stratégie des chefs de guerre en 1914-18, elle a été surprise et anéantie par la guerre éclair (Blitzkrieg) - avec 100 000 morts en quelques jours. D’où désintégration de l’armée, panique dans la population, exode de quelque 10 millions de Français fuyant sur les routes.

Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.

« Le colonel est d’Action française,
Le commandant un modéré,
Le capitaine un clérical,
Le lieutenant un mangeur de curé […]
Et tout ça, ça fait d’excellents Français ! »2735

Georges VAN PARYS, paroles, et Jean BOYER, musique, Ça fait d’excellents Français (1939), chanson

Maurice Chevalier chante - ce qui lui vaudra des ennuis à la Libération - et remporte un franc succès avec ces couplets. Contrairement à 1914, la guerre n’a pas fait l’union sacrée des Français. Elle va au contraire les diviser, cependant que Goebbels, ministre allemand de l’Information, veille aux campagnes d’« intoxication » : tracts antimilitaristes dans les usines, émissions radio, appel aux soldats.

« En finira-t-on avec les relents de pourriture parfumée qu’exhale encore la vieille putain agonisante, la garce vérolée, fleurant le patchouli et la perte blanche, la République toujours debout sur son trottoir. Elle est toujours là, la mal blanchie, elle est toujours là, la craquelée, la lézardée, sur le pas de sa porte, entourée de ses michés et de ses petits jeunots, aussi acharnés que les vieux. Elle les a tant servis, elle leur a tant rapporté de billets dans ses jarretelles ; comment auraient-ils le cœur de l’abandonner, malgré les blennorragies et les chancres ? Ils en sont pourris jusqu’à l’os. »2781

Robert BRASILLACH, Je suis partout, 7 février 1942

Écrivain de talent et d’autant plus responsable (selon de Gaulle qui refusera sa grâce en 1945), engagé avec l’Action française dans l’entre-deux-guerres, il se distingue comme rédacteur en chef de Je suis partout. Chantre d’un « fascisme à la française », animé par sa haine du Front populaire, de la République, des juifs au pouvoir, Blum et Mandel.

Alors que Paul Valéry venait de faire publier non sans mal ses Mauvaises pensées et autres :
« Pourquoi n’écrit-il pas les Bonnes ? »2789

Réaction des autorités d’Occupation en 1942

Poète et philosophe, écœuré par l’absurdité de cette guerre si bien prévue : « Tous ces gens en service commandé. Je vois d’ici les équipes, les règlements, les à-coups, les zèles, les erreurs, les peurs rentrées, les envies de pisser, les rapports à faire, etc. Tout cela fait de « l’histoire », en vient et y rentre, ne rime à rien, embête et terrifie tout le monde, gâche de la marchandise et de l’énergie, prendra de beaux noms et suppose une crédulité fondamentale et une sensibilité du plus bas genre, de la qualité la plus vulgaire – la plus – humaine. »

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