Philippe d'Orléans : « Sire, je viens rendre mes devoirs à Votre Majesté, comme le premier de ses sujets... » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Siècle des Lumières. Avant le règne personnel de Louis XV.
Régence.

Drôle d’équipe au pouvoir et que la fête commence !

« Le temps de l’aimable Régence » rime bien avec « licence ». La France est gouvernée par Philippe d’Orléans et son ministre Dubois, deux « mauvais sujets » qui s’affichent sans complexe. Elle vit en réaction politique, morale et intellectuelle contre le règne du défunt roi Louis XIV. Voltaire, jeune libertin, fait déjà preuve de cet esprit critique qui sera le signe distinctif du siècle des Lumières.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

Chronique (1715-1743). La Régence.

« Sire, je viens rendre mes devoirs à Votre Majesté, comme le premier de ses sujets. Voilà la principale noblesse de votre royaume, qui vient vous assurer de sa fidélité. »1068

Philippe d’ORLÉANS (1674-1723), au petit Louis XV de 5 ans, 1er septembre 1715

Louis XV (1989), Michel Antoine.

Sa Majesté pleure à chaudes larmes, le jour de la mort de son arrière-grand-père Louis XIV, devant la foule des princes, princesses, ducs et pairs, maréchaux et grands officiers, évêques et autres courtisans venus en foule saluer le nouveau roi et le futur Régent, Philippe d’Orléans. Le feu roi se méfiait de ce neveu (…)

« Voici le temps de l’aimable Régence,
Temps fortuné marqué par la licence. »1069

VOLTAIRE (1694-1778), La Pucelle, chant XIII (posthume, 1859)

Le jeune libertin néglige ses études de droit et se fait une réputation de bel esprit dans les salons (…) Il salue le nouveau régime (…) L’arrivée du « bon Régent libère les mœurs d’une société lasse du rigorisme imposé par Mme de Maintenon à la cour, laquelle donnait le ton au pays. Cependant, la fête concerne les classes privilégiées, plus que le peuple (…)

« Il aura tous les talents, excepté celui d’en faire usage. »1070

Princesse PALATINE (1652-1722), parlant de son fils, le Régent, et « citant » avec humour la mauvaise fée venue lui jeter un sort, lors de ses couches. Histoire de France (1852), Augustin Challamel

(…) L’amour maternel ne l’aveugle pas sur son fils (…) Elle déplore ses mœurs indignes d’un Régent : il multiplie les blasphèmes, les beuveries et les bâtards, se plaisant en mauvaise compagnie (avec ses « roués », bons pour le supplice de la roue), soupçonné d’inceste (avec sa fille), de sorcellerie et d’empoisonnement (sur la personne de ses cousins) (…)

« Me voici donc en ce lieu de détresse,
Embastillé, logé fort à l’étroit,
Ne dormant point, buvant chaud,
Mangeant froid. »1071

VOLTAIRE (1694-1778), La Bastille (1717), Poésies diverses

Le Régent a fait embastiller l’insolent (…) Le Régent, Dubois (son principal ministre), les princes du sang, les ducs, les bâtards, le Parlement, chaque faction paie ses libellistes pour traîner dans la boue la faction adverse. L’impertinence devient un métier et l’esprit de Voltaire, tantôt courtisan, tantôt courageux et parfois les deux, excelle dans cette carrière.

« Monseigneur, je trouverais très doux que Sa Majesté daignât se charger de ma nourriture, mais je supplie Votre Altesse de ne plus s’occuper de mon logement. »1072

VOLTAIRE (1694-1778), au Régent qui vient de le libérer, 1718. Voltaire, sa vie et ses œuvres (1867), Abbé Maynard

François-Marie Arouet, 24 ans, prend alors le nom de Voltaire. La renommée s’acquiert en un soir au théâtre et il devient célèbre comme tragédien, avec son Œdipe (aujourd’hui injouable, comme toute son œuvre dramatique). Ce n’est que le début d’une longue vie mouvementée.

« Et ce prince admirable
Passe ses nuits à table
En se noyant de vin
Auprès de sa putain. »1073

Pamphlet (anonyme). Chansonnier historique du XVIIIe siècle (1879), Émile Raunié

L’impopularité du Régent s’exprime par des vers publiés ou chantés, rarement signés – prudence oblige. Aucun des princes qui vont gouverner la France n’échappera désormais à ce genre d’écrits. Louis XV le Bien-Aimé mourra haï du peuple. Et Marie-Antoinette, dauphine adulée, devenue reine, sera la cible de pamphlets par milliers (…)

« Parbleu ! voilà un foutu royaume bien gouverné, par un ivrogne, par une putain, par un fripon, et par un maquereau ! »1074

Philippe d’ORLÉANS (1674-1723) répondant à un ministre venu lui demander de signer un décret. L’Amour au temps des libertins (2011), Patrick Wald Lasowski

Le Régent (l’ivrogne) soupe et boit avec une de ses maîtresses préférées, Mme de Parabère (la putain), en compagnie de John Law (le fripon), banquier écossais qui fait la politique financière de la France, et de l’abbé Dubois (le maquereau), vénal et libertin, mais supérieurement intelligent, responsable de la politique extérieure sous la Régence (…)

« Tous les vices combattaient en lui à qui en demeurerait le maître. Ils y faisaient un bruit et un combat continuels entre eux. »1075

Duc de SAINT-SIMON (1675-1755), à propos de l’abbé Dubois, Mémoires (posthume)

On reconnaît le style du grand mémorialiste (…) Il juge ici un rival plus heureux que lui en politique, l’abbé Guillaume Dubois, ancien précepteur de Philippe d’Orléans : « L’avarice, l’ambition, la débauche étaient ses dieux ; la perfidie, la flatterie, les servages [manières de valet], ses moyens ; l’impiété parfaite son repos. » Dubois fut certes un intrigant, mais aussi un habile diplomate.

« Ce traité […] fut un bienfait pour les deux peuples et pour l’Europe. Il menait à la paix réelle, solide et sérieuse, pour laquelle le monde haletait depuis la fausse paix d’Utrecht qui n’avait rien fini. »1076

Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de France, tome XVII (1877)

Avis d’historien sur l’accord entre Georges Ier d’Angleterre et Philippe d’Orléans (…) il devient Triple Alliance avec l’adhésion des Provinces-Unies, puis Quadruple Alliance avec l’adhésion de l’empereur, le 2 août 1718. Une guerre brève contre l’Espagne met fin aux rêves de puissance militaire de Philippe V et à ses visées sur le royaume de France (…)

« On m’a aimé sans me connaître, on me hait sans me connaître encore ; j’espère me faire connaître et aimer dans peu. »1077

Philippe d’ORLÉANS (1674-1723), en 1718. Les Rois qui ont fait la France, Louis XV le Bien-Aimé (1982), Georges Bordonove

Il connaît sa réputation, toujours exécrable (…) mais son impopularité grandit pour des raisons politiques. Les nouvelles alliances déconcertent l’opinion anti-anglaise, cependant qu’un parti pro-espagnol infiltre toutes les classes. On ne sait pas assez gré au Régent du traité signé avec Georges Ier, qui va assurer la paix avec l’Angleterre plus de vingt ans (…)

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