Sully : « La couronne vaut bien une messe. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Naissance de la monarchie absolue (suite) - Règne d’Henri IV - La conversion.

Dieu sait que ce n‘est pas la première, mais c’est la dernière et la bonne ! Acte purement politique, de la part d’un roi sans conviction religieuse, mais décidé à s’imposer.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« La couronne vaut bien une messe. »623

Duc de SULLY (1560-1641), en 1593. Les Grandes Figures de l’histoire : Henri IV et l’Église (1875), Pierre Féret

Mot apocryphe, sans doute jamais dit par Henri IV (…) mais attribué à Sully, dans le recueil des Caquets de l’accouchée (1623). Qu’importe, il résume la situation de fait et l’état d’esprit du roi. Sully restera protestant. La religion d’un ministre des Finances n’a pas la même importance que celle du roi de France ! Henri IV fait donc annoncer sa prochaine conversion-abjuration (…)

« Faisant remontrance à M. le duc de Mayenne pour empêcher que sous prétexte de la religion, la couronne ne soit transférée en mains étrangères contre les lois du royaume. »624

Parlement de Paris, Arrêt dit « de la loi salique », 23 juin 1593 (…)

Maladresse de la Ligue et fait politique profitant à Henri IV : le roi d’Espagne Philippe II verrait bien sa fille l’infante Isabelle sur le trône de France. N’est-elle pas fille d’Élisabeth de Valois et donc petite-fille d’Henri II et de Catherine de Médicis ? Mais entre deux maux, il faut choisir le moindre : Henri IV, futur converti, est préférable à une étrangère (…)

« Ce sera dimanche que je ferai le saut périlleux. »625

HENRI IV (1553-1610), Lettre à Gabrielle d’Estrées, juillet 1593 (…)

Le Vert Galant lui écrit souvent, pour lui parler d’amour, très galamment et gaillardement. Il l’entretient ici de sa proche conversion. 25 juillet 1593 : les Parisiens se pressent à la basilique de Saint-Denis, pour assister à la cérémonie publique de l’abjuration royale. Le sacre se fera à Chartres, 27 février 1594, car Reims est encore aux mains des ligueurs. Henri IV devient Roi Très Chrétien.

« Tu fais le catholique
Mais c’est pour nous piper
Et comme un hypocrite
Tâche à nous attraper,
Puis, sous bonne mine,
Nous mettre en ruine. »626

Pamphlet ligueur (anonyme). La Satire en France ou la littérature militante au XVIe siècle (1886), Charles Félix Lenient

Ni la conversion ni le sacre ne peuvent rallier les catholiques irréductibles (baptisés parfois papistes) : les tentatives d’assassinat qui marqueront tout le règne d’Henri IV le prouvent assez.

« Recommandez-moi à votre maître, mais n’y revenez plus ! »627

HENRI IV (1553-1610), aux Espagnols quittant Paris, 22 mars 1594. Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1789 (1837), Henri Martin

4 000 soldats de Philippe II défilent, étendards levés, quittant Paris par la porte Saint-Denis, pour la plus grande joie des Parisiens. Paris, en la personne du prévôt des marchands et du gouverneur Brissac, lui ouvre ses portes. Le Parlement s’est rallié, les troupes royales prennent possession de la ville sans combattre, après avoir vainement essayé pendant cinq années !

« J’ai bien vu le roi, mais je n’ai pas vu Sa Majesté ! »628

Mme de SIMIER (XVIe siècle), à l’entrée d’Henri IV dans Paris, 22 mars 1594. Historiettes : mémoires pour servir à l’histoire du XVIIe siècle (posthume, 1834), Tallemant des Réaux

L’Entrée royale, événement majeur dans la vie d’une ville : une fête, un spectacle dont on imagine mal aujourd’hui le symbole et la magnificence. Quand c’est Paris qui se rend à son roi après cinq années de combat, c’est un fait historique à l’égal d’une victoire (…) Seule déception, celle des Grands (…) choqués à la vue du successeur, plus Béarnais que nature (…)

« À peine [Henri IV] fût-il rentré dans Paris qu’on ne vit plus que maçons en besogne. »629

Le Mercure français (1611). Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (1911), Ernest Lavisse, Paul Vidal de La Blache

C’est une ville dévastée qu’Henri IV a trouvée en 1594. La capitale va dans les quarante années qui suivent connaître un essor extraordinaire et doubler sa population. Les Valois préféraient le Val de Loire, les premiers Bourbons seront plus parisiens. Henri IV a eu assez de mal à entrer dans Paris, bien décidé à y résider et à s’occuper personnellement des travaux qui s’imposent (…)

« Il y a moins de risques à voyager dans une forêt vierge qu’à se trouver dans les rues de Paris, surtout quand les lanternes sont éteintes. »630

Thomas PLATTER le Jeune (1574-1628). Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (1911), Ernest Lavisse, Paul Vidal de La Blache

Suisse (…) de passage à Paris, il témoigne de cet aspect de la capitale, à la fin du XVIe siècle. Montaigne, quelques années plus tôt, quoique maire de Bordeaux et très attaché à son Sud-Ouest natal, parlait dans les Essais en amoureux de la capitale : « Je l’aime tendrement jusqu’à ses verrues et à ses taches ; je ne suis Français que par cette grande cité (…)

« Un peuple, c’est une bête qui se laisse mener par le nez, principalement les Parisiens. »631

HENRI IV (1553-1610), septembre 1594. Histoire du roi Henri le Grand (1664), Hardouin de Péréfixe

Henri IV (…) fut un meneur d’hommes. Mais la « bête » ne sera jamais complétement domestiquée par son maître. Au siècle de Louis XIV, la Fronde est une autre guerre contre l’État et, par la suite, Paris ne cesse de s’opposer, d’étonner le monde et d’effrayer le pouvoir, entre révolte et révolution, manifestation et résistance : « Paris qui n’est Paris qu’arrachant ses pavés… » (Aragon).

« Ventre Saint-Gris ! Comment ne pas être triste de voir un peuple si ingrat envers son roi, qui me dresse tous les jours de nouveaux attentats ! »632

HENRI IV (1553-1610), venant d’échapper à l’attentat de Jean Châtel, 27 décembre 1594 (…)

Le roi est chez sa maîtresse, Gabrielle d’Estrées. Il manque de peu d’être poignardé au cou, mais se redresse juste à temps (…) Aimé du peuple dont il se sent proche et auquel il parle familièrement comme jamais aucun roi avant, ni après, Henri IV reste la cible de fanatiques plus ou moins manipulés par les « vrais » catholiques ou protestants.

« Sire, vous n’avez encore renoncé Dieu que des lèvres, et il s’est contenté de les percer ; mais quand vous le renoncerez, alors il percera le cœur. »633

Agrippa d’AUBIGNÉ (1552-1630), à Henri IV, au lendemain de l’attentat de Châtel (…)

Le très fervent protestant regrette qu’Henri IV ait fait l’échange de Paris contre une messe – pour ne pas dire son âme. L’abjuration l’a indigné, l’édit de Nantes ne le satisfera pas, ne faisant que tolérer sa religion (…) Ironie de l’histoire, sa petite-fille (…) devenue femme de Louis XIV, contribuera à la révocation de l’édit de Nantes et aux persécutions contre les protestants.

« Lorsque Dieu m’a appelé à cette couronne, j’ai trouvé la France non seulement quasi ruinée, mais presque toute perdue pour les Français […] Par mes peines et labeurs, je l’ai sauvée de la perte. Sauvons-la, à cette heure, de la ruine ! »634

HENRI IV (1553-1610), Harangue aux notables de Rouen, 4 novembre 1596 (…)

Un conflit comme il y en a tant, entre le roi et les corps intermédiaires qui se veulent indispensables, avant d’être neutralisés par une monarchie devenant absolue. Henri IV a besoin d’argent, mais préfère ne pas en passer par les États généraux et leurs cahiers de doléances. Il a donc réuni une assemblée de notables normands (…)

« Hérétique point ne seras
De fait ni de consentement.
Tous tes péchés confesseras
Au Saint Père dévotement […]
En ce faisant te garderas
Du couteau de frère Clément. »635

Les Commandements d’Henri (1597) (…)

Les prétendus commandements sont au nombre de dix, dans ce pamphlet papiste en forme de parodie. Rappelons que frère Clément fut l’assassin d’Henri III. La conversion d’Henri IV semble suspecte aux ultra-catholiques, plus chrétiens que le pape qui finit par lui accorder son absolution (septembre 1595) (…)

« C’est assez fait le roi de France. Il est temps de faire le roi de Navarre ! »636

HENRI IV (1553-1610), à la marquise de Montceaux, 12 mars 1597 à Paris (…)

La veille, le 11 mars, les Espagnols ont pris Amiens par surprise. Le roi apprend la nouvelle, lors d’un ballet donné aux Tuileries. Il retrouve aussitôt la verdeur de sa jeunesse et son audace de battant. Le lendemain, le roi « s’en va-t-en guerre », pour défendre le royaume comme jadis, sa Navarre. Il faut six mois de siège pour reprendre Amiens (…)

« Ventre Saint-Gris ! Les Ducs de Bretagne n’étaient pas de petits compagnons ! »637

HENRI IV (1553-1610), qui rend ainsi hommage à ses derniers ennemis, devant l’impressionnant château fort de Nantes, 18 mars 1598 (…)

(…) Henri IV veut en finir avec la guerre civile, toujours soutenue par le roi d’Espagne. Le duc de Mercœur (maison de Lorraine), gouverneur de Bretagne, a pris la tête des derniers ligueurs et joue du particularisme breton resté très vif, pour tenter d’en faire une principauté indépendante. Il va finalement signer un traité de paix avec le roi, le 20 mars.

« Voilà de belles clefs ! Mais je préfère encore celles qui m’ouvrent le cœur des habitants ! »638

HENRI IV (1553-1610), au maire de Rennes qui lui remet les clefs de sa ville, 9 mai 1598 (…)

La pacification de la Bretagne s’achève devant Rennes, et sans plus de résistance. Il faut aussi en finir avec la guerre religieuse et c’est à Nantes que se tient cette année l’assemblée générale des députés protestants, réunis sans autorisation du roi (…) Ils n’ont que méfiance envers le roi renégat. Il va négocier habilement avec quatre de leurs représentants.

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