Révolution
Épilogue
Que penser, que dire à la fin de cette Chronique ?
C’est la seule période où l’Histoire en citations tient à montrer la diversité des jugements, aussi bien chez les témoins, contemporains de l’événement, que de la part des historiens et autres commentateurs plus ou moins partisans ou adversaires de cette incroyable, mais vraie Révolution.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
La parole aux contemporains
« Un heureux événement a tout à coup ouvert une carrière immense aux espérances du genre humain ; un seul instant a mis un siècle de distance entre l’homme du jour et celui du lendemain. »1622
(1743-1794), Œuvres complètes (posthume, 1804)
Parole de physiocrate, philosophe et mathématicien, autant que témoignage du député à la Législative et à la Convention. C’est la vision optimiste de la Révolution : l’homme nouveau naît de l’élan révolutionnaire, le peuple en est changé, « régénéré », la « régénération » allant de pair avec la Révolution et excluant tout retour en arrière. Condorcet croit au développement indéfini des sciences, comme au progrès intellectuel et moral de l’humanité. Girondin, arrêté sous la Terreur, il s’empoisonnera pour ne pas monter à l’échafaud.
« La Révolution française est l’événement le plus stupéfiant qui se soit jamais produit dans l’histoire du monde jusqu’ici. »1623
Edmund BURKE (1729-1797), Réflexions sur la Révolution en France (novembre 1790)
Le livre de cet Anglais est un best-seller de l’époque : 11 rééditions en un an. Pour ce premier théoricien de la contre-révolution, un monstre est né, l’ordre du monde est menacé, et d’abord la civilisation anglaise qui a vécu une sage révolution, restauratrice de la royauté, si loin de cette folie française de la « table rase ».
« La Révolution de France est une des grandes époques de l’ordre social. Ceux qui la considèrent comme un événement accidentel n’ont porté leurs regards ni dans le passé ni dans l’avenir. »1624
Mme de STAËL (1766-1817), Considérations sur les principaux événements de la Révolution française (1818)
La fille de Necker (ministre de Louis XVI) se penche sur ce passé récent, avec néanmoins un recul dans le temps – les « années Napoléon » furent une autre épreuve pour cette femme de tête et de cœur.
« Je n’ai jamais trouvé que l’on ait été trop loin ; mais j’ai toujours trouvé qu’on a été trop vite. »1625
Comtesse de GENLIS (1746-1830). Mme la comtesse de Genlis en miniature, ou Abrégé critique de ses mémoires (1826), Charles Louis de Sévelinges
Gouvernante des enfants de la famille d’Orléans, notamment du futur Louis-Philippe, Stéphanie Félicité du Crest de Saint-Aubin a beaucoup lu Rousseau et se montre d’abord favorable à la Révolution. Puis elle émigre (…) rentre en France en 1800 et sera nommée dame inspectrice des écoles primaires par Bonaparte (…) On lui doit d’innombrables ouvrages pédagogiques, romanesques, et dix volumes de Mémoires (…)
« Il faut avoir le courage de l’avouer, madame, longtemps nous n’avons point compris la révolution dont nous sommes les témoins, longtemps nous l’avons prise pour un événement. Nous étions dans l’erreur : c’est une époque ; et malheur aux générations qui assistent aux époques du monde ! »1626
Joseph de MAISTRE (1753-1821), Lettre à la marquise de Costa, 1794 (…)
Lettre écrite après un an d’exil en Suisse, terre d’asile pour beaucoup d’émigrés. Ce philosophe, magistrat et historien, fut d’abord acquis aux idées nouvelles (…) Les excès et les dérives le poussent dans le camp des contre-révolutionnaires. Bien des nobles ont dû penser ainsi. Les peuples heureux n’ont pas d’histoire, et la Révolution est l’époque la plus mémorable de l’histoire de France, pour le meilleur et pour le pire, avec un inventaire toujours à suivre.
« Ce qui distingue la Révolution française, et ce qui en fait un événement unique dans l’histoire, c’est qu’elle est mauvaise radicalement ; aucun élément de bien n’y soulage l’œil de l’observateur : c’est le plus haut degré de corruption connu ; c’est la pure impureté. »1627
Joseph de MAISTRE (1753-1821), Considérations sur la France (1796)
Deux ans après une lettre empreinte d’un certain fatalisme, le jugement de cet auteur – monarchiste, intégriste et catholique – se radicalise. Il dit aussi que « tout est miraculeusement mauvais dans la Révolution. »
« Des sottises faites par des gens habiles ; des extravagances dites par des gens d’esprit ; des crimes commis par d’honnêtes gens… Voilà les révolutions. »1628
Vicomte Louis de BONALD (1754-1840), Pensées sur divers sujets (1817)
Dans le camp des contre-révolutionnaires, aussi résolu que de Maistre, ce philosophe et sociologue est l’autre grand pourfendeur de l’athéisme et de la démocratie, défenseur de la monarchie et du catholicisme.
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