Dépassant la notion du destin et du devoir accompli (en chrétien, en roi, en soldat), voici une idée nouvelle : la mort acceptée, voire recherchée, dans la mesure où elle donne un sens à la vie.
Ce sentiment héroïque parcourt deux siècles de l’Histoire en citations. Nous lui consacrons deux jours, en donnant la parole à deux poètes engagés « à la vie, à la mort », deux prophètes en leur pays et au-delà.
Le plus formidable élan date de la Révolution. La révolution de 1848 lui fait écho, cependant que des révoltes ouvrières vont marquer le XIXe siècle.
« La Révolution leur criait : « Volontaires, Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères ! » Contents, ils disaient oui. « Allez, mes vieux soldats, mes généraux imberbes ! » Et l’on voyait marcher ces va-nu-pieds superbes Sur le monde ébloui. »1452
Le poète, particulièrement inspiré, oppose l’armée nationale et sa gloire immortelle à l’armée de métier (réduite à de basses besognes politiques, notamment lors du coup d’État du 2 décembre 1851).
On imagine mal aujourd’hui la force de cet élan révolutionnaire, pour sauver la patrie en danger (France en guerre, ennemis aux frontières, Paris menacé), mais aussi pour défendre le triptyque républicain : Liberté, Égalité, Fraternité.
L’historien Michelet, plus précis que le poète, n’est pas moins lyrique dans son Histoire de la Révolution : « Six cent mille volontaires inscrits veulent marcher à la frontière […] Ils restent tous marqués d’un signe qui les met à part dans l’histoire ; ce signe, cette formule, ce mot n’est autre que leur simple nom : Volontaires de 92. »
Mal équipés, pas formés, ces jeunes viennent de toute la France pour répondre aux appels passionnés de la République. 400 000 pour l’été et l’automne 1792, 300 000 de plus en février 1793. Mais le volontariat ne sera pas éternellement suffisant.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Par la voix du canon d’alarme, / La France appelle ses enfants.
« Allons, dit le soldat, Aux armes ! / C’est ma mère, je la défends. »
Mourir pour la patrie, / C’est le sort le plus beau, Le plus digne d’envie. »2128Auguste MAQUET, paroles, et Alphonse VARNEY, musique, Chant des Girondins (1847), entonné le 22 février 1848 au matin, place de la Concorde
Chœur tiré du Chevalier de Maison-Rouge, version théâtrale du roman historico-héroïco-révolutionnaire signé Dumas et Maquet. Triomphe, au soir de la première. Ce morceau va devenir « la Marseillaise de la Révolution de 1848 », chanté pour la première fois au matin du 22 février, par les Parisiens venus en masse à la Concorde. Prémices de la Deuxième République.
« Vivre libres en travaillant ou mourir en combattant. »2069
Cri célèbre de l’émeute des canuts et devise inscrite sur leur drapeau noir, symbole de l’anarchie, 22 novembre 1831
La révolte des ouvriers de la soie est d’origine économique et non politique. Les soyeux (fabricants) ne respectent pas le nouveau tarif des salaires. D’où les « trois glorieuses du prolétariat lyonnais » : grève, puis insurrection. Au matin du 22 novembre, les canuts de la Croix-Rousse se retrouvent sans le vouloir maîtres de Lyon, vidée de sa garnison qui risquait de pactiser avec les insurgés.
« Du travail ou la mort. Nous aimons mieux périr d’une balle que de faim. »2071
Réponse des ouvriers au préfet, fin novembre 1831
L’Hôtel de Ville de Lyon est occupé par les insurgés, de nouvelles troupes, commandées par le maréchal Soult et le duc d’Orléans, réoccupent la ville, expulsent 10 000 ouvriers, le 5 décembre 1831. Bilan : 171 morts civils, 170 militaires, 600 arrestations. Échec total de la première grande grève de l’histoire de France. Mais elle fera école.
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.
