Victor Hugo : « La Révolution leur criait : “Volontaires, Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères !” » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Révolution

Convention nationale (suite)

La République s’en va-t-en guerre pour libérer les peuples frères… mais le procès du roi va diviser l’Assemblée.

La Convention quasi unanime s’est lancée dans une guerre qui ressemble furieusement à une politique de conquête ! Dans un premier temps, 700 000 volontaires veulent aider les peuples frères à se libérer.

L’Europe des rois et des empereurs répond à la France révolutionnaire par une vaste coalition. Ce contexte belliqueux va peser sur toute la Révolution à suivre et coûter cher au pays.
Dans le même temps, le procès du roi va partager les députés de la Convention.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« La Révolution leur criait : “Volontaires,
Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères !”
Contents, ils disaient oui.
“Allez, mes vieux soldats, mes généraux imberbes !”
Et l’on voyait marcher ces va-nu-pieds superbes
Sur le monde ébloui. »1452

Victor HUGO (1802-1885), Les Châtiments (1853)

Il oppose l’armée nationale et sa gloire immortelle à l’armée de métier (réduite à de basses besognes politiques). Michelet n’est pas moins lyrique dans son Histoire de la Révolution : « Six cent mille volontaires inscrits veulent marcher à la frontière […] Ils restent tous marqués d’un signe qui les met à part dans l’histoire : Volontaires de 92. » (…) Mais le volontariat ne sera pas éternellement suffisant.

« La République française ne doit avoir pour bornes que le Rhin. »1453

Jacques-Pierre BRISSOT (1754-1793), Lettre à Dumouriez, 27 novembre 1792

Selon l’historien Albert Mathiez, « Brissot affublait du bonnet rouge la vieille politique monarchique des frontières naturelles ». Dès 1791, il affirmait que la Révolution doit être « expansionniste, sous peine d’être détruite ».

« Allons, avec la cocarde,
Aux tyrans, foutre malheur ;
Puis, allons à l’accolade,
Foutons-nous là de bon cœur.
Au diable toutes les frontières
Qui nous tenaient désunis,
Foutre, il n’est point de barrières
Sur la terre des amis. »1454

Jacques HÉBERT (1757-1794), Le Réveil du Père Duchesne, chanson. (…)

Couplet bien dans le ton du Père Duchesne, l’un des journaux les plus populaires de l’époque, distribué aux armées pour éveiller la conscience politique des soldats.

« Le terrain qui sépare Paris de Pétersbourg et de Moscou sera bientôt francisé, municipalisé, jacobinisé. »1455

Pierre-Gaspard CHAUMETTE (1763-1794), Hôtel de Ville, 16 novembre 1792. La Révolution française (1965), François Furet, Denis Richet

Avis d’un Montagnard de gauche, membre du club des Cordeliers, actif lors des massacres de septembre et qui finira guillotiné, dans la même charrette que les extrémistes hébertistes. La Convention décide bientôt d’appliquer aux territoires occupés la même législation qu’en France (…) D’où de graves difficultés, notamment en Belgique.

« Nous ne pourrons être tranquilles que lorsque l’Europe, et toute l’Europe, sera en feu. »1456

Jacques-Pierre BRISSOT (1754-1793), Lettre à Servant, 26 novembre 1792 (…)

Brissot se révèle au fil des lettres, des discours et des jours, l’un des plus constants partisans de la guerre, parmi les chefs girondins traditionnellement bellicistes. Mais les mêmes convictions se retrouvent dans toutes les tendances de l’assemblée, en cet automne combattant.

« Tout le monde veut bien de la République ; personne ne veut de la pauvreté ni de la vertu. »1457

SAINT-JUST (1767-1794), Discours sur les subsistances, Convention, 29 novembre 1792

Théoricien de la Révolution, élu à la Législative, mais trop jeune pour siéger, orateur à la fois raisonneur et enflammé, il représente le courant « pur et dur », avec son ami Robespierre dont il partage les idées et le sort, jusqu’à la mort. L’Ange de la Terreur va faire un grand usage du mot « vertu ».

« Je ne vois plus dans l’État que de la misère, de l’orgueil et du papier. »1458

SAINT-JUST (1767-1794), Discours sur les subsistances, Convention, 29 novembre 1792

Devant les mauvaises finances de la jeune République, il s’émeut non sans raison. La guerre coûte cher à la nation et l’assignat, monnaie de papier créée en septembre 1790, connaît une crise de confiance jugée antipatriotique, mais réelle. Sa valeur chute à chaque nouvelle émission. L’économie a ses lois que l’idéologie ignore.

« Citoyens, si un monarque est parmi vous plus difficile à punir qu’un citoyen coupable ; si votre sévérité est en raison inverse de la grandeur du crime et de la faiblesse de celui qui l’a commis, vous êtes aussi loin de la liberté que jamais ; vous avez l’âme et les idées des esclaves. »1459

ROBESPIERRE (1758-1794), Sur le parti à prendre à l’égard de Louis XVI, Convention, 3 décembre 1792

Il fallut d’interminables discussions juridiques pour que, malgré l’inviolabilité constitutionnelle et les réticences des Girondins, Louis soit déclaré jugeable, ce 3 décembre. Le procès commence une semaine après : victoire des Montagnards. Robespierre a l’occasion de développer sa rhétorique, dans un mélange de passion et d’abstraction. Ce discours est l’un des plus célèbres.

« La loi atteint sans peine les coupables sans appuis, à peine dans la durée des siècles a-t-elle pu frapper un roi. Et cependant, ce sont les crimes des rois qui enfantent tous les autres crimes, avec les passions lâches, et la misère. »1460

ROBESPIERRE (1758-1794), Sur le parti à prendre à l’égard de Louis XVI, Convention, 3 décembre 1792

(…) Allusion au cas, toujours cité sous la Révolution, du roi Charles Ier d’Angleterre, jugé, condamné à mort pour trahison, meurtre et tyrannie, décapité le 30 janvier 1649. En juillet dernier, Robespierre, légaliste, réclamait seulement la déchéance. Mais l’escalade révolutionnaire est telle que même le roi ne peut plus croire en cette issue (…)

« L’Assemblée nationale renferme dans son sein les dévastateurs de ma monarchie, mes dénonciateurs, mes juges et probablement mes bourreaux ! On n’éclaire pas de pareils hommes, on ne les rend pas justes, on peut encore moins les attendrir. »1461

LOUIS XVI (1754-1793), Lettre à Malesherbes écrite à la prison du Temple, décembre 1792. Lettre LXXI, non datée

La Convention s’est érigée en tribunal : le procès du roi se tient donc dans la salle du Manège, toujours ouverte au public, ce qui dramatise l’événement (…) Le roi écrit, même lettre : « Il faudrait s’adresser non à la Convention, mais à la France entière, qui jugerait mes juges, et me rendrait, dans le cœur de mes peuples, une place que je n’ai jamais mérité de perdre. » L’idée de l’appel au peuple (…) sera rejetée par la majorité de l’Assemblée (…)

« On a attaché tant de fausses idées à ce mot de roi, que tant qu’il ne sera pas proscrit de toutes les langues, l’esprit humain n’aura jamais qu’une théorie imparfaite de l’art social. »1462

Bertrand BARÈRE de VIEUZAC (1755-1841). Histoire des journaux et des journalistes de la Révolution française, 1789-1796 (1845), Léonard Gallois

Ces mots sont imprimés en 1790 : message prémonitoire. Constitutionnel modéré sous la Constituante, réélu à la Convention, Barère s’est rallié aux Montagnards, avant de se distinguer au cours de la Terreur. En attendant, et en tant que président de la Convention, c’est lui qui dirige le procès du roi (…)

« Foutre ! […] Il est bon que le peuple souverain s’accoutume à juger les rois. »1463

Jacques HÉBERT (1757-1794), Le Père Duchesne, décembre 1792

Le journal de Jacques Hébert (…) ne perd pas cette occasion de renchérir. Hébert s’exaspère de tant de lenteurs et craint que « le plus grand scélérat qui eût jamais existé reste impuni », entre jurons et injures contre les Conventionnels, les traîtres, l’« ivrogne Capet » et tous les « capons ».

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