Voltaire : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais... » | L’Histoire en citations
 Voltaire Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites
Citation du jour

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »1031

VOLTAIRE (1694-1778), citation apocryphe

Voltaire est toujours d’actualité et fut même best-seller en 2015 pour son Traité sur la tolérance, suite aux  attentats de Paris

Cette phrase non sourcée, sans doute jamais écrite mais peut-être dite, reflète parfaitement l’homme, sa pensée, sa vie et même son style. D’où la fortune historique et somme toute méritée de cette citation apocryphe.

« Écrasons l’infâme. »1020

VOLTAIRE (1694-1778)

Dictionnaire de français Larousse, au mot « infâme »

Formule souvent reprise, idée fixe en forme de signature parfois abrégée (Ecr.L’inf,) notamment dans ses lettres à d’Alembert et autres encyclopédistes

L’infâme, c’est l’intolérance essentiellement religieuse et sous toutes ses formes, la superstition, le fanatisme, ce contre quoi il s’est battu toute sa vie. Flaubert écrira (Correspondance) : « J’aime le grand Voltaire autant que je déteste le grand Rousseau… Son « Écrasons l’infâme » me fait l’effet d’un cri de croisade. Toute son intelligence était une machine de guerre. »

« Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent. »1023

VOLTAIRE (1694-1778), Zadig ou la destinée (1747)

Ainsi parle Zadig, « celui qui dit la vérité », alias Voltaire, dans ce conte souvent cité, même par ceux qui ne l’ont jamais lu ni vu. La Révolution qui mettra au Panthéon le grand homme (seul à partager cette gloire avec Rousseau) honore l’infatigable combattant pour que justice soit faite, bien davantage que le philosophe réformateur.

Dans son Dictionnaire philosophique et en divers essais, il se bat pour une réforme de la justice, dénonce les juges qui achètent leurs charges et n’offrent pas les garanties d’intelligence, de compétence et d’impartialité, se contentant de présomptions et de convictions personnelles. Il réclame que tout jugement soit accompagné de motifs et que toute peine soit proportionnelle au délit – ce qui nous semble évident, aujourd’hui !

« On dit que cet infortuné jeune homme est mort avec la fermeté de Socrate ; et Socrate a moins de mérite que lui : car ce n’est pas un grand effort, à soixante et dix ans, de boire tranquillement un gobelet de ciguë ; mais mourir dans les supplices horribles, à l’âge de vingt et un ans… »1180

VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à M. le Comte d’Argental, 23 juillet 1766, Correspondance (posthume)

chevalier de la BarreIl prend ici parti pour le chevalier de la Barre : accusé sans preuve de blasphèmes, chansons infâmes et profanations, et de ne pas s’être découvert lors d’une procession de la Fête-Dieu, il fut condamné à avoir la langue coupée, la tête tranchée, le corps réduit en cendres avec un exemplaire du Dictionnaire philosophique trouvé chez lui, le 1er juillet 1766. C’est dire si l’auteur, défenseur des droits de l’homme, se sent doublement concerné !

Comme pour Calas, négociant protestant, victime d’une des plus graves erreurs judiciaires du siècle, Voltaire va demander la révision du jugement et l’obtenir. À 60 ans passés, malgré une santé fragile, il sait abandonner une œuvre en cours, pour sauver un innocent, ou du moins sa mémoire. Alors que Rousseau, auteur de l’Émile, traité sur l’éducation, abandonne à l’Assistance publique les cinq enfants qu’il fait à une servante illettrée.

« Il faut bien quelquefois se battre contre ses voisins, mais il ne faut pas brûler ses compatriotes pour des arguments. »1030

VOLTAIRE (1694-1778), Lettres philosophiques, ou Lettres anglaises (1734)

L’auteur admire le régime anglais qu’il eut tout loisir d’étudier, en trois ans d’exil pour cause d’insolence, au début de sa vie. Il expose les leçons que la France peut prendre en maints domaines (religion, économie, politique), à une époque où le catholicisme est religion d’État et la monarchie dite « de droit divin ». Les « Lumières » du XVIIIe siècle viennent cette fois d’outre-Manche et la raison est simple : « S’il n’y avait en Angleterre qu’une religion, le despotisme serait à craindre ; s’il y en avait deux, elles se couperaient la gorge ; mais il y en a trente, et elles vivent en paix et heureuses. »

Cela dit et écrit, il ne faut pas croire que Voltaire soit un athée. Au contraire, « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. » (Épîtres). Disons que sa tolérance fait de lui un fervent laïc et un défenseur de toutes les libertés – de croire et de ne pas croire et de s’exprimer.

Voltaire n’est pas pour autant un « saint laïque » et peut nous paraître très « politiquement incorrect ». Portrait à suivre, demain.

Siècle des Lumières

 

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Commentaires (3)

  • anon

    Sur la citation : « Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent. » je suis entièrement d'accord. Par contre l'abolition de la peine de mort change la donne, car désormais une erreur judiciaire n'est plus irréparable. Une petite nuance qui ne change rien sur le fond...

    3 février 2016
  • anon

    La tolérance, un sujet qui est d'"actu" plus que jamais !
    Vive donc ce Voltaire, et l'Histoire, quand elle nous donne ce genre de témoignage. On attend demain, l'autre Voltaire "politiquement incorrect"...

    3 février 2016
  • anon

    Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. Cette phrase résume à elle seule l'esprit de la civilisation occidentale avec toute les valeurs qu'elle est censée véhiculer et défendre

    7 février 2016

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