Troisième République
La question religieuse
Les débats sur l’enseignement libre et la séparation des Églises et de l’État déchaînent les passions, cependant que le peuple manifeste son anticléricalisme militant aux cris de « À bas la calotte ! », « Vive la sociale ! » Les républicains de gauche (radicaux) prennent le pouvoir en 1902 : anticléricaux, ils font voter la loi sur la séparation des Églises et de l’État (1905), dont l’application brutale révolte les catholiques.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Vous avez à choisir entre Jésus et Barabbas ! »2533
Parole d’un prédicateur
Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux.
Fin janvier 1902, de nouveaux débats sur l’enseignement libre et la séparation des Églises et de l’État font renaître une guerre de religion entre Français.
« De vous à moi, il n’y a pas tant de différence.
— Il y a toute la question religieuse. »2534Raymond POINCARÉ (1860-1934), à Charles BENOIST (1861-1936). La Démocratie religieuse (1921), Charles Maurras
Poincaré, député de la Meuse, partisan de la laïcité, s’oppose à Charles Benoist, député de Paris, défenseur des congrégations enseignantes. Mais Poincaré, qui n’a pas l’anticléricalisme du bloc des gauches, fait figure de modéré. Ce clivage religieux gêne les alliances indispensables pour former les gouvernements, les radicaux au pouvoir devant faire face aux oppositions de droite comme de gauche.
La loi de Séparation occupe l’année 1905 : 48 séances de discussion à la Chambre des députés qui vote finalement le 3 juillet (…)
« Qu’est-ce qui les sépare ? Leurs idées. Ils en ont si peu. »2535
Georges CLEMENCEAU (1841-1929), ironisant à la vue de deux députés fâchés à mort, ce qui ne les empêche pas de trinquer à la buvette du Palais-Bourbon. Nouveaux paysages de campagne (1997), Philippe Alexandre
(…) Modérée, puis radicale, la Troisième République a créé tout à la fois les règles du jeu parlementaire et le métier de député comme de ministre. Décriée, souvent compromise par les crises, scandales et autres affaires, elle constitue un étrange microcosme de camaraderie et de rivalités, voire de haines.
« Envions-le [Zola], sa destinée et son cœur lui firent le sort le plus grand : il fut un moment de la conscience humaine. »2536
Anatole FRANCE (1844-1924), Éloge funèbre d’Émile Zola, 5 octobre 1902. Réhabilitation d’Alfred Dreyfus par la Chambre des députés [en ligne], Assemblée nationale
Discours prononcé au cimetière de Montmartre, lors de l’enterrement de Zola. Anatole France fait naturellement allusion au combat mené par son confrère pour que la vérité éclate enfin dans l’affaire Dreyfus. Lui-même fit partie de ces intellectuels engagés dans le camp des « révisionnistes ».
« Ils m’ont étranglé avec la cravate. »2537
Clément ADER (1841-1925). Lettre ouverte à mon grand-père qui avait le tort d’avoir raison (1995), Marcel Jullian
Pionnier de l’aviation avec le premier vol au monde de un mètre de haut sur cinquante de long, sur Éole I, petit monomoteur, en octobre 1890. Une nouvelle démonstration au camp de Satory en 1897 échoue en raison d’un vent violent, et le ministre de la Guerre ne donne pas suite à sa commande. L’ingénieur et inventeur renonce en 1903, découragé par l’incompréhension des politiques.
Il a ce mot bien plus tard, quand on veut le consoler avec la « cravate » en le nommant commandeur de la Légion d’honneur. Louis Blériot vengera Ader en traversant la Manche en avion (juillet 1909), et Roland Garros, la Méditerranée (septembre 1913).
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