Clemenceau : « Il est plus facile de faire la guerre que la paix. » | L’Histoire en citations
Clemenceau : « Il est plus facile de faire la guerre que la paix. »
Citation du jour

Second Empire citationsL’après-guerre immédiate marque le crépuscule politique de Clemenceau. Il devient le « Perd la Victoire », empêtré dans la politique au quotidien, le jeu des partis, dans un pays en ruines à reconstruire, avec une situation économique et financière dramatique.

Feuilletez notre Chronique sur la Troisième République pour tout savoir.

« Il est plus facile de faire la guerre que la paix. »2633

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours de Verdun, 14 juillet 1919

Discours de paix (posthume), Georges Clemenceau.

Le Père la Victoire est toujours à la tête du gouvernement d’une France épuisée par l’épreuve des quatre ans de guerre, même si une minorité artiste et privilégiée fête la décennie des « Années folles » d’après guerre.

Le vieil homme est devenu le « Perd la Victoire » : piètre négociateur au traité de Versailles signé le 28 juin, il a laissé l’Anglais Lloyd George et l’Américain Wilson l’emporter sur presque tous les points. Et il ne sera pas président de la République comme il l’espérait, l’Assemblée préférant voter en 1920 pour un homme qui ne lui portera pas ombrage. Même à 79 ans, le « Tigre » fait toujours peur à ses confrères.

Les paroles de Clemenceau sont prophétiques d’une autre réalité qui marque les vingt ans à venir : « L’Allemagne, vaincue, humiliée, désarmée, amputée, condamnée à payer à la France pendant une génération au moins le tribut des réparations, semblait avoir tout perdu. Elle gardait l’essentiel, la puissance politique, génératrice de toutes les autres » (Pierre Gaxotte, Histoire des Français).

« La victoire annoncée n’est pas encore venue et le plus terrible compte de peuple à peuple s’est ouvert : il sera payé. »2610

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours au Sénat, 17 septembre 1918

C’était le tout dernier appel au combat du Père la Victoire. Le recul des armées allemandes permettait de constater l’étendue des dévastations : plus de 800 000 immeubles détruits en tout ou partie, 54 000 km de routes à refaire, des milliers de ponts à reconstruire. Rappelons aussi le bilan humain, vertigineux. Pour les seuls Français : sur 8,4 millions de soldats mobilisés, près de 4 millions de blessés (et la moitié deux fois ou plus), parmi lesquels 1 million d’invalides permanents (dont 56 000 amputés, 65 000 mutilés fonctionnels). Et 1,4 million de morts et disparus, soit 10 % de la population active du pays. Il faut ajouter la mortalité chez les civils, due aux privations et à l’épidémie de grippe espagnole qui double le compte des morts. Proportionnellement au nombre d’habitants, la France est le pays qui a le plus souffert de la guerre.

En Europe, la Grande Guerre aura fait 18 millions de morts, 6 millions d’invalides, plus de 4 millions de veuves et deux fois plus d’orphelins.

« L’Allemagne paiera. »2635

Axiome lancé après la Grande Guerre, slogan du Bloc national pour les élections législatives du 16 novembre 1919

C’est aussi la réponse de Clemenceau, chef du gouvernement, interpellé sur les difficultés de la reconstruction. Avec la confirmation de Klotz, son ministre des Finances : « L’Allemagne paiera. » « Et jusqu’au dernier penny ! », renchérit Lloyd George, le Premier ministre anglais, poussé par son opinion publique.

L’Allemagne paiera, oui, mais mal : le paiement de la dette est un long et décevant feuilleton. En 1921, le montant des réparations, après discussions, est fixé à 85,8 milliards de francs (pour la France). L’Allemagne ne paiera que 5 milliards – étalés dans le temps. Le président Hoover impose un moratoire de la dette allemande en 1932, soucieux de sauvegarder le pouvoir d’achat d’un bon client, et de prévenir toute tentation communiste de sa part.

Mais l’axiome va justifier les prodigalités financières du Bloc national issu des élections. Comptant sur ces réparations, l’État multiplie les dépenses publiques et les finance par l’emprunt au lieu de l’impôt. L’accroissement considérable de la dette publique et de la monnaie en circulation engendre l’inflation : prix multipliés par 6,5 de 1914 à 1928 ! Le franc Poincaré sauvera heureusement les finances et l’économie française.

« Nous voterons pour Deschanel en criant « vive Clemenceau ! ». »2636

Exclamation d’un député. La Vie politique sous la IIIe République : 1870-1940 (1984), Jean-Marie Mayeur

Qui va remplacer Poincaré en fin de septennat à la présidence de la République ? Clemenceau, président du Conseil, souhaite être élu, mais ne pose pas officiellement sa candidature, laissant ses amis la proposer. Par son intransigeance, il s’est fait des ennemis aussi bien à gauche qu’à droite et le Bloc national lui préfère Paul Deschanel (que Clemenceau avait battu en duel en 1894), élu le 18 février 1920. La France en paix pense pouvoir se passer d’un homme fort et la règle du jeu politique éloigne de la présidence tout personnage risquant de porter ombrage au pouvoir parlementaire.

Le vieux Tigre de 79 ans vivra encore près de dix années, passées à écrire et à voyager.

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