Clemenceau : « Je vous promets une de ces crises. » | L’Histoire en citations
Clemenceau : « Je vous promets une de ces crises. »
Citation du jour

Second Empire citationsDéputé (radical) depuis 1876, Clemenceau incarne la gauche pure et dure dans l’échiquier politique, ayant rompu avec Gambetta et les républicains opportunistes au pouvoir. « Le Tigre » est de tous les (justes) combats et mérite son autre surnom, « tombeur de ministères ». Voici, vu et vécu par lui, quatre exemples des « crises » qui ébranlent le régime et défraient la chronique, du simple scandale à l’Affaire (Dreyfus).

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« Je vous promets une de ces crises comme on n’en a pas encore vu dans le monde parlementaire ! »2489

Georges CLEMENCEAU (1841-1929)

L’Affaire Wilson et la chute du président Grévy (1936), Adrien Dansette.

La corruption, tant reprochée aux (républicains) opportunistes qui sont au pouvoir, atteint la famille du président Jules Grévy. Son gendre, Daniel Wilson, est accusé d’avoir créé à l’Élysée un « ministère des Recommandations et Démarches ». Bien entendu, il fait payer ses services. Ce juteux trafic des décorations porte notamment sur la Légion d’honneur. Clemenceau le « tombeur de ministères » ne va pas rater cette occasion. Le gouvernement, qui a soutenu Daniel Wilson, est renversé le 20 novembre 1887. Et le président de la République est forcé de démissionner.

« Mon patriotisme est en France ! »2478

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Chambre des députés, 30 mars 1885

Le « Tigre » fait bloc avec les adversaires de Jules Ferry (détesté aussi de la droite) : « Nous ne vous connaissons plus, nous ne voulons plus vous connaître. Ce ne sont plus des ministres que j’ai devant moi… Ce sont des accusés de haute trahison sur lesquels, s’il subsiste en France un principe de responsabilité et de justice, la main de la loi ne tardera pas à s’abattre. » Pour Clemenceau, la politique coloniale est « trahison » : elle détourne la France de la ligne bleue des Vosges et rend impossible la revanche contre l’Allemagne. Le pays n’est pas assez riche en hommes et en crédits pour se battre sur deux fronts à la fois : l’Alsace-Lorraine et des terres lointaines. Le ministère Ferry est renversé.

« La popularité du général Boulanger est venue trop tôt à quelqu’un qui aimait trop le bruit. »2481

Georges CLEMENCEAU (1841-1929). Le Boulangisme (1946), Adrien Dansette

Boulanger est imposé au gouvernement le 7 janvier 1886 par les radicaux, Clemenceau en tête, qui va le regretter. Nouveau ministre de la Guerre, le « brav’général Boulanger se rend populaire dans l’armée par diverses réformes qui améliorent l’ordinaire du conscrit. Sa popularité gagne les rangs des innombrables mécontents du régime. Défilé du 14 juillet 1886, première apothéose de son irrésistible ascension. Le boulangisme est un populisme revenchard et Clemenceau voit venir un nouveau Bonaparte qui fait campagne électorale avec le mot d’ordre : « Dissolution, Révision, Constituante ». Un coup d’État menacerait la République.

« Il est mort comme il a vécu : en sous-lieutenant. »2499

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), apprenant le suicide du général Boulanger sur la tombe de sa maîtresse à Ixelles (Belgique), le 30 septembre 1891

L’épitaphe est cinglante, mais la fin du « Brave Général » qui fit trembler la République est un fait divers pitoyable Accusé de complot contre l’État, craignant d’être arrêté, il s’est enfui à Londres, puis à Bruxelles, avec sa maîtresse (Madame de Bonnemain, de mèche avec la police). Son prestige s’effondre aussitôt, la Haute Cour de justice le condamne par contumace à la déportation… La femme meurt du mal du siècle (la phtisie), le 16 juillet 1891. Sur sa tombe, fou d’amour, le général fait graver ces mots : « Marguerite… à bientôt ». Le 30 septembre, il revient se tirer une balle dans la tête, pour être enterré dans la même tombe où l’on gravera : « Ai-je bien pu vivre deux mois et demi sans toi ? »

« J’accuse. »2517

Émile ZOLA (1840-1902), titre de son article en page un de L’Aurore, 13 janvier 1898

L’Aurore est le journal de Clemenceau et le titre est de lui. La campagne de presse va permettre de faire triompher la vérité, contre l’antisémitisme et le pouvoir militaire.

L’article en forme de lettre ouverte au président de la République Félix Faure est de Zola, romancier le plus populaire (après Hugo) qui s’engage avec une minorité d’intellectuels dreyfusards : il accuse deux ministres de la Guerre, les principaux officiers de l’état-major et les experts en écriture d’avoir « mené dans la presse une campagne abominable pour égarer l’opinion », et le Conseil de guerre qui a condamné Dreyfus, d’« avoir violé le droit en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète ». Le ministre de la Guerre, général Billot, intente au célèbre écrivain un procès en diffamation. L’Affaire Dreyfus va diviser la France jusqu’à la Grande Guerre et bien au-delà. C’est la crise de régime la plus grave, sous la Troisième République.

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