Malherbe : « Certes c'est à l'Espagne à produire des Reines Comme c'est à la France à produire des Rois. »

Entre Henri IV le Vert Galant et Louis XIV célèbre pour ses maîtresses, Louis XIII fait mentir le tempérament des Bourbons au long nez et au sang bouillonnant. Aucune favorite à son actif ! Son mariage espagnol avec Anne d’Autriche fera jaser pour d’autres raisons, mais la raison d’État s’impose à lui comme aux autres et le très jeune roi se soumet.

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« Certes c’est à l’Espagne à produire des Reines Comme c’est à la France à produire des Rois. »

François de MALHERBE (1555-1628), Sur le mariage du Roi et de la Reine (1615)

Le poète officiel salue le mariage espagnol : Louis XIII épouse à Bordeaux Anne d’Autriche (fille de Philippe III d’Espagne et de l’archiduchesse Marguerite d’Autriche). La nuit de noces, devant témoins suivant la coutume, se passe mal. Les deux adolescents ont à peine 14 ans et la répulsion de Louis pour l’infante Anne entraînera une longue inhibition : ils n’auront un enfant qu’au bout de vingt-trois ans et il n’est pas sûr que Louis XIII soit le père de Louis XIV.

Ce mariage, comme tous les mariages royaux, obéit à la raison d’État. Il a été arrangé pour faire alliance avec la très catholique Espagne, dans le cadre de la politique antiprotestante chère à la reine mère et au parti dévot.

« À Dieu ne plaise que l’adultère entre jamais en ma maison ! »680

LOUIS XIII (1601-1643), alors qu’on lui montre une jeune femme fort belle. La Revue de Paris, volume XVII (1910), Marc Le Goupils

À ce roi dont le mariage est un échec conjugal, à cet homme très pieux, peu porté sur les plaisirs de l’amour et plus enclin à s’entourer d’hommes, on ne prête qu’un seul amour véritable : Louise de La Fayette, aussi belle que spirituelle, fille d’honneur de sa femme Anne d’Autriche. Le cardinal de Richelieu, qui a provoqué sa rencontre avec le roi en 1635, espère son aide pour influencer Louis XIII. Mais Louise refuse de mêler la politique à l’amour et le cardinal la force à entrer au couvent de la Visitation, en 1637.

« Ici rien pour la nature. Dieudonné est le fils de la raison d’État. »726

Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de France, tome XIV (1877)

L’historien remet l’événement en perspective. La très longue stérilité du mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche faisait craindre pour la succession. « L’enfant apparut au moment où la mère se croyait perdue si elle n’était enceinte. Il vint exprès pour la sauver. »

Le roi étant peu empressé auprès de la reine, les bonnes âmes murmurent les noms d’amants supposés (comme le comte de la Rivière). Un doute planera toujours sur la filiation entre Louis XIII le Juste et ce petit Dieudonné qui deviendra Louis XIV le Grand. Récemment, une équipe franco-espagnole de scientifiques a cependant confirmé la filiation, par l’ADN. D’Henri IV à Louis XVI, même héritage génétique et fi des ragots, soupçons et autres « Fake News », rebaptisées « infox » en nouveau français.

« Je plains le sort de la Reine ;
Son rang la contraint en tout ;
La pauvre femme ose à peine
Remuer quand on la f… »762

Le Frondeur compatissant, mazarinade

Dès la mort de Louis XIII dont les chansons célébrèrent les insuffisances conjugales, on soupçonne les relations d’Anne d’Autriche, « cette pute de Reine », avec « Mazarin ce bougeron ».

Michelet rapporte, dans son Histoire de France : « Mazarin commença dès lors l’éducation de la reine, enfermé toutes les soirées avec elle pour lui apprendre les affaires. La cour, la ville ne jasaient d’autre chose. » On jasa beaucoup, on supposa tout, y compris un mariage secret. Anne d’Autriche nia toujours, assurant même que Mazarin « n’aimait pas les femmes », mais laissa gouverner le cardinal, mieux qu’elle n’avait jadis laissé régner son royal époux.

Et l’Histoire continue, au Siècle de Louis XIV.