Mitterrand : « J'aime la France d'une façon charnelle... » | L’Histoire en citations
Mitterrand : « J'aime la France d'une façon charnelle... »
Citation du jour

citations histoire Mitterrand s’est forgé une stature politique en s’opposant systématiquement au plus grand adversaire de son temps : de Gaulle, revenu au pouvoir en 1958 et créateur de la Cinquième République.

Feuilletez la Chronique sur la Ve République pour en savoir plus.

« J’aime la France d’une façon charnelle. Lorsqu’on me disait : « Est-ce que vous avez une certaine idée de la France ? » Je disais : « Non, ce n’est pas abstrait chez moi, je vis la France dans mes veines, je la sens avec mon odorat. » »3098

François MITTERRAND (1916-1996), émission « Bouillon de culture », France 2, 14 avril 1995

Un mois avant le terme de son second septennat, le président s’oppose encore à de Gaulle et à la première phrase des Mémoires : « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. » Grand intellectuel, auteur d’essais bien écrits de sa plume, Mitterrand est également un sensuel, jouisseur (plus ou moins ouvertement) de toutes les choses de la vie, plaisirs de la table, beauté des paysages, balades landaises avec son labrador noir, longues marches dans Paris, convivialité entre amis, conquêtes féminines… Quant à l’amour charnel pour la France, il se retrouve chez nos rois, à commencer par Henri IV.

« Régime oblige : le pouvoir absolu a des raisons que la République ne connaît pas. »3101

François MITTERRAND (1916-1996), Le Coup d’État permanent (1964)

Par ce pamphlet, son meilleur livre selon lui, il prend date avec l’Histoire, imaginant son propre destin à travers une opposition irréductible au gaullisme : contre la création du RPF, un parti trop attaché à la défense du grand homme, contre sa politique européenne, contre sa position vis-à-vis des colonies, de l’Algérie…

« Qu’appelez-vous pouvoir ? Un logement dans un palais ? Le grand cordon de la Légion d’honneur ? Le droit de grâce régalien ? La curiosité des foules ? La maîtrise des décrets ? Les hommes qui se courbent ? Les hommes qui se couchent ? La télévision à la botte ? La chasse au lièvre, au tigre, au pauvre ? […] Le doigt sur le bouton de la guerre atomique ? Un Président qui règne, qui gouverne, qui juge, qui légifère, qui commente lui-même les nouvelles qu’il inspire, monarque souverain d’un pouvoir absolu ? J’ai prononcé le mot qu’il fallait taire, l’absolu. »3102

François MITTERRAND (1916-1996), Ici et maintenant (1980)

Ayant perdu contre de Gaulle en 1965 et contre Giscard en 1974, il fournit ses clés pour (se) comprendre, savoir où il en est et où il veut aller. Un an plus tard, il a enfin ce pouvoir « absolu », lui imprimant une marque personnelle qui l’oppose au giscardisme, plus qu’au gaullisme. Remarquons le style Mitterrand, dernier président ayant cette tradition littéraire.

« Outre son talent littéraire incontestable, ce qui m’a toujours frappé chez François Mitterrand, c’est l’extraordinaire patience qui lui a permis de rester vingt-trois ans dans l’opposition à attendre son heure, la capacité qu’il a de rebondir dans les situations les plus compliquées, son goût subtil pour les jeux les plus raffinés de la politique. Je l’ai qualifié, quand il était chef de l’opposition, de « Prince de l’Équivoque », propos qui n’était point dépourvu d’une part d’admiration. »3105

Raymond BARRE (1924-2007), Questions de confiance. Entretiens avec Jean-Marie Colombani (1988)

« Laisser du temps au temps », précepte mitterrandien emprunté à Cervantès (« Dar tiempo al tiempo »). La longue marche vers le pouvoir d’un professionnel de la politique a pu surprendre cet universitaire jamais rompu à ces jeux.

« Cet homme est un mystère, habité par mille personnages, du tacticien sceptique au socialiste saisi par la ferveur. On a beaucoup dit que François Mitterrand était insaisissable ; il n’est simple ni à déchiffrer ni à défricher. À la fois personnage authentique et artiste en représentation. »3106

Franz-Olivier GIESBERT (né en 1949), François Mitterrand ou la Tentation de l’histoire (1977)

Sphinx, Florentin, Machiavel, Prince de l’équivoque ou de l’esquive, ces surnoms reviennent sans fin sous la plume des observateurs. Ils qualifient ses volte-face idéologiques de « convictions moirées ». Le président au pouvoir ne fait rien pour lever le voile, cultivant un certain silence, usant d’un sens inné du secret et n’abusant pas du petit écran.

« Je dissimule, je biaise, j’adoucis, j’accommode tout autant qu’il est possible. »3104

François MITTERRAND (1916-1996). Les Années Mitterrand (1986), Serge July

Autoportrait, lors de l’affaire du Rainbow Warrior en 1985. Cette stratégie dépasse l’événement. Qualité ou défaut, ce trait de caractère frappe tous les observateurs. Cet opportunisme n’exclut pas des convictions fortes et des positions rigides, sur quelques thèmes : l’Europe, la peine de mort, la politique culturelle, certaines valeurs de la gauche.

« Le 10 mai, les Français ont franchi la frontière qui sépare la nuit de la lumière. »3211

Jack LANG (né en 1939), ministre de la Culture, présentant son budget (en forte hausse) le 17 novembre 1981

Formule célèbre et quelque peu moquée, d’un personnage aussi lyrique que médiatique. Dans le même esprit, le même élan, Pierre Mauroy, fervent Premier ministre : « C’est une aube nouvelle qui se lève. Avec nous, la vérité voit le jour. » Chevènement, sérieux ministre de la Recherche et de l’Industrie, fait chorus : « Si nous n’étions pas arrivés, la France était condamnée à disparaître en 1990. » Oserait-on encore ce genre de déclarations ?

« La France est notre patrie, l’Europe est notre avenir. »3279

François MITTERRAND (1916-1996), campagne pour les élections européennes de juin 1989

Prononcés en janvier 1989, mots souvent repris, pour devenir citation. L’Europe est plus que jamais l’avenir, même si la foi européenne n’est plus ce qu’elle était. La fin du communisme et la critique du capitalisme laissent ouvert un vaste chantier, avec la question de l’identité européenne, des frontières, des migrants.

« Rappelez-vous ce mot de Napoléon Ier : « Tout État fait la politique de sa géographie. » »3289

François MITTERRAND (1916-1996), émission « 7 sur 7 », TF1, 25 mars 1990

Mitterrand est connu pour sa culture générale, rien d’étonnant à voir une citation et une référence historiques, dans ce discours politique contemporain.

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