30 mai 1778. Mort de Voltaire qui va droit au Panthéon, comme Hugo : « Voltaire alors régnait, ce singe de génie / Chez l’homme en mission par le diable envoyé. » (Les Rayons et les ombres, 1840).
L’hommage nuancé s’explique : si différents qu’ils soient, les deux hommes furent à l’image de leur siècle, entrant dans la légende après s’être jetés dans toutes les luttes.
Même présentation des citations sans commentaire. Cette exception à la règle de l’Histoire en citations a bien marché avec Hugo. Mais cette fois, il faut contextualiser.
On ne lit plus Voltaire (œuvre monumentale, 50 volumes aux éditions Garnier), on n’apprend pas sa poésie (250 000 vers pas mémorables), on ne joue pas ses tragédies (injouables), on se perdrait dans sa Correspondance (20 000 Lettres) pour y chercher les perles. Si la star de son temps reste populaire (plus que Montesquieu, Diderot et Rousseau), ce n’est pas un classique de la littérature.
C’est un philosophe, il vaut par sa pensée, comme ses confrères. C’est aussi notre premier intellectuel engagé, personnage complexe et contradictoire, doué d’un humour ravageur. Pour le faire connaître, nous mettons le Siècle des Lumières en accès libre. Valable une semaine, l’offre ne sera pas étendue à d’autres chroniques. Profitez-en ! D’un clic, tout vous est donné, la philosophie des Lumières, les amours de Louis XV, l’arrivée au pouvoir de Louis XVI, les heurs et malheurs de Marie-Antoinette, la Révolution en marche, etc.
Premier jour : philosophie de vie au quotidien et jugement sur l’homme qui incarne ce siècle des Lumières.
À télécharger pour tout savoir.
« Cultivons notre jardin. »1021
VOLTAIRE (1694-1778), Candide (1759). Égoïste ou écolo en son village de Ferney ? Il faut lire au-delà du conte et de sa conclusion.
« Je sème un grain qui pourra produire un jour une moisson. »1176
VOLTAIRE (1694-1778), Traité sur la tolérance (1763). Et 100 000 exemplaires vendus, après les derniers grands attentats de Paris.
« J’ai fait un peu de bien ; c’est mon meilleur ouvrage. »1022
VOLTAIRE (1694-1778), Épîtres, À Horace. C’est peu dire, ce grand petit homme fut un hyperactif tout terrain !
« Le nombre infini de maladies qui nous tue est assez grand ; et notre vie est assez courte pour qu’on puisse se passer du fléau de la guerre. »1216
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Mme du Deffand, 27 février 1775, Correspondance (posthume). Pacifiste, et octogénaire.
« Il a fallu des siècles pour rendre justice à l’humanité, pour sentir qu’il était horrible que le grand nombre semât, et le petit recueillît. »964
VOLTAIRE (1694-1778), Lettres philosophiques ou Lettres anglaises (1734). Fasciné par le modèle anglais, comme ses confrères.
« Les mortels sont égaux, ce n’est pas la naissance / C’est la seule vertu qui fait la différence. »1029
VOLTAIRE (1694-1778), Mahomet ou Le Fanatisme (1741). Tragédie très jouée sous la Révolution, surtout pour ces deux vers.
« Il faut bien quelquefois se battre contre ses voisins, mais il ne faut pas brûler ses compatriotes pour des arguments. »1030
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Gallitzin, 19 juin 1773. Il prêche toujours la tolérance, c’est sa seule religion.
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »1031
VOLTAIRE (1694-1778), citation (sans doute) apocryphe, mais parfait reflet de l’homme et de sa pensée.
« Ce n’est pas seulement un esprit qu’il a [Voltaire], ce sont tous les esprits ensemble qui reviennent dans son crâne et y tiennent le Sabbat. »1015
Président de BROSSES (1709-1777), Lettre à son cousin Loppin de Gémeaux, 4 janvier 1759. Sous sa plume, c’est un compliment.
« Voltaire, quel que soit le nom dont on le nomme
C’est un cycle vivant, c’est un siècle fait homme ! »1016LAMARTINE (1790-1869), Première méditation (1820). Il pense comme Hugo, même s’il l’exprime autrement.
« D’autres cyniques étonnèrent la vertu, Voltaire étonne le vice […] Paris le couronna, Sodome l’eût banni. »1018
Joseph de MAISTRE (1753-1821), Les Soirées de Saint-Pétersbourg (1821). Libertin, un peu débauché, mais Voltaire n’est pas Sade !
« Avec Voltaire, c’est un monde qui finit. Avec Rousseau, c’est un monde qui commence. »1032
GOETHE (1749-1832). Encyclopædia Universalis, article « Voltaire ». Et nos deux philosophes en avaient bien conscience…
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