Alexandre Ier : « Cet homme est insatiable... » | L’Histoire en citations
Alexandre Ier : « Cet homme est insatiable... »
Citation du jour

 

Napoléon : la Russie, le piège fatal. La campagne de Russie, c’est un défi à la nature, la guerre impossible pour la meilleure armée du monde, un désastre annoncé par l’entourage impérial et la défaite espérée par l’Europe coalisée.

« Cet homme est insatiable, son ambition ne connaît pas de bornes ; il est un fléau pour le monde ; il veut la guerre, il l’aura, et le plus tôt sera le mieux ! »1803

ALEXANDRE Ier (1777-1825), fin mai 1805

Histoire du Consulat et de l’Empire (1974), Louis Madelin.

Le tsar de Russie apprend que la République de Gênes « sollicite » sa réunion à l’Empire. Napoléon, déjà médiateur de la Confédération suisse, vient de se faire couronner roi d’Italie (Lombardie et Émilie-Romagne) - il était déjà président de la République, mais l’Italie est devenue un royaume, quand la France devient un Empire.

Craignant l’hégémonie française en Europe, le tsar rejoint l’Angleterre (en guerre depuis 1803) : troisième coalition.

« Sire […] c’est à vous de sauver l’Europe et vous n’y parviendrez qu’en tenant tête à Napoléon. Le peuple français est civilisé, son souverain ne l’est pas. Le souverain de Russie est civilisé, son peuple ne l’est pas : c’est donc au souverain de Russie d’être l’allié du peuple français. »1833

TALLEYRAND (1754-1838), au tsar Alexandre Ier de Russie, Erfurt, 27 septembre 1808

Le « diable boiteux » n’est plus ministre des Relations extérieures : partisan d’un équilibre européen, il s’est opposé à l’empereur qui s’entête dans sa politique de conquête chimérique, se soucie peu de paix et décide toujours seul. Napoléon, qui connaît son talent diplomatique, l’a cependant chargé de préparer le terrain avec son nouvel allié, Alexandre Ier.

Dans un entretien secret, Talleyrand conseille au tsar de prendre ses distances avec l’empereur, et de ménager la Prusse et l’Autriche : « Le Rhin, les Alpes, les Pyrénées sont les conquêtes de la France. Le reste est la conquête de Napoléon. La France n’y tient pas. » Alexandre a compris : le peuple français peut, un jour prochain, ne plus soutenir Napoléon. Et cet homme faible va durcir sa position. Dans ses Mémoires, Talleyrand affirme : « À Erfurt, j’ai sauvé l’Europe. » L’histoire parle quand même de la trahison d’Erfurt.

« Napoléon est comme un torrent. Moscou sera l’éponge qui l’absorbera. »1862

Feld-maréchal KOUTOUZOV (1745-1813), exposant son coup de poker militaire à son état-major, début septembre 1812

Parole prophétique du général en chef russe, alors que l’armée napoléonienne marche vers Moscou. Été 1812, la guerre a donc repris : la sixième coalition dressera bientôt l’Europe contre Napoléon. Tout commence avec la Russie.

Le tsar est ulcéré par l’annexion du duché d’Oldenbourg, fief appartenant à son cousin, devenu un des 130 départements français, sous le nom de Bouches-du-Weser. La Russie souffre par ailleurs du Blocus continental et renoue avec l’Angleterre. De son côté, Napoléon est tenté : cette nouvelle conquête manque à son Empire !

Koutousov expose son plan : plutôt que d’affronter ce qui reste de la Grande Armée, il ordonne la retraite de Moscou, sans combat. Ses officiers ne comprennent pas. Certains pleurent, arrachent leurs décorations, d’autres parlent de trahison, mais le maréchal sera obéi. Et il écrit au tsar, pour le rassurer. La perte de Moscou doit sauver la Patrie.

« Moscou sera notre perte » prédit Murat à Napoléon, lancé dans l’aventure sans connaître le terrain, passant le fleuve Niémen le 22 juin. Murat découvre la guerre d’usure. L’ennemi se dérobe, la Grande Armée s’enfonce en terre étrangère, amputée du tiers de ses effectifs sans avoir livré bataille : 150 000 hommes disparus, morts, épuisés par la canicule, blessés, déserteurs. Mais pour l’empereur, c’est une question d’honneur. On ira à Moscou.

« Voilà le commencement de la fin. »1869

TALLEYRAND (1754-1838), à l’annonce du désastre de la retraite de Russie, décembre 1812

Il l’a prédit avant tout le monde, sans savoir l’ampleur de la débâcle. Les soldats sont victimes du « Général Hiver ». Le froid rend fous les chevaux et colle l’acier des armes aux doigts des soldats. Passage de la Bérézina (25 au 29 novembre) devenu légendaire : par –20 °C le jour, –30 °C la nuit, ce qui reste de la Grande Armée réussit à franchir la rivière, grâce aux troupes qui couvrent le passage (Ney et Victor). 8 000 traînards seront tués par les Cosaques.

« Il était un p’tit homme / Qu’on appelait le grand / Courant à perdre haleine, / Croyant prendre Moscou, / Ce grand fou ! / Mais ce grand capitaine / N’y a vu, sabergé, que du feu ! » La Campagne de Russie se chante à Paris, quand commence la retraite de Russie d’octobre 1812. Le tsar accusa les Français d’avoir incendié Moscou. Sans doute se sont-ils contentés de piller et d’achever la destruction, après l’incendie ordonné par Rostopchine, gouverneur militaire.

« Fussé-je mort à Moscou, ma renommée serait celle du plus grand conquérant qu’on ait connu. Mais les sourires de la Fortune étaient à leur fin. » Napoléon, perdu par son ambition, est rattrapé par son destin : « Il était un p’tit homme / Qu’on appelait le grand / Sans demander son reste / Fier comme un César / De hasard / Dans cet état funeste / Napoléon le Grand / Fout le camp ! »

Pour aller plus loin :

  • Napoléon dans notre indexation (45 références)
  • Napoléon : « Nous avons fini le roman de la Révolution… »
  • Chanson : « On couronn’Napoléon Empereur de ce bel Empire. »
  • Napoléon : « Soldats ! Vous allez entreprendre une conquête… »
  • Napoléon : « Français ! […] j’arrive parmi vous reprendre mes droits qui sont les vôtres. »
  • Lamartine : « Je ne suis pas de cette religion napoléonienne… »

Napoleon, Directoire, Consulat et Empire

 

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