Voltaire : « Il était horrible que le grand nombre semât, et le petit recueillît. » | L’Histoire en citations
 Voltaire : « Il était horrible que le grand nombre semât, et le petit recueillît
Voltaire Il était horrible que le grand nombre semât, et le petit recueillît
Citation du jour

« Il a fallu des siècles pour rendre justice à l’humanité, pour sentir qu’il était horrible que le grand nombre semât, et le petit recueillît. »964

VOLTAIRE (1694-1778), Lettres philosophiques (1734)

Mondain autoproclamé, bourgeois et privilégié, le plus illustre philosophe des Lumières parle au nom de la justice sociale, pour l’ensemble du peuple qui travaille et surtout pour les « laboureurs qui exercent la plus noble et la plus méprisée des professions ». Il donne en exemple l’Angleterre : absence de privilèges terriens et égalité devant l’impôt. La réalité économique est tout autre en France.

« La feinte charité du riche n’est en lui qu’un luxe de plus ; il nourrit les pauvres comme des chiens et des chevaux. »986

Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778), Correspondance, à M. Moulton

Rousseau est le meilleur ennemi de Voltaire et s’oppose à lui en tout, sauf sur ce constat de l’inégalité des richesses.

Humilié dans ses divers postes de laquais et de gouverneur auprès de maîtres orgueilleux, il parle de ce qu’il connaît vraiment. Diderot son confrère a connu lui aussi la pauvreté, avant de vivre en courtisan.

« La société est composée de deux grandes classes : ceux qui ont plus de dîners que d’appétit et ceux qui ont plus d’appétit que de dîners. »984

CHAMFORT (1740-1794), Pensées, maximes et anecdotes (posthume, 1803)

Cette vérité s’impose plus cruellement à la fin de l’Ancien Régime où les riches (privilégiés) se sont enrichis, sans que les pauvres (surimposés) aient eu leur juste part de la prospérité économique du pays. D’où la Révolution, accueillie avec enthousiasme par le moraliste Chamfort.

« La nation a admis pour principe fondamental que les pauvres devaient être généreux à l’égard des riches. »1901

Comte de SAINT-SIMON (1760-1825), L’Organisateur (1819)

La Révolution n’a rien réglé, surtout avec la Restauration (1814-1830). Le socialisme n’est encore qu’une utopie, incarnée par cet arrière-cousin du duc de Saint-Simon, nouveau philosophe et économiste, admiré d’un petit cénacle. Il dénonce « le monde renversé » : l’aristocratie terrienne exploite et domine le monde paysan, mais aussi l’État et l’administration.

« Le cri du pauvre monte jusqu’à Dieu, mais il n’arrive pas à l’oreille de l’homme. »2048

Félicité Robert de LAMENNAIS (1782-1854), Paroles d’un croyant (1834)

Créateur du catholicisme social, soucieux d’appliquer un idéal de justice et de charité conforme à l’enseignement de l’Évangile, Lamennais profite de la nouvelle liberté de la presse en 1830, et lance le journal L’Avenir.

Après une grave crise de conscience, il rompt avec l’Église pour n’être plus que socialiste. Selon lui, Dieu veut l’égalité, la liberté et la fraternité des hommes. « La liberté est le pain que les peuples doivent gagner à la sueur de leur front », écrit-il encore pour encourager le peuple au combat contre tous ceux qui l’oppriment. « C’est la Marseillaise du christianisme et l’auteur est un prêtre en bonnet rouge », dit-on alors.

C’est surtout un courant d’opinion très représentatif de cette fermentation des idées, face à la misère du peuple qui s’aggrave et contraste avec l’enrichissement de la bourgeoisie, tout au long du XIXe s.

« À mesure que l’égalité politique devenait un fait plus certain, c’est l’inégalité sociale qui heurtait le plus les esprits. »2405

Jean JAURÈS (1859-1914), Histoire socialiste (1789-1900), volume 4, La Convention (1908)

Député de Carmaux en 1893, très actif au sein du Parti socialiste unifié créé en 1905, il mène toutes les grandes batailles socialistes du temps. Sans exclure le recours à la force insurrectionnelle, il préfère, au nom d’un socialisme libéral et démocratique, la solution d’un prolétariat assez fort pour transformer la démocratie républicaine en une démocratie socialiste.

En France, l’ « État providence » assure un minimum de bien-être à l’ensemble de la population, à travers un système étendu de protection sociale. Mais les dernières statistiques de janvier 2016 donnent le vertige : aujourd’hui encore, dans le monde, les 62 personnes les plus riches possèdent autant que les 3,5 milliards les plus pauvres.

Siècle des Lumières

 

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Commentaires (2)

  • anon

    merci de souligner avec force ce problème si ancien et si actuel

    19 janvier 2016
  • anon

    Allons-nous retourner à la féodalité? Un seigneur, des serfs?

    21 janvier 2016

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