Lamartine : « Je ne suis pas de cette religion napoléonienne... » | L’Histoire en citations
Lamartine : « Je ne suis pas de cette religion napoléonienne... »
Citation du jour

 

La légende et la postérité de Napoléon. La légende naît dès la mort de Napoléon – Vercingétorix et Jeanne d’Arc ont dû attendre quelques siècles !

Les auteurs romantiques ont beaucoup fait, il y a aujourd’hui encore des inconditionnels, mais des voix discordantes existent. En tout cas, Napoléon ne laisse jamais indifférent.

« Je ne me prosterne pas devant cette mémoire ; je ne suis pas de cette religion napoléonienne, de ce culte de la force que l’on veut substituer dans l’esprit de la nation à la religion sérieuse de la liberté. »2105

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869), à l’occasion du retour des cendres de Napoléon, Discours à la Chambre, 26 mai 1840

La France parlementaire (1834-1851) : œuvres oratoires et écrits politiques, volume II (1864), Alphonse de Lamartine, Louis Ulbach.

Le corps de Napoléon est rapporté de Sainte-Hélène par le prince de Joinville, fils de Louis-Philippe, sur la Belle-Poule, et transféré aux Invalides le 15 décembre 1840. Thiers, revenu à la tête du gouvernement le 1er mars 1840, à défaut de programme, flatte la vanité nationale, aussi répandue dans le peuple que dans la bourgeoisie, par cette décision prise au mois de mai. Le député Lamartine y est hostile, prophétisant le Second Empire – poète et politicien, il a souvent une étrange prescience de l’avenir.

« Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé. »1982

NAPOLÉON Ier (1769-1821). Mémorial de Sainte-Hélène (1823), Las Cases

Ces mots figurent dans son testament, daté du 16 avril 1821. Il meurt le 5 mai 1821, après cinq ans de captivité à Sainte-Hélène, petite île volcanique de 122km² perdue dans l’Atlantique, cinq ans d’humiliation de la part du gouverneur anglais Hudson Lowe. Confinement insupportable à l’empereur déchu, qui se rêvait maître de l’Europe. 

Son dernier vœu sera cependant exaucé. Ses cendres seront rapportées de Sainte-Hélène par le prince de Joinville (fils de Louis-Philippe) sur la Belle-Poule, pour être transférées aux Invalides, le 15 décembre 1840. Thiers, revenu à la tête du gouvernement le 1er mars, à défaut de programme, flatte ainsi la vanité nationale, répandue dans le peuple comme dans la bourgeoisie.

« Chaque année, la France faisait présent à cet homme de trois cent mille jeunes gens ; c’était l’impôt payé à César. »1764

Alfred de MUSSET (1810-1857), La Confession d’un enfant du siècle (1836)

« … Et s’il n’avait ce troupeau derrière lui, il ne pouvait suivre sa fortune. C’était l’escorte qu’il lui fallait, pour qu’il pût traverser le monde, et s’en aller tomber dans une petite vallée d’une île déserte, sous un saule pleureur. » L’histoire finit mal, pour la France exsangue, et pour l’empereur exilé.

Mais Musset, l’enfant du siècle orphelin de Napoléon, évoque aussitôt après l’Empire glorieux : « Jamais il n’y eut tant de joie, tant de vie, tant de fanfares guerrières dans tous les cœurs. Jamais il n’y eut de soleils si purs que ceux qui séchèrent tout ce sang. On disait que Dieu les faisait pour cet homme, et on les appelait ses soleils d’Austerlitz. »

« On parlera de sa gloire, / Sous le chaume bien longtemps […]
Bien, dit-on, qu’il nous ait nui, / Le peuple encore le révère, oui, le révère,
Parlez-nous de lui, Grand-mère, / Parlez-nous de lui. »1984

BÉRANGER (1780-1857), Les Souvenirs du peuple (1828), chanson

Belle et simple chanson de ce parolier très populaire, salué par Chateaubriand comme « l’un des plus grands poètes que la France ait jamais produits » et par Sainte-Beuve comme un « poète de pure race, magnifique et inespéré ». Il nourrit la légende napoléonienne avec « la chanson libérale et patriotique qui fut et restera sa grande innovation » (Sainte-Beuve). Souvenir de l’empereur bientôt lié à l’opposition au roi. La dynastie au pouvoir n’est pas si solide.

« Ces cinq ans de Consulat – l’une des plus belles pages de la plus belle des histoires, l’histoire de France. »1684

Louis MADELIN (1871-1956), Histoire du Consulat et de l’Empire. L’Avènement de l’Empire (1937-1954)

L’empereur Napoléon a suscité des haines profondes, et même ses admirateurs ont des raisons de le critiquer. Mais le Bonaparte du Consulat rallie (presque) tous les suffrages, chez les contemporains comme chez les historiens. « Ma vraie gloire, ce n’est pas d’avoir gagné quarante batailles ; Waterloo effacera le souvenir de tant de victoires. Ce que rien n’effacera, ce qui vivra éternellement, c’est mon Code civil. » C’est fort bien vu, par l’empereur déchu et en exil.

« Bonaparte n’est point grand par ses paroles, ses discours, ses écrits, par l’amour des libertés qu’il n’a jamais eu […] Il est grand pour avoir créé un gouvernement régulier, un code de lois, des cours de justice, des écoles, une administration forte, active, intelligente […] Il est grand pour avoir fait renaître en France l’ordre au sein du chaos […] Il est grand surtout pour être né de lui seul, pour avoir su, sans autre autorité que celle de son génie, se faire obéir par trente-six millions de sujets […] Il est grand pour avoir surpassé tous les vainqueurs qui le précédèrent, pour avoir rempli dix années de tels prodiges qu’on a peine aujourd’hui à les comprendre. »1685

CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

Le styliste manie en maître l’anaphore (répétition, en termes de rhétorique). Les relations personnelles du grand écrivain et du grand homme se gâteront sous l’Empire, mais quand l’émigré rentre en France en 1800, l’admiration est totale pour Bonaparte -  jusqu’à l’exécution du duc d’Enghien, en 1804.

Un des plus longs témoignages de notre Histoire en citations – encore est-il assorti de coupes ! Laissons le mot de la fin à ce grand témoin du siècle, qui a bien connu Napoléon et l’a soutenu, avant de s’opposer.

Pour aller plus loin :

  • Napoléon dans notre indexation (45 références)
  • Napoléon : « Nous avons fini le roman de la Révolution… »
  • Chanson : « On couronn’Napoléon Empereur de ce bel Empire. »
  • Napoléon : « Soldats ! Vous allez entreprendre une conquête… »
  • Alexandre Ier : « Cet homme est insatiable… »
  • Napoléon : « Français ! […] j’arrive parmi vous reprendre mes droits qui sont les vôtres. »

Restauration, Monarchie de Juillet, Deuxième République

 

Ces citations sont tirées de notre Chronique de citations sur la Restauration, la Monarchie de juillet et la Deuxième République.

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