Lamartine : « La France est une nation qui s'ennuie. » | L’Histoire en citations
Lamartine : « La France est une nation qui s'ennuie. »
Citation du jour

restauration citationLamartine est député, toujours réélu, de 1833 à 1851. Pas vraiment carriériste, il prend parti pour défendre telle ou telle cause, mais songe à abandonner la politique qui ne lui permet pas de vivre. Jusqu’à la fin de sa vie, il aura des problèmes d’argent - la poésie rapporte moins de droits d’auteur que le théâtre, le roman et les feuilletons dans la presse.

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« La France est une nation qui s’ennuie. »2098

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869), Discours à la Chambre, 10 janvier 1839

Dictionnaire de français Larousse, au mot « ennui ».

Monarchie de Juillet. Député qui passera du « juste milieu » gouvernemental à la gauche (en 1843), il s’adresse ici au roi et trouve une raison au mal de la France : « Vous avez laissé le pays manquer d’action. » L’ennui est le mal du siècle, et surtout celui de la génération romantique qui vibre au souvenir exalté de la Révolution et de l’Empire, et rejette cette monarchie bourgeoise, soutenue par une classe moyenne, satisfaite d’elle-même et viscéralement conservatrice.

Dans un discours à Mâcon (18 juillet 1847), participant à la campagne électorale dite des banquets, Lamartine sera fier de pouvoir dire que cette phrase a fait le tour du monde. Plus d’un siècle après, on la retrouvera dans Le Monde, sous la signature de Viansson-Ponté, deux mois avant les événements de Mai 68. D’où la popularité de cette citation.

« Je ne me prosterne pas devant cette mémoire ; je ne suis pas de cette religion napoléonienne, de ce culte de la force que l’on veut substituer dans l’esprit de la nation à la religion sérieuse de la liberté. »2105

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869), à l’occasion du retour des cendres de Napoléon, Discours à la Chambre, 26 mai 1840

Les cendres de Napoléon seront rapportées de Sainte-Hélène par le prince de Joinville (fils de Louis-Philippe) sur la Belle-Poule, et transférées aux Invalides le 15 décembre 1840.

Thiers, revenu à la tête du gouvernement le 1er mars 1840, à défaut de programme, flatte la vanité nationale, aussi répandue dans le peuple que dans la bourgeoisie, par cette décision prise au mois de mai. Hugo lui fait écho. Mais le député Lamartine y est hostile, prophétisant déjà le Second Empire – poète et politicien, il a une étrange prescience de l’avenir et quelques années d’avance sur Hugo, qui comprendra trop tard le danger impérial.

« Ma patrie est partout où rayonne la France,
Où son génie éclate aux regards éblouis !
Chacun est du climat de son intelligence :
Je suis concitoyen de toute âme qui pense,
La vérité c’est mon pays ! »2109

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869), La Marseillaise de la Paix, « Revue des Deux-Mondes », 1er juin 1841

Il répond au « Rhin allemand » du poète Becker, mais le poète français dépasse l’opposition de pays à pays et lance un hymne pacifique qui n’implique nul renoncement au patriotisme. Le lyrisme et la générosité de Lamartine s’expriment dans cette invitation lancée à toutes les nations, à s’unir pour le progrès social. Là encore, il devance les socialistes.

« Nous l’avons eu, votre Rhin allemand,
Il a tenu dans notre verre.
Un couplet qu’on s’en va chantant
Efface-t-il la trace altière
Du pied de nos chevaux marqué dans votre sang ? »2110

Alfred de MUSSET (1810-1857), Le Rhin allemand. Réponse à la chanson de Becker, 2 juin 1841. Poème mis plusieurs fois en musique

La réponse de Lamartine parut trop pacifique et idéaliste au goût de son vibrant confrère. Musset écrit dans l’élan, dès le lendemain, des couplets qui rappellent notamment l’épopée napoléonienne : « Nous l’avons eu, votre Rhin allemand. / Que faisaient vos vertus germaines, / Quand notre César tout-puissant / De son ombre couvrait vos plaines ? […]  Nous l’avons eu, votre Rhin allemand. / Si vous oubliez votre histoire, / Vos jeunes filles, sûrement, / Ont mieux gardé notre mémoire ; / Elles nous ont versé votre petit vin blanc. […]  Qu’il coule en paix, votre Rhin allemand ; / Que vos cathédrales gothiques / S’y reflètent modestement ; / Mais craignez que vos airs bachiques / Ne réveillent les morts de leur repos sanglant. »

Ce texte peut étonner, sous la plume de l’ « enfant du siècle », mais ces vers sont surtout prémonitoires du conflit franco-allemand et des trois guerres à venir, entre 1870 et 1945 ! Les poètes ont souvent raison.

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