Les punchlines (Troisième République et Première Guerre mondiale) | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

Parole, c’est historique !

Punchline : anglicisme désignant une phrase portant un message fort ou choc (Wikipédia).

En VO : “The final phrase or sentence of a joke or story, providing the humour or some other crucial element.” (Oxford Languages)

Absent du Larousse de la langue française, le mot figure dans le dictionnaire bilingue français/anglais : il est traduit sous le terme de « fin (d’une plaisanterie) ». Il s’applique à une réplique (en anglais : line) comique et percutante (en anglais : punchy), constituant la « chute » d’une histoire drôle ou d’un dialogue de comédie.

On peut finalement traduire par « mot choc ».

Quoiqu’il en soit, la chose existe bien avant le mot !

En exagérant à peine, disons que l’esprit gaulois a inventé la punchline. Elle s’est diversifiée au Moyen Âge, s’adaptant à maintes circonstances politiques, militaires, sociales, avant de devenir un moyen d’expression très français, sous la Renaissance. Chaque période en a usé, la Révolution est en cela exemplaire, qui rebondit de punchline en punchline héroïques. L’Empire continue sur cette lancée, mais toute l’histoire contemporaine se complaît dans ce genre de joute verbale dont les Républiques usent et abusent.

Au final, une bonne moitié de l’Histoire en (3500) citations se joue en punchline.

Cet édito en huit épisodes vous en donne un échantillon au 1/10eme.

Sur le podium des punchlineurs, on retrouve les trois auteurs-acteurs les plus cités : Napoléon, de Gaulle, Hugo. Clemenceau se présente en outsider surdoué sous la Troisième, avec Gambetta dans un autre style. Invités surprise, Louis XVIII et Napoléon III, pour leur humour en situation. Nos derniers présidents arrivent en bonne place, sous  la Cinquième : humour franchouillard et décomplexé de Chirac, franc-parler popu et brutalité viscérale de Sarkozy.

Enfin, « le peuple » se trouve au rendez-vous  de tous les mouvements de fronde, de révolte ou de contestation, en chansons et slogans le plus souvent anonymes, héros majeur sous la Révolution, acteur talentueux de Mai 68.

Peut-on définir les punchlines à la française, malgré leur extrême diversité ?

Ce sont souvent des mots brefs, empruntés à l’Histoire en (1000) tweets, dans le « Bonus » de notre site. Certains mots « jokers » sont réutilisables à volonté, d’autres étant devenus proverbes.

L’humour, l’ironie sont des atouts majeurs, y compris dans les moments dramatiques. Le ton souvent agressif, menaçant, tueur, cynique, se fait bienveillant, optimiste et philosophique au siècle des Lumières.

Les punchlines relèvent de toutes les formes historiques : discours, appel, proclamation, correspondance, mot de la fin, poème, loi, pamphlet, slogan, chant et chanson, devise, dicton, titre dans la presse à partir du XIXe siècle.

L’improvisation dans le feu de l’action alterne avec la réflexion. Les meilleurs mots sont « en situation » : révolte, révolution, guerre, ou discours à la tribune, chef militaire parlant à ses troupes.

En résumé, c’est l’Histoire plus vivante que jamais qui vous parle de la condition humaine.

Toutes ces punchlines sont tirées de l’Histoire en citations et apparaissent dans le même ordre chronologique, avec leurs commentaires plus ou moins détaillés.

IV. Troisième République et Première Guerre mondiale

1/ TROISIEME REPUBLIQUE : GUERRE FRANCO-PRUSSIENNE ET COMMUNE DE PARIS (1870-1871)

« Une guerre entre Européens est une guerre civile. »2323

Victor HUGO (1802-1885), Carnets, albums et journaux

Dès son retour d’exil, Hugo en appelle aux Allemands pour que cesse ce combat fratricide. Mais la guerre continue, l’ennemi approche, Paris est saisi d’une fièvre patriotique et déjà révolutionnaire, dans chaque quartier.

« L’Assemblée refuse la parole à M. Victor Hugo, parce qu’il ne parle pas français ! »2357

Vicomte de LORGERIL (1811-1888), Assemblée nationale, Bordeaux, 8 mars 1871. Actes et Paroles. Depuis l’exil (1876), Victor Hugo

Ce député monarchiste et poète à ses heures coupe la parole à l’élu de Paris. Hugo le républicain est déjà monté à la tribune pour condamner la paix infâme le 1er mars, pour déplorer que Paris soit décapitalisée au profit de Bordeaux, le 6. En cette séance houleuse du 8, il se fait insulter pour avoir défendu l’Italien Garibaldi, élu député d’Alger  (département français) : il conteste l’invalidation du vieux révolutionnaire italien « venu mettre son épée au service de la France » dans la guerre contre les Prussiens.

La haine est terrible entre l’Assemblée monarchiste, pacifiste, et Paris où les forces révolutionnaires, remobilisées, refusent de reconnaître le pouvoir de cette « assemblée de ruraux » défaitistes.

« Faisons la révolution d’abord, on verra ensuite. »2330

Louise MICHEL (1830-1905). L’Épopée de la révolte : le roman vrai d’un siècle d’anarchie (1963), Gilbert Guilleminault, André Mahé

Révolutionnaire anarchiste, elle se retrouve sur les barricades dès les premiers jours de la Commune : soulèvement de Paris, cause perdue d’avance, révolution sans espoir, utopie d’un « Paris libre dans une France libre » ? En tout cas, rien de moins prémédité que ce mouvement qui échappe à ceux qui tentent de le diriger, au nom d’idéaux d’ailleurs contradictoires.

« La révolution sera la floraison de l’humanité comme l’amour est la floraison du cœur. »2365

Louise MICHEL (1830-1905), La Commune, Histoire et souvenirs (1898)

Ex-institutrice, militante républicaine et anarchiste (prête à un attentat contre Thiers), auteur de poèmes et de théâtre, c’est d’abord une idéaliste comme tant de communards et l’héroïne restée la plus populaire. Un quart de siècle après, elle fait revivre ces souvenirs vibrants et tragiques.

« Gouverner, c’est prévoir. »2331

Adolphe THIERS (1797-1877). Maxime attribuée aussi au journaliste Émile de Girardin (1806-1881). Le Spectacle du monde, nos 358 à 363 (1992)

Entré en politique lors des « Trois Glorieuses » et dans le camp des révolutionnaires qui renversent Charles X en juillet 1830, Thiers fut plusieurs fois ministre sous la Monarchie de Juillet. Dans l’opposition républicaine sous le Second Empire, il se fait remarquer pour sa défense des libertés, puis son hostilité à la guerre franco-allemande. Son nom reste malheureusement attaché à la répression de la Commune.

1871 : année terrible et année de tous les pouvoirs pour cet homme de 74 ans, élu député par vingt-six départements à la fois et devenu « chef du pouvoir exécutif de la République », le 17 février. Lourde tâche, dans une France vaincue et déchirée.

« Il s’agit aujourd’hui non plus de couper les têtes, mais d’ouvrir les intelligences. »2371

Henri ROCHEFORT (1831-1913), Le Mot d’ordre, 5 mai 1871. La Tête coupée, ou La Parole coupée (1991), Arnaud Aaron Upinsky

Les divergences politiques éclatent : ainsi le 1er mai, à l’occasion du décret instituant un Comité de salut public doté de larges pouvoirs. Les (néo)jacobins et la plupart des blanquistes, majoritaires, sont pour et s’opposent à quelques blanquistes, tous les proudhoniens et certains socialistes proches du marxisme. « Anecdotiquement », la colonne Vendôme est abattue, suite à un vote du Comité de salut public.

Quant au très républicain Rochefort, en des termes que ne renierait pas Hugo, il refuse une révolution aboutissant logiquement à une nouvelle Terreur. Mais les divisions se radicalisent. Paris assiégé devient une poudrière prête à exploser.

« Paris sera soumis à la puissance de l’État comme un hameau de cent habitants. »2373

Adolphe THIERS (1797-1877), Déclaration du 15 mai 1871. La Commune (1904), Paul et Victor Margueritte

Ces mots plusieurs fois répétés annoncent la Semaine sanglante du 22 au 28 mai. Le chef du gouvernement amasse toujours plus de troupes aux portes de Paris. 70 000 soldats entrent, Paris reconquis, rue par rue, et incendié. « Le sol de Paris est jonché de cadavres ; ce spectacle affreux servira de leçon. »

« Le bon Dieu est trop Versaillais. »2378

Louise MICHEL (1830-1905), La Commune, Histoire et souvenirs (1898)

La Vierge rouge témoigne de l’inévitable victoire des Versaillais, vu l’inégalité des forces et de l’organisation. Bilan de la Semaine sanglante, du 22 au 28 mai 1871 : au moins 20 000 morts chez les insurgés, 35 000 selon Rochefort. De son côté, l’armée bien organisée des Versaillais a perdu moins de 900 hommes, depuis avril.

La Commune est l’un des plus grands massacres de notre histoire, tragédie qui se joue en quelques jours, Français contre Français, avec la bénédiction des occupants allemands, Bismarck ayant poussé à écraser l’insurrection. Il y aura 100 000 morts au total d’après certaines sources, compte tenu de la répression également sanglante, « terreur tricolore » qui suit la semaine historique – en comparaison, sous la Révolution, la Grande Terreur fit à Paris 1 300 victimes, du 10 juin au 27 juillet 1794.

« On ne peut pas tuer l’idée à coups de canon ni lui mettre les poucettes [menottes]. »2381

Louise MICHEL (1830-1905), La Commune, Histoire et souvenirs (1898)

Condamnée, déportée en Nouvelle-Calédonie, amnistiée en 1880, elle reviendra en France pour se battre du côté des « damnés de la terre ». « Le cadavre est à terre, mais l’idée est debout », dit aussi Hugo. La force des idées est l’une des leçons de l’histoire et la Commune en est l’illustrations, malgré la confusion des courants qui l’animèrent.

Un chant y est né, porteur d’une idée qui fera le tour du monde et en changera bientôt le cours : L’Internationale.

« C’est la lutte finale ;
Groupons-nous et demain
L’Internationale
Sera le genre humain. »2527

Eugène POTTIER (1816-1888), paroles, et Pierre DEGEYTER (1848-1932), musique, L’Internationale (refrain), chanson

L’auteur se cache dans Paris livré aux Versaillais. Membre élu de la Commune et maire du IIIe arrondissement, alors que tout espoir semble perdu, il dit, il écrit en ce mois de juin 1871 sa foi inébranlable en la lutte finale : « Du passé faisons table rase / Foule esclave, debout ! debout ! / Le monde va changer de base / Nous ne sommes rien, soyons tout ! » Mis en musique en 1888 par un ouvrier tourneur Pierre Degeyter, chanté pour la première fois au Congrès de Lille du Parti ouvrier en 1896, ce chant deviendra l’hymne du mouvement ouvrier français en 1899. C’est un immense succès, dans les classes populaires sensibles à ces mots :  « Debout ! Les damnés de la terre ! / Debout ! Les forçats de la faim ! »

2/ TROISIÈME RÉPUBLIQUE AVANT LA PREMIERE GUERRE MONDIALE  (1871-1914)

« Pensons-y toujours, n’en parlons jamais. »2419

Léon GAMBETTA (1838-1882), Discours de Saint-Quentin, 16 novembre 1871. Pages d’histoire, 1914-1918, Le Retour de l’Alsace-Lorraine à la France (1917), Henri Welschinger

Silence forcé de la France ; silence encore plus forcé de l’Alsace.

Comme tous les Français, Gambetta pense aux deux provinces sœurs et devenues étrangères, l’Alsace et la Lorraine. Charles Maurras traduira à sa façon l’unanimité nationale autour du culte de l’Alsace-Lorraine en parlant de « la Revanche reine de France ». Paul Déroulède, créant la Ligue des patriotes en 1882, incarnera un patriotisme nationaliste et revanchard qui fera beaucoup de bruit et déchaîne pas mal de fureurs, jusqu’à la prochaine guerre.

Mais les milieux gouvernementaux font preuve d’une grande réserve, sachant la France trop isolée pour mettre la revanche dans les faits. Il faudra beaucoup de temps et d’efforts pour se dresser devant l’Allemagne plus unie que jamais, avec à sa tête Guillaume Ier, vainqueur et proclamé empereur du nouveau Reich, Bismarck devenant chancelier (équivalent de Premier ministre) de cette nouvelle puissance européenne.

« La République sera conservatrice ou elle ne sera pas. »2423

Adolphe THIERS (1797-1877), Discours de rentrée parlementaire, 13 novembre 1872. Les Opportunistes : les débuts de la République aux républicains (1991), Léo Hamon

Il prêche pour sa paroisse, en l’occurrence sa personne. Et d’insister : « Tout gouvernement doit être conservateur et nulle société ne pourrait vivre sans un gouvernement qui ne le serait point. » Il vise alors les républicains avancés de l’Assemblée.

C’est la tactique classique du « un coup à droite, un coup à gauche ». Fort de son autorité, Thiers veut rassurer le pays et pour faire la République, jouer l’alliance des républicains modérés et des orléanistes, contre les extrêmes : légitimistes ultras inconditionnels du drapeau blanc et nostalgiques de la Commune révolutionnaire. Le conflit va éclater quelques mois plus tard.

« Il faut tout prendre au sérieux, mais rien au tragique. »2427

Adolphe THIERS (1797-1877), Discours à la Chambre des députés, 24 mai 1873. Annales de l’Assemblée nationale, volume XVIII (1873), Assemblée nationale

Contesté pour son parti pris républicain par les monarchistes majoritaires, Thiers a perdu son droit de parole à l’Assemblée : président de la République, il ne peut plus s’exprimer que par un message lu, ne donnant lieu à aucune discussion (loi de Broglie, du 13 mars). Il se conforme à ce « cérémonial chinois ».

La veille, de Broglie l’a interpellé sur la nécessité de défendre l’« ordre moral », des députés royalistes lui demandant de faire prévaloir une « politique résolument conservatrice ». Le 24 mai au matin, avant la séance à la Chambre, il réaffirme sa position républicaine : « La monarchie est impossible : il n’y a qu’un trône, et on ne peut l’occuper à trois ! » Outre le comte de Paris et le comte de Chambord, il y a encore le prince impérial, fils de Napoléon III.

L’après-midi, en son absence, par 360 voix contre 334, l’Assemblée vote un blâme contre Thiers. Il offre sa démission. Il n’y est pas obligé, mais il est sûr qu’on le rappellera et sa position en sera renforcée. Le soir, sa lettre est lue à l’Assemblée qui procède aussitôt à l’élection du nouveau président. La gauche s’abstient et Mac-Mahon, candidat des royalistes, est élu. Thiers a joué, et perdu. Beau joueur, il invente une maxime qui vaut proverbe : « Il faut tout prendre au sérieux, mais rien au tragique. »

« Que d’eau, que d’eau ! »2445

MAC-MAHON (1808-1893) à la vue des inondations catastrophiques, Toulouse, 26 juin 1875. Mac-Mahon (1895), abbé Berry

Le maire de la ville sinistrée, voulant recevoir dignement le président de la République, s’est lancé dans un long discours. Le maréchal, pour couper court à ce déluge de paroles, regardant les plaines envahies par les eaux, a ce mot pour lequel il sera mal à propos plaisanté. Son militaire « J’y suis, j’y reste » avait plus fière allure.

« La politique est l’art du possible. »2441

Léon GAMBETTA (1838-1882). La Politique en citations : de Babylone à Michel Serres (2006), Sylvère Christophe

Formule fameuse, expression du pragmatisme. Mais qui l’eut crue signée du pur et dur républicain, à la fois idéologue tranchant et démagogue bruyant ? C’est un autre homme qui se révèle à ses contemporains : un tempérament foncièrement modéré, doué d’une saine appréciation des réalités. Cette formule fera bientôt qualifier ses partisans d’« opportunistes ». En 1880, il revendiquera la chose : « Ce barbarisme cache une vraie politique. »

« À reculons, nous entrons dans la République ! »2444

Léon GAMBETTA (1838-1882), La République française. La Troisième République (1968), Maurice Baumont

Il ironise dans son journal. Mais il l’a voulue, il l’a eue et son opportunisme (mot lancé en 1880) permet que la Constitution passe, sous forme de trois lois constitutionnelles, du 25 mai au 16 juillet 1875. Paradoxe de cette république votée par une assemblée monarchiste, grâce à l’union des centres qui regroupe une partie des républicains (radicaux exclus) et des conservateurs (légitimistes exclus). On va donc pouvoir gouverner entre « honnêtes gens ».

Le texte est plein de compromis et d’incertitudes. Son imprécision et sa concision feront d’ailleurs sa force, l’usage permettant de résoudre les problèmes à mesure qu’ils se posent et de choisir entre régime présidentiel ou parlementaire. Cela fonctionnera tant bien que mal, de crise en crise, jusqu’en 1940.

« Puisque nous sommes les plus forts, nous devons être modérés. »2447

Léon GAMBETTA (1838-1882), devant le progrès constant des républicains aux élections en 1876. Discours et plaidoyers politiques de M. Gambetta, volume V (1882)

Premières élections nationales sous le signe de la nouvelle Constitution qui fonde la Troisième République. D’où leur importance, même si c’est la seule Assemblée qui sera dissoute, et très vite.

Dès le 30 janvier 1876, ô surprise, le Sénat manque de peu d’être républicain, malgré un système électoral prudent qui favorise les communes rurales. Gambetta fait preuve de sagesse : « Comme disait un ancien, il y a quelque chose de plus difficile à supporter que l’adversité : c’est la bonne fortune. »

Le 20 février, les républicains ont une confortable majorité au premier tour des élections à la Chambre. Gambetta lance des appels à la pondération entre les deux tours : les républicains, s’ils veulent gouverner, ne doivent pas effaroucher l’opinion. Ils gagnent le second tour du 5 mars : le suffrage universel amène 393 députés républicains de toute tendance, face à 140 conservateurs orléanistes, légitimistes et bonapartistes (sur 533 sièges). Jules Grévy est élu président de la Chambre des députés (avant de succéder à Mac-Mahon à la présidence de la République).

« Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, […] il faudra se soumettre ou se démettre. »2453

Léon GAMBETTA (1838-1882), Discours de Lille, 15 août 1877. Histoire de la France (1947), André Maurois

C’est au président de la République que ce discours s’adresse, après la crise institutionnelle ouverte le 16 mai : renvoi du président du Conseil et dissolution de la Chambre des députés. Le Président a tenté d’imposer au pays un régime présidentiel et c’est toute l’orientation de la Troisième République qui se joue alors.

La campagne électorale est dure, le peuple étant rendu arbitre de l’opposition entre le législatif et l’exécutif – le Parlement et le président. Avec la montée républicaine aux deux Chambres, Mac-Mahon se soumet, puis se démet (démissionne) en 1879. Fin du régime présidentiel, place au parlementarisme. 

« Gambetta […] ce n’est pas du français, c’est du cheval ! »2465

Jules GRÉVY (1807-1891). Histoire des institutions et des régimes politiques de la France (1985), Jean Jacques Chevallier, Gérard Conac

Deux avocats, deux républicains, mais trente ans les séparent et la haine éclate au grand jour. Le rigide Grévy se moque de Gambetta qui parle, passionnément, précipitamment, orateur impressionnant à la tribune. Il l’écartera vite du pouvoir, de peur qu’il fasse peur au pays et surtout aux ruraux.

Dans les premiers temps, l’Assemblée nationale prendra des présidents de la République choisis pour leur effacement, lesquels nommeront des présidents du Conseil eux-mêmes assez insignifiants pour ne pas leur porter ombrage.

« Il s’agit toujours du même. »2472

Georges CLEMENCEAU (1841-1929). Encyclopædia Universalis, article « Gouvernement »

Célèbre « tombeur de ministères » qui se ressemblent tous, puisque les mêmes hommes reviennent, changeant seulement de portefeuille. Les « républicains de gouvernement », « opportunistes », modérés, sont attaqués sur leur droite par les bonapartistes (en perte de prestige après la mort du prince impérial en 1879) et les monarchistes (avec une clientèle encore importante de ruraux et de catholiques), et sur leur gauche par les radicaux qui, avec Clemenceau et Rochefort, réclament le « maximum de République », mais sont déjà talonnés sur leur propre gauche par les socialistes.

Dans le même temps, conservateurs et radicaux n’hésitent pas à faire alliance pour renverser les ministères : « Ils [les radicaux] ne se distinguent des conservateurs que par l’hypocrisie », écrira Jules Guesde dans Le Citoyen du 24 février 1882. Malgré cela, des compromis permettent de faire passer des lois importantes sur l’enseignement public, le divorce, la liberté de la presse, les syndicats. Le parlementarisme va de pair avec les jeux politiciens et la faiblesse de l’exécutif, sous cette Troisième République.

Clemenceau fait exception à la règle, comme Gambetta.

« Mon patriotisme est en France ! »2478

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Chambre des députés, 30 mars 1885. Affirmation nationale et village planétaire (1998), Jean Daniel

Le « Tigre » fait bloc avec les adversaires de Jules Ferry (détesté aussi de la droite) et réplique au chef du gouvernement : « Nous ne vous connaissons plus, nous ne voulons plus vous connaître […] Ce ne sont plus des ministres que j’ai devant moi […] Ce sont des accusés de haute trahison sur lesquels, s’il subsiste en France un principe de responsabilité et de justice, la main de la loi ne tardera pas à s’abattre. »

Pour Clemenceau, la politique coloniale de Ferry est « trahison », parce qu’elle détourne la France de la ligne bleue des Vosges et rend impossible la revanche. Le pays n’est pas assez riche en hommes et en crédits pour se battre sur deux fronts à la fois : l’Alsace-Lorraine et des terres lointaines.

Le ministère Ferry est renversé. Foule immense autour du palais Bourbon : Ferry sort par une porte dérobée. C’est la fin de sa carrière politique – même s’il est bientôt élu sénateur. Il reste surtout comme un grand ministre de l’Instruction publique, promoteur de l’école laïque.

« Une patrie se compose des morts qui l’ont fondée aussi bien que des vivants qui la continuent. »2479

Ernest RENAN (1823-1892), Réponse au discours de réception de Ferdinand de Lesseps à l’Académie française, 23 avril 1885, Discours et Conférences

Le célèbre et scandaleux auteur de la Vie de Jésus reçoit le vicomte octogénaire, heureux constructeur et administrateur du canal de Suez (qui lui a déjà ouvert les portes de l’Académie des sciences en 1873).

Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante.2480

Inscription au fronton du Panthéon

Victor Hugo meurt le 22 mai 1885. Paris lui fait des funérailles nationales, avec un cortège qui va de l’Arc de Triomphe au Panthéon, monument voué au souvenir des grands hommes et page d’histoire à lui tout seul.

Ce vaste sanctuaire, à l’origine église Sainte-Geneviève édifiée par Soufflot entre 1755 et 1780, est transformé en Panthéon destiné à recevoir les cendres des grands hommes sous la Révolution (1791). Mirabeau, Voltaire et Rousseau en sont les premiers locataires. L’Empire rend le Panthéon au culte. Avec la Restauration, l’église reçoit une nouvelle inscription en latin, hommage à sainte Geneviève, Louis XVI et Louis XVIII réunis. Sous la Monarchie de Juillet, le Panthéon redevient Panthéon et l’inscription reparaît, pour disparaître de nouveau à la fin de la Deuxième République, quand le bâtiment redevient église.

Il devient définitivement Panthéon le 28 mai 1885, juste à temps pour recevoir les cendres du grand homme du siècle, génie universel, poète, romancier, dramaturge, pamphlétaire, orateur, éternel combattant qui finit Sénateur - siégeant à l’extrême gauche, défenseur de valeurs toujours actuelles, liberté et humanité, justice et tolérance.

« Ne nous lassons pas, nous les philosophes, de déclarer au monde la paix. »2410

Victor HUGO (1802-1885), Discours du 25 mars 1877, Depuis l’exil (1876-1885, fin, posthume)

La grande voix s’est tue et d’autres voix s’élèvent pour parler de « la Revanche reine de France », cependant que dans le monde où les philosophes n’ont jamais le pouvoir une nouvelle guerre se prépare.

« Jadis on était décoré et content. Aujourd’hui on n’est décoré que comptant ! »2486

Alfred CAPUS (1857-1922), Le Gaulois, 7 octobre 1887. La Chanson en son temps : de Béranger au juke-box (1969), Georges Coulonges

Ce journal, comme bien d’autres, dénonce le dernier scandale de l’Élysée. La corruption, tant reprochée aux (républicains) opportunistes qui sont au pouvoir, atteint la famille du président Grévy. Son gendre, Daniel Wilson, est accusé d’avoir créé à l’Élysée un « ministère des Recommandations et Démarches ». Bien entendu, il fait payer ses services. Ce juteux trafic des décorations, découvert en septembre 1887, porte notamment sur la Légion d’honneur.

Le temps des crises parlementaires va de pair avec celui des sales affaires et le personnel politique est gravement déconsidéré.

« Votons pour Carnot, c’est le plus bête, mais il porte un nom républicain ! »2491

Georges CLEMENCEAU (1841-1929). Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux

C’est Marie François Sadi Carnot : petit-fils de Lazare Carnot (le Grand Carnot, célèbre révolutionnaire), fils de Lazare Hippolyte Carnot (député, ministre, sénateur), neveu de Sadi Carnot (physicien qui laisse son nom à un théorème), il est lui-même polytechnicien, ingénieur des ponts et chaussées, préfet, puis député républicain modéré et plusieurs fois ministre.

« Bête » n’est pas le qualificatif le plus approprié, mais le Tigre (l’un des surnoms de Clemenceau) a la dent dure, et l’humour féroce. À qui lui reproche de ne s’entourer que de personnages falots dans son gouvernement, il répond : « Ce sont les oies qui ont sauvé le Capitole. »

François Mauriac a donné une autre explication à cet argument d’ailleurs repris en 1912 pour une autre présidentielle : « Je vote pour le plus bête, la boutade fameuse de Clemenceau, n’est cruelle qu’en apparence. Elle signifiait : Je vote pour le plus inoffensif » (Bloc-notes, I).

Quoi qu’il en soit, élu le 3 décembre 1887, Sadi Carnot aura une présidence mouvementée – interrompue par son assassinat. Pour l’heure, le problème du président Carnot a nom Boulanger. Un général que Clemenceau visera bientôt, comprenant le danger du boulangisme qui rime avec populisme.

« Il y a deux organes inutiles : la prostate et le président de la République. »2391

Georges CLEMENCEAU (1841-1929). Histoire des présidents de la République : de Louis Napoléon Bonaparte à Charles de Gaulle (1960), Adrien Dansette

Une des raisons de la faiblesse du régime : le Président n’est là que pour « inaugurer les chrysanthèmes ». L’expression est du général de Gaulle et c’est d’ailleurs lui qui va changer le fonctionnement des institutions françaises sous la Cinquième République, en redonnant le pouvoir exécutif au Président.

L’insignifiance du président est d’ailleurs moins grave, si le Parlement travaille. « République des camarades », voire des copains et des coquins, nous lui devons quand même le régime républicain et son apprentissage, mais aussi l’expansion coloniale qui est alors un atout national ; l’enseignement laïc, gratuit et obligatoire que les lois Ferry imposent au peuple ; la séparation des Églises et de l’État, autre combat républicain ; et le divorce, les syndicats, la liberté de la presse, le progrès des sciences et des techniques dûment financées… entre autres acquis.

« Gloire aux pays où l’on parle, honte aux pays où l’on se tait. »2387

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Chambre des députés, 4 juin 1888. Histoire de France contemporaine depuis la Révolution jusqu’à la paix de 1919 (1920-1922), Ernest Lavisse, Philippe Sagnac

Superbe punchline, trop peu connue ! Avec des accents hugoliens, Clemenceau s’oppose au général Boulanger (qu’il a d’abord soutenu), voyant poindre en lui un nouveau Bonaparte, accusé de « faire disparaître la politique de parti et le parlementarisme ». Mais la citation vaut bien au-delà de son contexte.

Député, Clemenceau se déclare solidaire de l’histoire du parti républicain et de ses luttes depuis un siècle et proclame son attachement à un régime de libre discussion : « L’honneur de la République est dans la libre parole avec ses risques et ses inconvénients. » C’est rendre hommage à ce régime si souvent décrié, y compris par lui-même. Vingt ans après, devenu président du Conseil, il se plaindra des débats sans fin à la Chambre : « On perd trop de temps en de trop longs discours. »
Ce dilemme est inhérent au régime parlementaire : comment assurer la libre expression des forces politiques représentées dans les assemblées sans paralyser le fonctionnement de l’institution parlementaire ? Le Parlement, lieu où l’on vote, est aussi et par définition celui où l’on parle.

« La science n’a pas de patrie. »2494

Louis PASTEUR (1822-1895), Discours pour l’inauguration de l’Institut Pasteur, 14 novembre 1888. La Vie de Pasteur (1907), René Vallery-Radot. (Première biographie du grand savant, écrite par son gendre.)

La Troisième République ne se résume pas en crises, affaires, scandales. C’est aussi le temps des grands savants pour la France qui se retrouve en bonne place dans le monde, avec des hommes tels que Louis Pasteur (microbiologie, vaccins), Marcellin Berthelot (chimie de synthèse, thermochimie), Claude Bernard (physiologie, médecine expérimentale). L’Université n’est plus, comme sous le Second Empire, le lieu de conférences mondaines pour grand public. Les étudiants viennent nombreux, les professeurs font des cours magistraux qui honorent l’enseignement supérieur, la recherche réalise des progrès qui vont changer la vie quotidienne des hommes en une ou deux générations.

Pour les applications directes de ses travaux (dont la pasteurisation appliquée au vin), pour la passion qu’il y a mise et pour l’Institut qui porte son nom, Pasteur demeure le plus populaire de tous les savants du monde.

« Il est mort comme il a vécu : en sous-lieutenant. »2499

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), apprenant le suicide du général Boulanger sur la tombe de sa maîtresse à Ixelles (Belgique), le 30 septembre 1891. Histoire de la France (1947), André Maurois

L’épitaphe est cinglante, mais la fin du « Brave Général » qui fit trembler la République est un fait divers pitoyable.

Le gouvernement a réagi après ce qui aurait tourné au coup d’État, si Boulanger avait osé ! Accusé de complot contre l’État, craignant d’être arrêté, il s’est enfui le 1er avril 1889 à Londres, puis à Bruxelles, avec sa maîtresse Marguerite de Bonnemain (de mèche avec la police). Son prestige s’effondre aussitôt. Le 14 août, le Sénat, réuni en Haute Cour de justice, le condamne par contumace à la déportation.

Mme de Bonnemains meurt du mal du siècle (la phtisie), le 16 juillet 1891. Sur sa tombe, toujours fou d’amour, le général Boulanger fait graver ces mots : « Marguerite… à bientôt ». Le 30 septembre, il revient se tirer une balle dans la tête, pour être enterré dans la même tombe où l’on gravera : « Ai-je bien pu vivre deux mois et demi sans toi ? »

« La plus grande flibusterie du siècle… De l’or, de la boue et du sang. »2505

Édouard DRUMONT (1844-1917), La Libre Parole, septembre 1892. Marinoni : le fondateur de la presse moderne, 1823-1904 (2009), Éric Le Ray

Nouvelle affaire, nouveau scandale. Journaliste catholique, Drumont a déjà attaqué la finance juive dans un essai d’histoire contemporaine en forme de pamphlet, La France juive (1886). Il fonde ensuite un journal d’inspiration nationaliste et antisémite, La Libre Parole (sous-titré « La France aux Français ») et dénonce le scandale de Panama. « De l’or, de la boue et du sang » : résumé de l’affaire et titre du livre qu’il lui consacrera (1896).

De Lesseps a créé en 1881 une compagnie pour le percement de l’isthme. Des difficultés techniques et bancaires l’obligent à demander de nouveaux fonds. Pour se lancer sur le marché des obligations, il lui faut une loi – il achète les voix de parlementaires et de ministres. Trop tard. Sa compagnie est liquidée (février 1889), 800 000 souscripteurs sont touchés. On tente d’étouffer le scandale, mais une enquête pour abus de confiance et escroquerie est lancée contre de Lesseps, père et fils.

Dans la nuit du 19 au 20 novembre 1892, le suicide du baron Reinach, intermédiaire entre la Compagnie de Panama et le monde politique, met le feu aux poudres. À la tribune de la Chambre, le député royaliste Jules Delahaye accuse sans les nommer 150 députés d’avoir été achetés. La presse dénonce les « chéquards » et les « panamistes », dont Clemenceau. C’est le plus gros scandale financier de la Troisième République.

« Ils [les ministres] tomberont de si bas que leur chute même ne leur fera pas de mal. »2507

Anatole FRANCE (1844-1924), Les Opinions de M. Jérôme Coignard (1893)

Le temps des crises s’éternise sous cette République (surtout de 1885 à 1905) et le régime s’y épuise lentement mais sûrement. Le personnel politique est toujours aussi médiocre et l’opinion publique se lasse des jeux de ces politiciens professionnels, « République des camarades » copains et coquins, secouée de scandales périodiques.

« Ni Dieu ni maître. »2408

Auguste BLANQUI (1805-1881), titre de son journal créé en 1877

Entré en politique il y a juste un demi-siècle (sous la Restauration), arrêté en 1871, condamné à mort et amnistié, cet infatigable socialiste reprend son activité révolutionnaire à 72 ans. Son « Ni Dieu ni maître » deviendra la devise des anarchistes qui troubleront la Troisième pendant un quart de siècle. Les causes ? Souvenir de la Commune (1871), hostilité envers les partis politiques de gauche, haine et mépris pour la bourgeoisie affairiste.

« Vos mains sont couvertes de sang.
— Comme l’est votre robe rouge ! »2511

Émile HENRY (1872-1894), répondant au président du tribunal, 27 avril 1894. Historia (octobre 1968), « L’Ère anarchiste », Maurice Duplay

Fils de bourgeois, il épouse la cause anarchiste par idéal révolutionnaire et veut frapper partout, parce que la bourgeoisie est partout. Il a 19 ans quand sa bombe portée pour examen au commissariat de police des Bons-Enfants explose : 5 morts, le 8 novembre 1892. Nouvelle bombe au café Terminus de la gare Saint-Lazare : un mort, 20 blessés, le 12 février 1894.

À son procès, il proclame que l’anarchie « est née au sein d’une société pourrie qui se disloque. Elle est partout, c’est ce qui la rend indomptable, et elle finira par vous vaincre et vous tuer. » Émile Henry sera guillotiné le 21 mai 1894, criant « Courage, camarades ! Vive l’anarchie ! »

« La vérité est en marche ; rien ne peut plus l’arrêter. »2515

Émile ZOLA (1840-1902), Le Figaro, 25 novembre 1897

Zola commente la demande en révision du procès du capitaine Dreyfus.

L’histoire, complexe et longue, commence fin septembre 1894, quand une femme de ménage française de l’ambassade allemande, travaillant pour le Service de renseignements, découvre un bordereau prouvant la trahison d’un officier de l’état-major français. Le 10 octobre, le général Mercier, ministre de la Guerre, met en cause Alfred Dreyfus. On lui fait faire une dictée, il y a similitude entre son écriture et celle du bordereau en cause. Dreyfus est condamné à la déportation en Guyane par le Conseil de guerre de Paris, le 22 décembre 1894.

Ni lui ni son avocat n’ont eu accès à des pièces d’un « dossier secret ». Diverses irrégularités sont ensuite mises en évidence. Sa qualité de juif joue contre lui, à une époque où l’antisémitisme a ses hérauts, ses journaux, ses réseaux.

« Il n’y a pas d’affaire Dreyfus. »2516

Jules MÉLINE (1838-1925), président du Conseil, au vice-président du Sénat venu lui demander la révision du procès, séance du 4 décembre 1897. Affaire Dreyfus (1898), Edmond de Haime

Mot malheureux, quand éclate au grand jour l’affaire Dreyfus qui deviendra l’« Affaire » de la Troisième République et la plus grave crise pour le régime, divisant une France patriote et majoritairement antisémite.

Méline refuse la demande en révision du procès. Les dreyfusards (minoritaires) vont mobiliser l’opinion publique par une campagne de presse retentissante.

« J’accuse. »2517

Émile ZOLA (1840-1902), titre de son article en page un de L’Aurore, 13 janvier 1898

L’Aurore est le journal de Clemenceau et le titre est de lui. Mais l’article en forme de lettre ouverte au président de la République Félix Faure est bien l’œuvre de Zola : il accuse deux ministres de la Guerre, les principaux officiers de l’état-major et les experts en écriture d’avoir « mené dans la presse une campagne abominable pour égarer l’opinion », et le Conseil de guerre qui a condamné Dreyfus, d’« avoir violé le droit en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète ». Le ministre de la Guerre, général Billot, intente alors au célèbre écrivain un procès en diffamation. « Un jour la France me remerciera d’avoir aidé à sauver son honneur. » dit Zola. Dreyfus sera gracié (1899) et finalement réhabilité (1906) par le président Émile Loubet.

« Laissons au coq gaulois ces sables à gratter. »2526

Marquis de SALISBURY (1830-1903), Premier ministre anglais, 21 mars 1899. Les Forces politiques au Cameroun réunifié (1989), Joseph-Marie Zang-Atangana

Il parle du Sahara, à la fin des négociations franco-anglaises sur la situation respective des deux grandes puissances en Afrique. C’est la suite de l’« incident de Fachoda », en juillet 1898.

La France a envoyé la mission Marchand sur le haut Nil (quelques gradés et 250 travailleurs sénégalais) pour devancer au Soudan l’Angleterre (qui mobilise une armée anglo-égyptienne de 20 000 hommes). Marchand, arrivé le premier, a levé le drapeau tricolore à Fachoda, mais suite à un ultimatum de Londres, Delcassé, ministre des Affaires étrangères, décide d’évacuer les lieux.

Une vague d’anglophobie rappelle la guerre de Cent Ans ! Mais la France a quand même d’autres problèmes – à commencer par l’Affaire (Dreyfus). La convention franco-anglaise signée le 21 mars 1899 consacre le renoncement de la France sur le Nil, l’Angleterre lui laissant cependant le Maroc et une portion de désert : l’orgueil national est froissé, mais la raison l’emporte et l’Entente cordiale sera précieuse dans les temps à venir, contre l’Allemagne qui est l’adversaire commun des deux pays.

« Qu’est-ce qui les sépare ? Leurs idées. Ils en ont si peu. »2535

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), ironisant à la vue de deux députés fâchés à mort, ce qui ne les empêche pas de trinquer à la buvette du Palais-Bourbon. Nouveaux paysages de campagne (1997), Philippe Alexandre

Selon d’autres sources : « Qu’est-ce qui les sépare ? Leurs idées. C’est si peu de chose. » Mais cela signifie exactement la même chose, dans l’esprit de Clemenceau.

La République des députés devient « La République des camarades ». Comme l’écrira Robert de Jouvenel dans ce livre daté de 1914 : « Il y a moins de différence entre deux députés dont l’un est révolutionnaire et l’autre ne l’est pas, qu’entre deux révolutionnaires, dont l’un est député et l’autre ne l’est pas. »

Modérée, puis radicale, la Troisième République a créé tout à la fois les règles du jeu parlementaire et le métier de député comme de ministre. Décriée, souvent compromise par les crises, scandales et autres affaires, elle constitue un étrange microcosme de camaraderie et de rivalités, voire de haines.

« Ils m’ont étranglé avec la cravate. »2537

Clément ADER (1841-1925). Lettre ouverte à mon grand-père qui avait le tort d’avoir raison (1995), Marcel Jullian

Pionnier de l’aviation avec le premier vol au monde d’un mètre de haut sur cinquante de long, sur Éole I, petit monomoteur, en octobre 1890. Une nouvelle démonstration au camp de Satory en 1897 échoue en raison d’un vent violent et le ministre de la Guerre ne donne pas suite à sa commande. L’ingénieur et inventeur renonce en 1903, découragé par l’incompréhension des politiques.

Il a ce mot bien plus tard, quand on veut le consoler avec la « cravate » en le nommant commandeur de la Légion d’honneur. Louis Blériot vengera Ader en traversant la Manche en avion (juillet 1909) et Roland Garros, la Méditerranée (septembre 1913).

« Pas ça ou pas vous ! »2547

Jean JAURÈS (1859-1914) à Aristide Briand, Chambre des députés, 10 mai 1907. La Démocratie et le travail (1910), Gabriel Hanotaux

Le gouvernement de Clemenceau, dont Briand fera partie à divers postes ministériels, est confronté à une dramatique agitation sociale dès 1906 : mineurs, ouvriers électriciens à Paris, dockers à Nantes, etc.

Clemenceau doit prendre des mesures énergiques pour rétablir l’ordre. En avril 1907, le gouvernement décide la révocation de fonctionnaires qui se sont élevés contre sa politique. La CGT déclenche la grève que Jaurès défend en chef de l’opposition socialiste, invectivant Briand, devenu ministre, mais ancien propagandiste de la grève générale. Jaurès ajoute que son « jeu de duplicité souille et décompose successivement tous les partis », alors que Maurice Barrès le qualifiera de « monstre de souplesse ».

Jaurès prendra souvent à partie Clemenceau en personne, personnage bien différent de Briand ! Étant au pouvoir, cet ancien républicain de choc, radical d’extrême gauche, impitoyable « tombeur de ministères », constate l’évidence : « Je suis de l’autre côté de la barricade. » Donc, dans la logique de son rôle qu’il définit lui-même et qu’il assume : « premier flic de France ».

« Le peuple est bête, pue et crache partout. »2553

Jules RENARD (1864-1910), Journal, 27 mars 1908

On est loin de l’empathie de Victor Hugo dans Les Misérables (et dans son parcours politique), ou d’Émile Zola dans toute son œuvre.

Cruel observateur de la société, Jules Renard n’épargne personne, pas plus le monde littéraire dont il fait partie en marginal, que celui des ouvriers et de la misère qu’il critique en connaissance de cause. Il a vécu pauvrement et surtout malheureux, dans la peau de Poil de carotte, roman autobiographique d’un enfant martyr à force d’être mal aimé, mais qui lui apporta finalement le succès et l’argent.

« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. »2411

Jean JAURÈS (1859-1914). Le Socialisme selon Léon Blum (2003), David Frapet

Socialiste à la fois internationaliste et pacifiste, il va vivre dramatiquement l’approche de la guerre de 1914, cherchant appui auprès du mouvement ouvrier pour l’éviter, avant d’être assassiné le 31 juillet 1914 par un nationaliste. Ce que n’a pas su faire la République, cahotant de crises en « affaires » et d’« affaires » en scandales, la guerre l’accomplit alors : l’union sacrée des Français, l’unité nationale retrouvée.

3/ PREMIERE GUERRE MONDIALE (1914-1918)

« La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires. »2579

Georges CLEMENCEAU (1841-1929). Soixante Années d’histoire française : Clemenceau (1932), Georges Suarez

À 76 ans, il est appelé à la tête du gouvernement et en dernier recours par le président Poincaré (16 novembre 1917). Jusque-là, le Tigre s’est tenu à l’écart, accablant de sarcasmes les chefs civils et militaires : très opposé à la dictature de fait du maréchal Joffre, le grand homme de la France jusqu’en 1916, comme aux ministres de la Guerre qui se succèdent – Millerand le premier, qui couvrait Joffre sans le contrôler.

Désormais, plus question de laisser carte blanche au général en chef ! À la tête d’une France fatiguée, divisée, à bout de nerfs et de guerre, et devenue défaitiste par lassitude, il saura imposer son autorité, à l’armée comme au pays et méritera son nouveau surnom de Père la Victoire.

« Pourvu que les civils tiennent ! »2572

Jean-Louis FORAIN (1852-1931), légende d’une caricature. La Guerre libératrice (1918), Alexandre Millerand

Propos souvent répété pendant la guerre de 1914-1918 : ironie, certes, mais dans un pays en guerre, le moral de l’arrière est aussi important que celui du front. Il varie beaucoup, passant du meilleur au pire (en 1917), avant de se ressaisir. Presque tous les pays connaissent à peu près en même temps cette évolution. Au total, 10 millions de civils périront directement ou indirectement de cette guerre.

« Mon centre cède, ma droite recule, situation excellente, j’attaque. »2590

Général FOCH (1851-1929), Message au GQG (Grand Quartier Général), pendant la première bataille de la Marne, du 6 au 9 septembre 1914. Le Maréchal Foch (1918), Contamine de Latour

Pour Foch, une bataille se perd moralement, mais se gagne de même : « Une bataille gagnée, c’est une bataille dans laquelle on ne veut pas s’avouer vaincu. » La défaite semblait certaine. Il la refuse. D’où ce télégraphe envoyé à Joffre.

Au moment le plus critique, le généralissime l’a mis à la tête de la IXe armée. Quatre jours de bataille acharnée, auxquels participent les fameux taxis de la Marne : 1 100 chauffeurs réquisitionnés ont conduit sur le front 5 000 hommes de la 7e DI (division d’infanterie). Le Trésor public versera 70 102 francs à la compagnie des taxis G7, appartenant au comte André Walewski (petit-fils de Napoléon Ier) : c’est lui qui a qui a eu l’idée de cette opération, parfaitement menée par Gallieni, gouverneur de Paris.

Cette victoire sauve de justesse la capitale de l’assaut allemand, et redonne tout son prestige à Joffre.

« Debout les morts ! »2593

Adjudant PÉRICARD (1876-1944) du 95e RI (régiment d’infanterie), 8 avril 1915. Fait rapporté par Maurice Barrès, L’Écho de Paris du 18 novembre 1915

Dans l’attaque de la Woëvre (plaine à l’ouest de la Lorraine), les Allemands ont envahi la tranchée, les soldats français gisent à terre. De cet amas de blessés et de cadavres, soudain un homme se soulève et crie. À cet appel, les blessés se redressent et chassent l’envahisseur.

Par cette citation épique et mystique, l’adjudant de 36 ans, engagé volontaire, entre dans la légende en héros. Durant l’entre-deux-guerres, devenu père de dix enfants, c’est un « ancien combattant » qui réunit 6 000 témoignages de poilus dans un ouvrage collectif : Verdun 1914-1918.

Joffre doit rompre le front pour reprendre la guerre de mouvement en terrain libre et il multiplie les attaques. Bilan des opérations, en 1915 : 250 000 morts français (autant de blessés et de prisonniers), pour des gains de terrain insignifiants : « Je les grignote. »

« Verdun est le cœur de la France. »2595

GUILLAUME II (1859-1941), empereur d’Allemagne, 14 février 1916. L’Épopée de Verdun, 1917 (1917), Gaston Jollivet

1916. Nouvelle année de batailles indécises et sanglantes dont le plus terrible exemple est Verdun. Le général en chef allemand Falkenhayn a décidé de s’en emparer. Le Kaiser adresse à ses troupes une proclamation glorifiant l’attaque imminente : « Moi, Guillaume, je vois la Patrie allemande contrainte à l’offensive. Le peuple veut la paix ; mais pour établir la paix, il faut savoir clore la guerre par une bataille décisive. C’est à Verdun, cœur de la France, que vous cueillerez le fruit de vos peines. »

Pourquoi, Verdun ? Raisons tactiques, stratégiques, logistiques, politiques… et psychologiques. La prise de Verdun, ce serait l’effondrement du moral de l’armée française : « Verdun n’est pas seulement la grande forteresse de l’Est destinée à barrer la route à l’invasion, c’est le boulevard moral de la France », dira le maréchal Pétain.

Les Français défient les Allemands : « Ils ne passeront pas. » L’offensive commence le 21 février. Déluge de feu. La percée allemande échoue de peu.

« Courage ! On les aura ! »2597

Général PÉTAIN (1856-1951), derniers mots de l’Ordre du jour rédigé le 10 avril 1916. Verdun, 1914-1918 (1996), Alain Denizot

Commandant de la IIe armée, Pétain prend la direction des opérations après la première offensive allemande, réorganise le commandement et le ravitaillement des troupes par la Voie sacrée (qui relie Verdun à Bar-le-Duc). L’équilibre des forces est rétabli et la brèche colmatée. Il redonne confiance aux « poilus » et même s’il n’obtient pas les renforts demandés, il impose que les troupes soient périodiquement remplacées - système du « tourniquet » en vertu de quoi 70 % de l’armée française a « fait » Verdun.

Dix mois de batailles de tranchées, bombes, lance-flammes, gaz asphyxiants. Chaque jour, 500 000 obus de la Ve armée allemande pour « saigner à blanc l’armée française », 80 % des pertes venant de l’artillerie. Chaque unité perdra plus de la moitié de ses effectifs – 162 000 morts et 216 000 blessés, côté français. Saignée comparable chez l’ennemi. Dans l’« enfer de Verdun » - le mot est juste -, la résistance française devient aux yeux du monde un exemple d’héroïsme et de ténacité, demeurant une page de l’histoire de France et un symbole pour des générations. Cependant que Pétain reste comme le vainqueur de Verdun. Mais pour « avoir » ainsi les Allemands, la guerre d’usure a dépassé les forces physiques, morales, militaires du pays.

« La Fayette, nous voici ! »2602

Colonel Charles E. STANTON (1859-1933), Cimetière de Picpus (Paris), 4 juillet 1917. Également attribué au général Pershing (1860-1948). La Fayette, nous voici ! : l’entrée en guerre des États-Unis, avril 1917 (2007), Ministère de la Défense

C’est l’Amérique venue payer sa dette d’honneur à la France des Lumières, le jour de la fête nationale des États-Unis (Independence Day). Phrase prononcée sur la tombe de La Fayette, le Héros des deux mondes, général français volontaire dans la guerre d’Indépendance américaine en 1777. La solidarité franco-américaine va de nouveau jouer, dans la défense de la liberté.

Dès le 28 juin, la première division américaine débarque à Saint-Nazaire : 14 500 hommes, qui seront 365 000 en décembre. Intervention décisive en cette année charnière où tous les pays en guerre sont en crise (morale, politique, sociale, militaire).

« Nous voulons vaincre pour être justes. »2604

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Chambre des députés, Déclaration ministérielle du 20 novembre 1917. Discours de guerre (1968), Georges Clemenceau, Société des amis de Clemenceau

Le 16 novembre, appelé en dernier recours par le président Poincaré, il forme un nouveau gouvernement, accepté par une très forte majorité de députés, le 20 novembre. Clemenceau le « tombeur de ministères », le « Tigre » va devenir à 76 ans le « Père la Victoire », exerçant une véritable dictature, avec suprématie du pouvoir civil sur le militaire. Il incarne une république jacobine, au patriotisme ardent, animé par la volonté de se battre jusqu’au bout, mais autrement. Il commence, en décembre, par poursuivre les politiciens défaitistes, Malvy, mais aussi et surtout Caillaux, ex-président du Conseil, accusé d’intelligence avec l’ennemi.

« Ma formule est la même partout. Politique intérieure ? Je fais la guerre. Politique étrangère ? Je fais la guerre. Je fais toujours la guerre. »2606

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Chambre des députés, 8 mars 1918. Le Véritable Clemenceau (1920), Ernest Judet

Il s’exprime, à la tribune : « Moi aussi j’ai le désir de la paix le plus tôt possible et tout le monde la désire, il serait un grand criminel celui qui aurait une autre pensée, mais il faut savoir ce qu’on veut. Ce n’est pas en bêlant la paix qu’on fait taire le militarisme prussien. » Un tel discours, dans un tel moment, ce n’est plus un homme politique qui parle en orateur, mais un boulet de canon qui vise l’ennemi. Il répond ici à une interpellation d’Émile Constant, au sujet de procès intentés pour défaitisme et de campagnes de presse menées contre tel ou tel député.

La situation est de nouveau grave. L’Allemagne, sur le front ouest, a reçu le renfort des 700 000 hommes libérés du front russe (après l’armistice des Soviets). Hindenburg et Ludendorff vont déclencher la grande bataille de France, sans attendre que l’Entente (France et Angleterre) reçoive la suite des renforts américains prévus pour juillet.

« L’Allemagne peut être battue, l’Allemagne doit être battue, l’Allemagne sera battue. »2607

Général PERSHING (1860-1948), au généralissime Foch. The Story of General Pershing (2009), Everett Titsworth Tomlinson

Commandant en chef de l’AEF (American Expeditionary Force, corps expéditionnaire américain) à partir de novembre 1917, il s’adresse à Foch qui reprend le commandement de toutes les forces alliées avec l’appui de Clemenceau, le 26 mars 1918.

L’unité de commandement s’imposait, pour contrer l’assaut allemand du 21 mars qui a rompu le front des alliés sur 50 km, avec une percée « en éventail » créant la poche de Montdidier. Preuve que la guerre peut encore être perdue ! Mais ce sera un mal pour un bien : l’Amérique accepte de servir sous les ordres d’une autre armée, avant d’acquérir son autonomie sur une opération militaire parfaitement organisée, à la bataille du Saillant de Saint-Mihiel en septembre. Un cimetière américain rappelle les 4 518 soldats de l’AEF inhumés en Meurthe-et-Moselle.

« Je me battrai devant Paris, je me battrai dans Paris, je me battrai derrière Paris ! »2609

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), printemps 1918. Les Grandes Heures de la Troisième République (1968), Robert Aron

L’offensive allemande du 27 mai sur le Chemin des Dames (lieu de sanglante mémoire) enfonce en quelques heures les positions franco-anglaises, fait une avancée de 20 km en un jour, franchit bientôt l’Aisne et la Marne, créant une nouvelle « poche » de 70 km sur 50.

Foch, un moment contesté, est sauvé par Clemenceau. Et les Alliés reçoivent d’Amérique les renforts prévus, en hommes et en matériel. D’où la contre-offensive menée par Foch : seconde bataille de la Marne, déclenchée le 18 juillet. Les chars d’assaut (tanks) sont pour la première fois utilisés à grande échelle. Ils enfoncent les barbelés allemands en un rien de temps. Cette fois, la victoire est plus rapide qu’espéré : la guerre d’usure a physiquement et moralement atteint l’armée allemande. Défaite le 8 août à Montdidier, elle commence une retraite générale. Malgré tout, ce ne sera jamais la débâcle, seulement le recul pied à pied, sur le terrain peu à peu reconquis.

« Honneur à nos grands morts […] Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’humanité, sera toujours soldat de l’idéal. »2613

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours écrit et parlé à la Chambre des députés, 11 novembre 1918. Histoire de la Troisième République (1979), Paul Ducatel

Pour la France, c’est le Père la Victoire, qui lui a donné le courage de vaincre. Pour les Alliés, la France qui a fourni l’effort de guerre essentiel ressort auréolée d’un immense prestige.

Lire la suite : les punchlines de la fin de la Troisième République à la Seconde Guerre mondiale

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