Les Surnoms - jeu de mots entre petite et grande Histoire (le Siècle de Louis XIV) | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

« Un surnom est le plus irréfutable des arguments. »

William HAZLITT (1778-1830 ), On nicknames (essai)

Qui est qui ?

69 rois de France se succèdent, dont 28 LOUIS - le prénom en majuscules vaut patronyme pour tous les souverains. Contemporains et historiens les surnomment pour les distinguer d’un simple adjectif. Le sens n’est pas toujours évident et il y a des doublons, mais l’on voit tout de suite l’utilité !

L’habitude étant prise, la plupart des personnages marquants à la cour et à la ville sont concernés, politiciens, ministres et présidents de la République, révolutionnaires, militaires, artistes, philosophes, favorites, etc.

Qui fait quoi ?

La tentation est grande de résumer l’action, l’œuvre, le caractère en un, deux ou trois mots - pour informer, louer ou critiquer, voire encenser ou insulter, sans craindre la censure, vu l’anonymat. Tous les personnages historiques à tel ou tel titre y ont droit – exception incroyable, Victor Hugo !

Le surnom est la rançon de la gloire, avant de devenir le prix de la notoriété. La quantité augmente au détriment de la qualité. Même sans « faire les poubelles », tout n’est pas de bon goût ni de bonne foi. Le surnom tourne vite au sobriquet et les réseaux sociaux en rajoutent. L’humour français sauve quand même l’honneur historien.

« Au surnom connaît-on l’homme »

Proverbe français

Beaucoup de surnoms valent portraits (ou croquis). Étonnants, terrifiants, drôles, cruels, excessifs… mais toujours évocateurs. Exemples (entre 1 000) par ordre d’apparition sur la scène de l’Histoire : 

le Fléau de Dieu, le Faiseur de rois, le Dogue noir de Brocéliande, Docteur Sublime, l’Universelle aragne, Bras de Fer, le Vert galant, le Sphinx rouge, le Cul pourri, le Législateur du Parnasse, la Chiure de souris, l’Aigle de Meaux, le Cygne de Cambrai, le Tapissier de Notre-Dame, le Rousseau du ruisseau, Vide-Gousset, Monsieur Déficit, le Héros des Deux-Mondes, la Torche de Provence, la Chandelle d’Arras, le Mitrailleur de Lyon, le Missionnaire de la Terreur, le Boucher de l’Europe, Jambe de Bois, le Diable boiteux, le Roi fauteuil, le Prêtre en bonnet rouge, Sainte-Bévue, le Marquis aux talons rouges, Foutriquet, le Grand fécal, l’Homme aux semelles de vent, le Clochard céleste, Docteur Dieu, Fou-fou-train-train, le Général Micro, Pique-la-lune, le Mage de Monboudif, l’Agité du bocal, le Châtelain de Montretout, la langue de Blois, le grand Ballamouchi, « trois minutes douche comprise », Naboléon, Tsarkozy, le Ministre pipi, le Capitaine de pédalo, Choupinet Ier, Jupiter.

Et parmi les femmes : Berthe au Grand pied (ou aux Grands pieds), la Dame de Beauté, la Duchesse d’Ordures, Océan d’encre, la Grosse banquière, Notre-Dame des amours, la Vieille touffe, Maman putain, Madame Déficit, la Bonne Dame de Nohant, la Vache à encre, la Vierge rouge, la Pompe funèbre, la Mère la Chaise,  Notre-Dame de Sartre, l’Aragonzesse, la Saint-Just des Trotskistes, la pintade à roulettes, la garde des Sceaux à Champagne, Miss Pétard, Titine de fer, la Châtelaine de Saint-Cloud.

Quelques surnoms génériques et évocateurs marquent l’Histoire : les Jacques, les Mignons, les vaincre ou courir, les sans-culottes, les Marie-Louise, les Gilets rouges, les poilus, les Boches, les gueules cassées, les Pères de l’Europe, les gilets jaunes. Au final, la France elle-même est désignée par six surnoms qui résument son histoire.

Enfin, une suggestion : jouez au jeu des surnoms, créez votre Quizz, piégez vos amis, étonnez les amateurs, amusez les enfants ! C’est l’édito le plus ludique et en même temps, on apprend tout en s’amusant, dans l’esprit de l’Histoire en citations qui se renouvelle à l’infini.

Les surnoms

III. Siècle de Louis XIV

Apogée de l’Ancien Régime avec la monarchie absolue centrée sur un Roi-soleil, une cour de grands hommes, guerriers ou ministres, des artistes de génie classique et les personnages féminins les plus étonnants.



Louis XIV : le Roi-Soleil, Louis le Grand, Louis Dieudonné

« Ici rien pour la nature. Dieudonné est le fils de la raison d’État. »726

Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de France, tome XIV (1877)

La très longue stérilité du mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche faisait craindre pour la succession : « L’enfant apparut au moment où la mère se croyait perdue si elle n’était enceinte. Il vint exprès pour la sauver. »

Le roi étant peu empressé auprès de la reine, les bonnes âmes murmuraient les noms d’amants supposés (comme le comte de la Rivière). Un doute planera toujours sur la filiation entre Louis XIII le Juste et ce petit Dieudonné (don de Dieu) qui deviendra Louis XIV le Grand – qualificatif le plus fréquent de ce siècle avide de grandeur, l’exemple venant du Roi.

« Nec pluribus impar.  »
« Supérieur à tous. »853

LOUIS XIV (1638-1715), sa devise

« Non inférieur (ou : inégal) à plusieurs (ou : au plus grand nombre) » – c’est littéralement intraduisible. On peut quand même essayer, en recourant à une litote.

D’autres traductions existent, signées d’historiens. Pierre Larousse, auteur du dictionnaire, pose la question et avoue qu’il n’y a pas de réponse claire, même pas celle de Louis XIV dans ses Mémoires : « Je suffirai à éclairer encore d’autres mondes. » Ce qui renvoie plutôt au soleil.

En tout cas, la devise latine accompagne l’emblème choisi lors de la fête du Carrousel, en juin 1662 : le Soleil. Ainsi se développe une mystique d’origine supposée divine, assurément allégorique, en réalité bien païenne du « Roi-Soleil », personnage supraterrestre dont le culte atteint son apogée avec l’installation de Louis XIV à Versailles, en 1682.

Jean-Baptiste Colbert : le Grand Colbert, le Nord

«  Pro rege saepe ; pro patria semper. »
« Pour le roi souvent ; pour la patrie toujours. »862

Jean-Baptiste COLBERT (1619-1683), sa devise

Fils de bourgeois anoblis (drapiers de Reims), Colbert sera l’un des grands « commis de l’État » durant vingt-deux ans, restant toujours au second plan pour ne pas faire ombre au Roi-Soleil.

Homme de dossiers, mais aussi de clan et de famille, il place ses hommes et ses fils, marie ses filles à des ducs et lutte contre les intrigues du clan Le Tellier, notamment Louvois, ministre de la Guerre.

Travailleur infatigable, Colbert cumule les postes clés avec un ambitieux programme pour enrichir le pays : « Il faut rétablir ou créer toutes les industries, même de luxe ; établir le système protecteur dans les douanes ; organiser les producteurs et les commerçants en corporations ; restituer à la France le transport maritime de ses produits ; développer les colonies et les attacher commercialement à la France ; développer la marine militaire pour protéger la marine marchande. » Il annonce… et il passe à l’action, ce qui tranche avec la plupart des déclarations politiques. La France du XVIIe siècle doit son rayonnement international à Colbert. Il a donc bien mérité son surnom de Grand Colbert.

Son autre surnom, plus anecdotique, est une trouvaille signée Madame de Sévigné : « le Nord » est d’un abord peu souriant, à l’opposé de tous les courtisans aimant plaire. Colbert n’aura jamais le temps (ni le don) pour ce superflu parfois nécessaire en société.

« Au défaut des actions éclatantes de la guerre, rien ne marque davantage la grandeur et l’esprit des princes que les bâtiments. »818

Jean-Baptiste COLBERT (1619-1683), Lettres, instructions et mémoires de Colbert (posthume, 1863)

Surintendant des Bâtiments, Arts et Manufactures (en 1664), Colbert exprime la pensée de Louis XIV et montre l’importance de cette « grandeur » qui est plus qu’un mot, une réalité inhérente au Grand Siècle.

Les seuls bâtiments royaux coûtent en moyenne 4 % du budget de l’État : on construit un peu partout, à Fontainebleau, Vincennes, Chambord, Saint-Germain, Marly, et surtout Versailles où les travaux commencent dès 1661, pour durer plus d’un demi-siècle. Une réunion de grands talents (la même équipe qui n’a que trop bien réussi Vaux-le-Vicomte, résidence du surintendant Fouquet perdu par tant de magnificence) fait naître la plus grande réussite artistique des temps modernes : Versailles servira de modèle à l’Europe pendant un siècle, imposant la supériorité de l’art français.

Malgré cela, l’impopularité de Colbert le poursuivit toute sa vie et jusqu’après la mort.

« Ci-gît l’auteur de tous impôts
Dont à présent la France abonde.
Ne priez point pour son repos
Puisqu’il l’ôtait à tout le monde. »892

Épitaphe (anonyme) de Colbert, 1683. Dictionnaire de la mort (1967), Robert Sabatier

Les ministres des Finances sont souvent impopulaires et Colbert, par sa rigueur, le fut tout particulièrement. La Mort de Colbert est le titre d’une chanson connue, en cette fin d’année 1683 : « Caron étant sur le rivage, / Voyant Colbert, dit aussitôt : / Ne vient-il pas mettre un impôt / Sur mon pauvre passage. » (Dans la mythologie, Caron avec sa barque permet aux âmes d’accéder au royaume des morts, mais il exige un péage, pour franchir le fleuve Styx.)

Louis II de Bourbon Condé : le Grand Condé

« Le grand Condé, que le Dieu Mars fit naître
Pour être son second,
Aux Francs-Comtois, aujourd’hui fait connaître
Que son illustre nom,
Comme jadis, n’est pas un nom frivole.
Il prendrait Fontarabie
Comme il a pris Dôle. »870

Sur la prise de la Franche-Comté (1668), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Condé (1621-1686) est avec Turenne un héros de la guerre de Dévolution et tous deux se font ainsi pardonner leur « légèreté » sous la Fronde – ayant chacun son tour combattu avec l’Espagne contre les troupes royales.

Condé conquiert en deux semaines la Franche-Comté (capitale, Dôle), province espagnole convoitée par la France depuis Louis XI. Mais les Provinces-Unies (nord des Pays-Bas, dont la Hollande) s’inquiètent, ayant formé dès fin janvier 1668 la Triple Alliance de La Haye (protestante) avec la Suède et l’Angleterre. Les trois pays proposent une médiation entre la France et l’Espagne. En fait, ils l’imposent. La guerre s’arrête (1668), mais la Franche-Comté est perdue – elle sera reconquise en 1674 – et Bossuet, dans son sermon, foudroiera la « perfide Angleterre », devenue plus tard « perfide Albion ».

« Le voyez-vous comme il vole, ou à la victoire, ou à la mort ? »766

BOSSUET (1627-1704), Oraison funèbre de Louis de Bourbon, Prince de Condé (1686)

Ayant fini l’éducation du Dauphin (1670-1680), l’infatigable évêque reprend ses activités de prédication à Meaux. Il redevient grand orateur devant des auditoires mondains, en certaines occasions solennelles : la dernière sera la mort de son protecteur et ami, le prince de Condé.

Chargé à 21 ans du commandement des armées du Nord, le quatrième prince de Condé remporte l’éclatante victoire de Rocroi (19 mai 1643) qui anéantit l’armée espagnole des Pays-Bas et empêche l’invasion menaçante par les Ardennes : « L’armée commença l’action de grâce ; toute la France suivit ; on y élevait jusqu’au ciel le duc d’Enghien : c’en serait assez pour illustrer une autre vie que la sienne, mais pour lui, c’est le premier pas de sa course. »

C’est l’un des épisodes de la guerre de Trente Ans qui déchire l’Allemagne depuis 1618 et dans laquelle la France intervint directement huit ans plus tôt, jour pour jour, contre l’Espagne et les puissants Habsbourg tentés de reconstituer l’Empire de Charles Quint. L’autre héros de cette guerre est Turenne et les deux hommes vont souvent se croiser, amis ou ennemis, selon le camp choisi.

« Un Prince [Condé] qui a honoré la Maison de France, tout le nom français, son siècle, et pour ainsi dire l’humanité tout entière. »906

BOSSUET (1627-1704), Oraison funèbre de Louis de Bourbon, Prince de Condé (1686)

On oublie sa Fronde et son alliance avec l’Espagne ennemie, pour ne plus rappeler que le jeune vainqueur de Rocroi et de Nördlingen avec Turenne, puis ses campagnes de Franche-Comté et d’Alsace au service de Louis XIV.

Le Grand Condé acheva sa vie au château de Chantilly, entouré de poètes et d’écrivains (Boileau, Racine), à l’inverse de Turenne mort au combat au même âge, 65 ans,

Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne : le Grand Turenne

« Quand un général prétend n’avoir jamais fait de fautes, il me persuade qu’il n’a jamais fait la guerre longtemps. »768

TURENNE (1611-1675). Le Sottisier (posthume, 1880), Voltaire

Trois siècles plus tard, Henry de Montherlant écrit dans ses Carnets : « Turenne, dans ses lettres, lorsqu’il s’agit d’une victoire, dit : « Nous l’avons remportée », et lorsqu’il s’agit d’une défaite : « J’ai été battu » ». C’est rare d’être si beau joueur et bon perdant. C’est aussi et surtout un Grand, un très grand militaire, à l’égal de Condé.

Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de France qui a déjà servi sous Louis XIII, sera de toutes les guerres sous Louis XIV avant de trouver la mort en héros à la bataille de Sasbach (en Allemagne).

Pendant la guerre de Trente Ans, à trois mois d’intervalle, il venge sa défaite de Marienthal (mai 1645) par la victoire de Nördlingen (août) remportée avec l’aide du grand Condé. Les deux hommes furent adversaires sous la Fronde, l’un passant à l’ennemi alors que l’autre restait du côté des troupes royales, avant d’inverser les rôles ! Folle période, heureusement révolue !

Sous Louis XIV, les deux militaires du siècle qui méritent l’un et l’autre leur surnom de Grand ont donc l’occasion de se racheter en servant le Roi et la France.

« Il ne faut pas qu’il y ait un homme de guerre en repos en France, tant qu’il y aura un Allemand en deçà du Rhin en Alsace. »882

TURENNE (1611-1675), à un officier, avant la bataille de Turckheim, 5 janvier 1675. Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France depuis l’avènement de Henri IV jusqu’à la paix de Paris conclue en 1763 (1828), Petitot et Monmerque

Guerre de Hollande : la France a pour principal allié l’Angleterre, face à la Quadruple Alliance (Provinces-Unies, Saint Empire romain germanique, Espagne et Brandebourg).

Une campagne antifrançaise s’est déchaînée en Allemagne – certains historiens ont daté de cette guerre l’antagonisme franco-allemand et la phrase de Turenne, l’un des plus illustres maréchaux de France, sera souvent citée entre 1871 et 1914.

Un effort extraordinaire est accompli par le pays, orchestré par Colbert au plan économique et fiscal, tandis que Louvois  réorganise l’armée : modernisation de l’armement, discipline (interdiction du pillage), promotion au courage (et pas seulement au titre hérité). Après quelques défaites, Louis XIV reprend la Franche-Comté, Condé triomphe de Guillaume d’Orange dans les Pays-Bas et Turenne fait une superbe campagne d’Alsace, rejetant l’ennemi hors du royaume après la victoire de Turckheim (dans les Vosges). Bataille exemplaire par sa préparation (qui dure un mois), sa connaissance du terrain et du climat, mais aussi le petit nombre de morts (300 ennemis).

« Il est mort aujourd’hui un homme qui faisait honneur à l’homme. »883

Prince MONTECUCOLLI (1609-1680), rendant hommage à son ennemi Turenne, Salzbach (ou Sasbach), 27 juillet 1675. L’Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1789 (1875), François Guizot

Après Turckheim, la foule accueille Turenne à Paris comme le libérateur du royaume. Comblé d’honneurs et toujours modeste, il souhaite se retirer à l’Oratoire, mais Louis XIV lui donne le commandement de la nouvelle campagne de 1675. À 64 ans, le maréchal de France retrouve son vieil adversaire Montecucolli : généralissime des troupes de l’empereur germanique, âgé de 66 ans et toujours combattant.

Deux mois durant, ils déploient leurs armées en grands tacticiens. Turenne semble avoir l’avantage et va passer à l’offensive, quand il est mortellement blessé par un boulet de canon, au cours d’une opération de reconnaissance. Il sera enseveli à la basilique de Saint-Denis – et transféré en 1800 aux Invalides, par Bonaparte admiratif.

Marquise de Sévigné : Madame de Sévigné (en toute simplicité)

« La nouvelle du siège de Charleroi a fait courir tous les jeunes gens, même les boiteux. »869

Marquise de SÉVIGNÉ (1626-1696), Lettre, mardi au soir, 10 août 1677 (posthume)

Les quelque 1 500 lettres qui nous restent de la géniale commère du siècle sont une savoureuse chronique du temps : la guerre y figure au même titre que le procès de son ami Fouquet, les potins de la cour ou les grandes créations théâtrales. Son humour (rarement méchant) fait toujours sourire. La principale destinataire est sa fille très chérie, Françoise, devenue comtesse de Grignan et vivant à l’autre bout de la France avec son mari, gouverneur de Provence. La gazette maternelle la tient fidèlement informée – ses réponses ne nous sont pas parvenues.

Madame de Sévigné conte ici un épisode de la guerre de Hollande. La ville (aujourd’hui en Belgique francophone) est créée à des fins militaires par les Espagnols en 1666 et ainsi nommée en l’honneur de leur nouveau roi, Charles II.

Louis XIV s’en empare en mai 1667 – une victoire de Turenne. Vauban renforce les fortifications. Nouveau siège en août 1677. Le maréchal de Luxembourg oblige Guillaume III d’Angleterre (prince d’Orange) à abandonner la place, le 14 août : « Le prince d’Orange peut se vanter d’une chose : c’est qu’aucun général à son âge n’a levé tant de sièges et perdu autant de batailles », ironise un seigneur anglais à l’humour so british.

« La duchesse de Bouillon alla demander à la Voisin un peu de poison pour faire mourir un vieux mari qu’elle avait qui la faisait mourir d’ennui. »884

Marquise de SÉVIGNÉ (1626-1696), Lettre, 31 janvier 1680 (posthume)

Le fait divers va devenir affaire d’État – c’est l’affaire des Poisons, première ombre portée au règne du Roi-Soleil. Et l’infatigable épistolière nous met dans la confidence, avec gourmandise.

En 1679, le roi institue une cour extraordinaire de justice pour juger de ces crimes : Chambre ardente qui siège dans une pièce tendue de draps noirs, éclairée par des flambeaux. On la nomme « cour des poisons ». Louvois ne serait pas fâché d’éliminer ainsi certains de ses ennemis. Mais le scandale éclabousse la cour : la duchesse de Bouillon dont parle Madame de Sévigné (la plus jeune des nièces de Mazarin), la comtesse de Soissons (autre « mazarinette »), la comtesse de Gramont, la vicomtesse de Polignac, le duc de Vendôme, le maréchal de Luxembourg (jadis alchimiste amateur), le grand Racine (soupçonné d’avoir empoisonné par jalousie sa maîtresse, la comédienne Du Parc)… et jusqu’à la favorite en titre du roi, la Montespan.

L’affaire des Poisons allait compromettre trop de monde à la cour et Louis XIV est horrifié : sa maîtresse lui aurait donc fait absorber des filtres d’amour, manigancé la mort de Madame de Fontanges (sa nouvelle favorite) et la stérilité de la reine !… Il suspend les interrogatoires. L’enquête publique est fermée, le roi fait brûler les dossiers, jetant lui-même au feu de la cheminée les pages compromettant son ex-favorite. La Chambre ardente aura siégé trois ans ! Au final, 36 condamnations à mort prononcées et appliquées.

Princesse Palatine : Océan d’encre

« Ma taille est monstrueuse, je suis carrée comme un dé, la peau est d’un rouge mélangé de jaune, je commence à grisonner, j’ai les cheveux poivre et sel, le front et le pourtour des yeux sont ridés, le nez est de travers comme jadis, mais festonné par la petite vérole, de même que les joues ; je les ai pendantes, de grandes mâchoires, des dents délabrées ; la bouche aussi est un peu changée, car elle est devenue plus grande et les rides sont aux coins : voilà la belle figure que j’ai, chère Amelise ! ».

Princesse palatine (1652-1722), Lettre à sa demi-sœur, 22 août 1698

C’est l’une des 60 000 lettres qui valent à son auteur son surnom pour le moins original : Océan d’encre. Madame de Sévigné est battue, même si les deux femmes ne jouent pas sur le même terrain ni avec les mêmes armes. L’une crée un genre littéraire et le porte à la perfection « classique », l’autre « déballe » au fil de ses emportements et ne s’impose aucune censure de fond ni de forme. C’est un personnage totalement atypique du siècle de Louis XIV.

Venue de Bavière, la Palatine épousa Monsieur, frère du roi (veuf de la première Madame, Henriette d’Angleterre, morte en 1670 à 26 ans). Ils firent trois enfants pour assurer la descendance, et ensuite lit à part - lui n’aimait pas les femmes,  elle était devenue obèse et marquée par la petite vérole, ainsi qu’elle se décrit sans complaisance.

Elle n’épargne pas non plus les gens de la cour – sauf son beau-frère, Louis XIV, par respect dû au roi. Il lui en voudra des abominables surnoms donnés à sa seconde épouse, Madame de Maintenon, mais à la mort de son frère (Monsieur) et contrairement à la règle, il autorisera la veuve Palatine à conserver son rang, ses résidences et ses appartements au château de Versailles.

Elle nous laisse un témoignage littéralement extraordinaire de la vie à la Cour du Roi Soleil, alliant un humour rare et une insolente  franchise qui manquent aux mémoire de Saint Simon dont l’envie et l’aigreur altèrent parfois le jugement. Mère du Régent, on la retrouvera sous la Régence, jugeant son fils sans le ménager. D’ores et déjà, condamnant la mésalliance, elle le gifle devant la cour à l’annonce de son mariage avec Mlle de Blois, fille légitimée du roi et de la Montespan, mais malgré tout bâtarde et « qui ressemble à un cul comme deux gouttes d’eau ».

Ninon de Lenclos : Notre Dame des Amours

« Il est plus difficile de bien faire l’amour que de bien faire la guerre. »767

Ninon de LENCLOS (1616-1706), Lettres (édition posthume)

Belle dame aux mœurs légères, elle vécut très âgée en un siècle très guerrier et parle en connaissance de cause.

Séductrice aux « mille amants » et surnommée Notre Dame des Amours, épicurienne et lettrée, tenant salon chaque jour et visitée de cinq à neuf par tout Paris, elle devient friande de jeunes gentilshommes et de prélats, sur le tard : « Je n’ai jamais eu que l’âge du cœur. »

En ce siècle guerrier, cette femme libre aura naturellement nombre d’amants célèbres et combattants. À qui songe-t-elle en écrivant ces mots ? Au marquis et maréchal d’Estrées, à Coligny, au duc de La Rochefoucauld ou au duc d’Enghien, devenu pour l’histoire le Grand Condé ?

Pierre Corneille : le Grand Corneille ou Corneille l’Aîné

« En vain, contre Le Cid, un ministre se ligue ;
Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue. »721

Nicolas BOILEAU (1636-1711), Satire IX (1668)

Protégé de Richelieu, Corneille (1606-1684) connut la gloire à 30 ans. Le Cid fut joué fin décembre 1636, dans le théâtre privé du cardinal (près de 1 000 places pour les invités) et en janvier 1637, au théâtre du Marais. Cela explique l’une et l’autre date données pour sa création, selon les sources les plus sûres (dictionnaires compris) !

La première grande tragédie classique (ou plutôt, tragicomédie) est ovationnée pour son génie propre et pour ses allusions à l’actualité – le combat contre les Maures fait écho à l’invasion espagnole de cette année. Louis XIII anoblit l’auteur.

Mais Richelieu ne lui pardonne pas son refus de participer à une société de cinq auteurs (avec Boisrobert, Colletet, L’Estoile et Rotrou) chargés de composer des pièces sur ses idées ! C’est le petit côté d’un grand homme, par ailleurs passionné de théâtre et mécène actif.

Le cardinal forme une cabale et l’Académie française, docile, suit, accable le jeune poète de critiques jalouses et de propos pédants. Corneille en souffre. Mais comme l’écrira Boileau : « L’Académie en corps a beau le censurer, / Le public en révolte s’obstine à l’admirer. » La « querelle du Cid » va émouvoir Paris, toute l’année 1637.

Mais quand Boileau écrit pour vanter le grand Corneille en 1668, la faveur du public se détourne de lui et Racine devient  le nouveau tragédien du siècle de Louis XIV, encore plus riche au plan culturel que sous le ministériat conjoint de Louis XIII et Richelieu.

« Après l’Agésilas,
Hélas !
Mais après l’Attila,
Holà ! »867

Nicolas BOILEAU (1636-1711), Épigramme (1667)

Fin du règne sans partage du Grand Corneille, après l’échec de ces deux tragédies créées à un an d’intervalle (1666 et 1667). Son premier surnom est confirmé par le second, Corneille l’Aîné, opposé au cadet, Thomas Corneille (1625-1709). La postérité n’a pas retenu son nom, et pourtant… De presque vingt ans son cadet, il suit son exemple, juriste et dramaturge. Son Timocrate (1656) est le triomphe théâtral du siècle, avec 80 représentations de suite – du jamais vu à l’époque.

Corneille le Grand, le moins courtisan de tous les artistes de siècle, est « remplacé » par le jeune et ambitieux Racine, tragédien de génie qui va connaître dix ans de triomphe, jusqu’à la chute de sa Phèdre, victime d’une cabale en 1677, cependant que Molière est roi dans la comédie. Lully, le plus courtisan des hommes de théâtre et le plus détesté aussi, invente l’opéra à la française. Belle et grande époque culturelle.

Mais Corneille continue d’écrire, collaborant et cosignant (souvent) avec Molière, avec Lully. En 1670, il se retrouve en concurrence directe avec son rival, Racine, auteur légitimement applaudi de Bérénice.

« Quoi, Rome ne veut pas quand vous avez voulu ?
Que faites-vous, Seigneur, du pouvoir absolu…
Ah! si j’en puis juger sur ce qu’on voit paraître,
Vous en êtes l’esclave encore plus que le maître »

Pierre CORNEILLE (1606-1684), Tite et  Bérénice (1670)

Ce n’est plus tout à fait le Grand Corneille, mais sa passion d’écrire le pousse encore, jusqu’à Suréna (1674). Succès mitigé, les exégètes y trouvant encore des progrès dans l’évolution du sentiment amoureux dans la tragédie.

Il ne renoncera jamais au théâtre (comme Racine), mais il est malade, il finira par ne plus venir aux séances de l’Académie française. Son frère Thomas sera élu à son fauteuil… et c’est Racine qui prononce le discours de réception le 2 janvier 1685 : un vibrant éloge du Grand Corneille. On dit toujours que « le théâtre est une grande famille. »

Molière : le Peintre

(Molière est le pseudonyme qu’il s’est choisi en début de carrière pour ne pas gêner sa famille, comme Voltaire au siècle suivant. Wikipédia fera la même confusion dans les deux cas. Son vrai surnom lui sera donné pour son art de portraiturer ses contemporains)

« Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n’a pas suivi un bon chemin. »822

MOLIÈRE (1622-1673), La Critique de l’École des femmes (1663)

Autre génie du siècle, Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, auteur, acteur, metteur en scène, chef de troupe, ne peut vivre et s’exprimer à peu près librement qu’avec la protection du roi : contre les dévots, les bourgeois, les parvenus, les pédants qu’il va peindre (presque) sans concession. Il reste à ce jour l’auteur dramatique français le plus aimé, le plus joué au monde.

Racine, si différent de lui pourtant, a la même éthique professionnelle : « La principale règle est de plaire et de toucher. Toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première » (Préface de Bérénice). Comédie oblige, Molière ajoute : « C’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens. »

« Le scandale du monde est ce qui fait l’offense,
Et ce n’est pas pécher que pécher en silence. »872

MOLIÈRE (1622-1673), Tartuffe (1669)

Le 5 février 1669, la pièce peut enfin se jouer en public, épilogue d’un épuisant combat de cinq années, reflet de la censure au Grand Siècle !

La première version en trois actes de la pièce - dont une ébauche a été approuvée par le roi - est jouée le 12 mai 1664. Influencé par l’archevêque de Paris, il interdit les représentations publiques, mais ne va pas jusqu’à suivre le curé Roullé qui demande un bûcher pour y brûler l’auteur ! Molière a des appuis en haut lieu – Madame et Monsieur, Condé, le légat du pape (cardinal Chigi), mais la « cabale des dévots » est la plus forte et son Tartuffe ne se joue qu’en privé (chez Monsieur, frère du roi).

Molière ne peut s’y résoudre et écrit une deuxième version édulcorée. Il rectifie le portrait, habille son faux dévot en homme du siècle et profite de l’absence du roi (guerroyant dans l’armée des Flandres) pour présenter Panulphe ou l’Imposteur. Lamoignon, premier président du Parlement, interdit la pièce, l’archevêque de Paris excommunie les spectateurs, Molière tombe malade.

La troisième version triomphe enfin en 1669, avec la bénédiction du roi et cinquante représentations (chiffre considérable pour l’époque, le record étant battu par le Timocrate de Thomas Corneille). Molière devient alors le pourvoyeur des divertissements royaux à toutes les fêtes, suscitant bien des jalousies et des cabales.

« Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes et non pas de leurs maladies. »879

MOLIÈRE (1622-1673), Le Malade imaginaire (1673)

Dernier faux auto portrait du Peintre, mise en abyme bouleversante : réellement malade d’une tuberculose que les médecins du temps sont impuissants à guérir (par les saignées et les lavements), affecté par la mort de son fils et de sa vieille amie Madeleine Béjart, épuisé de travail à la tête de sa troupe et au service du roi, supplanté par l’intrigant Lully auprès de Louis XIV, Molière, 51 ans, est pris d’une défaillance sur la scène de son théâtre du Palais-Royal, alors qu’il joue pour la quatrième fois le rôle du Malade. Il meurt chez lui quelques heures plus tard, crachant le sang. Armande, sa femme, devra faire intervenir personnellement Louis XIV pour obtenir de l’archevêque de Paris des funérailles (nocturnes) et une sépulture chrétienne, le 21 février 1673.

Ceci pour démentir la légende : Molière mort en scène et son cadavre jeté à la fosse commune. Il n’est pas non plus mort dans la misère. Son train de vie et sa fortune personnelle en attestent, même s’ils ne sont en rien comparables à ceux de son dernier rival, Lully.

Jean-Baptiste Lully : le Florentin

« On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même ;
Qu’on ne saurait trop tôt se laisser enflammer ;
Qu’on n’a reçu du ciel un cœur que pour aimer ;
Et tous ces lieux communs de morale lubrique
Que Lulli réchauffa des sons de sa musique ? »

Nicolas BOILEAU (1636-1711), Satire X, Sur les femmes (1694)

On a connu Boileau plus aisé dans la Satire et moins laborieux dans l’hommage.

L’Italie a inventé l’opéra à la fin du XVIe siècle – un genre populaire. Au XIXe siècle, Verdi était un dieu vivant. La France est moins mélomane et c’est le Florentin Giovanni Battista Lulli (1637-1682), devenu Jean-Baptiste Lully, qui va imposer le genre avec la comédie-ballet et la tragédie en musique, autrement dit l’opéra (baroque).

Le jeune Florentin arrive en France à dix ans. Ambitieux et surdoué, il apprend le violon, entre au service du jeune Louis XIV comme danseur de ballet en 1652 et un an après, le voilà compositeur de la cour. Naturalisé français en 1661, Lully se marie (quoique préférant les hommes) et devient surintendant de la Musique royale. Il collabore avec Molière pour le Bourgeois gentilhomme et une dizaine d’autres comédies-ballets, jusqu’à Psyché (1671), tragédie-ballet sur un livret de Molière, Corneille et Philippe Quinault. Belle affiche, grand spectacle, immense succès.

L’année suivante, ses intrigues qui l’ont brouillé avec Molière lui permettent d’obtenir la direction et l’exploitation exclusive de l› Académie d’Opéra dont les précédents responsables (le poète Pierre Perrin, le musicien Robert Cambert et le marquis de Soudéac, machiniste réputé, mais escroc notoire) sont en faillite ou en prison :

Interdiction à toute personne « de faire chanter aucune pièce entière en France, soit en vers français ou autres langues, sans la permission par écrit dudit sieur Lully, à peine de dix mille livres d’amende, et de confiscation des théâtres, machines, décorations, habits ».

Lettres patentes créant l’Académie royale de musique (1672)

Fort de ce monopole, Lully donne chaque année un opéra (ou tragédie lyrique) par an, à commencer par Cadmus et Hermione (1673), sur un livret de Philippe Quinault qui devient son librettiste attitré. Le roi assiste à la première et dès le lendemain, il met à la disposition de son protégé la salle du Palais-Royal, occupée par la troupe de Molière mort l’an dernier – associés à la troupe du Marais, installés dans la Salle du Jeu de Paume, les comédiens fusionneront à la demande du roi pour devenir la Comédie française, en 1680.

Travailleur acharné et fort de son monopole comme directeur de l’Opéra, subventionné à la hauteur de ses ambitions, Lully éclipse tous les compositeurs de l’époque (Marc-Antoine Charpentier, André Campra, Louis-Nicolas Clérambault). En 1681, le surintendant de la Musique devient aussi le secrétaire du Roi. Sa carrière atteint son apogée.

Bisexuel, Lully entretient des relations intimes avec des femmes comme avec des hommes. Vu leurs relations privilégiés, Louis XIV ferme les yeux (et son frère, Monsieur, est notoirement homosexuel). Mais sous l’influence de Madame de Maintenon, il tolère de moins en moins l’homosexualité, le « vice italien ». En 1685, c’est le scandale de trop. Lully a noué une liaison avec un jeune page de la Chapelle, Brunet. Il perd son crédit auprès du roi qui n’assiste pas aux représentations d’Armide en 1686. On imagine l’effet à la Cour, d’autant que Lully s’est fait beaucoup d’ennemis.

Le 8 janvier 1687, son Te Deum chanté avec 150 musiciens doit fêter la guérison du roi atteint d’une fistule anale – tout se sait, à l’époque. Lors d’une répétition, Lully s’emporte comme souvent. Cette fois, il se blesse un orteil avec le lourd bâton de direction dont on frappe le sol pour battre la mesure. Sa jambe va s’infecter. Étant danseur, il refuse l’amputation. La gangrène se propage au reste du corps. Ainsi finit le Florentin, mort à 54 ans d’un « accident du travail ».

Boileau : le Législateur (ou le Régent) du Parnasse

« Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. »821

Nicolas BOILEAU (1636-1711), L’Art poétique (1674)

Grand codificateur des lettres, le Législateur du Parnasse donne, avec la « règle des trois unités », la définition de la tragédie classique, genre né et mort au XVIIe siècle (malgré les tragédies de Voltaire qui se croira tragédien) et porté à la perfection par le jeune Racine supplantant le Grand Corneille.

Boileau, historiographe du roi, auteur de satires et d’épîtres, est le théoricien de l’esthétique classique. Dans la Querelle des Anciens et des Modernes (1687), il défend les auteurs de l’Antiquité qu’il juge insurpassables, contre Charles Perrault, partisan des modernes dans Le Siècle de Louis le Grand : « Et l’on peut comparer, sans crainte d’être injuste, / Le siècle de Louis au beau siècle d’Auguste. » Ces guerres entre critiques passionnent les beaux esprits.

Décennie prodigieuse de la scène française, floraison de chefs-d’œuvre : c’est la plus belle époque du mécénat artistique dans notre pays et tous les arts en profitent. Dans une Europe encore baroque, voilà le triomphe du classicisme français. Et la réussite (exceptionnelle dans l’histoire) d’un art officiel, dirigé, pensionné, administré, voulu par le roi. En ce domaine, Napoléon échouera.

Jean de La Fontaine : le Bonhomme

« Je définis la cour un pays où les gens,
Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents,
Sont ce qu’il plaît au prince, ou, s’ils ne peuvent l’être
Tâchent au moins de le paraître :
Peuple caméléon, peuple singe du maître. »824

Jean de LA FONTAINE (1621-1695), Fables. Les Obsèques de la lionne (1678)

Né bourgeois, auteur à qui sa charge de « maître des Eaux et Forêts » laisse bien des loisirs pour fréquenter les salons, lire les Modernes, leur préférer d’ailleurs les Anciens, écrire enfin. Fouquet est son mécène ami et à la chute du surintendant (1661), La Fontaine trouve d’autres riches protecteurs - surtout protectrices, duchesse d’Orléans, Madame de la Sablière, Marie-Anne Mancini, etc. Le Bonhomme est sympathique et surtout atypique. Courtisan à la cour, il est cependant épris de liberté et fort habile à la gérer, tout en ménageant son confort.

Une carrière finalement réussie et heureuse pour un génie toujours apprécié pour ses Fables – des grands plus que des enfants. Ses Contes (pour adultes) restent lisibles pour quelques passages anecdotiques, mais les auteurs du XVIIIe siècle feront mieux dans le genre érotique.

Marquise de Montespan : la Sultane reine, Athénaïs

« L’éloge le plus flatteur qu’on puisse faire à une femme, c’est de dire beaucoup de mal de sa rivale. »

Madame de MONTESPAN (1640-1707), citation non sourcée , reprise presque mot pour mot par Delphine de Girardin dans ses Lettres parisiennes, 24 mai 1837

Née Françoise de Rochechouart de Mortemart, elle épouse le marquis de Montespan et gardera le nom et le titre. Elle s’auto-prénomme aussi Athénaïs, jouant avec talent la précieuse pas du tout ridicule dans les salons du Marais où elle aime briller. Son mari étant ruiné, elle use de ses relations bien placées pour devenir dame d’honneur de la reine Marie-Thérèse et bientôt amie et confidente de sa future rivale, Madame de Maintenon. Le « grand monde » est petit et tout le monde connaît tout le monde, pour en dire du bien ou du mal. La suite de l’histoire le prouve.

Elle rencontre le roi qui n’a d’yeux que pour sa maîtresse, Louise de la Vallière. Mais quand celle-ci prend la Montespan comme confidente, le roi la remarque. Elle a tout pour plaire, l’esprit et la beauté, la nouveauté, une manière de dire du mal des gens, mais sans méchanceté, juste pour s’amuser et amuser le roi. Grand amoureux, il s’éprend de cette nouvelle maîtresse, le mari apprend la vérité, va faire scandale à la cour. Le cocu le plus célèbre de France se retrouve exilé sur ses terres, en Gascogne.

La Vallière souffre discrètement de cette rivale, devenue le paravent des nouvelles amours royales et la risée de la cour. Seule la reine ignore (apparemment) la vérité. Elle finit par quitter la place et entre au couvent des Carmélites.

En 1674, la Montespan devient la Favorite en titre, désormais exposée à tous les regards, cible de toutes les jalousies. Elle donnera sept enfants au roi, dont six seront légitimés. Mais elle redoute les filles d’honneur de la reine, chacune étant une rivale en puissance. Elle fait supprimer le poste.
Elle règne vraiment sur le roi pendant dix ans et c’est la plus belle époque du Roi-Soleil qui offre à Athénaïs tout ce dont une femme peut rêver, diamants, châteaux, honneurs divers. Mécène éclairée, elle protège personnellement La Fontaine, Molière, Lully, Quinault (son librettiste). La Sultane reine sera la plus grande favorite de l’histoire durant une décennie magnifique, exerçant tous ses talents à l’époque où la monarchie culmine.

Mais avec le temps, l’âge et les maternités, elle prend de l’embonpoint. Le roi, peut-être las de cette vie trop brillante et de tous ces plaisirs fatigants, devient sensible au langage de sagesse de Madame de Maintenon, autre marquise chargée de l’éducation des enfants royaux légitimés. La jalousie entre ces deux femmes de caractère oblige le roi à intervenir. On imagine les rumeurs à la cour et à la ville. Une troisième marquise s’en fait naturellement l’écho…

« Tout le monde croit que l’étoile de Madame de Montespan pâlit… Les uns tremblent, les autres se réjouissent, les uns souhaitent l’immutabilité, les autres un changement de théâtre… On regarde, on observe, on s’imagine, on trouve des rayons de lumière sur des visages que l’on trouvait indignes, il y a un mois, d’être comparés aux autres. »

Marquise de SÉVIGNÉ (1626-1696), Lettre, 11 septembre 1676

Elle décrit la situation qui se complique encore à l’arrivée de Mlle de Fontanges, 17 ans, protégée de la Montespan qui l’a présentée au roi pour mieux le retenir. Jeu dangereux, mal joué !

Il tombe fou amoureux, elle se retrouve enceinte et accouche d’un prématuré qui ne survit pas. Elle-même va mourir d’un mal mystérieux – en pleine Affaire des Poisons !! Madame de Montespan est soupçonnée du pire, mais aussi d’avoir donné des filtres d’amour pour retenir le roi. Il se détourne définitivement d’elle qui finira dans la dévotion. Mais la belle-sœur du roi ne désarme pas pour autant.

« Madame de Montespan a la peau comme quand les enfants s› amusent à jouer avec du papier, à le plier et à le replier : tout son visage est recouvert de petites rides si rapprochées des unes des autres que c’en est étonnant ; ses beaux cheveux sont blancs comme la neige, et toute la figure est rouge… »

Princesse PALATINE (1652-1722), Lettre à la duchesse de Hanovre, Versailles, 29 décembre 1701

Impitoyable pour l’ex-Sultane reine déchue, elle n’épargne pas davantage le fruit de ses amours royales.

Comte de Toulouse (Louis Alexandre de Bourbon) : la Chiure de souris

« Un homme fort court, avec un accueil aussi gracieux qu’un froid naturel, mais glacial, le pouvait permettre ; de la valeur et de l’envie de faire, mais par les bonnes voies, et en qui le sens droit et juste, pour le très ordinaire, suppléait à l’esprit ; fort appliqué d’ailleurs à savoir sa marine de guerre et de commerce et l’entendant très bien. »

Duc de SAINT-SIMON (1675-1755), Mémoires (posthume)

Il décrit le dernier fils de Louis XIV et de la Montespan, légitimé en 1681 et recevant à l’occasion le titre de comte de Toulouse, celui de duc de Penthièvre en 1697, duc de Rambouillet en 1711. Très apprécié à la cour, il gagne les cœurs par sa douceur et ses manières agréables, par son sens de la justice et sa générosité. Il a surtout un CV étonnant !

Nommé amiral de France à cinq ans (!), il en a douze quand il accompagne son père en Hollande où il est blessé au siège de Namur. En 1702, il prend la tête d’une escadre qui lutte à Messine et à Palerme pour faire valoir les droits du petit-fils de Louis XIV à la couronne d’Espagne sous le nom de Philippe V. Le 24 août 1704, il combat les Britanniques à Malaga et leur inflige de lourdes pertes, quoique sans victoire décisive. Dans toutes ses batailles, il fait preuve de courage. Plus étonnant, il fait un mariage d’amour avec la marquise de Gondrin, l’une des plus belles et intelligentes femmes de la cour, qui préside un célèbre salon. Leur fille, mariée au duc de Chartres, donnera naissance au futur roi Louis-Philippe.

Bref, rien que du beau et du grand monde. Pourtant, le comte de Toulouse ne s’intéresse guère aux intrigues de palais et reste un simple membre du Conseil de régence de 1715 à 1723. Cette institution l’autorise à restaurer la marine, mission bien accomplie.

Mais la Palatine méprise les bâtards, fussent-ils royaux et légitimés. D’où le surnom dont elle gratifia le fils de la Montespan : Chiure de souris. Avec la prochaine femme du roi, ce sera pire, mais elle n’est pas seule à en médire.

Madame de Maintenon : la Veuve Scarron, Madame Quatorze, Madame de Maintenant, l’Ordure du roi, la Vieille touffe, la Ripopée, la Vieille conne, la Vieille guenon, Sainte Françoise

« Le plus grand roi du monde, couvert de gloire, épouser la veuve Scarron ? Voulez-vous vous déshonorer ? »894

LOUVOIS (1639-1691), à Louis XIV qui lui fait part de son projet de mariage, 1683. Mémoires et réflexions sur les principaux événements du règne de Louis XIV (1715), marquis de la Fare

François Michel Le Tellier, marquis de Louvois, ose reprocher au roi son intention d’épouser Madame de Maintenon, veuve d’un bohème des lettres.

Sans ressources, la « veuve Scarron » était devenue gouvernante des enfants de Louis XIV et Madame de Montespan. La gouvernante supplanta la maîtresse. Après la mort de sa femme Marie-Thérèse (30 juillet 1683), le roi va écouter son cœur, plutôt que son ministre préféré. Il épouse secrètement (en 1683 ou 1684) Madame de Maintenon qui ne pardonnera jamais à Louvois : il sera disgracié sur son intervention, après la chute de Mayence (en 1689).

Madame Quatorze et Madame de Maintenant sont deux autres surnoms spirituels et à propos, mais la Palatine ne supporte pas cette femme bien-pensante devenue la maîtresse du roi, puis son épouse, exerçant sur lui une influence grandissante : c’est l’Ordure du roi, la Vieille touffe, la Ripopée, la Vieille conne, la Vieille guenon… Il y a quand même une bonne raison à tant de haine chez la Palatine : Madame de Maintenon est en partie responsable de la dévastation du Palatinat par les troupes françaises en 1688-1689, au début de la guerre de la Ligue d’Augsbourg : l’une des plus grandes erreurs du règne de Louis XIV, avec la révocation de l’édit de Nantes et les dragonnades contre les protestants.

« Dieu se sert de tous les moyens. »899

Madame de MAINTENON (1635-1719). Histoire de Madame de Maintenon et des principaux événements du règne de Louis XIV (1849), duc Paul de Noailles

Ainsi et au nom de la foi, elle se résigne à la brutalité des dragonnades, avec les enfants systématiquement enlevés à leurs parents. Impossible qu’elle n’en ait pas eu connaissance, même si les historiens en discutent encore.

Ironie de l’histoire, Madame de Maintenon – née Françoise d’Aubigné – est petite-fille du protestant Agrippa d’Aubigné qui s’est battu toute sa vie pour sa religion et déplorait que l’édit de Nantes, signé par son ami Henri IV, ne fît pas la part assez belle aux réformés !

Malgré tout, Louis XIV apprécie cette femme à ses côtés, se range souvent à ses avis, redevient « bon chrétien » et la baptise (sans ironie ?) Sainte Françoise. Le peuple va bientôt la détester.

« Ah ! que votre âme est abusée
Dans le choix de tous les guerriers.
Faut-il qu’une vieille édentée
Fasse flétrir tous vos lauriers ? »929

Contre Maintenon, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Épuisé, ruiné, lassé d’une gloire dont il voit maintenant les faiblesses, le peuple prend cette femme pour bouc émissaire, cependant que la guerre de Succession d’Espagne tourne au drame, avec des troupes moins combatives, sous des chefs militaires aussi médiocres que La Feuillade, Marcin, Villeroi.

L’influence de cette femme de tête sur le roi vieillissant fait de plus en plus jaser en fin de règne, même si les historiens s’interrogent là encore sur son pouvoir réel.

« Les femmes ne doivent  jamais oublier qu’elles sont l’esclave de l’opinion publique. »

Madame de MAINTENON (1635-1719), Correspondance

Elle se plaint avec dignité de ce fait évident, mais il n’est pas en son pouvoir de rien changer. Le roi lui-même est exposé à la critique sur ce qu’il a présentement de plus cher.

« Louis, avec sa charmante,
Enfermé dans Trianon,
Sur la misère présente,
Se lamente sur ce ton :
Et allons, ma tourlourette
Et allons, ma tourlouron. »934

Louis avec sa charmante, chanson. Le Nouveau Siècle de Louis XIV ou Choix de chansons historiques et satiriques (1857), Gustave Brunet.

La crise économique et sociale ronge le pays et même à la cour, les marchands exigent d’être payés comptant, pour livrer au roi le linge à son usage personnel.

1709. Année terrible. Le Grand Hiver est une catastrophe nationale qui hantera longtemps les mémoires. La Seine a gelé de Paris à son embouchure, les transports par eau sont paralysés, les récoltes perdues – même les oliviers dans le Midi – et le prix du blé décuple dans certaines provinces. Rappelons le témoignage toujours cité : « Les enfants ne se soutiennent que par des herbes et des racines qu’ils font bouillir, et les enfants de quatre à cinq ans, auxquels les mères ne peuvent donner de pain, se nourrissent dans les prairies comme des moutons » (procureur général du Parlement de Bourgogne). C’est la dernière grande famine de notre histoire.

Louis XIV, très éprouvé, trouve un réconfort moral auprès de Madame de Maintenon, mais il est de plus en plus conscient de la gravité de la situation. Il cherche à négocier la paix pour mettre fin à la tragique guerre de Succession d’Espagne. Malheureusement, la coalition européenne impose des clauses inacceptables (restitution ou démilitarisation de villes françaises). Le roi va réussir l’impossible. Il se pose en père de son peuple, en appelant pour la première fois et directement à ses sujets, persuadé qu’ils s’opposeraient eux-mêmes à une paix assortie de conditions contraires à la justice et à l’honneur du nom français. Cet appel émouvant et solennel est lu dans toutes les églises du royaume, le 12 juin 1709. L’adhésion populaire est évidente et la guerre continue. La situation va peu à peu se redresser. Villars, maréchal de France à la tête de l’armée de Flandre, redonne confiance aux troupes. Le siècle de Louis XIV n’est pas encore fini.

Bossuet : l’Aigle de Meaux

« Le propre de l’hérétique, c’est-à-dire de celui qui a une opinion particulière, est de s’attacher à ses propres pensées. »903

BOSSUET (1627-1704), Histoire des variations des Églises protestantes (1688)

À plus de 60 ans, il continue de se battre contre les protestants, tout en travaillant à l’union des Églises comme en témoigne sa correspondance avec le philosophe protestant Leibnitz. L’histoire condamnera la révocation de l’édit de Nantes aux conséquences désastreuses pour la France. Mais Louis XIV, mal conseillé, mal informé, ne les a pas prévues. Ses motivations sont religieuses et politiques : en éliminant l’hérésie, il veut se poser en champion de la chrétienté en Europe, réussir ce que Charles Quint a manqué en Allemagne et affermir son autorité de Roi Très Chrétien et de droit divin, dans une France catholique.

Bossuet, nommé évêque de Meaux en 1681, théoricien de la monarchie absolue dans toute sa splendeur et sa rigueur, va également s’opposer dans une querelle religieuse violente à son confrère Fénelon, l’archevêque de Cambrai.

Fénelon : le Cygne de Cambrai

« Si Bossuet touchant le pur amour
À Fénelon est si contraire
Il parle en évêque de Cour
Qui ne connaît que l’amour mercenaire. »920

Bossuet et Fénelon (1698), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Louis XIV a chargé Bossuet d’enquêter sur le quiétisme, doctrine mystique du « pur amour » qui prône une contemplation passive, au détriment de la pratique religieuse : l’âme imprégnée de Dieu, en état de « quiétude » et d’oraison, ne saurait pécher, même si le corps semble enfreindre les commandements.

Cette hérésie venue d’Espagne, répandue en France par Madame Guyon, est soutenue par Fénelon, séduit par cet amour désintéressé de Dieu. Strict légaliste, Bossuet craint que cette doctrine ne détourne les croyants de la pratique religieuse et des dogmes, pour aboutir au déisme. En vertu de quoi il condamne l’hérésie dans sa Relation sur le quiétisme (1698).

Fénelon réplique, les deux prélats jadis amis s’opposent publiquement et Bossuet l’emporte. L’Aigle de Meaux est plus fort que le Cygne de Cambrai au tempérament doux et fuyant, mais surtout annonciateur de l’esprit tolérant des Lumières à venir. Le pape condamne Fénelon dont Louis XIV va précipiter la disgrâce, lui ayant jadis confié l’éducation de son petit-fils, éventuel successeur au trône.

« Il faut être toujours prêt à faire la guerre, pour n’être jamais réduit au malheur de la faire. »921

FÉNELON (1651-1715), Les Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse (1699)

Ce traité d’éducation paraît quand Fénelon a fini son rôle de précepteur auprès de Louis de France, duc de Bourgogne et fils du Grand Dauphin. Madame de Maintenon l’avait recommandé au roi, quand il était son conseiller spirituel. Il s’applique à insuffler au petit-fils de Louis XIV, enfant de sept ans, toutes les vertus d’un prince et d’un chrétien. Mission accomplie, Fénelon est nommé archevêque de Cambrai.

Mais la disgrâce est proche. Il déplaît au tout-puissant Bossuet sur la question théologique brûlante du quiétisme. Ensuite, et contre sa volonté, des copies du Télémaque circulent, avant une publication d’abord anonyme. La critique du règne autoritaire et belliciste frappe l’opinion. Ces vues politiques hardies vont déplaire au roi et achever de discréditer Fénelon à ses yeux. Exilé dans son diocèse, l’archevêque de Cambrai prêche et pratique si généreusement la charité qu’il se ruinera pour les pauvres.

À la mort du duc de Bourgogne (1712), Louis XIV fait brûler tous ses écrits trouvés dans les papiers du prince. Mais le Télémaque sera l’un des livres les plus lus par les jeunes, jusqu’au XXe siècle.

Maréchal de Luxembourg : le Tapissier de Notre-Dame

« Quelque drapeau, quelque canon
Nous attirent des Te Deum
Qu’on couchera dans notre histoire.
Mais entre nous je vous le dis :
On mêle à ces chants de victoire
Un peu trop de De Profundis. »914

Sur la bataille de Steinkerque où il y eut beaucoup de monde tué (1692), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

La guerre est souvent glorieuse, mais le peuple commence à être las de ces victoires acquises au prix de trop de vies humaines – comme Steinkerque où Luxembourg et Vauban battent Guillaume d’Orange. Le maréchal de Luxembourg (1628-1696) sera surnommé le Tapissier de Notre-Dame, tant sont nombreux les drapeaux qu’il a pris à l’ennemi et qu’on y expose.

Lire la suite : Les Surnoms - jeu de mots entre petite et grande Histoire (siècle des Lumières)

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