Voltaire : « Quelle foule pour vous acclamer ! — Hélas, elle serait aussi nombreuse pour assister à mon supplice. » | L’Histoire en citations
Voltaire : « Quelle foule pour vous acclamer ! — Hélas, elle serait aussi nombreuse pour assister à mon supplice. »
Citation du jour

siècle lumières citationsAdmiré ou détesté de son vivant et par la postérité, Voltaire incarne mieux que tout autre le siècle des Lumières.

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« Quelle foule pour vous acclamer ! — Hélas, elle serait aussi nombreuse pour assister à mon supplice. »1228

VOLTAIRE (1694-1778), 30 mars 1778

Voltaire (1935), André Maurois.

Le patriarche de Ferney, de retour à Paris à 84 ans, est reçu comme un roi, fêté à l’Académie, statufié à la Comédie-Française (avec son buste sur la scène) et ovationné pour sa dernière tragédie, Irène. Il est sensible à cette gloire, certes, mais pas tout à fait dupe.

« Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition. »1229

VOLTAIRE (1694-1778), profession de foi manuscrite, 18 février 1778. « Mot de la fin » écrit.

Ses derniers mots, écrits de sa plume, sont pour la tolérance, le combat de sa vie. Il meurt le 30 mai 1778. Ses cendres seront transférées au Panthéon sous la Révolution - seul philosophe à avoir cet honneur avec Rousseau, son intime ennemi.

« Plus bel esprit que grand génie, / Sans loi, sans mœurs et sans vertu,
Il est mort comme il a vécu, / Couvert de gloire et d’infamie. »1230

Épigramme, juin 1778, attribuée à Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778), à la mort de Voltaire

Rousseau mourra deux mois après, à Ermenonville. Fin d’une longue guérilla philosophico-polémique, qui ne fit honneur à aucun des deux personnages, si talentueux (ou géniaux) fussent-ils.

« Avec Voltaire, c’est un monde qui finit. Avec Rousseau, c’est un monde qui commence. »1032

GOETHE (1749-1832). Encyclopædia Universalis, article « Voltaire »

Le siècle de raison va céder le pas au siècle des passions. Voltaire exprime et résume le XVIIIe siècle avec son ardente humanité, sa vocation à l’universel, sa sagesse, sa défense des libertés, des droits formels. Rousseau annonce le XIXe avec l’égalité, la fraternité, la fibre civique, les droits réels. Brouillés « à mort » dans la vie, Voltaire et Rousseau seront réconciliés devant l’éternité par la même « panthéonisation » d’une Révolution qui rend ainsi hommage à tout le siècle philosophique.

« Ce n’est pas seulement un esprit qu’il a [Voltaire], ce sont tous les esprits ensemble qui reviennent dans son crâne et y tiennent le Sabbat. »1015

Président de BROSSES (1709-1777), Lettre à son cousin Loppin de Gémeaux, 4 janvier 1759

Président du Parlement de Dijon, magistrat indépendant et frondeur, deux fois exilé sur ses terres et doué d’assez d’esprit pour apprécier celui de Voltaire. Le roi de Prusse, Frédéric II, est lui-même un despote assez éclairé pour écrire cet Éloge de Voltaire : « L’on peut dire, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi, que M. de Voltaire valait seul toute une Académie. »

« D’autres cyniques étonnèrent la vertu, Voltaire étonne le vice […] Paris le couronna, Sodome l’eût banni. »1018

Joseph de MAISTRE (1753-1821), Les Soirées de Saint-Pétersbourg (1821)

Philosophe, élève des jésuites, adversaire résolu de la Révolution, aussi fervent monarchiste que catholique, il s’oppose aux « idéologues » et au premier d’entre eux, Voltaire : « Il se plonge dans la fange, il s’y roule, il s’en abreuve ; il livre son imagination à l’enthousiasme de l’enfer qui lui prête toutes ses forces pour le traîner jusqu’aux limites du mal. Il invente des prodiges, des monstres qui font pâlir. » C’est peut-être un peu excessif, mais… Voltaire en aurait souri.

« Voltaire alors régnait, ce singe de génie
Chez l’homme en mission par le diable envoyé. »1017

Victor HUGO (1802-1885), Les Rayons et les ombres (1840)

L’hommage nuancé s’explique : si différents que soient les deux personnages, si opposée même leur nature, ils furent l’un et l’autre à l’image de leur temps, entrant vivants dans la légende après s’être jetés dans toutes les luttes.

« Voltaire, quel que soit le nom dont on le nomme
C’est un cycle vivant, c’est un siècle fait homme ! »1016

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869), Première méditation (1820)

Avec des accents hugoliens, le poète du siècle suivant rend justice à l’homme et au philosophe. Le « roi Voltaire » a tout vu, tout vécu dans le siècle : la cour et ses plaisirs, mais aussi ses désillusions, la Bastille et ses cachots, l’exil, les salons et les succès mondains et financiers, l’Europe avec le bonheur en Angleterre, le piège en Prusse, la vie de château à Ferney où il joue l’« aubergiste de l’Europe », la lutte incessante pour ses idées (liberté, justice, tolérance) et la défense des victimes de l’arbitraire.

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