Voltaire : « Tout ce que je vois jette les semences d'une révolution qui arrivera immanquablement... » | L’Histoire en citations
Voltaire : « Tout ce que je vois jette les semences d'une révolution qui arrivera immanquablement... »
Citation du jour

siècle lumières citationsJardinier d’un nouveau monde, même s’il appartient viscéralement à l’Ancien régime, Voltaire est prophète en son pays, jusque dans le « politiquement incorrect ».

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« Tout ce que je vois jette les semences d’une révolution qui arrivera immanquablement et dont je n’aurai pas le plaisir d’être témoin. Les Français arrivent tard à tout, mais enfin, ils arrivent […] Les jeunes gens sont bienheureux ; ils verront de belles choses. »1172

VOLTAIRE (1694-1778), Lettre au marquis de Chauvelin, 2 avril 1764, Correspondance (posthume)

Sa prédiction rejoint celle de Rousseau dans le Contrat social de 1762. À part cela, les deux hommes s’opposent plus que jamais.

Sexagénaire, riche et célèbre, le patriarche de Ferney reçoit tout ce que le siècle des Lumières compte d’écrivains, de princes, d’admirateurs. Mais l’« aubergiste de l’Europe » ne se contente pas d’écrire, de « cultiver son jardin » et d’observer le monde comme il va. Il se bat pour plus de justice, faisant appel à ses amis influents, dont le ministre Choiseul et le duc de Richelieu, afin d’obtenir la révision du procès Calas. La mise en cause des mécanismes judiciaires, une des plaies de l’Ancien Régime, est en soi un acte révolutionnaire, à l’époque. Et l’attitude courageuse de Voltaire fait de lui le premier de nos « intellectuels engagés ».

Mais pas pour les révolutions, qu’il redoute – toujours le peuple//populace.

« Je sème un grain qui pourra produire un jour une moisson. »1176

VOLTAIRE (1694-1778), Traité sur la tolérance (1763)

Il écrit ce traité pour Calas, et pour que justice soit rendue. Il ajoute : « Attendons tout du temps, de la bonté du roi, de la sagesse de ses ministres, et de l’esprit de raison qui commence à répandre partout sa lumière. »

Deux ans après, c’est la réhabilitation de Calas ! Les mêmes mots se retrouvent alors dans ses Lettres, avec cette conclusion : « Il y a donc de la justice et de l’humanité chez les hommes. »

Le Grand Conseil, le 9 mars 1765, à l’unanimité des quarante juges, s’est prononcé en faveur du négociant protestant, victime d’une des plus graves erreurs judiciaires du siècle. Au terme de trois ans de lutte, c’est une victoire personnelle du philosophe et le triomphe de la justice sur des institutions judiciaires souvent incompétentes, et d’autant plus partiales que l’accusé n’était pas de religion catholique !

L’auteur va continuer de s’engager dans les grandes affaires de son temps. À 60 ans passés, Voltaire sait abandonner une œuvre en cours, pour sauver un innocent, ou du moins sa mémoire. Alors que Rousseau, auteur de l’Émile, traité sur l’éducation, abandonne à l’Assistance publique les cinq enfants qu’il fait à une servante illettrée.

« Cultivons notre jardin. »1021

VOLTAIRE (1694-1778), Candide (1759)

Conclusion du conte. Non sans rapport avec les soucis du jardinier qui vient d’acheter le château de Ferney. Mais la formule est surtout symbolique, et souvent mal comprise. C’est tout sauf de l’égoïsme : « notre jardin », c’est le monde. Et si la Providence se désintéresse des hommes, il leur appartient d’agir et de rendre meilleur leur « jardin », de faire prospérer leur terre, d’y travailler pour le progrès. C’est presque un credo écologique, avant la lettre.

« Les Français ne sont pas faits pour la liberté : ils en abuseraient. »1027

VOLTAIRE (1694-1778), Faits singuliers de l’histoire de France

Ce n’est pas seulement un trait d’humour. Malgré son amour de l’humanité, il se méfie de la « populace » : « Il me paraît nécessaire qu’il y ait des gueux ignorants […] Ce n’est pas le manœuvre qu’il faut instruire, c’est le bon bourgeois, c’est l’habitant des villes » (Lettre à M. Damilaville, 1er avril 1766). Et dans son Dictionnaire philosophique portatif, ou la raison par l’alphabet : « Distingue toujours les honnêtes gens qui pensent, de la populace qui n’est point faite pour penser. » // « Le peuple ressemble à des bœufs, à qui il faut un aiguillon, un joug, et du foin. » Correspondance, 17 avril 1765. Le peuple est souvent assimilé à la populace et ouvertement méprisé par le mondain Voltaire. De tous les philosophes, il n’est pas le plus aristocratique - comparé à Montesquieu, authentique seigneur féodal de la Brède. Mais c’est assurément le moins « peuple », s’opposant en cela aussi à Rousseau.

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