Mauriac : « Les Bonaparte, c'est tout de même un clan qui se remplit les poches... » | L’Histoire en citations
Mauriac : « Les Bonaparte, c'est tout de même un clan qui se remplit les poches... »
Citation du jour

restauration citationDeuxième République. Coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, 2 décembre 1851. Jour symbolique hérité de l’oncle illustre. Ça porte chance au futur Napoléon III, mais l’opposition républicaine se manifeste violemment et tout le Second Empire sera entaché par ce « crime ».

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« Les Bonaparte, c’est tout de même un clan qui se remplit les poches, se distribue les couronnes, et qui, en 1851, s’attable pour le deuxième service. »2144

François MAURIAC (1885-1970), Bloc-notes, IV (1965-1967) dans le journal L’Express

Hugo n’aurait pas mieux dit, contre le second, mais son culte pour le premier l’a rendu encore plus cruel ! La plupart des commentaires signés des contemporains sur Louis-Napoléon Bonaparte seront sévères pour ce nouvel empereur.

« Le propre de la démocratie est de s’incarner dans un homme. »2215

Louis- Napoléon BONAPARTE (1808-1873), à la veille du coup d’État

2 décembre 1851, jour bien choisi : c’est l’anniversaire d’Austerlitz. Louis-Napoléon a voulu personnellement et ardemment ce coup d’État, mais il en ressentira plus tard une réelle culpabilité : c’est sa « tunique de Nessus », dit l’impératrice Eugénie.

« Une opération de police un peu rude. »2216

Duc de MORNY (1811-1865), ministre de l’Intérieur (et demi-frère de Louis-Napoléon) qualifiant le coup d’État du 2 décembre 1851

Dans la nuit du 1er au 2, il y a bal à l’Élysée. La troupe envahit le palais Bourbon, un « Appel au peuple et aux soldats » s’affiche sur les murs, avec deux décrets : état de siège, dissolution de l’Assemblée et rétablissement du suffrage universel ; appel des Français à un plébiscite pour reconnaître l’autorité de Louis-Napoléon Bonaparte. Le 2, arrestation de députés, dispersion de manifestants, tandis qu’un Comité de résistance, animé par Hugo, Schœlcher et Jules Favre, tente de soulever le peuple de Paris.

« Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs. »2217

Alphonse BAUDIN (1811-1851), député, appelant le peuple à la lutte, sur une barricade de la rue Sainte-Marguerite, 3 décembre 1851

(25 francs, montant quotidien de l’indemnité parlementaire, alors que le salaire ouvrier atteint rarement 5 francs).

Authentique homme de gauche, « médecin des pauvres », Baudin s’efforce de mobiliser la foule, mais les Parisiens se rappellent les journées sanglantes de juin 1848. Quelques barricades se dressent quand même, faubourg Saint-Antoine. Le député appelle à la lutte un homme, qui se dérobe : « Nous ne voulons pas nous faire tuer pour vous garder vos 25 francs par jour ! » D’où la réplique de Baudin. Un coup de feu part, la troupe riposte, Baudin tombe, mortellement blessé, à côté d’un ouvrier. La nouvelle de ces morts suscite d’autres barricades.

La journée du 3 décembre est une réaction contre le coup d’État du 2. Le 4 décembre, la troupe tire sur la foule, boulevard Poissonnière. Bilan : de 100 à 300 morts (selon les sources), dont beaucoup de femmes et d’enfants.

« Nous n’avons pas su garder le gouvernement libre, sachons supporter le pouvoir nécessaire ; il a aujourd’hui une mission de flagellation, d’expiation et de répression de l’anarchie que nul autre que lui ne saurait accomplir. »2219

François GUIZOT (1787-1874), au lendemain du coup d’État du 2 décembre 1851

Guizot parle en témoin et historien de son temps, ne jouant plus aucun rôle politique à cette époque. Morny a constitué un nouveau ministère avec les hommes du Président, dès le 4 décembre. La répression des rébellions républicaines va engendrer une Terreur blanche : pas de vrai soulèvement populaire à Paris, mais en province, les paysans opposent une résistance violente, dans le Sud-Est et le nord du Massif central. D’où 32 départements mis en état de siège, 27 000 arrestations, 10 000 condamnations (la plupart « transportés » en Algérie, 239 envoyés aux travaux forcés à Cayenne). Le mouvement républicain est décapité pour longtemps. La propagande gouvernementale, confondant l’effet et la cause, fait croire qu’on a sauvé le pays de la subversion socialiste.

« Louis Bonaparte […] ne connaissait qu’une chose, son but […] Toute sa politique était là. Écraser les républicains, dédaigner les royalistes. »2222

Victor HUGO (1802-1885), Histoire d’un crime (1877)

Ainsi résume-t-il la politique du nouvel homme fort, entre le coup d’État du 2 décembre 1851 (le « crime » de l’Histoire) et le rétablissement de l’Empire à son profit, en novembre 1852.

« Oui, le 2 décembre, autour d’un prétendant, se sont groupés des hommes que la France ne connaissait pas jusque-là, qui n’avaient ni talent, ni honneur, ni rang, ni situation […] de ces gens dont on peut répéter ce que Cicéron a dit de la tourbe qui entourait Catilina : un tas d’hommes perdus de dettes et de crimes ! »2218

Léon GAMBETTA (1838-1882). Histoire du Second Empire (1916), Pierre de la Gorce

Avocat de Delescluzes, Gambetta plaidera en ces termes le 14 novembre 1868, au procès d’opposants au régime impérial, coupables d’avoir lancé une souscription pour élever un monument au député Baudin, tombé sur une barricade. Hugo, exilé, rend compte du coup d’État du 2 décembre, dans L’Histoire d’un crime et Napoléon le Petit, pamphlet dénonçant les ambitions dictatoriales du nouveau maître de la France.

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