Tristan Bernard : « J'appartiens à ce peuple qu'on a souvent appelé élu… Élu ? Enfin, disons : en ballottage. » | L’Histoire en citations
Tristan Bernard :  « J'appartiens à ce peuple qu'on a souvent appelé élu… Élu ? Enfin, disons : en ballottage. »
Citation du jour

citation ive républiqueSeconde Guerre mondiale. Quelques citations, en quelques mots, frappent plus que tous les discours ou les théories pro ou antisémites.

Feuilletez notre Chronique sur la Seconde Guerre Mondiale pour tout savoir.

« J’appartiens à ce peuple qu’on a souvent appelé élu… Élu ? Enfin, disons : en ballottage. »2791

Tristan BERNARD (1866-1947), Propos, conférence à Nice (1942)

Il faut un courage certain pour faire preuve publiquement d’humour juif, quand la « solution du problème juif », selon Hitler, se voit appliquer le terme sans équivoque de solution définitive !

Le statut discriminatoire des juifs, promulgué en septembre 1940 en zone occupée, est vite étendu à la zone sud, dite (momentanément) libre, et fortement aggravé en juin 1941. Le port de l’étoile jaune est imposé en juin 1942, les rafles se font systématiques dans les villes, les juifs sont parqués dans des camps et déportés dans d’autres camps dont bien peu reviendront. Sur 8,3 millions de Juifs présents en 1939 dans les pays occupés par les nazis, 6 millions sont tués entre 1940 et 1945.

« Nous vivions dans la crainte, maintenant nous allons vivre dans l’espoir. »2802

Tristan BERNARD (1866-1947), à sa femme, dans le car de la Gestapo qui emmène le couple à Drancy, 1er octobre 1943

Le Nouvel Observateur, n° 1784 (14 janvier 1999), article de Françoise Giroud.

Avec plus de cinquante comédies, vingt-cinq romans et mille traits d’esprit, il a fait rire trois générations. C’est l’esprit parisien, nuance humour juif. « Non seulement je suis juif, mais mes moyens me permettent de ne pas être israélite », dit l’auteur à succès. À 78 ans, il refuse d’écouter ceux qui l’avertissent du danger : « Comment voulez-vous qu’on fasse du mal à un Français qui est dans le dictionnaire ? »

Le couple sera sauvé par l’intervention de ses amis, Arletty et Sacha Guitry, qui ont des amis allemands. Tristan Bernard meurt deux ans après la guerre, muré dans le silence – son petit-fils n’est pas revenu du camp de Mauthausen.

« Il est un autre droit que nous revendiquons, c’est d’indiquer ceux qui trahissent. »2794

Robert BRASILLACH (1909-1945). La Force de l’âge (1960), Simone de Beauvoir

La délation est la forme la plus infâme, parce que la plus lâche de la collaboration. À côté des trafiquants trop contents de faire des affaires sur le marché noir, d’autres ont des raisons politiques. Faiblesse devant le vainqueur admiré, calcul pour être du « bon » côté au jour de la victoire escomptée, mais aussi et plus rarement, conviction idéologique mêlant souvent anticommunisme, antisémitisme, anglophobie. Brasillach, auteur doué, est de ce camp.

Venu de L’Action française, on le retrouve dans l’équipe d’un journal de sinistre mémoire, Je suis partout. La chasse aux résistants, de plus en plus nombreux et organisés, se radicalise, en janvier 1943, avec la Milice, police supplétive de volontaires chargés de les traquer. Le Service du travail obligatoire (STO) institué en février va augmenter considérablement le nombre de « ceux qui trahissent » (dénoncés frénétiquement par Brasillach) pour ne pas aller travailler en Allemagne. La résistance est alors une activité clandestine à haut risque.

« Nous vivions dans la crainte, maintenant nous allons vivre dans l’espoir. »2802

Tristan BERNARD (1866-1947), à sa femme, dans le car de la Gestapo qui emmène le couple à Drancy, 1er octobre 1943

Avec plus de 50 pièces, 25 romans et mille traits d’esprit, il a fait rire trois générations. C’est l’esprit parisien, nuance humour juif. « Non seulement je suis juif, mais mes moyens me permettent de ne pas être israélite », dit l’auteur à succès. À 78 ans, il refuse d’écouter ceux qui l’avertissent du danger : « Comment voulez-vous qu’on fasse du mal à un Français qui est dans le dictionnaire ? » Le couple sera sauvé par l’intervention de ses amis, Arletty et Sacha Guitry, qui ont des amis allemands. Tristan Bernard meurt en 1947, muré dans le silence – son petit-fils n’est pas revenu du camp de Mauthausen.

« Avec Pétain, nous sortions du tunnel de 1789. »2773

Charles MAURRAS (1868-1952). L’Action française et l’étranger (2002), Claude Hauser, Catherine Pomeyrols

Il est de ces Français, nombreux en 1940, que le régime de Vichy rassure. Les pleins pouvoirs à Pétain, c’est la fin de la démocratie et l’avènement de la « révolution nationale », l’anglophobie proclamée, l’antisémitisme triomphant avec un statut pour les juifs, ou plutôt contre eux, premiers visés par la doctrine nazie, une série de messages « Travail, Famille, Patrie », un fascisme plus ou moins bien tempéré. Être pétainiste est dans la logique de ce théoricien d’extrême droite, fondateur du « nationalisme intégral ». Et la France, de façon plus ou moins convaincue ou contrainte, demeure majoritairement vichyste et rassurée par le Maréchal.

« C’est la revanche de Dreyfus. »2825

Charles MAURRAS (1868-1952), à l’énoncé du verdict, dernier jour de son procès à Lyon, 27 janvier 1945

L’inspirateur de L’Action Française, antidreyfusard et antisémite affiché, qui soutint Mussolini, Franco et Pétain, est condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir mené une campagne contre la France, et radié de l’Académie française. Il sera gracié peu de temps avant sa mort (1952).

Drieu La Rochelle, longtemps hésitant entre communisme et fascisme, s’engagea à corps perdu dans la collaboration et se suicida, devançant une condamnation qu’il savait certaine.

Nombre d’écrivains seront mis à l’index : Marcel Aymé, René Barjavel, Pierre Benoit, Henry Bordeaux, Alexis Carrel, Céline, André Demaison, Maurice Donnay, Paul Fort, Jean Giono, Sacha Guitry, Marcel Jouhandeau, Henry de Montherlant, Paul Morand… Seul crime de la plupart d’entre eux : ils ont continué d’écrire sous l’occupation ; certains se sont rendus en Allemagne ; aucun ne fut antipétainiste. Paulhan et Camus protestent contre ces « listes noires » et les peines trop sévères.

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