Après la sortie de crise triomphale aux élections de juin 1968, puis le « cas sans précédent de suicide en plein bonheur » en avril 1969, voici le dernier épilogue de Mai 68 en 1970, une sortie de scène brutale, en deux « mots » dont l’humour peut être apprécié diversement. Cela dit, le fantôme du général hante encore et toujours la vie politique française.
Après une courte absence à l’Élysée - très remarquée, très commentée -, de Gaulle a « repris la main ». La France respire. Le général sera quand même la victime collatérale de cette aventure qu’il n’a pas vu venir (« L’année 1968, je la salue avec sérénité », vœux télévisés du 31 décembre 1967) et qui l’a brisé. La suite de l’histoire va le montrer, l’année suivante.
L’humour de Mai 68 se manifeste dans l’action, évident et ravageur à travers des slogans devenus des « classiques » du genre.
De Gaulle, militaire de carrière, président de la République et responsable de l’ordre, n’est pas « bon public », d’autant qu’il se sent particulièrement visé. Quant à la presse, dépassée depuis le début, elle commente les « événements ».
Revenu au pouvoir dix ans plus tôt pour régler le drame algérien et en finir avec la guerre d’Algérie, de Gaulle va devoir gérer Mai 68, révolte étudiante. Le président n’est pas l’homme de la situation, ni par son caractère, ni par son âge - 78 ans. S’ensuit un gigantesque happening, à la fois folklorique et historique. Suspense jusqu’à l’épilogue - en fait, il y en aura trois, en deux ans.
Si respecté soit-il, si impressionnant (et bon acteur) qu’il se montre dans son exercice du pouvoir, de Gaulle président n’en est pas moins objet d’humour, vu par ses opposants et même par ses soutiens les plus illustres ! Rappelons le mot aussi pertinent qu’impertinent de Malraux : « Chez de Gaulle, il n’y a pas de Charles ».
Cinquième République. Voici le terme de notre Histoire en citations… et une question. Au fil des siècles, l’humour français a-t-il beaucoup changé, forme et fond ? À vous de juger.
En tout cas, de Gaulle est à lire, relire, citer, méditer. Personnage passionnant et toujours actuel, situé juste après Napoléon et avant Hugo, dans le tiercé de tête de nos citations - voir l’indexation des 60 personnages.
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Autre forme d’héroïsme, datée de la Seconde Guerre mondiale. La mort de Jean Moulin donne un sens à tout ce qu’il a dit, écrit, fait - et tout ce qui a été dit et écrit à son sujet.
Il incarne cette « armée des ombres » anonyme et muette - 30 000 résistants fusillés, plus de 110 000 déportés, la plupart morts dans les camps, ou à leur retour. Notre pays leur doit la même reconnaissance qu’à tous les glorieux volontaires des siècles passés.
L’homme prenant son destin en main cherche à donner un sens à sa mort comme à sa vie. Cette idée s’impose, dès qu’une grande cause nous mobilise : guerre, patrie en danger, révolution politique, révolte sociale… Il y a tout juste un siècle, la Grande Guerre marque l’apogée de cette mort héroïque et recherchée en tant que telle.
Dépassant la notion du destin et du devoir accompli (en chrétien, en roi, en soldat), voici une idée nouvelle : la mort acceptée, voire recherchée, dans la mesure où elle donne un sens à la vie.
Ce sentiment héroïque parcourt deux siècles de l’Histoire en citations. Nous lui consacrons deux jours, en donnant la parole à deux poètes engagés « à la vie, à la mort », deux prophètes en leur pays et au-delà.
Le plus formidable élan date de la Révolution. La révolution de 1848 lui fait écho, cependant que des révoltes ouvrières vont marquer le XIXe siècle.
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