Mauriac : « Sans doute faut-il incriminer d'abord les institutions qui, d'avance, détruisent les chefs... » | L’Histoire en citations
Mauriac : « Sans doute faut-il incriminer d'abord les institutions qui, d'avance, détruisent les chefs... »
Citation du jour

Second Empire citationsFrançois Mauriac, prix Nobel de littérature en 1952, romancier best-seller (Le Désert de l’amour, Nœud de vipères, Thérèse Desqueyroux), est d’abord observateur de la vie politique dans l’entre-deux-guerres. Cela vaut déjà engagement pour l’intellectuel torturé (un peu plus que la moyenne, pour des raisons personnelles). Gaulliste patriote pendant la Seconde Guerre mondiale, le drame algérien et le retour du général au pouvoir le jetteront à nouveau dans la bataille des idées.

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« Sans doute faut-il incriminer d’abord les institutions qui, d’avance, détruisent les chefs. Nul régime n’aura, autant que le nôtre, usé d’individus plus rapidement. »2624

François MAURIAC (1885-1970), Mémoires politiques (1967)

Il écrit ces mots en juillet 1933 : valse des gouvernements, crédibilité du régime entamée dans l’opinion, d’où ce procès du radicalisme et, de façon plus générale, de la politique sous cette Troisième République frappée d’impuissance. Le journal Ordre nouveau se déchaîne en février 1934 (époque de l’affaire Stavisky) : « Il n’y a plus de politique ; il n’y a plus que des politiciens, six cents bavards soit inconscients, soit trop malins, toujours impuissants. Élire un député signifie trop souvent aujourd’hui donner l’impunité parlementaire à un escroc, un receleur, un dangereux imbécile. » On reconnaît le « tous pourris » devenu plus tard slogan délétère et populiste.

« Je sais bien que nous nous réveillerons de cette joie et qu’au-delà de ce grand mur de Versailles abattu par le poing allemand, une route inconnue s’ouvre pour nous, pleine d’embûches. »2699

François MAURIAC (1885-1970), Le Temps présent. François Mauriac (1990), Jean Lacouture

Lucide au lendemain des accords de Munich (septembre 1938), le romancier célèbre a déjà témoigné contre les cruautés de la guerre civile espagnole, aux côtés de l’autre grand romancier chrétien, Bernanos. Léon Blum dénonce le « lâche soulagement ». Le président du Conseil, Daladier lui-même, en signant, savait sans doute la guerre inéluctable et se résignait au pire, tout en le différant.

« Un fou a dit « Moi, la France » et personne n’a ri parce que c’était vrai. »2709

François MAURIAC (1885-1970). Encyclopædia Universalis, article « France »

Quelle plus belle manière d’afficher son gaullisme, en 1940 !? Simple général de brigade à titre temporaire, Charles de Gaulle, absolument seul et contre le destin, refuse la défaite entérinée par le gouvernement légal de la France face à l’Allemagne nazie, continue la lutte dans l’Angleterre toujours en guerre, mobilise des résistants, combattants français de plus en plus nombreux à entendre cette autre voix de la France parlant espoir et grandeur, se fait reconnaître des Alliés, déchaîne des haines et des passions inconditionnelles et permet à la France d’être présente au jour de la victoire finale.

« La Quatrième République doit, pour une large part, la suite ininterrompue de ses désastres et sa ridicule fin à un personnel politique mal préparé qui n’avait pas fait ses classes. »2843

François MAURIAC (1885-1970), Le Nouveau Bloc-notes, II, 1958-1960

Même constat d’échec que de Gaulle qui vit sa traversée du désert à Colombey-les-Deux-Églises, mais diagnostic inverse chez l’écrivain des tourments intimes : « J’ai toujours eu l’idée que ce ne sont pas les institutions qui corrompent les hommes, que ce sont, au contraire, les hommes qui corrompent les institutions. » Disons que c’est un cercle vicieux propre au mal politique.

« J’aime tellement l’Allemagne que je suis ravi qu’il y en ait deux. »2856

François MAURIAC (1885-1970). Le Temps d’un regard (1978), Jacques Chancel

 Été 1945 : à Berlin, les vainqueurs délimitent quatre zones d’occupation. 1949 : la séparation en deux Allemagnes (RFA et RDA) est consacrée.

12 au 13 août 1961 : dans la nuit, le « mur de la honte », symbole de la division du pays, se met en place pour stopper l’exode massif de Berlin-Est (capitale de la RDA) vers Berlin-Ouest (« vitrine du monde occidental »).

22 septembre 1984 : le président Mitterrand et le chancelier Kohl (RFA) se retrouvent sur le site de la bataille de Verdun, pour commémorer le souvenir des soldats français et allemands et sceller l’entente retrouvée.

10 novembre 1989 : le mur de Berlin tombe, la frontière entre les deux Allemagnes s’ouvre. Pour l’opinion publique française et nombre de commentateurs, la réunification, effective en octobre 1990, est l’événement historique le plus important, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

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