Rousseau : « Vous vous fiez à l'ordre actuel de la société sans songer que cet ordre est sujet à des révolutions inévitables... »
Rousseau est prophète en son pays et au-delà, avec de justes prémonitions sur le « monde qui commence » (pour reprendre le mot de Goethe). Prérévolutionnaire lucide, inspirateur de Robespierre qui l’a bien lu et le cite clairement, son amour du peuple en fait plus ou moins naturellement l’apôtre du socialisme et du communisme à venir.
Rousseau : « La femme est faite pour céder à l'homme et pour supporter même son injustice. »
Paradoxal à plus d’un titre, on peut reprocher à l’homme et au philosophe certaines inconséquences : sa misogynie « naturelle » à contre-courant du XVIIIe s. et sa paternité pas du tout assumée, ainsi que d’autres principes clairement théorisés par Rousseau, mais pratiquement inapplicables.
Rousseau : « Les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n'ont rien. »
Créateur du fameux Contrat social, son idée force, théoricien à l’égal de Montesquieu (avec son principe de séparation des pouvoirs), Rousseau surpasse Voltaire dans la construction de cet édifice politique - démonstration d’une rigueur logique propre à inspirer socialisme et communisme à venir.
Rousseau : « La nature a fait l'homme heureux et bon, mais... »
Amoureux inconditionnel de la nature, Rousseau défend cette conception avec plus de passion que de raison. En cela, Jean-Jacques est un préromantique dans l’âme, jusque dans ses professions de foi politiques ou religieuses.
Rousseau : « Jeté dès mon enfance dans le tourbillon du monde, j'appris de bonne heure par l'expérience que je n'étais pas fait pour y vivre. »
Maladivement associable au siècle le plus sociable de notre histoire, malheureux et pas doué pour le bonheur, né pauvre et mort de même, méprisant les riches (et l’argent), ne pratiquant pas l’esprit qui fait fureur dans les salons et la littérature, il déteste son époque et l’homme qui incarne la « bonne société » - voir l’épitaphe à la mort de Voltaire.
Goethe : « Avec Voltaire, c'est un monde qui finit. Avec Rousseau, c'est un monde qui commence. »
Après la semaine Voltaire, il fallait revenir à Rousseau - né un 28 juin (signe du Cancer, pour les amateurs d’astrologie). Philosophes majeurs du siècle des Lumières, souvent comparés l’un à l’autre, ennemis de leur vivant et morts à deux mois d’intervalle, ils furent bientôt réunis au Panthéon des grands hommes et de la patrie reconnaissante.
Empruntés à notre Histoire en citations et avant de redonner la parole à Rousseau, rappelons quelques jugements essentiels sur l’homme et son action.
Vos 5 citations préférées de la semaine
Abbé Pierre : « Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir de froid sur le trottoir du boulevard de Sébastopol... »
Un appel qu’on n’oublie pas - celui de l’abbé Pierre, dont la popularité survit à certaines polémiques.
On retrouve notre général et sa manière personnelle d’interpeller les « Françaises, Français » par voie de referendum, comme les féministes qui ont toujours une cause à défendre. On voit Chirac, plus ou moins bien conseillé, en appelant aux citoyens pour le pire et le meilleur, et l’on salue un grand talent politique qui n’a pas eu le temps de faire carrière, sur un thème toujours d’actualité, l’Europe.
Roussel : « Faisons donc la grève, camarades ! la grève des ventres... »
L’entre-deux-guerres mène fatalement à la (dernière) guerre et à l’Appel du 18 juin. Le général (de Gaulle) dialogue d’étonnante manière avec le Maréchal (Pétain) qui multiplie de son côté les appels à « sa » France. Notre Histoire en citations est exemplaire dans ce genre de situation ! L’appel à la paix de Briand et l’appel à la grève des ventres d’une féministe illustrent aussi une vie politique particulièrement riche.