Femmes historiques à divers titres, entre symbole et réalité. | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

Femmes puissantes, mais aussi femmes d’influence politique ou spirituelle, femmes singulières et remarquables pour diverses raisons.

« C’est un ventre que j’épouse ! » (Napoléon parlant de Marie-Louise d’Autriche). Faut-il rappeler que la femme devait toujours assurer la dynastie royale ou impériale ? La voix n’est pas son fort - aucune oratrice digne de ce nom. Mais la beauté compte dans le parcours (hier historique, aujourd’hui médiatique). Il existe  naturellement des exceptions singulières et remarquées. Autre point commun à la majorité des femmes citées, leur liberté parfois cher payée  – liberté d’esprit, de mœurs, de ton, de création.

Reines et régentes (plus récemment femmes d’État et ministres), saintes et favorites, muses ou artistes, poétesses, conteuses, épistolières, mécènes (très tôt), exploratrices et sportives (époque contemporaine)… tous les rôles sont jouables. Hors notre histoire nationale, nous citerons quelques noms universels et nous ferons place à des étrangères en relation directe avec la France ou mondialement célèbres.

Cet édito en dix semaines, fatalement sélectif (sinon subjectif) est le reflet de l’Histoire telle qu’elle se déroule :  si la misogynie semble évidente, être femme est aussi un atout ! Et le féminisme marque des points.

Le premier épisode mêle mythologie et symbole, en commençant par Ève et Vénus, Hélène de Troie et Pénélope, avant des cas plus classiques, souveraines et saintes sous la Gaule. Le dernier épisode paraît plus disparate, déconcertant, voire « décoiffant » à l’image du temps.

Entre les deux, retrouvons les « grandes » classiques et découvrons quelques inconnues qui ont bien mérité de l’Histoire et de la mémoire des hommes.

Au total, plus de 120 personnages pour une passionnante Histoire de la femme en citations.

Redécouvrez les femmes de l’histoire, en dix épisodes :

I. Des origines du monde à la Gaule.

ÈVEVENUSHÉLÈNE DE TROIE - PÉNÉLOPENÉFERTITI VIISAPPHOCLÉOPATRE - MARIEBLANDINEGENEVIÈVECLOTILDE

1. Ève. Première femme (d’Adam) et déjà présumée coupable.

« Le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit une de ses côtes, puis il referma la chair à sa place. Avec la côte qu’il avait prise à l’homme, il façonna une femme et il l’amena vers l’homme. »

GENÈSE 2, 21-22

Un long débat exégétique s’ensuivit et les (futures) féministes ne pouvaient admettre cette primauté d’Adam.

Un bibliste anglais du XVIIIe siècle, Matthew Henry, calma le jeu avec habileté : « Ève ne fut pas créée à partir de sa tête pour le gouverner, ni à partir de ses pieds pour qu’il la piétine, mais bien de son côté pour être son égale, pour être protégée de son bras, et pour être aimée de son cœur. »

« Adam donna à sa femme le nom d’Ève : car elle a été la mère de tous les vivants. »

GENÈSE 3.20

Ève en hébreu signifie « la vivante » ou « celle qui donne la vie ». Quel prénom plus beau et plus juste peut-on imaginer, quand on connaît la suite de l’histoire des hommes ?

« Dieu dit à Ève : « Tu enfanteras dans la douleur. » »

La Bible

Autre débat exégétique… jusqu’à une découverte révolutionnaire dont l’origine peut quand même surprendre : l’accouchement sans douleur. Né en Union soviétique, la pratique est introduite en France dans les années 1950 par des médecins proches du Parti communiste. Véritable révolution sociétale !

« Depuis qu’Ève fit pêcher Adam, toutes les femmes ont pris possession de tourmenter, tuer, damner les- hommes. »

Marguerite de NAVARRE (1492-1549), Heptaméron, Contes, 1ere nouvelle

Écrit sous la Renaissance, la fin du Conte dénonce avec ironie la mauvaise foi et le préjugé de l’homme qui a « tant dit de mal des femmes par une histoire véritable d’une malheureuse », annonçant la suite (2eme nouvelle) avec une femme « dont la vertu puisse démentir sa mauvaise opinion. » La reine de Navarre, joliment dite « la Marguerite des Marguerite », annonce-t-elle avec humour le féminisme ? Nous la retrouverons dans la suite de l’Histoire.

« À l’origine Adam et Ève étaient aussi heureux qu’il est possible de l’être quand on n’a ni travail à faire, ni impôt sur le revenu, ni avocat, ni médecin, ni enfant, ni chien. »

W.C. FIELDS (William Claude Dukenfield, dit) (1880-1946)

Parole d’un humoriste, scénariste et acteur américain souvent cité, rarement sourcé. Voilà une aimable révision des Saintes Écritures.

Dans la religion chrétienne qui fit loi en France sous l’Ancien Régime, la prise de distance avec les textes sacrés fut longtemps un péché mortel (au sens propre comme au figuré) avant de devenir un jeu de société. L’Islam a quelques siècles de retard. On ne badine pas avec Mahomet.

« Le poète a toujours raison
Qui détruit l’ancienne oraison
L’image d’Ève et de la pomme.
Face aux vieilles malédictions,
Je déclare avec Aragon :
La femme est l’avenir de l’homme ! »

Jean FERRAT (1930-2010), La Femme est l’avenir de l’homme (1975)

Auteur, compositeur et interprète (ACI), Ferrat fut aussi inspiré par la femme que par la poésie et la politique (avec le cœur à gauche).

2. Vénus (Aphrodite chez les Grecs)… et déjà le plus extraordinaire CV de l’Histoire du monde.

« Vénus. Divinité des païens, la mère de l’Amour et la déesse de la beauté. »

Dictionnaire LITTRÉ

Cette déesse est également la muse chère aux artistes depuis l’Antiquité et la Renaissance, seule à être représentée nue. C’est aussi la planète du Système solaire dite l’étoile du berger pour sa brillance et baptisée sœur (ou jumelle) de la Terre, étant comparable en taille et en masse.
La déesse va naturellement  inspirer nombre d’auteurs.

« Je reconnus Vénus et ses feux redoutables (…)
C’est Vénus tout entière à sa proie attaché (…)
Implacable Vénus, suis-je assez confondue ? »

Jean RACINE (1639-1699) Phèdre (1677)

Dans cette tragédie de l’amour passion, le personnage de Phèdre est irrésistiblement attiré par Hippolyte, son beau-fils. Cet inceste (avoué, mais non consommé) vient de la malédiction de Vénus voulant se venger du dieu Soleil (ancêtre mythique de Phèdre) : il a révélé son infidélité avec Mars (dieu de la guerre). Ainsi les dieux se plaisent-ils à faire le malheur des humains, dans la tragédie classique du XVIIe siècle.

« Dis-moi Vénus, quel plaisir trouves-tu
À faire ainsi cascader, cascader la vertu … »

Jacques OFFENBACH (1819-1880) La Belle Hélène (1864), opéra bouffe sur un livret de Meilhac et Halévy

Au XIXe siècle, le génial Offenbach dit « le petit Mozart des  Champs-Élysées » enchantera son public avec sa version de la Belle Hélène qui tutoie allègrement Vénus et va échapper au tragique destin.

« Une Vénus est bien difficile à peindre. Puisqu’elle porte toutes les perfections, il est à peu près impossible de la rendre véritablement séduisante. »

Paul VALÉRY (1871-1945), Au sujet d’Adonis (essai sur l’art)

N’en déplaise au philosophe, Vénus a inspiré des chefs d’œuvre aux peintres : Botticelli, Rubens, Canova…

La Naissance de Vénus (vers 1485), signée Botticelli, visible à la Galerie des Offices (musée de Florence), est l’une des premières peintures inspirées de la mythologie gréco-romaine qui rompt avec la tradition des œuvres de grandes dimensions d’inspiration chrétienne. C’est aussi l’une des premières œuvres à représenter un nu féminin qui soit le centre d’intérêt d’un tableau (hormis Ève, dans les œuvres plus anciennes).

« Marbre sacré, vêtu de force et de génie,
Déesse irrésistible au port victorieux,
Pure comme un éclair et comme une harmonie,
Ô Vénus, ô beauté, blanche mère des Dieux ! »

LECONTE DE LISLE (1818-1894), Vénus de Milo, Poèmes antiques (1852)

C’est le chef de file du Parnasse, mouvement qui s’oppose au lyrisme romantique par une forme plus savante et impersonnelle, représenté aussi par Théophile Gautier, José-Maria de Heredia et Théodore de Banville.

Le poète se révèle pourtant très amoureux de la fameuse Vénus de Milo (île grecque de la mer Égée), modèle anonyme et sans fin reproduit. Cette sculpture en marbre blanc, trouvée par un paysan grec au printemps de 1820, est acquise par la France à bas prix et avec beaucoup de chance.

Chef d’œuvre du deuxième siècle avant Jésus-Christ, imposante par sa taille (2m 02), spectaculaire par son buste nu, ses mensurations parfaites (121-97-129), c’est la star du Louvre depuis 1821 – en concurrence avec la Joconde née sous la Renaissance. L’amputation des deux bras de l’une fascine autant que le sourire de l’autre.

Et le poète se répand en alexandrins enflammés : « Salut ! À ton aspect le cœur se précipite. / Un flot marmoréen inonde tes pieds blancs ; / Tu marches, fière et nue, et le monde palpite, / Et le monde est à toi, Déesse aux larges flancs ! » L’un de ses confrères fait chorus, dans le même élan contemporain.

« Ô Vénus de Milo, guerrière au flanc nerveux,
Dont le front irrité sous vos divins cheveux
Songe, et dont une flamme embrase la paupière,
Calme éblouissement, grand poème de pierre,
Débordement de vie avec art compensé,
Vous qui depuis mille ans avez toujours pensé… »

Théodore de BANVILLE (1818-1894), À la Vénus de Milo, Les Cariatides, 1842

« …J’adore votre bouche où le courroux flamboie / Et vos seins frémissants d’une tranquille joie. / Et vous savez si bien ces amours éperdus / Que si vous retrouviez un jour vos bras perdus / Et qu’à vos pieds tombât votre blanche tunique, / Nos froideurs pâmeraient dans un combat unique, / Et vous m’étaleriez votre ventre indompté, / Pour y dormir un soir comme un amant sculpté ! » Et voilà comment Vénus transforme un poète parnassien en un admirateur romantique !

Dernière remarque : le manque de bras s’explique par une raison technique. S’ils n’adhéraient pas au corps, ils étaient sculptés séparément et fixés par des joints métalliques (ou des coins en bois). D’où la fragilité du montage final. Nombre de statues ont ainsi perdu un bras (un pied, la tête ou tout autre saillie). La Vénus de Milo reste la plus mondialement célèbre.

« Vénus a, comme la lune, ses phases, ses taches, ses montagnes ; c’est même à ces montagnes, plus hautes et plus nombreuses que celles de la lune, et très propres à réfléchir la lumière du soleil, que Vénus doit son principal éclat »

Charles BONNET (1720-1793), Contemplation de la nature (1764), cité dans le Littré

Naturaliste et philosophe genevois, il décrit cette planète sœur de de la Terre (en taille et en masse), la plus brillante et la mieux visible (d’où son surnom d’« étoile du berger » servant de guide dès l’aurore). Elle semble aujourd’hui définitivement inaccessible et invivable (avec ses 462° et son atmosphère irrespirable). Mais cette Vénus continue de faire rêver l’Homme.

« Vénus, une belle et bonne dame, était la déesse de l’amour ; Junon, une terrible mégère, la déesse du mariage, et toujours elles furent ennemies mortelles. »

Jonathan SWIFT (1667-1745), Opuscules humoristiques (1861)

On a toujours besoin d’un satiriste pour voir l’histoire autrement. Ici, un Irlandais qui étudia la théologie, devint pasteur (peu de temps) et auteur des Voyages de Gulliver, pamphlet social et politique censuré dans sa première édition, relevant du fantastique et de la science-fiction.
De fait, dans la mythologie, la déesse Junon, épouse de Jupiter, est souvent trompée par ce roi des dieux littéralement harceleur et obsédé, qui courtise ou poursuit toutes les divinités ! Elle n’hésite pas à se venger jusque sur les enfants nés de ces unions. La déesse de l’amour ne peut que l’exaspérer.

Légende la plus connue, celle de la pomme d’or lancée par la déesse de la Discorde - elle aussi furieuse… de n’avoir pas été invitée au repas de noces de Thétis (nymphe de la mer) et Pelée (simple mortel, quoique roi) qui donneront naissance à Achille, autre héros marqué par son hérédité. Sur la pomme d’or, il est écrit : « À la plus belle ». Jupiter refuse de choisir entre Junon, Vénus et Minerve, demandant à Pâris prince de Troie de décider. Junon lui promet la puissance royale, Minerve la gloire militaire et Vénus la plus belle femme du monde. Pâris choisit Vénus… et va chercher la belle Hélène dans le royaume de Sparte, ce qui déclenchera la guerre de Troie. D’où le nom : pomme de la discorde. Et une nouvelle héroïne mythologique.

3. Hélène de Troie, belle cause d’une guerre mythique.

« Il est bien juste que les Troyens et les Achéens souffrent pendant longtemps des maux sans nombre pour une telle femme. Elle a vraiment le visage d’une déesse immortelle. ».

HOMÈRE (fin du VIIIe s. av JCIliade

Homère, surnommé « le Poète » par les Anciens, serait un aède sans doute aveugle – s’il a existé, ce qui n’est même pas sûr ! On lui attribue les deux premières œuvres de la littérature occidentale : l’Iliade (récit de la Guerre de Troie) et l’Odyssée (périlleux retour d’Ulysse à Ithaque).
Hélène est réputée la belle des belles – notons que la beauté est un atout historique majeur chez la plupart des femmes, mais cause d’autant de bonheurs que de malheurs pour les humains…

Aux yeux des Grecs, Hélène personnifiait la beauté́ et leur imagination se plaisait à lui créer des aventures. Chez Homère, la belle semble moins coupable que malheureuse : une victime de la fatalité́, destinée au déshonneur par sa beauté́.
Pour les Latins moins sensibles à la beauté́, Hélène n’est qu’une femme dévergondée, son nom devenant  synonyme de beauté́ séduisante qui fascine et attire les vœux d’un grand nombre de prétendants.

« Je ne les déteste pas. C’est agréable de les frotter contre soi comme de grands savons. On en est toute pure… »

Jean GIRAUDOUX (1882-1944), La Guerre de Troie n’aura pas lieu (1935)

La belle Hélène parle des hommes, dans une version très moderne de cette lointaine Antiquité. C’est la fille du dieu Zeus (Jupiter en latin) métamorphosé en cygne pour séduire Léda – le couple a beaucoup inspiré les peintres de la Renaissance. Cette hérédité est naturellement pesante et explique sa conduite.

Cassandre (autre belle) parlant d’Hélène et de Pâris : « Ils sont le symbole de l’amour. Ils n’ont même plus à s’aimer. » Mais la devineresse prévoit déjà que cet amour va provoquer la guerre de Troie et que rien ne pourra empêcher ce malheur annoncé.

Giraudoux, diplomate de carrière et deux fois blessé lors de la Première Guerre mondiale, écrit cette pièce en pacifiste farouche, alors que tout annonce la guerre à venir – crise économique de 1929, montée des périls avec les dictatures fascistes, déchirement des extrêmes…

« Ils veulent faire la guerre pour une femme, c’est la façon d’aimer des impuissants. »

Jean GIRAUDOUX (1882-1944), La Guerre de Troie n’aura pas lieu (1935)

Parole d’Hécube, épouse de Priam et reine de Troie, mère de Cassandre. Le motif de la guerre, c’est clairement la belle Hélène. Mariée à Ménélas roi de Sparte, elle est enlevée par Pâris, prince troyen. Ménélas persuade son frère Agamemnon, roi de Mycènes, de rassembler une grande armée pour assiéger la puissante ville de Troie afin de récupérer Hélène. La guerre de Troie oppose donc les Grecs aux Troyens : guerre de dix ans, la plus meurtrière de l’Antiquité – précisons que la ville de Troie existe et fut détruite, mais il n’y a pas de preuve historique de la guerre de Troie. Ménélas et Pâris s’affrontent en duel pour l’amour d’Hélène, chacun protégé par sa déesse, le Troyen étant sauvé par Vénus (Aphrodite) qui le dépose hors la zone du combat. Finalement, grâce à une ruse d’Ulysse, les Grecs cachés dans le gigantesque cheval de Troie parviennent avec à entrer et s’emparer de la ville qu’ils détruisent totalement.

Après la victoire grecque, Hélène de Sparte qui rentre chez elle avec Ménélas devient une figure méprisée dans le monde antique : symbole de l’échec moral et des dangers encourus à placer le désir au-dessus de la raison.

4. Pénélope, femme d’Ulysse, symbole de fidélité issu de la mythologie grecque et plaisamment détourné.

« Chers Chevaliers courtois, puisque Ulysse, (mon mari) aux qualités divines, est mort, attendez, avant de vous impatienter de me voir remariée, que j’aie terminé ce tissu, pour que mon fil de chaîne ne soit pas gaspillé. » 

HOMÈRE (fin du VIIIe s. av JC),  L’Odyssée Chant II. La ruse de Pénélope : tisser le jour et détisser la nuit le linceul de Laërte

« Ainsi nous supplia-t-elle et notre cœur indomptable se montra-t-il pour une fois docile. Dès lors, le jour, elle tissait sur le métier une grande toile ou tapisserie destinée à envelopper le corps de son beau-père Laërte, quand il viendrait à mourir. Mais elle ne termine jamais sa tapisserie, car sitôt qu’on allume les torches, elle défait la nuit ce qu’elle a fait le jour. » La ruse prend effet la seizième année d’absence et pendant plus de trois ans, permettant à Pénélope de duper les prétendants jusqu’au retour d’Ulysse. Bien joué !

« Type de la femme irréprochable, par allusion à la fidélité que Pénélope garda à son époux pendant une absence de vingt ans. »

Dictionnaire LITTRE

La femme d’Ulysse lui reste fidèle tout au long de ses vingt ans d’absence : dix ans pour la guerre de Troie et dix ans pour son retour problématique. Pénélope, également mère de leur fils Télémaque et sans même savoir si l’absent est toujours vivant, c’est le mythe de l’épouse modèle, femme au foyer… mais aussi rusée qu’Ulysse !

« La voix éternelle : Déméter, Nausicaa, Eurydice, Pasiphaé, Pénélope, Hélène, Perséphone. »

Albert CAMUS (1913-1960), Carnets III, mars 1951 - décembre 1959 (1989)

Le philosophe contemporain préféré des Français rend hommage à la Femme porteuse de symboles (dans la mythologie grecque). Résumons ce tableau d’honneur en sept noms, où Pénélope figure en bonne place.

Déméter (Mère de la Terre, déesse de l’agriculture et des moissons), Nausicaa (princesse de l’Odyssée qui sauve Ulysse le naufragé), Eurydice (compagne d’Orphée le musicien poète qui va la chercher aux Enfers), Pasiphaé (fille du Soleil, épouse de Minos roi de Crète, mère du Minotaure, mais aussi de Phèdre et d’Ariane à la vie fatalement très compliquée), Pénélope (épouse d’Ulysse, incarnation de la fidélité), Hélène (reine de Troie, la plus belle femme du monde à l’origine de la guerre de Troie), Perséphone (fille unique de Déméter, épouse d’Hadès et reine des Enfers).

« Pénélope était la dernière épreuve qu’Ulysse eut à subir à la fin de son voyage. »

Jean COCTEAU (1889-1963). Pratiques et enjeux du détournement dans le discours littéraire des XXe et XXIe siècles (2011), Nathalie Dupont et Éric Trudel

C’est la légende revue par un touche à tous les arts… homosexuel notoire et adepte du détournement de mythe.

Pénélope apparaît pour la première fois dans l’Odyssée, fidèle épouse, mère modèle et femme de surcroît aussi rusée qu’Ulysse. Elle tient tête aux 114 prétendants attirés à Ithaque par la beauté (et le trône) de cette présumée veuve et protège la vie de son fils. Après le retour d’Ulysse méconnaissable, Pénélope, toujours prudente, ruse encore afin de s’assurer qu’il s’agit bien de son véritable mari. Cette vision du personnage reste la plus influente des versions du mythe récurrent chez les auteurs antiques, grecs puis romains.

«  L’Odyssée est l’histoire du long voyage qu’a fait Ulysse qui ne supportait pas de voir sa femme Pénélope tricoter. »

Brèves de copies de bac (2013)

Petit best of des perles recueillies sur les copies. Reste que l’Odyssée est bien le récit d’un long voyage de dix ans entrepris par Ulysse après la guerre de Troie qui a également duré dix ans selon l’Iliade. D’où vingt ans d’absence avant de rentrer au pays pour retrouver son fils Télémaque et sa femme Pénélope, occupée à son interminable tapisserie.

5. Les Amazones, le premier groupe de femmes qui s’opposent aux hommes.

« Amazones. Nom de femmes guerrières qui vivaient sans hommes. »

Dictionnaire LITTRÉ

C’est la définition mythologique dont les sources sont incertaines. Des historiens suggèrent que les Amazones pourraient correspondre aux femmes guerrières des peuples scythes et sarmates. Seule certitude, les premières Amazones, héroïnes de fiction, se trouvent dans l’Iliade attribuée à Homère.

Autre incertitude sur l’étymologie grecque ! Le « a » privatif jouint à « mamos » (mamelle) évoque l’ablation d’un sein (droit) permettant de tirer plus facilement à l’arc – « naturellement » pour mieux s’opposer aux hommes. D’entrée de jeu, ces femmes frappent l’imaginations. Mais au fil de l’Histoire, le féminisme et le sexisme prouveront que le « deuxième sexe » prétendu faible sait se défendre – pour s’opposer ou attaquer. Là est la question…

Le mot « amazone » existe toujours, avec deux définitions.

  • « Dans le langage général, femme d’un courage mâle et guerrier. C’est une véritable amazone. »
  • « Habit d’amazone ou amazone, longue robe de drap que portent les femmes pour monter à cheval. »

Sans oublier la startup fondée en 1994 par Jeff Bezos, aujourd’hui l’un des hommes les plus riches au monde. Cet entrepreneur américain cherchait un nom pour son site d’e-commerce (à l’origine librairie en ligne livrant à domicile). Trois impératif : commencer par un A, être mondialement connu et très grand. Il est tombé sur l’Amazone (« Amazon » en anglais), le fleuve géant qui traverse le Pérou, la Colombie et le Brésil). Donc, rien à voir avec les Amazones.

« Rien n’irrite un homme comme une femme agressive. Les Amazones sont plus admirées qu’adorées. »

André MAUROIS (1885-1967), Lettres à l’Inconnue

Ce romancier, conteur et essayiste se fait le porte-parole contemporain du sexe fort. Pour les hommes, le mythe des Amazones représente le monde à l’envers. Ils en font une lecture caricaturale et alarmiste, la revanche excluant toute parité possible. Pour les femmes, les Amazones donnent l’exemple de militantes avec une organisation militaire, un régime politique et une société d’où les hommes sont bannis. Le terme « Amazones » en est venu à décrire tout groupe de femmes-guerrières dont l’existence est plus ou moins fantasmée.

6. Néfertiti VII (1370-1333 av JC), reine d’Égypte et de beauté, « prêtresse en chef et muse idéologique »  (autrement dit première mécène) et adoratrice du Soleil.

« La belle est venue. »:

Traduction du nom de Néfertiti

Les représentations de la souveraine témoignent de sa beauté très originale : visage étroit, lèvres sensuelles et cou harmonieux. Néfertiti septième du nom a réellement vécu aux environs de 1370 à 1333 av. J.-C. Autrement dit, l’Histoire commence avec le « Nouvel Empire », apogée de la puissance égyptienne, de son influence et sa culture. De nombreux vestiges le confirment, même si cette Antiquité garde bien des mystères, alors que les égyptologues n’en finiront jamais de fouiller la terre.

« Néfertiti / Reine barbare
Néfertiti / Prends ta cithare
Que ta chanson aille au fil  
Des eaux du Nil
Néfertiti / Reine païenne
Tes bains de minuit / Belle égyptienne
Font rêver les crocodiles
Dans les eaux du Nil. »

Serge GAINSBOURG (1928-1991), Néfertiti, parole et musique (1967), chanson interprétée par France Gall

L’auteur est inspiré par la belle Égyptienne, dans cette chanson peu connue. Une femme de lettres française, mais née en Égypte (au Caire) et d’origine syro-libanaise, va s’approprier le mythe de cette reine qui fascine par sa force et son mystère, recréant son parcours à partir des sources documentaires disponibles sur l’Égypte ancienne et imaginant le personnage du petit scribe Boubastos qui recueille les souvenirs de Néfertiti.

« L’impossible est le seul adversaire digne de l’homme. »

Andrée CHEDID (1920-2011) Néfertiti et le rêve d’Akhenaton : Les Mémoires d’un scribe (1974)

Reine d’Égypte et « grande épouse royale » d’Akhenaton (dévoué à Aton), dixième pharaon de la XVIIIe dynastie (XVIe au XIIIe siècle avant J.-C.), elle se marie à 17 ans avec l’adolescent de 12. Ils vont former l’un des plus prestigieux couples de l’Histoire, auréolé d’un mystère inhérent à cette époque lointaine qu’on ne se lasse pas d’interroger et de redécouvrir au fil des fouilles, des travaux et des expositions.

L’étrange beauté de Néfertiti est attestée par son nom et toutes ses représentations. Souvent aux côtés de son mari, on la voit châtiant les ennemis de l’Égypte ou sacrifiant aux cérémonies religieuses – cela prouve   l’importance de son rôle politique et religieux de co-pharaon. Le couple royal décide de quitter le palais dans la fastueuse capitale de Thèbes (aujourd’hui Louxor), pour vivre dans la nouvelle « Cité d’Horizon » construite au bord du Nil et au milieu du désert, baptisée Akhetaton, « ville du soleil ». Le non-conformisme de leur projet évoque nombre de thèmes et d’espoirs actuels : amour des êtres et de la nature, soif de justice et de liberté, authentique présence de la femme, union du spirituel et du réalisme le plus absolu… « L’impossible est le seul adversaire digne de l’homme. » Il reste des traces de cette fabuleuse entreprise sur le site de Tell el-Amama.

« Éminence parmi les éminences de la noblesse, immense en son palais, d’allure sublime, belle à la double plume, maîtresse de joie unie à la grâce, dont on se réjouit d’entendre la voix, grande épouse du roi, sa bien-aimée, grande maîtresse des deux terres, Neferneferuaten, Néfertiti, immortelle pour l’éternité ! »

Inscription sur l’une des 16 stèles frontière monumentales entourant le site de Tell el-Amarna (Moyenne Égypte), découvert en 1912 avec le fameux buste de Néfertiti

La reine encourage la révolution artistique et religieuse pour rompre avec l’Égypte classique. Le pays se métamorphose : le polythéisme est remplacé par une déité unique (le disque solaire Aton) dans la nouvelle capitale vouée au dieu Soleil. Elle a six filles, dont Ânkhésenamon, future épouse de Toutânkhamon. Son statut de mère contribue à sa gloire. Les enfants du couple sont l’un des sujets de prédilection des artistes de la cour. Les portraits de la famille royale sont l’occasion pour le peuple de s’immiscer dans leur vie intime.

Néfertiti jouit désormais d’un statut et d’une visibilité de femme unique dans l’histoire égyptienne. Omniprésente dans l’art, la statuaire, aux murs des bâtiments, elle devient « prêtresse en chef et muse idéologique » selon l’égyptologue Kara Cooney. Ce printemps civilisationnel durera vingt ans.
Après la mort d’Akhénaton (à moins de quarante ans), Néfertiti vit seule dans son palais, entourée de musiciens. Le scribe imaginé par Andrée Chédid trouve tout à fait sa place, avant que la Cité d’Horizon ne soit détruite de fond en comble par des forces ennemies. Le culte d’Aton cesse, on rétablit le polythéisme et les impôts pour soutenir les anciennes traditions (autrefois lucratives). Thèbes redevient capitale de l’Égypte avec le célèbre pharaon Toutânkhamon. La ville d’Akhenaton dépérit dans l’anonymat de ses ruines jusqu’aux découvertes archéologiques, comme le buste d’Amarna en 1912. Ludwig Borchardt l’a trouvé en fouillant l’atelier d’un sculpteur de la cour : chef-d’œuvre extraordinairement préservé par ses 3 000 ans passés sous terre. « Des couleurs comme si on venait juste de la peindre. » Ce buste polychrome de Néfertiti s’inscrit au panthéon de l’art égyptien, représentation du visage féminin la plus célèbre après la Joconde.

« Néfertiti / Reine d’Égypte
Néfertiti / Dors dans ta crypte
Que ton âme s’en aille au fil  
Des eaux du Nil
Néfertiti / Sois pas inquiète
Belle momie / Tes bandelettes
Garderont leur parfum subtil
Jusqu’à l’an 2000. »

Serge GAINSBOURG (1928-1991), Néfertiti, parole et musique (1967) interprété par France Gall

Nefertiti, l’une des femmes ayant reçu le plus de louanges, reste à plus d’un titre une des énigmes de l’Histoire.

7. Sappho (VIIe s.-VIe s. av JC), poétesse grecque de Lesbos qui ose dire « je » en termes érotiques et donne son nom au saphisme.

« Puisses-tu dormir sur le sein de la douce amie qui te ressemble ! »,

SAPPHO (VIIe-Ve s. av JV),  Fragment 126, Odes et fragments

L’homosexualité est bien vue chez les Grecs et cette liberté de mœurs concerne aussi les femmes, mais sa liberté de ton sera quand même reprochée à la poétesse née dans l’île de Lesbos, d’où le nom donné aux lesbiennes qui se livrent au saphisme : deux mots apparus au dictionnaire des siècles plus tard et dont l’origine est ici rappelée.

« Beauté ne demeure que le temps d’un regard.
Mais vertu aussitôt sera beauté demain. »

SAPPHO (VIIe-Ve s. av JV,  Fragment 50, Odes et fragments

Son œuvre nous est parvenue de manière très incomplète et sa vie est réécrite au fil du temps, avec des critères moraux qui varient selon les époques. Dans un tout autre genre, le « divin marquis » de Sade, premier auteur érotique de la littérature moderne, a eu plus de « chance » : on sait tout de celui qui donna son nom au sadisme, à la fin du siècle des Lumières, et paya ses dangereuses perversités sexuelles de quelque trente ans de prison.

Sappho, née d’une famille aristocratique et contrainte à l’exil en Sicile, peut-être mariée (contre son gré ?), sera seulement moquée et censurée. En tout cas, il est certain qu’elle enseignait aux jeunes filles à se libérer du patriarcat et à s’affranchir autant que possible des lois de la cité. Elle les initie à une forme d’amour-amitié qui exclut le rapport dominant-dominé prévalant dans les couples hétérosexuels.

« Toi dont le trône est d’arc-en-ciel, immortelle Aphrodita, fille de Zeus, tisseuse de ruses, je te supplie de ne point dompter mon âme, ô Vénérable, par les angoisses et les détresses. Viens vers moi et délivre-moi des cruels soucis, et tout ce que mon cœur veut accomplir, accomplis-le, et sois Toi-Même mon alliée »

SAPPHO (VIIe-Ve s. av JV,  Ode à Aphrodite

Sapphô qui invoque Aphrodite, autrement dit Vénus, ne cache pas son amour des jeunes filles et son désir. De la part d’une femme, cette liberté de ton est exceptionnelle et ses successeurs vont la critiquer ou tenter de dissimuler son homosexualité. Connue pour sa poésie amoureuse lyrique, Sapphô a également écrit des vers politiques. Comme les poètes de l’époque, elle fut en même temps musicienne et jouait de la lyre.

8. Cléopâtre VII (69-30 av JC), son Nez occulte à tort l’histoire de cette reine égyptienne de légende et de beauté qui a séduit deux grands empereurs romains, César et Antoine.

« Si Cléopâtre avait connu Néfertiti, c’est sûr qu’elles se seraient battues pour obtenir un César. »;

Jean-Luc ANTOINE (né en 1956), chercheur et professeur belge

Cette uchronie pourrait inspirer une fiction aimable ou guerrière. Seule raison sérieuse de rapprocher les deux souveraines égyptiennes que treize siècles séparent : leur célébrité bien au-delà de l’Antiquité. Reste la vie politico-amoureuse de Cléopâtre, réellement exceptionnelle.
Mariée à son frère Ptolémée XIII, Cléopâtre VII devient reine d’Égypte à 17 ans - les relations incestueuses sont courantes dans ce pays et causes de nombreuses maladies visibles chez les momies.

Elle partage le pouvoir avec son frère qui intrigue pour évincer du trône cette belle et forte femme. Il y parvient, mais la reine fait preuve d’autant d’intelligence que de charme pour obtenir l’aide de Jules César qui occupe la capitale Alexandrie et Cléopâtre retrouve sa place. Ptolémée XIII assassiné, contrainte d’épouser son autre frère, Ptolémée XIV, elle devient malgré tout la maîtresse de César (bisexuel avéré, fait banal chez les Romains) et elle lui donne un fils, Césarion. La dynastie semble assurée.

« Je déteste la reine ! »

CICÉRON (106-43 av.J.-C.), Lettres à Atticus

Aux yeux de la morale qui prévaut à Rome, Cléopâtre est la prostituée de César. Elle a beau être reine et vivante déesse en Égypte, c’est le fruit d’une conquête romaine et une esclave ne doit pas offrir de descendance à César ! Pline la surnommera « reine putain » et « putain couronnée ». La République (romaine) méprise cette monarchie orientale. De nombreuses lampes à huile illustrées de scènes caricaturant Cléopâtre montrent la femme, accouplée par exemple avec un crocodile et tenant une palme de victoire.

Un siècle après, l’historien Plutarque rectifie le portrait : « Quand elle parlait, le son même de sa voix donnait du plaisir. Sa langue était comme un instrument à plusieurs cordes dont elle jouait aisément dans le dialecte qu’elle voulait, car il y avait très peu de barbares avec qui elle eût besoin d’interprète : elle répondait sans aide à la plupart d’entre eux, par exemple aux Éthiopiens, aux Troglodytes, aux Hébreux, aux Arabes, aux Syriens, aux Mèdes et aux Parthes. On dit qu’elle savait encore plusieurs autres langues, tandis que les rois ses prédécesseurs n’avaient pas même pris la peine d’apprendre l’égyptien. » C’est rendre justement hommage aux qualités de la souveraine. Mais Rome se méfiera toujours de l’Égyptienne et de sa puissance.

Aux ides de mars, en − 44, César à peine nommé « dictateur à vie » est assassiné suite à un complot de sénateurs. Profitant du chaos général, Cléopâtre quitte Rome et regagne Alexandrie en juillet.

Elle entreprend de rétablir l’autorité de l’Égypte sur Chypre, cédée à Rome par Ptolémée XII. Elle fait assassiner Ptolémée XIV, monarque inutile et possible rival. Son fils pourra lui succéder et elle prend le titre de reine.

Après César, Marc Antoine a hérité d’un tiers du monde romain : l’Empire d’Orient, dont l’Égypte. Las de la guerre et sachant l’intérêt stratégique de cette alliance, il tombe sous le charme de Cléopâtre qui de son côté a déployé tout le faste imaginable pour le séduire. Le couple aura finalement trois enfants (Alexandre Hélios, Cléopâtre Séléné et Ptolémée Philadelphe).

« L’amour qui nous poursuit a beau nous déranger parfois, il a toujours nos remerciements, comme amour. »

William SHAKESPEARE (1564-1616), Antoine et Cléopâtre (1623)

L’histoire du couple - célèbre sous la Renaissance élisabéthain, âge d’or du théâtre anglais - a logiquement inspiré le plus grand auteur dramatique de tous les temps, comme Roméo et Juliette, les amants de Vérone. Les mots d’Antoine et Cléopâtre auraient pu être prononcés par ces jeunes amants : « Misérable est l’amour qui se laisserait mesurer »… « C’est un amour bien pauvre, celui que l’on peut calculer. » Preuve au passage que l’Amour n’a pas d’âge. Mais la Politique vient fatalement le contrarier.

Marc Antoine aurait pu passer la fin de sa vie auprès de la belle Égyptienne, mais il faut compter avec les attaques de son rival Octave (maître de l’Empire d’Occident). Convoqué à Rome pour une conférence au sommet, il se marie avec la sœur d’Octave.

Cléopâtre va naturellement tout faire pour regagner son amour (et son appui), se révélant cette fois encore une remarquable stratège. Mais la fureur d’Octave est telle qu’il déclare la guerre à l’Égypte. Le royaume de Cléopâtre n’est pas de taille et l’échec était inévitable, à la bataille d’Actium en – 31. Antoine se suicide (croyant peut-être que Cléopâtre l’a précédé dans la mort) et Cléopâtre va le suivre.

« L’étreinte de la mort est comme la morsure d’un amant, qui fait mal et qu’on désire. »

William SHAKESPEARE (1564-1616), Antoine et Cléopâtre (1623)

C’est la fin pour la reine de 39 ans, dernière souveraine de l’Égypte antique. Son royaume tombé aux mains des Romains et Marc Antoine mort, Cléopâtre choisit de se suicider en se faisant mordre par un aspic. Choix surprenant : la morsure d’un seul aspic est rarement mortelle. Il y avait certes la croyance en la divinisation qu’elle confère, mais Cléopâtre n’en avait pas besoin, étant déjà déesse de son vivant. Quoiqu’il en soit, cette mort va nourrir sa légende… à égalité avec son fameux Nez !

« Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait été changée. »

Blaise PASCAL (1623-1662), Les Pensées (1669)

Cette pensée du philosophe Pascal n’a aucun fondement historique. La seule explication est contemporaine. À son époque, le nez court était mal vu. La notoriété de Cléopâtre était donc garante d’un long nez – sans aller jusqu’au nez bourbonien particulièrement proéminent, à en croire tous les tableaux de Louis XIV !

Le mot de Pascal est devenu un proverbe populaire et le dit proverbe a inspiré à son tour nombre de penseurs plus ou moins sérieux.

« Si le nez de Cléopâtre avait été moins long, sa face, à elle, aurait été changé, bien avant celle du monde. »

Alphonse ALLAIS (1854-1905), Les Pensées (posthume, 1987)

L’humoriste répond au philosophe. Le nez de Cléopâtre est désormais aussi connu que celui de Cyrano, sa longueur présumée contribue à l’étrangeté de cette femme dont la beauté orientale fascine toujours – encore plus logiquement que le sourire d’une mystérieuse italienne de la Renaissance, la Joconde.

« Quant au nez de Cléopâtre, c’est une affaire de chirurgie esthétique assez banale en somme. On eût un peu enlaidi cette pernicieuse beauté, et la face du monde y eût peut-être gagné. »

Paul VALERY (1871-1945), Variété (1924)

Philosophe vénéré, poète et intellectuel le plus cité de l’entre-deux-guerres, c’est aussi un hyperémotif, amoureux transi et vulnérable. Lors de la « nuit de Gênes » d’octobre 1892, il a décidé d’écarter toute pulsion et toute passion pour se consacrer aux puissances de l’esprit… Mais à 66 ans, marié et père de trois enfants, ce vénérable professeur au Collège de France succombe aux charmes de Jeanne Voilier, amour dévorant et sans appel, qui submerge les digues édifiées par l’écrivain.

Quoiqu’il en soit, Paul Valéry a raison d’un point de vue esthétique : la beauté (pernicieuse ou bienfaisante) bouscule parfois les normes.

Pour en finir avec cette histoire de l’Égypte antique, rappelons l’inoubliable incarnation de la reine par Élisabeth Taylor dans le film américain Cléopâtre (1963), réalisé par Joseph L. Mankiewicz. Il retrace la vie tumultueuse de la célèbre reine d’Égypte, sur un scénario tiré de Plutarque, Suétone, Appien - autant dire de bonnes sources. Entre film historique et péplum, ce spectacle littéralement pharaonique est excessif en tout : sa durée (plus de 4 heures avec un entr’acte), son coût et surtout le dépassement du budget, passé de 2 millions à 44 millions de dollars (X 10 de nos jours). Deux ans de tournage, nombreuses interruptions entre caprices de stars et reconstructions de décors. La Fox frise la faillite, mais le résultat est sublime, passant du grandiose au bouleversant, de la liaison entre Cléopâtre et César (Rex Harrison) à l’amour avec Marc Antoine (Richard Burton). Élisabeth Taylor incarne à merveille la reine d’Égypte. Tombée très malade sur le tournage – la presse annonce même sa mort –, elle revient sur le plateau et tombe folle amoureuse de Burton, d’où deux mariages, deux divorces et quelques films d’anthologie.

9. Marie (Ier s. av JC-Ier s.), mère de Jésus, vierge et naturellement sainte, objet d’un « culte marial » depuis le Moyen Âge et toujours priée, toujours chantée, toujours aimée.

« Jésus est né d’une femme. »

Épîtres de PAUL, apôtre du Ier siècle qui contribue à la diffusion du christianisme

Marie, cette femme naturellement hors norme et « hors concours », doit son statut à la religion (chrétienne) qui entre dans l’Histoire de France et va susciter d’innombrables vocations. En ce domaine, les femmes sont comparables aux hommes en nombre, en valeur et en notoriété.

« Jésus, voyant sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui. »

Évangile de Jésus-Christ selon saint JEAN, 19, 25-26

C’est le dernier des quatre Évangiles du Nouveau Testament (fin du Ier siècle). Au moment de la crucifixion, son fils confie sa mère à Jean, son disciple préféré.

S’il n’existe pas de citation attribuable à Marie, la Vierge a inspiré d’innombrables artistes (sculpteurs, peintres), auteurs (essentiellement poètes) et saints (surtout des saintes).

Au cœur du Moyen Âge - à partir du IXe siècle -, la Vierge prend place au sommet de la hiérarchie des anges et devient en Occident la « reine des cieux ». Après deux siècles discrets, le « culte marial » s’épanouit sous l’impulsion de grands papes (Léon IX, Grégoire VII), de théologiens et d’évêques.

Dans l’iconographie médiévale, la Vierge est indissociable du Christ : chaque église possède sa statue de « la Vierge à l’Enfant ». La Vierge se retrouve dans les versets amoureux du Cantique des Cantiques, transposition religieuse de la Dame inspiratrice de l’amour courtois.

Au XIIIe siècle, elle trône aux tympans des églises. Nombre d’églises et de cathédrales lui sont consacrées : Notre-Dame du Puy-en-Velay, sanctuaire marial, est l’un des lieux de pèlerinage importants du Moyen Âge et de la Renaissance française. Notre-Dame de Lorette, sur les bords italiens de l’Adriatique, est le sanctuaire marial le plus visité d’Occident, avec sa relique monumentale rapportée de Terre sainte, la Maison de la Vierge. Quant à Notre-Dame de Paris chère à Victor Hugo, faut-il rappeler l’émotion provoquée dans le monde entier par le spectacle de l’incendie qui ravage cette cathédrale en 2019 ?

« Je vous salue Marie pleine de grâce… »

C’est la prière la plus connue (avec le « Notre Père »). Traduite en musique, cela donne les « Ave Maria » dont deux grands classiques littéralement « inspirés » à Franz Schubert et Charles Gounod, deux « tubes » du répertoire toujours présents en version chantée ou orchestrale

« C’est par la très Sainte Vierge Marie que Jésus Christ est venu au monde, et c’est aussi par elle qu’il doit régner dans le monde. C’est par Marie que le salut du monde a commencé, et c’est par Marie qu’il doit être consommé. »

Père de MONTFORT (1673-1716), Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge (posthume, 1843)

À la fin de l’Ancien Régime, Louis-Marie Grignon de Montfort (canonisé en 1947) doit la postérité́ à cette œuvre dont la première phrase résonne comme une prophétie, avec l’explication du retard pris par le culte marial : « Marie n’a presque point paru dans le premier avènement de Jésus Christ, afin que les hommes, encore peu instruits et éclairés sur la personne de son fils, ne s’éloignassent de la vérité́, en s’attachant trop fortement et trop grossièrement à elle, ce qui apparemment serait arrivé́ si elle avait été́ connue, à cause des charmes admirables que le Très-Haut avait mis en son extérieur… »

« Non seulement Jésus-Christ était fils de Dieu, mais encore il était d’excellente famille du côté de sa mère. »2000

Mgr Hyacinthe-Louis de QUÉLEN (1778-1839), 125e archevêque de Paris (de 1821 à sa mort). Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement (1998), Guy Bechtel et Jean-Claude Carrière

Une perle qu’on ne se lasse pas de citer, dans le flot des hommages à Marie !

Très en cour sous la Restauration auprès de Louis XVIII, puis de Charles X, élu à l’Académie française contre Casimir Delavigne en 1824, l’archevêque attribua cet honneur à la religion et non à ses titres académiques, dans son discours de réception. Membre de la Chambre des Pairs, incarnation de l’Ancien Régime, il lâcha en plein sermon cette formule, propre à scandaliser libéraux et républicains. Moins bien vu sous la Monarchie de Juillet qui le considère comme (trop) légitimiste, il demeure archevêque, Dieu merci !

« Elle était si belle, si belle, que quand on l’a vue une fois, il tarde de mourir pour la voir encore… Que mon âme était heureuse, ô bonne Mère,  quand j’avais le bonheur de vous contempler ! Que j’aime à vous rappeler ces doux moments passés sous vos yeux pleins de bonté et de miséricorde pour nous ! »

Sainte BERNADETTE (1844-1879)

Bernadette Soubirous, canonisée en 1933, naît à Lourdes, petite ville des Pyrénées devenue célèbre avec sa grotte et sa source, après les 18 apparitions de la Vierge qui bouleversent cette fillette de 14 ans, née dans une famille de meuniers frappés par la misère. À 22 ans, elle entre au couvent à Nevers pour une vie de « religieuse ordinaire », malgré une célébrité qui la dépasse totalement, sans trop la perturber. Elle meurt de tuberculose à 35 ans.

Lourdes sera désormais un lieu de pèlerinage international, avec 70 guérisons reconnues comme miraculeuses par l’Église sur près de 7 200 inexpliquées (statistiques de 1858 à 2020) et 5 millions de visiteurs annuels dits religieux.

« Ô Marie, si j’étais Reine du Ciel et que vous soyez Thérèse, je voudrais être Thérèse afin que vous soyez Reine du Ciel ! »

Sainte THÉRÈSE de l’Enfant-Jésus (1873-1897), sa dernière prière à 24 ans

Prière dans l’esprit de sa méditation écrite à la veille de son entrée au Carmel (ordre religieux contemplatif) le 9 avril 1888. Sa spiritualité intense se résume en cette intuition éblouissante de la « petite voie », chemin spirituel des petites choses qui mènent vers la sainteté. Dans cette perspective, il semble plus facile de se tourner vers Marie que vers Jésus, car l’image de mère intimide moins que celle du crucifié.

Considérée par Pie XI comme l›« étoile de son pontificat », elle est béatifiée en 1923 et canonisée en 1925. Religieuse cloîtrée, quoique déclarée sainte patronne des missions, elle est proclamée « Patronne Secondaire de la France » (après Jeanne d’Arc) et Docteur de l’Église par le pape Jean-Paul II qui en fait « la plus grande sainte des temps modernes » en 1997 pour le centenaire de sa mort.

Mondialement célèbre et vénérée, la petite Normande est à l’origine de la basilique de Lisieux, édifiée pour abriter ses reliques. Avec plus de 600 000 visiteurs par ans, la ville est le second lieu de pèlerinage en France après Lourdes.

« Il est midi. Je vois l’église ouverte.  Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête. »

Paul CLAUDEL (1868-1955), « La Vierge à midi », Poèmes de Guerre (1922)

Auteur dramatique, diplomate et poète, ses écrits empreints de lyrisme témoignent surtout de sa foi et sa défense du christianisme. Claudel s’est converti au catholicisme, touché par la grâce aux vêpres de Noël 1886 : « J’étais debout, près du deuxième pilier, à droite, du côté de la sacristie. Les enfants de la maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. En un instant mon cœur fut touché et je crus. »

La fin du poème resitue ces vers qui évoquent la Grande Guerre : « Parce que vous avez sauvé la France une fois de plus, / Parce qu’il est midi, parce que nous sommes en ce jour d’aujourd’hui, Parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie, simplement parce que vous existez, / Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée ! »

« S’il est une chose que nous pouvons apprendre de la Vierge Marie, c’est bien sa tendresse. »

Mère TERESA (1910-1997), Prière de Mère Teresa

Canonisée par l’Église catholique comme sainte Teresa de Calcutta, religieuse albanaise naturalisée indienne, missionnaire en Inde et prix Nobel de la paix en 1979, elle est célèbre pour son dévouement aux plus démunis et sa fondation des Missionnaires de la Charité. Sa médiatisation suscite certaines controverses, mais « si l’extraordinaire figure de mère Teresa transmise à l’imaginaire collectif a suscité des vocations d’humanitaires authentiquement engagés auprès de populations écrasées par la misère, on ne peut que s’en réjouir. » 

« Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s’amusent au parterre,
Et par l’oiseau blessé, qui ne sait pas comment
Son aile tout-à-coup s’ensanglante et descend ;
Par la soif et la faim et le délire ardent :
Je vous salue, Marie. »

Georges BRASSENS (1921-1981), La Prière, poème nommé Rosaire de Francis Jammes (1868-1938)

Anarchiste et mécréant affiché (au point d’être censuré à l’époque), c’est aussi le compositeur et l’interprète de La Prière (1965), texte écrit par le poète basque après son retour à une foi pratiquante en 1905. Au nom de quoi la prière se termine sur cette note d’espoir : « Par la mère apprenant que son fils est guéri / Par l’oiseau rappelant l’oiseau tombé du nid / Par l’herbe qui a soif et recueille l’ondée / Par le baiser perdu par l’amour redonné / Et par le mendiant retrouvant sa monnaie / Je vous salue, Marie. »

10. Blandine de Lyon (162-177), très jeune sainte et martyre de la « capitale des Gaules ».

« Je suis chrétienne et chez nous, il n’y a rien de mal. »32

BLANDINE (??-177), à ses juges, Lyon, 177. Histoire ecclésiastique, Eusèbe de Césarée

Évêque, écrivain et grand érudit, Eusèbe cite la lettre d’un témoin des 48 martyrs de Lyon. Parmi eux Blandine, jeune et frêle esclave, montre une constance incroyable, en vertu de quoi Blandine deviendra sainte patronne de Lyon. Le témoin se complaît dans la description des monstrueux supplices.

« Après les fouets, après les fauves, après la chaise de feu, on l’enferma dans un filet pour la livrer à un taureau. A plusieurs reprises, elle fut lancée en l’air par l’animal. Mais elle ne sentait plus rien de ce qui lui arrivait : tout entière à son espérance, aux biens promis à sa foi, elle continuait le dialogue avec le Christ. On finit par l’égorger, elle aussi. »

Lettre des Églises de Lyon et de Vienne aux Églises d’Asie et de Phrygie » [Archive], Sur Migne.Fr

Le témoin des martyrs de Lyon se complaît dans la description des monstrueux supplices qui attirent les foules : « Les corps des martyrs subirent tous les outrages et demeurèrent exposés pendant six jours. Ils furent ensuite brûlés et réduits en cendres que les scélérats jetèrent dans le Rhône. »

Un siècle de persécution commence, ne concernant qu’une minorité : le pays est peu christianisé au IIe siècle, les dieux romains résistent. Les grands apôtres de la Gaule (Denis, Gatien, Martial, Hilaire) apparaîtront à partir au siècle suivant.

11. Geneviève de Paris (420-502), combattante et sainte patronne de la capitale, sauvée par son courage face aux Huns.

« Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications. »

Sainte GENEVIEVE (née en 422 à Nanterre – morte à Paris en 512). Sainte Geneviève, la fin de la Gaule romaine (2008), Joël Schmidt

Probablement de haute naissance, elle prend le voile très tôt. C’est à l’occasion du siège de Paris (Lutèce) par Attila (le Fléau de Dieu) et les Huns que la pieuse Geneviève s’illustre : à 28 ans, elle  réussit à convaincre les Parisiens de ne pas fuir et abandonner la cité à l’envahisseur. Devant sa bravoure, les Huns épargnent la cité. Une autre version raconte la ruse de Geneviève faisant courir le bruit parmi l’envahisseur que la ville était touchée par une épidémie de choléra. Suite à cet exploit, elle jouit d’un grand prestige.

Elle entre en relation avec le roi Childéric et son fils Clovis qui admire beaucoup la future sainte. Elle évite une famine en allant négocier le blé nécessaire et réquisitionne des bateaux qui remontent la Seine. Elle forme le projet de conduire Clovis au baptême et se lie d’amitié avec Clotilde, sa femme catholique, préparant la future cérémonie avec l’évêque de Reims, saint Rémi.

Bref, une femme pleine de ressources qui vécut « plus de dix fois huit ans ». Sainte patronne de la capitale, elle protège aussi les gendarmes. La rue de la Montagne-Sainte-Geneviève (Paris 5e) lui est dédiée, comme la place et l’Abbaye à son nom, construite par la future sainte Clotilde.

12. Clotilde (474-545), reine ambitieuse qui fait du païen Clovis le premier roi chrétien des Francs et devient sainte.

« Il a été baptisé au nom de votre Christ. Il faudra donc qu’il meure, comme meurt tout ce qui est voué à ce malfaisant personnage. »73

CLOVIS (vers 465-511), à Clotilde. Sainte Clotilde (1905), Godefroy Kurth

En 493, Clovis a épousé Clotilde, nièce de Gondebaud le roi des Burgondes. Chrétienne, elle fait baptiser leur fils né l’année suivante. L’enfant meurt bientôt, ce qui attire à la reine cette remarque de son époux, encore farouchement païen. Mais dans l’histoire, une victoire vaut bien une messe…

« Dieu de Clotilde, si tu me donnes la victoire, je me ferai chrétien. »74

CLOVIS (vers 465-511), invoquant le Dieu de sa femme chrétienne, bataille de Tolbiac, 496. Histoire des Francs (première impression française au xvie siècle), Grégoire de Tours

Mot peut-être légendaire, mais nombre de mots présumés apocryphes ont une valeur symbolique et méritent d’être cités. Clovis s’apprête à repousser les Alamans (futurs Allemands), tribu germanique qui multiplie les incursions sur la rive gauche du Rhin. L’affrontement des deux armées tourne au massacre, Clovis redoute la défaite. D’où ce cri lancé au Ciel.

Notre premier roi du Moyen Âge semble avoir avec Dieu les mêmes rapports que le dernier, mille ans plus tard : Louis XI, fort superstitieux et en constant marchandage avec la Vierge ou saint Michel archange.

Après la victoire de Tolbiac contre les Alamans, la très chrétienne Clotilde va faire en sorte que son royal époux ne puisse plus différer la cérémonie. Secondée par son amie sainte Geneviève, elle convie en secret Rémi, évêque de la ville de Reims. Qui parle à son tour à Clovis, lequel s’apprêtera au baptême pour le prochain jour de Noël. Il reste ensuite au jeune roi à conquérir le reste de la Gaule devenue majoritairement chrétienne. Et Clovis s’achemine vers le baptême et le sacre, la hache au poing, la ruse en tête.

Lire la suite : les femmes historiques au Moyen Âge

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