L’Histoire en proverbes et dictons, devises, maximes et autres slogans (de la Gaule au Siècle des Lumières)
Proverbes et dictons, sagesse des nations.
Dans le monde à venir, ça peut toujours servir.
De la Gaule à nos jours, des centaine d’« expressions » ponctuent l’Histoire en citations. Les dictionnaires alignent les synonymes : adage, axiome, devise, dicton, formule, inscription, maxime, précepte, sentence, slogan, etc… Mais la terminologie imprécise rend le classement impossible.
Première remarque, nombre d’expressions changent de nature pour cause de succès ! Une devise qui sonne bien peut devenir proverbe : « À cœur vaillant, rien d’impossible », de même qu’une expression générale : « Vae victis - Malheur aux vaincus » ou un précepte très localisé et daté : « De deux maux, on doit toujours choisir le moindre - Dels dos mals, le mens mal deu om tots temps trier ». Notons que VO et VF voisinent souvent.
Un cri né d’une émeute ouvrière pour raison économique s’inscrira plus tard sur le drapeau noir de l’anarchie : « Vivre libres en travaillant ou mourir en combattant ». Le titre d’un journal éphémère ressuscite en devise anarchiste : « Ni Dieu ni maître ». Quant à notre trilogie républicaine « Liberté, égalité, fraternité » (revendiquée par un auteur !), elle connaît un parcours mouvementé au fil des changements de régime marquant le siècle suivant.
L’origine historique d’un « mot » est souvent lointaine : « L’argent est le nerf de la guerre », « Diviser pour régner - Divide ut regnes » et parfois incertaine : « Après nous, le déluge ».
Une devise vaut portrait (flatteur) d’un personnage : « Quo non ascendet ? - Jusqu’où ne montera-t-il pas ? » Cette ambition proclamée résume le destin de Fouquet, surintendant des Finances. Colbert, son successeur auprès de Louis XIV, affiche sa déontologie ministérielle : « Pro rege saepe ; pro patria semper - Pour le roi souvent ; pour la patrie toujours. » Jeanne d’Arc affichait sa foi : « Dieu premier servi ». Mais la référence chrétienne marque tout le Moyen Âge.
La portée d’un simple dicton étonne parfois : « Le roi de France ne meurt jamais » explique la pérennité de la dynastie royale qui caractérise l’Ancien Régime. Notre Moyen Âge s’éclaire soudain entre un dicton festif - « Après la panse vient la danse » - et une maxime monétaire - « Il faut faire suer les écus ». Tout le bellicisme du règne de Louis XIV se résumera en cette devise gravée sur ses canons : « Dernier argument des rois - Ultima ratio regum ».
Le talent est au rendez-vous de ces citations proverbiales, le prix de la poésie revenant au peuple savoyard plébiscitant son rattachement à la France, sous Napoléon III : « Nos cœurs ont suivi le cours de nos rivières. » Reste le génie incontesté de La Fontaine : « Selon que vous serez puissant ou misérable / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » Avec son bestiaire, le Bonhomme nous laisse des dizaines de proverbes, très inspirés d’Ésope et autres fabulistes.
Si les slogans fleurissent à chaque émeute ou manifestation, la moisson de Mai 68 se distingue par son abondance et son originalité. D’autres suivront, politiques, écologiques, électoraux, voire sportifs : « La France black blanc beur » de 1998.
Cela dit, les dictons d’antan ayant résisté au temps gardent leur charme… et parfois leur actualité. À vous de juger ! Ça pourrait même faire l’objet d’un petit jeu de société.
Pour cet édito, le classement par ordre chronologique s’impose - toujours le plus simple et souvent le meilleur. Cette promenade guidée au fil de l’histoire réserve des surprises et il en restera toujours quelque chose - qui ressemble à la « culture générale ».